Mois : juillet 2010

La tête dans le sac (de couchage)

Duvet

Entre autres équipements demandés par les organisateurs de la colo du machin, il y avait un duvet.

Après avoir constaté, à douze heures du départ, que celui acheté l’année dernière en soldes et en format junior allait le contraindre à dormir avec les genoux sous le menton – cet enfant a probablement mangé beaucoup trop de poulets blindés d’hormones et pris au bas mot 43 cm en un an – et que le seul autre sac de couchage de la maison, amoureusement nommé par le Churros « le gros vert », rapport qu’il est gros et vert et accessoirement même pas chaud remplissait à lui seul le sac du gamin, nous sommes allègrement partis à Go Sport acheter un duvet.

Je sais, on peut se demander où va nous mener ce billet et dans quelle mesure l’achat d’un duvet peut présenter un intérêt.

C’est là qu’on se trompe.

Parce que laissez-moi vous dire que pour s’acquitter d’une tâche apparemment triviale comme l’achat d’un sac de couchage il vaut mieux avoir un peu de temps devant soi. Il en va en effet aujourd’hui des duvets comme des ordinateurs, des smartphones, des poussettes ou des dosettes de café : trop de choix tue le choix.

Déjà, le linéaire dédié à cet objet méconnu et sous-estimé fait environ 2 km. Et encore, j’avais choisi un petit go-sport, au décathlon de la Bibliothèque François Mitterrand, mieux vaut prendre sa journée ou des rollers.

Il y a donc des duvets pour enfants – moins d’1m40 – pour ados – 1m70 – ou pour n’importe quel joueur des Spurs – 2m60. Mais bien évidemment la variété ne s’arrête pas là. Il y a des duvets pour femme et pour homme. Il y en a aussi qui sont conçus pour être rattachés à un autre, au cas où t’aurais une ouverture dans la nuit. Il y a ceux que tu peux zipper jusqu’au menton, d’autres avec capuche intégrée ou oreiller gonflable. En lire plus »

Zéro pointé

Machinsac

La semaine dernière, le machin est parti en colo. Séjour "eaux vives" dans le Gave de Pau. Au moment de préparer le sac, il a eu droit aux douze mille recommandations de ses parents, assez perplexes à l'idée de laisser partir un enfant à qui il manque manifestement une ou deux rams de mémoire, dans un endroit jonché de dangers multiples et variés: rivières, lac, piscine, parcours d'acrobranche, etc. Dire qu'on l'a sermonné serait bien en deça de la réalité: "Tu penses à mettre ton gilet de sauvetage à CHAQUE activité nautique. Quitte à dormir avec s'il faut. A l'acrobranche, tu vérifies que ton harnais est bien fermé. Tu ne pars pas comme un dératé dans ton truc de rafting, là, sans prévenir les monos. Tu ECOUTES les consignes qu'on te donne. Tu ne vas pas nager sans prévenir qui que ce soit. Tu ne manges pas les baies sauvages. Tu ne sors pas de l'enceinte du camp. Si tu es perdu tu cherches un policier. S'il n'y en a pas tu te rabats sur un garde forestier. Au pire tu cries. Fort. etc etc etc."

Après le chapitre  "sécurité", on est passé à la composition du sac à dos, tentant en toute perte de faire mémoriser au machin l'endroit où se trouvaient les objets de première nécessité. Sachant que lui et nous n'avons pas la même interprétation du terme et qu'il est apparu évident lors de l'interrogatoire post-démonstration que le seul objet dont il avait enregistré la localisation était sa console de jeux. Par contre pour la brosse à dents, le gant de toilette, les 34 tee-shirts demandés par les organisateurs ou autres maillots de bain, autant admettre qu'il n'avait absolument rien retenu.

On l'a donc laissé partir, la boule au ventre et à peu près certains qu'on ne le reverrait plus jamais ou alors si mais tellement sale et mal odorant qu'on ne serait pas sûrs de vouloir le reprendre. La dernière supplique fut qu'il utilise, cette fois-ci, le gel douche corps et cheveux, là dans la poche latérale gauche. L'année dernière, lorsqu'on eut constaté que le flacon était encore hermétiquement fermé au retour, le machin nous avait expliqué sans ciller – les enfants ont une incroyable capacité à garder leur sérieux quand ils se foutent ouvertement de ta gueule – qu'il avait voulu faire un geste pour l'environnement et avait par conséquent opté pour un lavage à l'eau. Et mon cul c'est du poulet. Bio.

