Catégorie : La ronde et les enfants

Hein, quoi ?

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Ça fait un moment que je n'ai plus beaucoup de doutes sur la question mais disons que ça s'est un peu aggravé ces dernières semaines. Rose est complètement… bouchée. C'est à dire qu'on lui parle un peu comme on le ferait avec un aïeul de 112 ans, en répétant douze fois et en hurlant. Et clairement, quand elle ne nous regarde pas, elle ne capte absolument rien de ce qu'on lui dit. Après s'être auto-convaincus qu'elle faisait un tri sélectif de ce qu'elle décidait d'entendre (le "tu veux un bonbon ?" semble assez bien franchir le mur du son, plus en tous cas que le "éteins cette télé") et avoir mis sur le compte de son statut de petite dernière sa conception relativement personnelle du langage, nous nous sommes décidés à l'emmener chez le généraliste pour vérifier l'état de ses écoutilles.

Verdict de notre bon vieux médecin: il y a un bouchon de la taille d'un menhir dans l'une de ses oreilles, qui empêche pour l'instant de détecter ou non la présence en plus d'une otite séreuse.

Résultat, on la bombarde d'eau oxygénée boratée (je ne connaissais pas ce vieux remède mais c'est hilarant, on lui injecte ça à l'aide d'une seringue et en deux secondes, ça fait des bulles qui remontent comme si on lui lavait les conduits au produit vaisselle). Elle adore ça, ce qui confirme qu'à priori un de ses points G se situe dans sa trompe d'Eustache.

Le problème c'est que pour l'instant, après cinq jours de traitement, rien de nouveau sous le soleil, à mon avis le bouchon est du genre qu'il va falloir enlever à la soude caustique. Et je mettrais ma main au feu qu'on va passer à nouveau par la case yoyo + végétations. 

Je me réjouis à l'avance de revivre ces instants si merveilleux de lavage de cheveux un verre collé aux oreilles pour éviter que la moindre goutte d'eau ne pénètre, au risque de provoquer une infection carabinée avec consultation aux urgences tous les quinze jours. Parce que bien évidemment, récurer la tignasse de Raiponce sans que quelques projections ne finissent par se faufiler jusqu'aux tympans, c'est du domaine de l'impossible.

Bref, à mon avis le churros et moi avons des gênes ORL déficients.

Mais pas que.

Du moins c'est ce que je me suis dit quand hier, après avoir essuyé sa manche dans son assiette d'épinards, Rose s'est exclamée, désolée: "Oh noooon, maintenant mon pyjama il est tout ORANGE".

Quelque chose me dit qu'on en n'est qu'au début de la rigolade.

La photo n'a rien à voir, je suis d'accord.

Beyonce aux manettes

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Dimanche soir les twins sont partis en classe de neige. Dans un souci d'autonomisation – et aussi parce que j'avais grave la flemme – je les ai laissés faire leur sac tout seuls. J'étais fermement décidée à ne pas intervenir, donc, mais je dois avouer ne pas avoir pu résister quand je suis tombée sur la valise du machin, la plus petite de toute la maison, celle que je prends lorsque je me déplace pour une nuit et qui a en gros la taille d'un paquet de céréales. C'est à dire que son pantalon de ski entrait à peine. Bien sûr ça n'avait pas l'air de le perturber plus que ça, je pense qu'il en était à se dire qu'après tout, tant qu'il y avait ledit pantalon, tout irait bien.

J'ai donc rendu un service à la collectivité en lui fournissant un bagage plus adapté (une semaine dans le même slip aurait probablement ruiné sa vie sociale et celle de ses enseignants) (lesquels sont déjà assez courageux je trouve, 12 heures de car avec 50 gamins déchainés, je ne le souhaite à personne) (sans compter les 50 paires de godasses de ski à fermer tous les matins).

Au moment de partir devant le collège, vers 23h (de nuit, les 12 h avec les fauves) (big up bis à l'éducation nationale), la chérie était prête, emmitouflée par 24° dans sa doudoune. Le machin, relax, en sweat, l'a gentiment raillée: "non mais tu es dingue ! tu as vu la chaleur ?" Puis, de l'air de celui qui, magnanime, donne un conseil en or massif: "Je serais toi, je ferais comme moi. Avec ce temps, ne prends pas de manteau, c'est toujours ça de moins à porter".

J'avoue, j'ai hésité.

Sa soeur aussi, je l'ai bien vu.

Et puis je me suis rappelé que cet enfant de plus d'1,55 désormais avait un jour têté mon sein. 

"Tu me rappelles OÙ vous partez, mon chéri ? En classe de QUOI ?"

Là où je me dis que tout n'est pas perdu, c'est qu'il n'a pas eu besoin de plus de dix secondes pour réaliser sa connerie et aller rechercher son anorak qu'il avait consciencieusement remis dans la penderie.

Après, la chérie, qui comptait les jours avant le départ depuis le 12 septembre environ, date à laquelle ils avaient été informés du voyage, a eu les yeux un peu rouges. Son frère m'a confié, sur l'air de la confidence, que "tu sais, même quand elle va chez une copine, le soir, parfois, elle a un peu du mal à s'endormir." Puis, tout bas: "elle pleure, de temps en temps".

