Catégorie : Coups de calcaire

Passeport, the return

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Hier matin je suis allée à la préfecture faire une demande de passeport pour Rose. On remarquera mon sens du timing, le 27 juin c'est une vraie période creuse pour ce genre de démarche. Remarquez de cette façon là on a l'occasion de cotoyer ses VRAIS pairs: tous les désorganisés de la terre, ceux qui prennent conscience à trois jours des grandes vacances qu'avoir des papiers d'identité pour voyager ça peut servir.

Quoi qu'il en soit c'est forte d'une préparation en béton armé AVANT la confrontation avec la dame du guichet (on avait répété hier avec le churros: "Justificatif de domicile ?" "J'ai". "Acte de naissance ?". "J'ai". "Photos ?" "J'ai, j'ai, j'ai !!!") que je me suis dirigée une Rose à la main vers l'antenne de la préfecture de police du 14è arrondissement de Paris (comme j'ai de la veine, celle du 13è a cramé) (il m'est venu à l'esprit que l'agent à qui j'avais eu affaire il y a quelques mois ne s'en était peut-être jamais remis et avait décidé de foutre le feu dans un dernier élan de nihilisme).

Bref, j'avais un putain de regard de vainqueur en arrivant, convaincue de ressortir la tête haute tant j'avais le dossier le plus complet de l'histoire de la demande de passeport (tout juste si je n'avais pas glissé les résultats de mon dernier frottis au cas où) (running gag).

Ça pour en ressortir, j'en suis ressortie. Trois minutes à peine après y être entrée et avoir montré les photos de Rose.

Et que la dame du guichet m'ait regardée comme si je lui avais fourgué une sex-tape au lieu des clichés demandés.

Dieu sait que là aussi j'avais checké. Rose ne souriait pas sur la photo comme spécifié, n'avait pas les cheveux dans la figure, ne portait PAS D'ECHARPE non plus (suivez mon regard).

Seulement voilà elle était prise de trop loin. OUI PARFAITEMENT ON PEUT ETRE PRIS DE TROP LOIN DANS UN PHOTOMATON.

J'ai bien tenté d'argumenter mais la dame, gentille au demeurant, a dégainé son regard administratif (et un peu policier). Celui qui vous fait comprendre qu'un mot de plus et c'est votre vie entière qui pourrait prendre un tour bien différent de celui que vous imaginiez encore quelques secondes auparavant. A commencer par cette charmante enfant que les services sociaux pourraient décider de vous confisquer dans l'instant, au motif que sa mère vient de menacer une employée de la République d'aller se faire foutre dans un photomaton.

Je suis donc repartie avec Rose (non sans avoir laissé un message haineux au churros responsable non seulement de cette photo merdique mais aussi du coup de tout un tas de choses allant de ma migraine naissante au réchauffement climatique. Sans parler de sa mère). Direction le photographe du quartier qui de toute évidence jouit d'un monopole à faire palir la SNCF qui pourtant s'y connait en la matière, puisque nous nous sommes COMME PAR HASARD retrouvés avec une floppée de recalés de la préfecture à nous faire délester d'une bonne quinzaine d'euros pour cinq photos tellement moches qu'elles ne pourront même pas faire l'affaire pour l'école l'année prochaine (je ne peux pas infliger à ma fille de coller sur son portemanteau un cliché sur lequel elle semble sortir d'une geole vénézuelienne).

De retour au guichet, j'ai cette fois ci redonné mon dossier avec beaucoup d'humilité, consciente que mon regard de vainqueur ne m'avait sûrement pas fait gagner des points. Bien m'en a pris puisque certes j'avais tous les documents mais en revanche "omis" les photocopies (je serais prête à mettre ma tête à couper qu'il n'est absolument pas mentionné sur internet qu'il faut les doubles des papiers demandés). Photocopies que je pouvais toutefois faire pour 10 centimes la page à l'entrée de la mairie. J'ai bien glissé que j'étais un poil étonnée qu'avec le matos qu'elle avait derrirèe elle (le dernier cri du photocopieur high tech avec plus de boutons qu'un tableau de bord d'A380) il ne lui fut pas possible de me dépanner, d'autant que ma fille, là, avait un petit peu 39 de fièvre et qu'il n'était pas exclu que ce soit un reliquat de grippe A qu'elle était en train de cracher à qui mieux mieux sur les 3000 personnes attendant leur tour.