Bref, le machin et son copain Mathurin, fils de mes chers amis J. et C. (ils préfèrent garder leur anonymat sur ce coup là) sont finalement partis avec l'air ahuri qu'ils ont en commun et le flegme légendaire qui leur appartient. Et nous, toute la semaine, on a glosé sur ce qu'ils allaient oublier, sur les pauvres monos qui allaient devoir les gérer, immatures et dépourvus d'autonomie qu'ils sont.

Il faut croire qu'on était tellement occupés à dénigrer les fruits de nos entrailles qu'on a été en revanche moins pointilleux qu'il aurait fallu sur les deux trois choses que des parents dignes de ce nom se doivent de retenir.

Trois fois rien, hein.

Au hasard, la date de leur retour.

Qu'on avait tous notée – le fruit d'un travail collectif – comme étant le 18 à 23h20 à Montparnasse. C'est à dire que le churros avait demandé à J., qui avait demandé à C., celle-ci étant catégorique, c'était dimanche soir. Moi j'avoue, je n'ai carrément ni regardé ni m'en suis inquiétée. Mais le fait est, on était tous les quatre dans les starting block pour le 18 au soir.

D'où notre grand étonnement lorsque samedi, le 17, donc, à 23h55, nous avons reçu un coup de téléphone assez agacé du mono en chef, nous prévenant que le machin et mathurin étaient  les deux seuls enfants dont aucun parent n'était encore arrivé pour venir les chercher. Gare Montparnasse, quai n°5. Là, maintenant, tout de suite. Et qu'en l'absence de nouvelles de notre part dans les 5 minutes, ils se verraient obligés de les emmener au commissariat.

Dans l'échelle de l'indignité parentale, je crains que ces pauvres J et C soient un peu plus haut placés que nous, parce que ce coup de fil, ils l'ont reçu alors qu'ils étaient en week-end à la campagne, à 300 bornes de Paris. Nous, on était juste au cinéma après avoir enquillé quelques verres. Ce qui n'est pas super glorieux mais qui nous rendait malgré tout plus à même de rattraper le coup.

Ok, on n'est pas super défendables non plus.

Mais je tiens à signaler, si ça peut compter au moment du jugement dernier, que nous n'avons hésité que cinq minutes avant de détaler comme des lapins de la salle pour sauter dans un taxi. Je passerai assez rapidement sur la honte qu'on s'est pétée dans une gare montparnasse vide à l'exception de nos deux lardons, leur gros sac à dos même pas oublié dans le train et une dizaine de moniteurs nous applaudissant sur l'air de "Ils sont vraiment, ils sont vraiment… phénoménaux, la la la…".

Ou comment perdre, pour une bête erreur de date, tout son capital crédibilité pour les dix années à venir. Au bas mot. Va engueuler ton gamin parce qu'il a – encore – oublié son cahier de texte. "Oui mais toi tu m'as laissé sur le quai n°5, remember". ça, ils vont pas devoir aller la chercher bien loin, la répartie.

Edit: Par contre, je tiens à préciser que s'ils n'avaient rien oublié – eux – les deux enfants sentaient un mélange étrange de merde de chien et de rat crevé. Apparemment, la planète a de beaux jours devant elle, en tous cas faudra pas me dire que c'est l'excès d'utilisation de gel douche corps et cheveux Mennen qui a causé le changement de sexe des poissons dans le gave de Pau.

La possibilité d’une île

CapCorse

Non non non, ce blog n'est pas encore en vacances, même si mon esprit vagabonde déjà pas mal du côté de Cervione, Corsica, où je vais passer deux semaines… fin août.

Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa. Fin août.

L'année prochaine je change mon fusil d'épaule et je pars AU DÉBUT de l'été. Parce que je ne sais pas pour vous, mes amis de galère, mais je trouve ce mois de juillet épouvantablement long.

Bref, un billet pour pas grand chose à vrai dire, qui vise essentiellement à geindre que yé n'en peux plou.

Mais comme je suis une blogueuse de contenu, moa madame, et que je ne veux pas décevoir ma copine de chez Glamour qui a besoin – putain – qu'on l'inspire, nous les pionnières du web 2.0, je vais jeter, là, négligemment, quelques idées, en vrac, pour toi, copine.

Grazia est, j'en suis de plus en plus convaincue, un journal de gauche planqué dans un groupe appartenant à Berlusconi. Ce qui est d'autant plus admirable, moi je dis. A lire notamment le chouette article sur Edwy Plennel cette semaine.