Il n'en a pas fallu beaucoup plus pour que les yeux de la chérie soient encore plus rouges (le machin est gentil mais pas discret). On s'est serrées fort, je lui ai dit que j'avais personnellement pleuré le soir dans mon lit chez mes copines jusque très tard. J'ai refusé de donner l'âge exact. N'insistez pas. Son frère lui a rappelé qu'il serait là, ce qui n'a pas vraiment eu l'air de la consoler. Il m'a ensuite confié, un peu désolé, qui lui en revanche ne pleurait jamais dans ces circonstances mais qu'il ne pensait pas que ça puisse signifier qu'il nous aimait moins que sa soeur.

Pour finir, on s'est retrouvés devant l'énorme car, avec évidemment une légère appréhension sur le sérieux du chauffeur, partagée à mots couverts entre parents. Ça n'est pas comme s'il n'y avait pas eu assez récemment l'un des accidents les plus mortels de l'histoire des classes de neige. 

Finalement, on a été rassurés. Enfin, les pères, surtout. Qui étaient tous à deux doigts de se déclarer volontaires pour remplacer les profs qui auraient eu finalement envie de rester à Paris.

Parce qu'il s'est avéré que le chauffeur était une chauffeuse sachant chauffer. Encore maintenant je ne suis pas totalement en mesure de vous affirmer à 100% que ça n'était pas Beyonce. 

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Une chance que ce soit moi et pas le churros qui aie tiré la courte paille de qui se cognerait de les emmener parce que je suis à peu près convaincue qu'il aurait réussi à se planquer dans la soute.

Voilà, je suis évidemment restée jusqu'au grand départ, à agiter ma main comme une imbécile alors que le car était probablement déjà au péage. Juste derrière la prof principale, au deuxième rang, il y avait la chérie et sa copine, mêmes minis modèles de petite filles encore… modèles. Et tout au fond, assis à la place stratégique des fouteurs de bordel (il y a des traditions qui ne se perdent pas), trônaient mon machin et ses copains. J'avoue m'être dit qu'il en avait fait du chemin, depuis justement ses années d'anémone dans le bac à sable. Mais quand le car est passé devant moi, il avait le nez collé à la fenêtre et cherchait très manifestement à croiser mon regard. Je l'ai vu, il m'a vue, il a vu que je l'avais vu. Et l'espace d'une micro seconde, je me suis retrouvée sur ce brancard à la maternité, voyant passer la couveuse de mes bébés qui partait dans un autre hôpital. A ce moment là déjà, il m'avait vue, je l'avais vu et il avait vu, je crois, que je l'avais vu.

Hier à midi, nous avons eu un texto nous annonçant que tout s'était bien passé. Big up à Beyonce.

Edit 2: Par contre j'avoue avoir passé sous silence auprès des accompagnateurs la légère prédisposition de la chérie à dégeuler tripes et boyaux dans un quelconque moyen de transport et ce jusqu'à l'arrivée. C'est moche, je sais.

Edit: Et sinon on est à fond sur la date du retour avec le churros. On a comme qui dirait un léger passif sur le sujet.

La loi du bac à sable

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Ma mère m'a toujours raconté que petite, il ne fallait en général pas dix minutes dans un bac à sable pour que je me trouve dépouillée de mon seau, ma pelle et mon rateau. Sans que j'essaie une seconde de me défendre. Mes parents avaient beau me coacher sans relache et m'inviter à offrir un semblant de résistance, rien à faire, je restais là, désarmée, aussi belliqueuse qu'une anémone.

Ma mère s'est fait un sang d'encre pendant des années: comment cette enfant pourrait bien s'adapter à ce monde de requins si le simple fait de demander à un garçon souvent âgé de trois ans de moins qu'elle de lui rendre sa pelle était aussi insurmontable que de grimper à la corde à noeuds (un autre problème mais qui vint plus tard) ?

Finalement, petit à petit, je me suis un peu endurcie, bien que ne me distinguant pas vraiment par ma capacité à jouer des coudes. Ce qui a très certainement mis quelques bâtons dans les roues de ma progression professionnelle mais ne m'a pas non plus empêchée de faire ce que j'avais à faire. Je crois fermement qu'on peut arriver à ses fins sans piétiner la gueule du voisin et même, n'en déplaise à celui qui me servit de n+1 pendant quelques années, se faire respecter sans terroriser ses subalternes.

Il n'empêche que j'aurais, je crois, bien aimé voir mes enfants être un poil plus surs de leur fait que je ne l'étais.

Il faut croire que c'est totalement génétique, puisque les twins ont attendu d'avoir dix ans environ pour s'opposer à tout enfant leur jetant du sable dans la figure (j'ai encore récemment vu mon machin se faire mettre la patée dans un square par un petit de quatre ans à qui il n'osait pas dire que ça ne se faisait pas) et que je ne compte pas le nombre de fois où durant leur petite enfance j'ai du intervenir pour que telle ou telle vermine cesse de leur faire bouffer de la terre/descendre le toboggan par l'échelle/envoyer la balançoire dans la figure.