Re-regard administratif.

Donc, photocopies. 

Troisième round, je balance tous les docs sur le comptoir avec l'énergie du désespoir, pour m'entendre demander à quelle heure j'avais donc pris ce rendez-vous (un mois et demi plus tôt, hein). Lorsque j'ai répondu 10h, on m'a rétorqué qu'il était 11h et que la moindre des choses eut été d'être ponctuelle.

Subitement j'ai éprouvé de la sympathie pour tous les forcenés ayant un jour perdu les pédales et massacré gratuitement des passants dans la rue. Et sans cette force de caractère qui fait de moi celle que je suis (une blogueuse influente), je ne suis pas certaine que je ne serais pas passée à l'acte.

Après quelques minutes de méditation ("je suis un parcmètre, je suis un parcmètre, JE SUIS UN PARCMETRE"), je suis parvenue je ne sais comment à grimacer un sourire pathétique et à objecter avec le reste de mon vernis éducatif que j'étais comme qui dirait arrivée à l'heure, voire en avance mais que je n'avais en effet pas pris en compte dans mon timing ma petite balade néanmoins sympathique chez le Helmut Newton du 14è. 

Je vous passe les détails, mais au terme d'une heure à camper devant le comptoir ("je suis un parcmètre"), on m'a finalement prise en pitié (à moins qu'ils aient simplement voulu que les quintes de toux de Rose ne cessent) et j'ai pu terminer au guichet E la procédure de demande.

Le dernier round aura lieu d'ici quinze à vingt jours lorsque nous viendrons récupérer le passeport "en présence de l'enfant". Enfant qui sera à 500 bornes d'ici mais ça voyez-vous ce n'est pas son problème à la dame. Ni le fait que 20 jours c'est le max qu'on puisse tenir parce notre avion il est pile poil dans trois semaines. M'est avis que cette année elle ne part pas en vacances et s'est fixé comme objectif de pourrir celles de tous ces connards qui viennent la faire chier un 27 juin. Je veux dire, après moi elle a tout de même renvoyé cinq personnes se faire tirer le portrait. Dont une qui avait soit disant "une tâche sur les cheveux". 

Si ça se trouve elle a la cataracte ET ON EST TOUS EN TRAIN DE PAYER LA PÉNURIE D'OPHTALMOS DANS LA RÉGION PARISIENNE.

Ou bien elle a monté un business avec le photographe. Voire ils se montent dessus dans le photomaton en dehors des heures ouvrables.

Bonne journée.

Et sinon, histoire de confirmer que les emmerdes ça vole en escadrille, hier soir je me suis fait pirater ma boite mail. Et compris après le troisième message gêné de l'un de mes contacts que j'avais donc arrosé les 120 000 personnes de mon carnet d'adresse (je n'ai comme qui dirait pas vraiment nettoyé mon répertoire depuis dix ans qu'existe ce compte) de vidéos pornographiques voire bizarres, voire impliquant des animaux. Ce qui en soi n'est pas dramatique, sauf si je me dis que sur le nombre il y a une petite chance que certains aient pu penser que je les chauffais vraiment. Sans parler de tous ces gens à qui je dois répondre depuis des semaines et qui tout contents de recevoir enfin un signe de moi ont cliqué sur un lien les renvoyant vers un gars faisant quelque chose de chelou avec un poney. Great.

Edit: photo n'ayant aucun rapport, je n'avais simplement rien pour illustrer.