– Commencé la série Cougar Town avec Courtney Cox, la Monica de nos années Friends. Un peu too much, la Courtney, et surtout, passée entre les mains d'un faiseur de "duck-faces". Mais malgré tout, on la retrouve, aussi hilarante que dans Friends (elle me faisait beaucoup plus rire que Jennifer Aniston) et une fois de plus, une série américaine qui va assez loin dans l'anti-politiquement correct. A voir lors des longues soirées de juillet quand on sait qu'on ne va pas partir en vacances avant un bail. Ce qui est mon cas, vous l'ai-je dit ? Ah.

– Fini en deux soirs le troisième volet de "Spellman et associés", que j'aurais bien lu sur la plage, bordel. Mais – et c'est normal, vous ne pouvez pas le savoir, vu que je ne suis pas du genre à m'épancher – la plage pour moi c'est dans une éternité. Il n'empêche que ce 3eme épisode des aventures de Lizzie Spellman, détective déjantée affublée d'une famille de boulets est encore plus drôle que les deux précédents. A éviter cependant si on n'est pas fan des romans bizarrement structurés, entre carnet de notes, scénario et flashbacks multiples. Perso je suis adepte, un humour comme je les kiffe.

– Vu la semaine dernière, "Copacabana", avec Isabelle Huppert et sa fille dans la vraie vie, Lolita Chammah. Au départ j'ai eu un peu peur que ce soit un énième film sur Isabelle qui joue si bien les folles. C'est heureusement beaucoup plus subtil que ça, engagé, un film sur la précarité, le refus de coller aux normes, la maternité, la féminité après 50 ans et patati et patata. A voir aussi pour la toujours si juste et sous-employée Aure Atika.

Voilà, je m'en retourne compter les jours et mettre des croix sur mon calendrier, comme Vendredi sur son île. J'ai dit que je pars en Corse, mais pas tout de suite ? Roah, ça va, hein.

Vanessa à Versailles c’est le paradis mais pas pour tout le monde

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Lundi soir, on était de château avec Zaz. Pour aller voir Vanessa Paradis, sous les ors de l'opéra de Versailles. Je ne suis pas mal élevée, alors comme j'avais offert la place à ma copine pour son anniversaire de dans six mois, je ne dirai pas le prix de l'affaire.

Même si quand même, 99 euros, quoi.

Multiplié par deux, merci de me l'avoir demandé.

Inutile de préciser que c'était l'entrée de gamme.

Sérieusement, j'avais trouvé ça relativement scandaleux mais je suis du genre à faire parfois ce type de dépenses inconsidérées pour des biens périssables. Et finalement c'était beaucoup moins cher que la Madone, comme quoi tout est relatif. Surtout, Vanessa, Zaz et moi, c'est une histoire qui remonte à loin. En résumé, zaz l'adore, moi aussi… sauf que.

Et tout est dans le "sauf que", évidemment: "sauf que tout de même elle pourrait s'alimenter, sauf que moi si je me tapais Johnny, j'aurais le bonheur plus modeste, sauf qu'on a compris qu'elle est très Chanel" etc etc etc.

En général Zaz tourne son nez, du coup je me tais et on finit par savourer la douceur du concert parce que malgré tous mes "sauf que", je dois bien admettre que la demoiselle a du chien, du style et de la grâce. De la voix, aussi, et de plus en plus. Elle sait aller désormais dans les graves et ça lui va comme un gant..

On m'aura compris, cette fois encore j'ai été eue, même que je n'ai pas dit une seule fois qu'elle était trop maigre et que c'en était suspect, je fais beaucoup de progrès.

En revanche, j'ai quand même râlé. Beaucoup. Parce que 99 euros pour voir un poteau, c'est… comment dire ? Honteux ? Scandaleux ? Indécent ?

Ce qui l'est encore plus – indécent – c'est la réponse du responsable de la billetterie à tous les manants installés comme nous dans le poulailler et plus serrés que des volailles en batterie venus se plaindre de n'y voir que dalle. "Vous avez acheté les places les moins chères, c'est comme ça, c'est normal, on peut rien faire pour vous".

99 euros, monsieur Ducon de la billeterie, c'était en effet le prix le plus bas. Mais il faudrait voir à ne pas confondre, hein, entre prix le plus bas et bas prix. Parce qu'avec 99 euros je peux nourrir ma famille pendant une semaine (on m'appelle jean-pierre coffe dans l'intimité). Et puis c'est la première nouvelle que quand tu prends les places 3ème catégorie tu as juste le droit de regarder le dos de ton voisin.