Je ne dis pas que j'aurais aimé être la mère de deux futurs repris de justice, mais je dois bien avouer que parfois ça m'aurait bien plu de les voir répliquer plutôt que d'avoir à me fader des mères peu conciliantes, convaincues qu'un enfant qui ne sait pas se défendre est finalement un peu responsable de ce qui lui arrive et que leur rejeton n'était finalement qu'un gamin sachant se faire respecter.

J'avoue que j'avais placé pas mal d'espoirs dans la petite dernière. A la maison, autant vous dire qu'elle nous mène plutôt au doigt et à l'oeil. Las, c'est parce qu'elle est en territoire conquis. Hier encore en effet, il a fallu à peu près une minute trente pour la voir revenir avec la moitié du bac à sable sur la tête. Bien entendu, tout son matos avait disparu, subtilisé par deux terreurs de 65 cm grand maximum et sachant à peine marcher. Je l'ai renvoyée demander elle même qu'ils lui rendent ses jouets (autonomisation, challenge, affirmation de soi et toutes ces conneries), ce dont elle est acquittée à reculons et sans aucun effet (peut-être est-ce parce qu'elle a chuchoté "c'est à moi" en se positionnant stratégiquement derrière un arbre) (situé à deux kilomètres environ de ses agresseurs).

Au bout d'un moment, quand les deux caïds se sont lassés de terroriser d'autres malheureuses victimes en se servant de MON TAMIS (vieux traumatisme remontant à la surface), elle a trouvé la solution: elle a rapatrié son seau, sa pelle et son rateau à côté de moi et a décidé qu'elle n'en avait pas besoin pour s'amuser. Stratégie bien connue d'évitement (j'avais la même). Et de me confirmer que j'avais donc bien enfanté trois prototypes de bonnes poires.

Entendons nous bien, aucun de mes enfants n'a l'âme d'un souffre douleur ou eu à subir de vraies violences. Mais dans les jardins publics, ils ont toujours, mais alors toujours, été du côté des agressés et jamais des agresseurs. Cela ne me les rend que plus aimables (je suis de gauche) mais je me demande parfois si avoir le cuir un peu plus tanné ne serait pas, à terme, un petit atout  (la gauche molle).

Et en même temps, j'avoue que rien ne m'agace plus que l'air faussement désolé de certaines mères de gamins qui eux sont du genre à aller au contact. Quelque part, on les sent relativement rassurées sur l'avenir de leurs héritiers qui au moins, "ne se laisseront pas faire dans la vie". Je crois que c'est peut-être là que ça commence, les problèmes. Dans cette fierté à peine dissimulée d'avoir engendré des winners. Parce que rappelons nous d'un truc: les enfants font en général tout ce qu'ils peuvent pour exaucer nos souhaits, même les plus secrets.

Ce qui devrait signifier, si je suis ma logique implacable, que quelque part je n'ai jamais vraiment voulu qu'ils soient de fortes têtes. Même si je prétends le contraire.

Parfois, la parentalité, c'est compliqué.

 

Affaires courantes et hypocondrie par procuration

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 Hier Rose était malade, pas grand chose, l'éternel combo rhino/trachéo/broncho/truc, avec toux qui va bien et enfant chonchon qui vous appelle toutes les deux secondes pour vous annoncer qu'il "coule mon nez". En temps normal elle a un minimum d'autonomie, mais à plus de 37,8°, il n'y a plus personne, limite il faudrait l'allaiter à nouveau. La nuit, elle s'est glissée dans mon lit, envoyant son père dans le sien. Passées les trois premières minutes délicieuses où son petit corps chaud est venu se lover contre le mien, autant vous dire que j'ai rapidement élaboré des stratégies d'expulsion. Et vas-y que je me mette à l'horizontale, et vas-y que je fais l'étoile de mer, et vas-y que je te tousse dans la figure. Et maman j'ai soif, et maman mon nez il coule, et maman j'ai chaud (pas moi mais bon, ok, on enlève la couette) et maman j'ai froid (et ben on la REMET) (NON JE NE M'ENERVE PAS ALORS S'IL TE PLAIT NE PLEURE PAS), etc.

N'étant plus une prime jeunesse, (c'est fou comme dès 28 ans on récupère moins), je me traine depuis hier avec une liste longue comme le bras de trucs à faire et un entrain en dessous du niveau de la mer.

Corrolaire de cette fatigue, ma légère tendance à imaginer le pire est au top. Ce matin, la chérie est venue me montrer une plaque rouge qu'elle a sur le thorax, qui, après examination très scrupuleuse m'a rappelé les taches qu'elle avait après une séance de kiné respiratoire, sorte de têtes d'épingles rouges, résultant de l'éclatement sous la peau de petites veines.

Comme toujours dans ces cas là, j'ai d'abord paniqué, regardé sur Internet (et donc ouvert la boite de pandore, N'ALLEZ PAS VOIR LA PAGE WIKIPEDIA DU PURPURA RHUMATOIDE) puis envoyé un texto à mon frère médecin (bien qu'il n'ait que 13 ans et que je lui fasse par conséquent une confiance limitée).