Valérie et les garçons

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J'ai l'impression qu'on a tous connu une Valérie Trierweiler dans sa vie. Je me souviens ainsi, alors que j'étais encore au lycée, de la nouvelle petite amie d'un garçon qu'en réalité je kiffais grave mais qui officiellement était mon meilleur pote. C'était fou comme en peu de temps elle était parvenue à fiche un bouzin pas possible dans la bande, rendant le copain en question aussi docile qu'un caniche à sa mémé et aussi fun qu'une déclaration d'impôts. Petit à petit elle s'est aussi mise à décider de qui aurait les faveurs de ses invitations et guess what, je n'étais pas dedans, manifestement la complicité que j'entretenais – et que je ne me gênais pas de brandir au grand jour – avec son chouchou était bien trop envahissante.

A l'époque, je ne comprenais pas. Je me disais que tout de même, elle était vachement gonflée, elle avait déjà tout, le mec le plus bankable de la terminale B, les yeux les plus jolis jamais vus, des cuisses plus fines que mes bras à l'époque et une mère DIVORCÉE (le summum du cool dans mon esprit de petite fille gâtée issue d'une famille conventionnelle) qui l'emmenait au HAMMAM (gros gros level d'originalité également, d'autant que j'ai longtemps confondu hammam et bordel).

Je ne comprenais pas, donc, pourquoi cette nouvelle venue, synonyme pour moi de tous les maux s'acharnait en plus à me détester. Après coup, bien sûr, je me suis légèrement remise en question et je serais éventuellement prête à admettre que je ne lui avais pas non plus facilité la tâche, criant sur tous les toits par exemple qu'elle était à peu près aussi vive que la seiche que nous disséquions à l'époque en cours de biologie. Et entretenant le doute sur cette histoire de bordel.

Bref, tout ça a fini par se tasser (je suis partie faire ma vie à Grenoble et j'ai réalisé qu'après tout si mon pote était heureux, il n'y avait que ça qui comptait) (enfin, ça je me le suis dit après lui avoir enfin déclaré mon amour dans une lettre qui commençait par quelque chose comme "je ne comprends pas ce que tu fais avec cette conne") (on imaginera le succès de l'entreprise).

Je me suis donc exilée à Grenoble, histoire de me faire oublier (j'avais également sur un malentendu et après beaucoup de verres légèrement Monicalewinské le dit garçon et toute la bande l'avait appris).

Et voilà pas que cette trainée s'est mise à soutenir mon adversaire au bureau des élèves de Sciences Po.

Non je déconne, la comparaison qui n'est pas raison s'arrête là. Comme si Ségolène Royal taillait des pipes, aussi.

Bref, ce que je voulais écrire sur cette lamentable histoire qui, bien que ça ne soit peut-être pas évident dans ce billet sans tête mais avec beaucoup de queues, m'a sensiblement agacée hier (= occupée une grande partie de mon après-midi censée être consacrée à un boulot à rendre pour la semaine dernière), c'est qu'on peut être au plus haut poste jamais convoité, faire partie à priori de ce groupe de gens très sérieux qui n'ont pas vraiment le temps de déconner et se retrouver malgré tout au beau milieu d'un vaudeville. Je ne sais pas si ça me rassure ou me terrifie à vrai dire. Mais sur un plan purement politique, je suis assez convaincue que ce mouvement de bravitude de madame trierweiler, est dévastateur. Il nous ramène à ce qu'on a essayé de fuir, cet étalage de vie privée dans un contexte de crise internationale et franchement je pense que la droite n'en attendait pas tant pour jubiler.

Et quand bien même, parce que je sais que certains sont partisans de cette version, Valérie Trierweiler n'aurait que voulu exercer sa liberté de twitter, parce que y'en a même qui l'ont vu voler, on ne pourra pas m'enlever de l'esprit qu'à tout prendre elle aurait mieux fait de s'adresser à la candidate socialiste qui refuse de se retirer, rendant possible l'entrée à l'assemblée de la petite fille de Jean-Marie Le Pen. Je pense qu'il y a sûrement d'autres causes à défendre que celle du soldat Falorni, opportunément opposant de l'ex à François. Et très certainement pas mal de façons de se distinguer sans tomber dans le cliché de la nouvelle compagne qui voudrait effacer bonnement et simplement tout ce que son mec a vécu avant.