Surtout, monsieur Ducon de la billeterie, ce qui m'a VRAIMENT mis la rate au court bouillon, c'est quand j'ai baissé la tête et que j'ai vu tous les beautiful people installés comme des nabab sur des fauteuils rembourrés histoire que Karl puisse y coller son pétard osseux sans avoir mal au cul. Parce que la première idée qui m'est venue à l'esprit, c'est que tous ces happy few n'avaient à coup sûr pas payé leur place, eux. Selon le toujours si juste adage qui veut qu'on ne prête qu'aux riches. Et que quelque part, mes 99 euros et ceux de tous les gueux à mes côtés permettaient de gâter les Diane Kruger, Mlle Agnès ou mon vieux pote Karl shampouiné de près.

Alors rien que pour ça, rien que parce que nous monsieur, on avait payé et pas qu'un peu, on méritait AU MOINS d'être installés à un endroit où on aurait non seulement pu entendre Vanessa mais aussi, accessoirement la voir.

Bref, à côté de ça, je ne vais pas faire mon aigrie, c'était magique, magnifique, il régnait une ambiance à la grand Meaulnes dans cet opéra. Lustres en cristal, boiseries dorées, tapisseries brodées, rideaux de velours, tout y était. L'orchestre acoustique était parfait, les arrangements d'Albin de la Simone se prêtaient à merveille au répertoire de Vanessa et cette dernière, forcément, ne dépareillait pas dans le décor.

Deux heures de rêve orangé, de morceaux aux allures de tango, de danses chaloupées toutes en intimité.

Un spectacle qu'on a finit par apprécier, étant parvenues à trouver le bon angle pour tout voir, en tordant un peu le cou ou en nous asseyant à nos risques et périls sur la balustrade de 300 ans d'âge.

Mais il reste ce goût un peu amer, cette impression d'avoir été mal traitée. Comme si pour être vraiment la bienvenue il eut fallu être du sérail.

Sauf que méfiez-vous, messieurs les tourneurs, un jour, la piétaille refusera tout net de financer les belles soirées des nantis. Pour ma part en tous cas, c'est fini.

Allez, quelques photos prises par Zaz, une charmante voisine en avait pris avec un appareil à 3000 dollars et devait m'en envoyer mais à tous les coups j'ai écrit mon adresse mail comme un pied et pshiiit, perdu.

Edit: J'en profite pour faire un coucou à la charmante brunette qui est venue me dire bonsoir samedi alors que j'attendais pour aller au cinéma au Mk2 Bastille. "Je me permets, parce que j'ai un peu bu", m'a-t-elle dit. Confidence pour confidence, j'avais un mojito dans le coco, mais ça ne m'a pas rendue moins timide. Il n'empêche que ça me fait toujours un plaisir fou de mettre un visage sur une lectrice…

Edit2: J'avais fait deux minutes par minutes à propos d'un précédent concert de Vanessa, si ça vous dit, c'est ICI et LA

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Une grande fille

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Samedi, aux aurores, Grande chérie est partie en Bretagne avec sa meilleure amie et la famille de celle-ci. Hier, elle m'a appelée, pour me raconter. Elle m'a dit les ballades en vélo, les fins d'après-midi allongées sur des pierres encore chaudes, le ciel qui se couche sur la mer et les vagues qui viennent frapper les rochers.

Il y avait un tel bonheur dans sa voix, je pouvais sentir le plaisir qu'elle prend là bas, dans cet ailleurs que je ne connais pas, un plaisir de déjà presque grande fille. Je pouvais toucher du doigt les espoirs de la vie qui ne fait que commencer et l'ivresse de ces instants de quasi liberté dans ce lieu de vacances, où parait-il on mange les meilleures glaces du monde.

Je ne saurais dire ce qui m'a plu le plus, sa joie évidente ou la façon si jolie de me raconter ses journées. Probablement les deux. Je crois que j'ai aimé qu'elle aime ces choses là.

Quand les enfants sont petits, on se dit qu'on ne supportera jamais de les voir s'arracher à nous. Et là, hier, c'était tout le contraire, je crois que rien n'aurait pu me combler plus que d'entendre qu'elle était heureuse sans moi. Bien sûr, il y a cet endroit au creux du ventre, qui te rappelle sans cesse qu'on ne pourra jamais s'arrêter de s'inquiéter. Bien sûr, on voudrait parfois faire le chemin en arrière, pour sentir une dernière fois l'odeur du sommeil, là, dans son cou gracile. Mais au delà de ça, il y a cette fierté incroyable de voir grandir et s'ouvrir à la vie celle dont je devine qu'elle sera quelqu'un de bien. Ma grande fille.

Zermati, réponses à quelques questions, épisode 2

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Donc je continue à répondre aux questions sur la méthode Zermati, ayant un peu de mal à le faire dans les commentaires. J'ai sélectionné quelques interrogations, je recommencerai la semaine prochaine si ça vous intéresse toujours, j'ai peur que d'un coup ce soit longuet.