"Hello, Lou a des boutons sur le thorax, ça ressemble à des pétéchies est-ce que je dois m'inquiéter ?"

Réponse laconique de mon frère: "Ce qui est inquiétant c'est que tu connaisses le mot".

Je ne suis pas folle tu sais. 

Voilà, sinon la tarte aux framboises s'est révélée un bon traitement pour Rose. Ou tout du moins les framboises. 

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La maternité est un arc-en-ciel

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Ce week-end, on hébergeait le pote du machin, dont la maman était en train d'accoucher. Il était hyper attendrissant, on sentait bien qu'il se faisait du souci et qu'il était super ému mais pardon, un garçon de 11 ans, ça serre les dents. 

A table, les enfants lui demandaient ce que ça lui faisait, de bientôt être grand-frère. Visiblement, ça lui faisait sûrement quelque chose mais l'exprimer était compliqué. En revanche, il était impatient de retrouver sa mère comme avant. "Demain quand j'irai la voir elle ne ressemblera plus à une pastèque, ça va être bien", il a lancé.

"Ouh là, l'a immédiatement arrêté le machin. Ne te fais AUCUNE ILLUSION, ça met beaucoup plus de temps !". C'est tout juste s'il n'a pas ponctué sa sortie d'un rire gras et sonore. En face, ça n'en menait pas large. Sa soeur le regardait avec quelque chose dans les yeux qui ressemblait clairement à de la haine (ma préférée, il faut dire) et son père, lui, avait cette expression terrorisée du mec qui assiste, impuissant, au massacre de son coéquipier. S'il avait pu parler (mais il ne pouvait pas) (courageux mais dans la limite du raisonnable) il lui aurait probablement dit à quel point malgré tout cela avait été un honneur de combattre à ses côtés.

"Beaucoup, BEAUCOUP plus de temps", a répété le machin. Je suppose que ce sont les sanglots de son père (c'était son fils quand même) qui l'ont empêché d'ajouter que trois ans après il restait peut-être même encore quelques traces.

Sinon rien à voir mais je vous déconseille absolument ce bouquin Fleurus sur les accidents domestiques (cette collection est pas mal pourtant). Au mieux c'est anxiogène, au pire ça leur donne des idées. En plus avec un peu de chance vous tombez sur une gosse sadique comme la mienne qui ne veut que ce livre pour l'histoire du soir. (livre qui est donc une sorte de compilation des idées à la con susceptibles de germer dans le cerveau encore immature de nos petits). Elle a une prédilection pour ce passage là, qui compte-tenu du fait divers sordide d'il y a quelques semaines est encore plus glauque (à mon avis il ne figurera pas dans la ré-édition)

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La carte scolaire, finalement, je crois que je suis pour (même pour mes enfants)

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Hier dans les commentaires, il m'a été demandé de revenir sur cette histoire de collège dont j'avais parlé l'année dernière au moment des inscriptions en 6ème. Sur le mode "tu parles d'égalité, c'est très bien, mais il me semble que toi même tu as eu des hésitations au moment de mettre tes enfants dans un établissement de mauvaise réputation". Je précise que la question était posée gentiment, ce qui tout de suite donne envie de répondre. Et puis je crois qu'en effet, ça ne sert pas à grand chose de professer des grands principes pour n'être que très moyennement droite dans ses bottes quand il s'agit de balayer devant sa porte.

Je ne vais pas vous refaire tout le film, je m'étais longuement exprimée dans ce billet. Mais pour faire simple, nous habitons du mauvais côté de la rue. Enfin, du mauvais côté pour qui considère donc que le collège sur lequel nous sommes sectorisés, c'est comme qui dirait le bronx. Sachant que "qui" égale en l'occurence 90% des parents d'élèves du quartier. Je veux dire, depuis huit ans que nous sommes installés dans cet appartement, à chaque fois qu'on m'a demandé – dès la troisième année de maternelle – où iraient mes grands après le primaire, ma réponse a provoqué des regards aussi désolés que si j'avais annoncé qu'on n'avait pas de papiers. Suivis de ces quelques mots: "non mais au pire tu les mettras dans le privé".

Autant vous dire que donc l'année dernière, j'ai commencé à m'inquiéter un peu. Allais-je me plier à la carte scolaire (qui existe donc toujours, hein, ceux qui penseraient le contraire se trompent) ou allais-je déployer des trésors d'ingéniosité pour permettre à mes chers petits d'échapper à toutes les avanies qu'on leur prédisait si d'aventure ils se retrouvaient dans cet établissement pourri ?

Bien sûr, ça me gênait aux entournures. Mon coeur à gauche, la mixité, toussa toussa. Et en même temps, mes bébés, quoi. Leur avenir, Henri IV, Sciences-Po Paris, l'ENA, la PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, comment cela serait-il possible s'ils étaient marqués au fer rouge du collège poubelle ?