Voilà c'est tout, c'est con au départ je voulais parler de l'adolescence de ma fille et de la façon dont parfois c'est casse burnes, les ados. Ceci dit, à bien y réfléchir…

Edit: Rien, mais alors rien à voir, mais une copine vient de lancer son site de dépôt vente d'habits pour enfants, Mom2Mom. L'occasion de se "débarrasser" des fringues en très bon état que l'on peut avoir et d'en acheter d'autres à des prix bien plus intéressants qu'en magasin. Une mine pour des cadeaux de naissance ou pour se faire le plaisir d'une marque inabordable plein pot mais accessible d'occasion. Genre cette chemise Isabel Marant à 36 euros que j'achèterais bien pour ma grande ou cette robe Zef à étoiles pour ma Rose. J'en parle uniquement par amitié et parce que je suis toujours vachement admirative devant ce type d'initiatives qui exigent pas mal de culot et beaucoup d'énergie pour les mettre en oeuvre. Autrement dit, aucun partenariat sponsorisé ne se cache derrière cet Edit… Ah et on me signale dans l'oreillette qu'il y a – 25% jusqu'au 30 juin !

Zen, je suis zen.

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Hier j'ai fait de la ratatouille ET un clafoutis aux abricots. Je crois que c'était ma façon à moi de faire un doigt à celui ou celle qui décide là haut de la météo.

Hier je me suis aussi pas mal énervée devant ma radio, à chaque fois qu'on nous expliquait pour la douzième fois depuis deux jours la fameuse règle du "ni ni" de l'UMP, celle qui consiste donc à ne pas lever le petit doigt pour barrer la route aux candidats du Front national. Ni couilles… ni couilles. En gros. Vous aurez noté au passage l'argumentaire en mode "éléments de langage" de Copé qui a donc rabaché toute la journée qu'après tout pourquoi se désister ou appeler à voter en faveur des horribles socialistes alors qu'eux mêmes sont alliés à l'affreuse et terrrrrrrrrifiante extrême gauche.

Bon par contre pour aller faire battre Ségolène Royal à La Rochelle, les ténors de l'UMP n'éprouvent pas les mêmes scrupules et ne tarissent pas de gentillesse pour Olivier Falorni, lui même encore au PS il y a peu (et donc par extension copain avec Mélenchon, lui même très proche d'Hugo Chavez, lequel frayant avec Fidel Castro, ce dernier n'étant pas bien éloigné idéologiquement de Staline, CQFD) (mais là c'est pas pareil, c'est pour faire chier Royal, donc on peut voter pour les cocos). Je précise que sur ce cas précis, je suis personnellement un peu triste pour Ségolène, je sais bien que c'est irrationnel mais que voulez-vous, je l'aime bien, moi, Ségo. Ceci étant dit elle aurait sans doute du régler son contentieux avec Falorni avant les élections. 

Bref je me suis beaucoup agacée – à mon avis j'ovule mais je ne peux pas le garantir, avec mon stérilet tout ceci se passe très silencieusement. La veille déjà au marché je m'étais également assez vigoureusement énervée contre la dame après moi dans la queue, qui, alors que la maraichère me servait, a choppé la dernière botte d'oignons que je m'apprêtais à demander. ALORS QUE CE N'ETAIT PAS ENCORE À ELLE DE PASSER. Ce genre de geste ultra mesquin a le don de me mettre hors de moi, alors que je SAIS que je ne devrais pas. N'écoutant pas ma gentille conscience qui, en tutu rose sur mon épaule gauche me susurrait de faire comme si je n'avais pas vu, j'ai cédé aux appels à la rébellion de mon mauvais esprit en jean clouté et piercing dans le nez affalé en équilibre sur ma clavicule droite: "fais lui bouffer ses morts à cette batarde". 