– Tu dis qu'il faut se détacher de ces histoires de kilos et pourtant tu te pèses tous les jours ? Paradoxe, non ?

Réponse: D'abord, qui a cafté pour la balance ? Ensuite, attention, je n'ai jamais prétendu être le dalai lama du zermatage. Je n'en suis pas encore au stade où je mange à 100% sans culpa, où d'ailleurs je ne pense pas à ce que je mange, ai mangé ou mangerai et où j'accepte l'idée de reprendre, reperdre, reprendre, reperdre, rep… Ok. Donc oui je me pèse, sur une balance qui en plus ne veut rien dire puisqu'elle me retire cinq kilos d'office. En fait si, elle veut dire quelque chose. Qu'elle m'aime, je pense. Bref, c'est en effet le prochain stade, lâcher la balance. Et c'est une fille partie il y a quinze ans dans les îles éoliennes avec dans son sac à dos une balance pesant un âne mort qui vous parle.

– Ok, tu ne fais pas attention à ce que tu manges et tu maigris. Mais vu de ce que tu dis que tu avales, tu n'as pas peur qu'à l'intérieur de toi ce ne soit pas la joie ? Quand même, toutes ces choses comme les légumes et les fruits, c'est important pour notre organisme, non ?

Réponse: Premièrement, il ne faut pas prendre mes réponses au pied de la lettre. Quand j'écris que le soir je mange ce qu'il y a chez moi, de la quiche, de la pizza, des pâtes ou autre, ça ne veut pas dire que régulièrement je ne mange pas de la ratatouille, des tomates mozzarella, du concombre ou je ne sais pas quoi. Par contre, plutôt crever que de m'enfiler des légumes que je n'aime pas ou pas assaisonnés, juste parce que c'est bon pour la santé. Ce que je trouve merveilleux dans cette approche de la nourriture qu'ont Zermati et Apfeldorfer, c'est cette façon d'aller à l'encontre de tous les bourrages de crâne sur les cinq fruits et légumes par jour. Ne plus être control freak sur la nourriture, ça implique aussi de faire confiance à nos envies. Des envies qui naturellement nous portent vers ce dont on se frustre, quand on est frustré. Quand on ne l'est plus, c'est étonnant, certains aliments perdent totalement de leur aura. Exemple ? Il y a un pot de nutella PERIME dans mon placard. Si. Dingue. Ah et ce que je note tout de même c'est que je n'ai plus jamais de brûlures d'estomac. A mon avis ça veut dire quand même que dedans mon corps, c'est moins la guerre qu'avant. Pour plus de billes sur l'équilibre alimentaire, c'est ici.

– Pourquoi tu dis que Zermati t'a conseillé de ne pas donner ton poids actuel ?

Réponse: Dans ce billet, je raconte l'épisode. Mais en gros, ce qu'il a voulu me faire comprendre, c'est qu'afficher trop sa perte de poids, c'est s'imposer le stress de ne pas reprendre. Une fois que tout le monde SAIT combien on a perdu, c'est comme si on avait l'obligation de rester mince. Or c'est cette "obligation" qui neuf fois sur dix fait reprendre, parce que ça génère des émotions qu'on n'arrive plus à gérer autrement qu'en bouffant. D'autant qu'il ne faut pas se leurrer, tout le monde autour de soi n'a pas des intentions très chrétiennes – quelle expression à la con, non ? Comme si les chrétiens étaient toujours bien intentionnés ! Moi la première, je suis toujours assez agacée quand mes copines parviennent à arrêter de fumer. C'est dit, pardon Chloé de t'avoir tendu la première clope de la reprise.

– Et qu'est-ce que ça change dans ta vie d'avoir maigri ?

Réponse: Là aussi, beaucoup répondu il me semble. Mais en gros, je n'éprouve pas, comme certaines d'entre vous, ce sentiment de n'être pas à ma place ou de "peur" d'être plus mince. Je dois admettre qu'une des premières conséquences est financière, ce que je ne bouffe pas je le dépense. Dans des fringues. Récemment un combishort. Allez-y, marrez-vous. C'est de bonne guerre. Sérieusement, l'effet le plus positif c'est de ne plus avoir à m'arracher les cheveux le matin devant mon armoire. C'est le genre de considération qui ne met pas nécessairement en valeur mes nombreux neurones – qui ont peut-être fondu comme neige au soleil, va savoir – mais il ne faut jamais avoir été grosse pour ne pas comprendre la simplicité de ce bonheur là. Sinon, bien sûr, moins fatiguée dans les escaliers, plus sûre de moi dans la rue, moins timide il me semble, moins pétrifiée quand il s'agit de prendre la parole en public. Moins "coupable" d'être en surpoids quand j'entre dans un magasin. Au final, pas grand chose. Toujours maman de trois enfants qui s'en foutent je crois, toujours mariée à un obsédé qui l'est tout autant qu'avant mais pas plus. Et pourtant, la peur panique de reprendre du poids. Comme je l'ai dit plus haut, y'a de la marge avant que je me rase le crâne et me promène en toge orange.