La situation s'est singulièrement complexifiée lorsque j'ai appris qu'en plus, le collège en question ne comptait qu'une seule sixième bi-langue (anglais et allemand dès la première année), alors même que de l'avis de leurs instits, ils avaient tous deux le profil pour commencer cet apprentissage linguistique dès la sixième. On m'objectera qu'on peut tout à fait réussir sans faire de l'allemand. Vrai. Mais je ne vais pas vous raconter d'histoires, la bi-langue, c'est aussi en langage non politiquement correct la "bonne" classe. Ce qui, quand vos enfants se débrouillent pas trop mal, semble la voie toute tracée. Sans compter qu'ils avaient fait de l'allemand en primaire et que je trouvais un peu idiot de perdre ces acquis.

Bref, me refusant dans un premier temps à magouiller, j'ai rempli docilement le formulaire de dérogation, expliquant que je souhaitais que mes enfants ne soient pas dans la même classe, mais tous deux en bi-langue, et que cela n'était pas possible dans le collège A mais par contre envisageable dans le B, plus grand. (je précise qu'en l'occurence, le collège B n'est pas vraiment une succursale d'Henri IV, un poil mieux réputé mais pas non plus le must).

Résultat: une réponse négative et lapidaire, m'expliquant que les effectifs ne permettaient pas d'accepter cette demande.

A ce moment là, le directeur de leur école primaire, mais aussi certains parents délégués, amis ou anciens collègues m'ont invitée à jouer des coudes, à aller pleurer au rectorat, à faire jouer la carte de presse, à trouver une vieille cousine conciliante habitant dans le 5ème arrondissement, ou, en désespoir de cause, donc aller dans le privé.

J'ai beaucoup réfléchi, j'en ai parlé ici et lu de nombreux commentaires m'invitant à être, justement, un peu cohérente. Certaines d'entre vous, profs dans le quartier, m'ont même gentiment écrit pour me rassurer, non, le collège A n'était pas si pourri que ça, l'équipe enseignante était super, etc.

On a aussi beaucoup parlé avec les twins. Eux, leur problème, ce n'était ni le fait d'être dans la même classe, ni la mauvaise réputation du collège. Ce qui les angoissait, en réalité, c'était l'idée d'arriver sans un copain en 6ème, du fait notamment que la majorité de leurs amis étaient soit sectorisés dans l'établissement B, soient avaient réussi à contourner le système.

Avec le churros, on s'est dit que ça n'était pas une raison suffisante pour piétiner nos principes. Que des amis, on s'en fait à tous âge et que les anciens copains ils les verraient le week-end. Et donc, on a décidé tous ensemble qu'on allait arrêter les frais et ne pas déclencher l'opération "désectorisation".

Ce qui m'a considérablement détendue du gland, je suis du genre à ne JAMAIS envoyer les lettres de contestation en cas de PV injuste ou amende dans le métro pour cause d'oubli de mon pass navigo. J'ai déjà du mal à envoyer mes fiches de sécu ou encaisser mes chèques, alors aller RECLAMER, n'y pensez pas. Et puis j'ai appris au cours de ma déjà un peu longue vie, que demander un service revient la plupart du temps à vous enchainer à celui qui vous aura fait bénéficier d'un passe droit.

Bref, mes enfants sont donc entrés en sixième dans un collège classé ZEP faisant office de repoussoir dans le quartier depuis des années.

Et…

Et c'est génial.

Je veux dire, ce n'est pas, "ça va", "ils s'en sortent", ou "c'est pas si pire".

Non, c'est GENIAL.

A savoir que la classe bi-langue c'est certes une bonne classe, mais pas un groupe d'élite isolé au milieu d'un dépotoir. Que l'équipe enseignante est en effet soudée, ultra motivée (du genre à vous appeler pour vous demander si vos gamins veulent aller voir la mélodie du bonheur demain soir avec l'autre sixième, rapport qu'il reste des places), ultra compétente, ultra présente (en un trimestre, déjà deux rencontres organisées avec les enseignants en tête à tête). Je compte sur les doigts d'une main les absences de professeurs. Ils partent dix jours en classe de neige en mars, à un tarif tellement correct que tous les gamins ou presque peuvent y participer (ceux ne venant pas ayant décliné pour des raisons qui n'ont aucun rapport avec l'argent). Les mômes sont hyper suivis, la moindre absence est signalée, les retards sont sanctionnés et l'interface web permet de suivre tout ceci en temps réel, notes et devoirs à faire compris.

Le statut ZEP permet d'avoir des effectifs raisonnables (25 dans leur classe contre beaucoup plus dans certains collèges à Paris), mais aussi accès à des activités financées par la mairie, en l'occurence un atelier cinéma au cours duquel ils réalisent des courts métrages d'un niveau qui n'a rien à envier à des films professionnels.

Surtout, jamais je n'avais eu autant l'impression d'être impliquée dans la vie d'un établissement. Le proviseur insiste à chaque réunion sur l'importance pour les enfants et les enseignants que les parents se sentent aussi chez eux au collège, et ça n'est pas une simple déclaration d'intention. Par deux fois par ailleurs, je suis entrée aux heures de cours, et j'ai pu constater que cette sérénité que je devinais était bien réelle, même en dehors des rassemblements parents / enseignants.