J'ai donc assez froidement fait remarquer à la charmante dame que j'allais justement prendre cette botte d'oignons et qu'étant après moi dans la file elle n'avait pas à mettre de côté ce qui lui paraissait en passe d'être acheté par les gens devant elle. Ce à quoi elle m'a répondu pas très gentiment qu'en gros elle n'en avait rien à foutre et que d'ailleurs l'autre vendeuse venait de l'appeler, donc techniquement elle était dans son bon droit. Je me suis demandé ce qu'aurait fait Carole Bouquet dans cette situation, une astuce que m'a apprise ma bonne amie MC pour se calmer. Royale,  je lui ai déclaré que ses oignons je les lui laissais. Ajoutant que je la remerciais pour son amabilité. Une princesse. Dit comme ça on pourrait penser que je m'en suis sortie avec mansuétude et dignité mais il se peut que j'aie en réalité un peu crié puisque la bonne femme aux oignons m'a traitée de folle, prenant la maraichère à témoin, laquelle n'a pas clairement pris mon parti. C'est quand j'ai entendu un gars dans la file, accablé, soupirer que si on en était à se faire la peau pour si peu, on était mal barrés, que j'ai réalisé ma connerie.

Il n'empêche que mince, ça ne se fait pas ou bien ?

Je veux dire, bien sûr que des bottes d'oignons j'en ai trouvé des caisses au stand d'après. Mais ÇA NE SE FAIT PAS. Connasse.

Je vous laisse il y a des messieurs en blanc qui sonnent à ma porte.

Edit: aujourd'hui vous pouvez me lire ici aussi. Et vous pouvez aller lire cet article dans madmoizelle hyper bien écrit je trouve (et je ne le dis pas parce que j'y suis interviewée).

Edit2: N'empêche que je ne voudrais pas insister sur ma gauchitude mais je suis quand même fière que le PS appelle aux désistement dans les circonscriptions où le FN serait en mesure de l'emporter. Tout ça alors que les autres en face ne vont même pas assurer la réciproque. ÇA NON PLUS ÇA NE SE FAIT PAS. 

Edit3: la photo n'a rien à voir, c'est juste que j'en suis hyper fière et me prends un peu pour Cartier Bresson.

On refait le match

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(billet 100% politique, les allergiques, revenez demain)

Cela ne surprendra personne, j'ai trouvé François Hollande hier bien meilleur que son adversaire. En toute objectivité et ne venez pas me traiter de calomniateuse, s'il vous plait. Sérieusement, on redoutait (ou on attendait, à droite) un débatteur mou et cherchant la sortie à tout prix, on a vu un candidat pugnace, maitrisant ses dossiers (si ça se trouve LUI AUSSI A PLUSIEURS CERVEAUX ?) et ne perdant pas une occasion de renvoyer le sortant à son mauvais bilan.

Sur le fond, toujours en toute indépendance, j'ai noté que le débat n'a tourné qu'autour des propositions de Hollande ou du quinquennat déjà écoulé de Sarkozy (quand ce n'était pas carrément aux années 80 qu'on remontait, plus ça va et plus la droite doit aller loin derrière pour accuser la gauche de tous les maux). Il faut dire que le programme de Nicolas Sarkozy a du, comme la comète, être aspiré par un trou noir massif.

A un moment par contre on a pu penser que les deux candidataient pour diriger les piscines municipales (je ne sais pas vous mais moi ça me TARAUDE: est-ce qu'il y aura des horaires différenciés à l'avenir ?). Et on a mis un peu de temps également à comprendre ce qu'étaient ces "zipads", objets inconnus, dont voulait parler Nicolas Sarkozy et que soit disant François Hollande distribue à tour de bras aux enfants de la Corrèze (et après on s'étonne qu'ils n'ont plus d'argent dans le département).

Plus sérieusement, s'agissant de la montagne de chiffres qu'ils nous ont assénés, j'ai cru comprendre ce matin qu'ils étaient tous deux de bonne foi mais en ne s'appuyant pas sur les mêmes sources (c'est quand même pratique). Par contre, difficile de ne pas rigoler en regardant les photos de Nicolas Sarkozy au Bristol avec ses amis contributeurs, quand hier il niait absolument avoir participé à ce type de réunion. Difficile aussi de ne pas avoir un peu la nausée en écoutant l'analyse ultra poussée de sa pouliche, la bien-aimée Nadine Morano, expliquant après le combat que c'était un peu "comme extraire du pus, vous savez, toute cette puanteur". Bonne nuit Nadine.