– Et comment tu fais au moment des repas ? Quand t'as pas faim, tu manges pas, mais bonjour la convivialité en famille ! Et si tu as faim à 16h ? Tu te fais une blanquette ?

Réponse: Au bout d'un moment, ce qui est magique c'est que tu as faim à peu près en même temps que tout le monde. Cela dit, parfois, je n'ai pas faim, je mange trois fois rien à table, en expliquant que là, non, pas très envie. ça ne m'empêche pas de rester à table avec eux, ou alors de me mettre sur le canapé, à côté, et de discuter. Oui, ça a changé le fonctionnement de tout le monde cette histoire. Parce que désormais, plus de crises pour finir les assiettes, plus de remarques du type si tu ne manges pas tes haricots, tu te brosses pour le maronsuiss. Et croyez-moi, on a beaucoup gagné en sérénité. Le repas est un moment de convivialité. Mais il n'est pas le seul. Et d'après docteur Z, c'est plutôt un bon exemple à donner que de ne pas se forcer à manger.

Edit. La photo c'est pour montrer que cette histoire d'équilibre alimentaire ça marche aussi sur les enfants. Je reviendrai là dessus mais depuis que j'ai commencé cette thérapie, je ne fais plus suer mes gosses avec ça. Résultat, parfois, rose me supplie de lui donner… de la salade. Au moment du goûter.

Salade

Vénus: quand la déesse overbookée passe derrière les fourneaux


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opération sponsorisée

Donc
la semaine dernière, par un beau mercredi matin ensoleillé, je me suis
rendue à l'atelier des sens, invitée par Venus pour chaperonner ma
filleule overbookée
.

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Inutile de préciser qu'auparavant, Oceana et
moi – c'est le petit nom de mon rasoir chéri – on s'était offert une
franche partie de rigolade histoire que je sois lisse comme le
frigo Smeg de la cuisine parfaite de l'atelier des sens.

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Attendez,
ça commence par là, le savoir recevoir.

Bref, je suis allée à
l'Atelier des sens, un endroit trop croquignolet caché dans une cour de
la rue Sedaine, pas loin de Bastille. Rien que l'allée fleurie te donne
envie d'y poser tes valises pour la vie. 

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Ensuite, tu fais la
connaissance d'une cuisine plus grande que ton appartement, avec un plan
de travail de la taille d'un billard. Et tu entends tout ton être
crier: "maison".

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Je passerais sur tous ces appareils
d'électroménager qui font rêver, les placards remplis à craquer de
chocolat, farine, sucre ou autres ustensiles qui rendent la vie plus
facile.

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Mes photos de professionnelle parlent d'elles même.

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En
revanche, sachez que Marie-Sophie, l'overbookée, et moi même, avons
appris quelques petites choses indispensables pour celles qui comme moi
ont en général 14 minutes pour préparer un
repas.

– Genre que si tu nettoies au fur et à mesure, au moment
de passer à table, tu n'as plus rien à ranger (là, normalement le
Churros est en train de s'étouffer de rire ou de stupeur devant une
telle prise de conscience)

– Pour faire un caramel, point besoin de
se prendre la tête sur la quantité d'eau qu'on doit rajouter au sucre.
Suffit de jeter le sucre en poudre dans la casserole bouillante et pan,
magie de l'amour, le sucre fond en sirop. C'est un truc de fou, fini les
interrogations à n'en plus finir: est-ce que j'ai mis assez de flotte ?
Trop ? Je mélange ou ça va tout gâcher ? Le caramel inratable est à
portée de main.

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– Monder une tomate n'a rien de pornographique. Il
s'agit simplement de tremper la tomate dans l'eau bouillante et une fois
qu'elle est bien chaude, tu enlèves délicatement sa peau qui vient
toute seule. Ok, en fait c'est un peu hot de monder une tomate. Mais ça
évite les brûlures d'estomac à
cause que la peau c'est très acide, a dit JB, le chef (oui, le mignon du dessus). Ok chef, je vais
te la monder ta tomate.
– Pour que les légumes ils gardent leur
couleur à la cuisson, faut les balancer dans une huile brulante (il aime
bien tout ce qui est chaud bouillant JB).
– Pour twister ta salade
de fruits rouges, tu fais un sirop avec de l'eau et du sucre, auquel tu
rajoutes du vinaigre balsamique blanc. Le plus dur étant de trouver le
vinaigre balsamique blanc. ça donne un goût aigre doux de folie à la
minestrone de fraises/framboises.