Quant au "niveau", franchement, il ne me semble absolument pas différent de celui des collèges attenants. Alors bien sûr, tout n'est pas parfait, bien sûr il faudrait probablement plus d'encadrement, bien sûr si tous les gamins "sans problèmes" n'avaient pas déserté vers d'autres établissements, la mixité serait encore plus garantie. Mais quand je pense au tableau apocalyptique que l'on m'avait dessiné, j'ai tendance à me marrer.

Je ne vous cache pas que j'ai du mal à me retenir de jubiler quand j'entends certains parents d'anciens copains regretter leur choix, constatant que les collèges pour lesquels ils ont opté finalement, et bien ça n'est pas toujours le Pérou. Je ne vous cache pas non plus que je fais un lobbying d'enfer pour vanter les mérites du collège A, auprès de qui veut bien l'entendre (ma boulangère n'en peut plus). Mais je sais aussi que c'est une des techniques les plus efficaces pour faire changer une réputation. Parce qu'une réputation, c'est comme les rumeurs de séparation entre Vanessa et Johnny, ça se fonde souvent sur du vent. 

Bref, la leçon de tout ça, c'est que je me suis fait des cheveux blancs pour rien. Surtout, je suis bien contente de m'être arrêtée à temps, avant d'avoir recours à des stratagèmes qui ne grandissent personne. Et que parfois, il faut cesser d'anticiper les problèmes. Ceux-ci arrivent en général toujours quand on ne les a pas sonnés ni imaginés. 

Donc la carte scolaire, et bien je crois que c'est une bonne chose. Parce que dans mon cas, si elle n'avait pas existé, mes enfants seraient probablement passés à côté d'une très belle année. Et d'un établissement pas forcément rutilant, mais doté du plus important : une âme.

Edit: quant au fait d'être dans la même classe, ce n'est pas l'idéal tous les jours, mais cela présente des avantages certains, surtout pour le machin à vrai dire qui voit toutes ses étourderies rattrapées par sa soeur. A terme je ne suis pas certaine que ça l'aide à prendre ses responsabilités mais cela nous épargne pas mal de crises de nerf et égoistement je m'en réjouis. Et puis Claire, maman gemellaire, m'avait donné plein de conseils hyper judicieux dans un mail en septembre qui s'avèrent très efficaces…

Edit 2: Il est évident que ce qui vaut pour ce collège ne vaut pas nécessairement pour tous, que parfois on n'a pas le choix, que chacun voit midi à sa porte etc etc etc.

Fierté maternelle (bis)

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Ceux qui me suivent sur Instagram l'ont déjà vu mais ce dessin de la chérie ne cesse de me ravir. Si ça se trouve elle va faire la Saint Martins School à Londres et travaillera chez Chloé et me filera les pompes à 800 boules qui font trépigner toute la blogo mode. J'ai bien raison de la préférer aux deux autres.

Edit: Instagram est une plateforme de micro-blogging accessible sur les I-phone. Mon compte: caro_penseesderonde.

Ma fille cette artiste

Je ne résiste pas à la tentation de vous montrer le dessin réalisé par ma fille sur le pouce ou presque. Fierté d’autant plus désintéressée que je suis certaine d’une chose, elle ne tient pas ça de moi…

Sinon, nous coulons des jours heureux dans une petite station balnéaire du calvados ou nous avons loué une maison avec des dizaines de copains, nains y compris. Livarot et bulots à tous les étages… Bonne journée!

Ma fille cette artiste

Gastros en séries

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Il y a trois ou quatre jours, je racontais une histoire à Rose sur mon lit, comme tous les soirs. Elle s'était bien plainte d'un léger mal de ventre mais j'étais plutôt confiante: on venait de terminer le traitement antibiotique (administré après dix jours d'hésitation) et il me semblait qu'elle avait retrouvé l'usage de son nez, organe utile pour respirer mais dont mes enfants savent à merveille se passer 10 mois sur douze.

J'avais fini "Tchoupi veut regarder la télé" quand j'ai senti sa respiration s'accélérer. Dans le même temps, elle a gémi un truc qui donnait à peu près ça: "maman je vais vom…bouarrrrrrrrk".

Et c'est là que je l'ai fait. Alors même que Rose s'était transformée en geyser, j'ai roulé sur moi même avec elle, pour atterrir sur la moquette. Et éviter toute projection sur notre lit. Comme si David Carradine (paix à son âme) avait pris possession de mon corps (je parle du David Carradine période petit scarabée, dieu merci, je ne me suis pas retrouvée pendue à mon armoire en train de me masturber).

Sans déconner, je crois que je m'en sortirais assez bien chez les marines.

Bien sûr en revanche, j'étais moi même tapissée de vomi. Quand je dis tapissée, je suis en deça de la réalité. J'ai tout de même retrouvé une coquillette de l'avant-veille (qui dit gastro dit aliments végétant dans l'estomac en attendant l'expulsion) DERRIERE MON OREILLE.

Mais sur la moquette, rien. La couette, rien. Mon oreiller, que dalle. Même ma fille était finalement quasiment exempte de toute trace de dégueulis.

Fierté.

Quand je me suis dévêtue puis scrupuleusement lavée, j'ai eu cette pensée fugace : "là, si tu ne la chopes pas, lègue ton corps à la science".

Et bien je suis navrée pour la science mais je l'ai bien bien attrapée. Je pense que c'est la malédiction de Noël, je ne vois que ça. Chaque année, je me retrouve à moitié mourante aux alentours du 25 décembre. A croire que mon corps cherche à me dire quelque chose. Mais quoi ?

"Prends garde à changer ton stérilet, il arrive à expiration", peut-être ?

Edit: auparavant on avait vu les vitrines des Galeries Lafayettes et du Printemps et on était allés à la fête foraine sous la verrière du grand palais. Je vous raconte ça dès que je suis en mesure de me concentrer plus de dix minutes.

Tu crois qu’on appelle SOS médecins ?

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Le scénario est à peu de choses près toujours le même.

Rose, mais ce pourrait être le machin ou la chérie – même si depuis quelques années ils semblent avoir enfin fabriqué quelques défenses immunitaires – commence à moucher et toussoter. A grand renfort de pshiit dans le nez, on tente d'endiguer, sans se faire aucune illusion. Mais comme de fièvre il n'y a pas, on attend, en redoutant LA nuit. Celle qui finit inexorablement par arriver et pendant laquelle les quintes de toux vont se succéder, tant et si bien qu'à la fin l'enfant dégobille l'intégralité du repas de la veille mais aussi de l'avant veille, voire de la semaine précédente (on sous estime la contenance d'un estomac d'enfant).

Le lendemain, armés d'un optimisme qui n'a rien à envier à celui de Christine Lagarde ("la crise est finie et la croissance française en 2012 atteindra à l'aise les 3%") ("et au pire, faites du vélo, crétins"), on colle la poitrinaire en classe en priant pour ne pas être appelés à 15h40 par un directeur paniqué: "le thermomètre frontal a fondu".

Comme tout le monde le sait, les prières ne servent en général à rien, en tous cas pas à faire un sort aux virus infantiles.

Coup de fil du directeur il y a donc. Quand ce n'est pas la nounou du mercredi.

Là on calcule et on se dit que mine de rien, ça fait une semaine que ça dure. Direction ce bon vieux généraliste que rien n'impressionne. Ce dernier qui nous connait comme le loup blanc et ne nous prend néanmoins pas vraiment au sérieux nous case entre deux gastros (il sait que tant qu'il ne nous aura pas reçus il n'aura pas la paix) et après auscultation d'une enfant temporairement en pleine forme (on sous-estime aussi l'effet placebo de la salle d'attente), nous annonce l'air las que les poumons sont impeccables, les amygdales sont un peu rouges, les oreilles nickel mais le nez plein comme le périph parisien aux heures de pointes. Une rhino, en somme.

Ce râle qu'on entend à chaque inspiration ? "Les secrétions nasales qui coulent dans l'arrière gorge", répond du tac au tac monsieur médecines douces (il a récemment lu une étude prouvant que le miel est plus efficace que le toplexil et refuse désormais de me prescrire ledit Toplexil pourtant seul garant de mon sommeil durant les périodes de rhinos) (je le déteste) (mes enfants n'aiment pas le miel).

Bref. Verdict: doliprane et…

"LAVEZ LUI LE NEZ" (bordel) (il ne le dit pas mais il le pense).

Moi, dans ma tête, je lui réponds que sa race, je ne fais que ça de lui pulvériser de l'eau de mer dans le pif et ce depuis une semaine. Et qu'à peine franchie la porte, la fièvre va re-démarrer, les quintes redoubler et les vomitos se multiplier. En vrai je ne dis rien parce qu'en plus à mon corps défendant, n'importe quel médecin déclenche en moi une légère excitation (sauf mon frère, je précise quand même).

Je ressors du cabinet en me flagelleant mentalement de ne pas avoir attendu qu'elle soit au pic de sa crève et qu'on en finisse grâce au dieu clamoxyl qui n'est pas automatique puisque c'est un antibiotique mais qui j'en suis certaine représente ma seule porte de sortie (et accessoirement mon unique espoir de rendre mon papier à temps).

Deux jours passent, pendant lesquels bien évidemment, le fait d'être free-lance me désigne sans même un semblant de concertation comme garde malade attitrée. Vingt-cinq histoires de tchoupi et douze heures non-stop de diffusion de la petite sirène 2 (qu'on fusille le connard qui eut cette idée folle d'inventer une suite au premier déjà suffisament tarte), l'enfant tousse un peu moins et on se félicite, le churros et moi (enfin surtout le churros parce que moi à ce stade là je ne me félicite plus de rien, je cherche juste un moyen d'exécuter tchoupi et son insupportable doudou) de ne pas avoir cédé à la tentation de la péniciline. 