– Pour épater la galerie dès
l'apéro, tu prends de la pâte feuilletée, tu la badigeonne de jaune
d'oeuf, tu la saupoudre de sésame ou d'autres graines, tu coupe ensuite
la pâte en lamelles que tu torsades. Dix / quinze minutes à four bien
chaud et tu as des sortes de grissins qui tuent mémé. Et qui, ok, ne
sont pas super torsadés quand c'est moi qui les torsade parce que j'ai
une incapacité au niveau de la
torsade, c'est très net. 

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En revanche, Marie-Sophie, elle, elle rock en
cuisine, j'hallucine.

Voilà, très franchement c'est génial de
concocter un repas comme ça, pilotées par un chef adorable dans un
endroit de rêve. Je me suis dit que c'était une super idée de cadeau,
même si je rappelle que j'ai été invitée par Venus et que donc je ne
sais pas trop si c'est cher ou pas…

Je vous laisse avec les photos des plats préparés, de mémoire, une tatin de tomate chèvre-épinards-caramel, des rougets avec flan aux herbes et sauce carottes/poireaux et enfin une minestrone de fruits rouges avec sorbet citron/basilic et tuiles au thym.

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ça c'est le flan aux herbes avant cuisson

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ça c'est l'appareil à tuiles (je sais c'est un peu bizarre comme petit nom)

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ça c'est le moment pas glop où on a enlevé les arrêtes des filets de rouget avec une espèce de grosse pince à épiler (non, pas avec Venus)

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Tadaaaaam !

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ça c'est une adresse dressée par moi. Et dessous c'est une assiette dressée par Marie-Sophie. Hum.

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Zermati, réponses à quelques questions

Dégustation

Hier plusieurs questions m'ont été posées dans les commentaires qui appellent des réponses assez développées. Hélas, je dispose environ de trois minutes et 12 secondes pour écrire ce billet, donc je ne saurais que trop vous recommander, pour plus de précisions, d'aller farfouiller dans mes billets zermati et moi dans lesquels j'ai déjà abordé nombre de ces topics. Ce billet là résume plutôt bien tout ça.

– Comment fais-tu chez des amis, c'est impoli de ne pas manger si tu n'as pus faim après les pringles ?

Réponse: je ne sors pas tous les soirs, loin de là. Par conséquent, lorsque que je suis invitée, je bannis toute notion de restriction. Je me dis que ce soir là est particulier et que tout est permis. J'y vais en ayant faim, parce que l'idée c'est d'apprécier ce que je vais manger. Si je cale au dessert, je ne me force pas non plus. Et le lendemain ? Le lendemain, je ne me pèse pas, parce que je sais que j'ai probablement pris un kilo – en cas de gros lâchage – et que ça va me miner. Et je fais donc confiance à la REGULATION. A savoir que naturellement, je vais avoir faim plus tard et probablement moins que si je ne m'étais pas enfilé une fondue au fromage ET un vacherin la veille. L'objectif de cette thérapie, me disait à chaque séance le docteur Zermati, n'est pas de se désocialiser.

– Et l'alcool ? Qu'est-ce que t'en fais de l'alcool ?

Réponse: Un peu la même que la précédente, je ne picole pas tous les soirs. Par ailleurs, en ce qui me concerne mais là c'est peut-être une curiosité de la nature – cette truie -, l'alcool me coupe l'appétit. Qui boit dine, en gros. Mais encore une fois, à moins de boire un litron par jour – et là je crains que votre problème ne soit pas spécifiquement celui de la nourriture – l'alcool n'est pas un problème, justement.

– Mais quand on a envie de manger simplement pour se faire plaisir ? Pas par faim mais pas non plus pour se gaver ?

Réponse: Et bien on le fait. Le docteur Zermati est formel là dessus. Il faut aussi savoir manger quelque chose sans faim et sans culpabilité. Pour ce faire, il faut DECIDER de ce qu'on va s'offrir, s'asseoir en face de son petit plaisir et le déguster. A savoir, le manger lentement mais sûrement, en savourer toutes les subtilités de goût. C'est dingue mais en général, la moitié de l'aliment choisi suffit.

– Mais dans la journée, tu manges quoi exactement, alors ?