Le week-end se passe, pshiit dans le nez, prise de température, on pense avoir endigué le virus. Jusqu'au dimanche 15h environ. Heure à laquelle Rose émerge de sa sieste, écarlate, en eau et quelques restes du repas dominical dans les cheveux. 

C'est à ce moment là qu'intervient Zorro. Egalement appelé monsieur SOS médecin. Appelé après une prise de tête de quelques minutes sur le mode "tu es sûre quand même, elle n'est pas si mal, non ? Oui, bon, ok, elle vient de cracher un morceau de poumon, on appelle".

Zorro, donc, qui déboule trois heures cinquante après l'appel, (à moins d'avoir eu recours à une technique de routard, malhonnête mais redoutablement efficace, consistant à distiller quelques informations inquiétantes dans les symptômes ("elle a la nuque un peu raide et quand j'ai allumé la lumière, elle a hurlé") pour trouver une enfant qui… pète la forme. Ou pire, qui dort comme un loir étant donné qu'il est trois heures du matin. Ce qui nous vaut d'être regardés comme si nous étions frappés du syndrôme de Münschhausen.

Neuf fois sur dix, le diagnostic est sans appel: c'est viral. "Oui mais quand même, cinq jours de fièvre, et puis quand elle tousse c'est tout de même impressionnant".

"Là elle tousse pas madame". 

En effet, elle tousse pas. La hyène.

En général, parce que l'élément lambda d'SOS Médecins préfère se couvrir, tu finis par obtenir le graal, l'ordonnance d'antibiotiques à n'utiliser que si demain soir elle a toujours de la fièvre. "Mais là madame, il me semble que ça n'est pas nécessaire". 

Par contre, il est formel, pas d'école pendant trois jours. Genre ta gosse elle n'a rien, tu n'es qu'une cintrée qui appelle le samu comme d'autres SOS amitié mais par contre tu seras gentille de garder ta gamine à la maison durant trois semaines, au cas où.

Bye bye, ce nouvel employeur qui attendait justement un article test pour lundi soir.

Le lendemain, de guerre lasse et parce que la fièvre n'a pas à proprement parler diminué, on finit par la mettre sous antibios. Deux heures plus tard, l'enfant semble régénérée, prête pour le marathon de Paris. Ce qui, tu le sais, n'a absolument rien à voir avec une prise, seulement, du médicament. Et qui te plonge dans les affres de la culpabilité: "elle n'en avait pas besoin". Suivi d'une séance de grosse grosse grosse prise de tête: mais maintenant qu'on a commencé, est-ce qu'on continue ? Est-ce qu'arrêter après une seule dose va permettre à toutes les bactéries de la ville de Paris de s'installer à vie dans son organisme ? Et si elle avait la tuberculose ? Et si à force il lui poussait un bras sur le front ? Et si je divisais les quantités par deux ? Et si je lui donnais un placebo et qu'à la fin je sortais une étude qui ferait date dans l'histoire de la pédiatrie ?

Pour finir, on coupe la poire en deux, continuant péniblement le traitement (péniblement parce qu'il n'y a pas plus infect que le générique du clamoxil à la banane de synthèse) pour l'interrompre lâchement trois jours après.

Mais comme elle va bien, on finit par oublier de s'en faire.

Jusqu'à la prochaine fois.

Prochaine fois où tout se déroulera exactement à l'identique, où les mêmes hésitations nous feront gamberger et où nous ferons connaissance avec une nouvelle recrue d'SOS médecins, fasciné de constater que oui, la famille de dinguos du 13ème existe vraiment, non, ça n'est pas une légende urbaine. 

Etre parent, c'est finalement prendre éternellement les mauvaises décisions en étant convaincus d'avoir fait pour le mieux.

Edit: parfois, on tient le coup et on attend vraiment que l'enfant soit en fusion pour convoquer le docteur. A ce moment là, il y a la version deux de l'histoire. Celle où on se fait jauger de la tête aux pieds par un blanc-bec qui se demande quel parent assez inconscient peut avoir attendu aussi longtemps pour consulter, étant donné que l'enfant qu'on lui brandit est à deux doigts de l'intubation. Mais j'avoue, c'est rare. Le plus souvent, on rejoue Pierre et le Loup, inlassablement…

Edit2: Inutile de me conseiller l'homéopathie, déjà essayée, pas concluante et surtout complètement incompatible avec notre désorganisation pathologique…

Edit3: La photo ? Rien à voir, juste quand même, j'ai réussi à aller chez le coiffeur vendredi entre deux vomis de bronchioles. J'en reparle très vite, c'était un peu une délocalisation du salon de "Le Web", pas moins de trois affluentrices de l'internénette sous le casque.

Edit4: (si je veux je peux en faire dix des Edit) ça ne nous rajeunit pas mais preuve que le sujet est ancien, j'avais écrit il y a longtemps ce billet qui raconte à quelque chose près la même chose, avec une chute un peu à mes dépens. (je me demande si je n'arrive pas au bout d'un cycle en fait) (je n'ai plus rien à raconter si ça se trouve).