Réponse: ça dépend, ça dépasse. Un croissant le matin, une assiette de pâtes à midi ou un club sandwich/frites, ou une salade, bref, ce qui me fait ENVIE. En général, pour clore mon repas, un carré ou deux de chocolat. Le soir, ce qu'il y a dans mon frigo, riz, pâtes, courgettes, quiche, que sais-je. Avec un morceau de fromage, un yahourt ou un fruit. Et mon carré de chocolat, pour finir sur la note sucrée dont je ne me passe pas. En gros, je mange comme avant, mais moins, parce que plus jamais ou presque devant la télé ou en lisant. (le mal).

Voilà pour aujourd'hui !

Tous les matins, elle achetait son ptit pain au chocolat…

Viennoiseries

"Après avoir bossé pendant deux mois chez Fauchon au rayon viennoiserie, j'avais pris cinq kilos. Il faut dire qu'un pain au chocolat par jour, c'est fatal, personne ne peut s'en sortir sans grossir".

Cette confidence m'a été faite récemment par une charmante jeune femme, professeure de cupcakes de son état, je vous reparlerai d'ailleurs sans tarder de son savoir faire démoniaque.

Je n'ai rien répondu, je ne suis pas l'attachée de presse de Zermati, ni un gourou de la nutrition qui chercherait à répandre la bonne parole un peu partout. Mais en moi même, j'ai souri.

Tous les matins en effet, depuis bientôt un an, je déguste mon pain au chocolat ou mon croissant au beurre, acheté dans la meilleure boulangerie du monde, détentrice de je ne sais combien de médailles d'or pour ses viennoiseries. Je les mange avec un plaisir intact, vingt ans de moratoire sur la pâte feuilletée, ça laisse des traces.

Tous les matins, donc, je défie les lois du bien manger inculquées avec obstination aux enfants depuis des générations.

Et tous les matins, je constate sur ma balance qu'on peut tout à fait boulotter un pain au chocolat sans prendre un gramme. Mieux, on peut se permettre cette douceur et maigrir. Beaucoup. Parce que le docteur Zermati m'a mise en garde il y a de ça déjà quelque mois, sur les risques pour mon équilibre personnel d'afficher ma perte de kilos, je ne m'étendrai pas sur les chiffres. Mais ce que je peux dire, c'est que cette méthode me convient manifestement mieux que toutes celles éprouvées jusque là.

Je ne sais pas ce qu'il en sera dans un an, je ne sais pas ce que la vie me réserve, la seule certitude à vrai dire c'est que je ne diabolise plus le carré de milka à la fin d'un repas, que je fais parfois la razzia des pringles onion and sour à l'apéro, que je m'achète, le mercredi, fréquemment, ma part de flan. Et que tout ça ne me rend pas malade de culpabilité. Je sais aussi que je mange moins, rassasiée beaucoup plus vite, que les jours de gros cafard, quand rien d'autre ne me tente qu'une douceur, je m'assieds et je cède à la pulsion, en me concentrant sur le réconfort que ça m'apporte.

Je sais aussi que d'autres jours, quand les enfants ne sont pas là, que j'allume la télé et que je décide de faire mon repas devant comme avant, je me surprends à avaler sans goûter, sans compter, à me remplir comme une oie que je voudrais gaver. Je suis alors saisie d'un angoisse terrible que "ça" recommence, que les vieilles habitudes reviennent insidieusement, que tout le chemin parcouru débouche sur une voie sans issue.

Et puis je me rappelle ces mots du docteur Z, sur l'amaigrissement qui n'est pas une fin en soi, sur le fait que je ne verrai pas ma vie changer du tout au tout si d'aventure je reprenais du poids. Je me souviens que c'est cette terreur qui risque de me perdre, ce dégout de moi.

Alors le lendemain, j'attends la faim. Quand elle vient, j'entends ce qui est devenu mon credo: "ce qu'on mange quand on a faim ne fait pas grossir". Et je demande mon croissant à la boulangère.

Voilà où j'en suis aujourd'hui, pas totalement détachée, plutôt détendue mais pas prête à renoncer malgré tout à ce mieux-être savouré quotidiennement, parce que c'est peut-être là mon seul désaccord avec le docteur Z, en tous cas pour l'instant: être plus mince me rend vraiment plus légère. Je sais qu'il ne serait pas ravi-ravi si je le lui confiais de visu, je sais pourquoi aussi. Mais je me demande si docteur Z a déjà eu les cuisses qui frottent sous une jupe au point d'en saigner. Je suis presque sûre que non. C'est probablement ce qui lui permet d'affirmer avec autant d'assurance que regrossir ne serait pas si grave.

Histoire à suivre, en somme…