Non, vraiment, plus sérieusement, le débat a permis de mettre sur la table les désaccords de fond sur la fiscalité, les dépenses publiques, la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Il n'aura pas forcément prouvé le réalisme économique du programme de Hollande sur tous les points mais depuis que je sais que l'Elysée a dépensé 6 MILLIONS D'EUROS en cinq ans dans des sondages sur des questions aussi cruciales que la façon dont le mariage de chouchou avec madame étonnée allait ou pas plaire aux (cons) de Français, je me dis que l'argent mine de rien, on en trouve toujours.

Bref, sans surprise, donc, j'ai préféré mon préféré, que j'ai trouvé plus direct et moins enclin à chercher comme un petit garçon apeuré l'assentiment de papa david et maman lolo. Laquelle maman Lolo devrait à mon avis arrêter immédiatement de passer ses après-midi devant les tutos make-up des stars de la blogo. C'est un coup à ce qu'on la retrouve un de ces jours avec de la vigne vierge tatouée sur la joue. Voilà, c'est tout, ne vous ulcérez pas, partisans du candidat sortant, je me doute que pour votre part c'est exactement l'inverse que vous avez pensé et que vraiment, François Hollande, il était trop méchant de ne pas être gentil comme d'habitude. Tout ceci n'est finalement que de la télé. Le vrai débat aura lieu dimanche, dans le secret de l'isoloir (je parle comme Ségolène Royal ou bien ?).

Edit: par contre je me demande (en fait j'en suis sûre) si je ne suis pas repérée (on se comprend) par les autorités parce que bizarrement au beau milieu de l'émission j'ai été privée de tweets au prétexte que j'en aurais trop envoyés (si 56/s c'est trop, alors pardon). Et pile à la fin, c'était revenu. CENSUUUUURE !

Edit2: La photo c'est pour les annonceurs. Russian Roulette d'Essie. En vrai il n'a rien à voir, il tire beaucoup plus sur le rouge.

Défendons le droit à l’avortement

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Je me suis dit, et si je faisais un billet léger et pas polémique après celui d'hier ? C'est là que le sujet de l'avortement m'est venu à l'esprit.

Plus sérieusement, on m'a demandé si je pouvais relayer cette information et je le fais volontiers. Le 24 mars il y a une manifestation prévue à Bruxelles pour défendre le droit à l'avortement. Un droit qui n'est pas en vigueur dans tous les pays européens et, lorsqu'il l'est, n'est pas forcément très bien appliqué. Même en France il est parfois difficile de trouver les médecins acceptant de le pratiquer. Et ce ne sont pas les propos nauséabonds du FN concernant les "avortements de confort" qui vont améliorer les choses.

Non, on n'avorte jamais par confort. Non, ça n'est pas un acte que l'on fait à la légère. Oui, plus que jamais, notre corps nous appartient. 

Bref, c'est avec tout mon engagement que je relaie ce texte du planning familial si dessous.

(l'illustration n'a pas grand chose à voir si ce n'est que c'est un dessin de ma fille et que ce droit, je le défends aussi au nom de mes filles, parce que je veux qu'elles aient elles aussi la liberté de disposer de leur corps)

Edit: Ce texte est à vous, alors si le coeur vous en dit, faites le circuler, likez le billet sur FB, reprenez le sur votre blog, twittez le, bref, FAITES DU BRUIT !

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Pourquoi l'avortement fait-il si peur et pourquoi faut-il le défendre ?

Un texte du Planning familial

La question se pose face aux multiples attaques dont l'avortement fait l'objet, en France comme en Europe et dans le monde.

De biais, au détour d'une politique, d'un vote ou d'une petite phrase, par ce regard plus critique et culpabilisant que d'habitude sur « ces femmes qui prennent l'IVG pour une contraception » – car bien sûr, « avec les moyens actuels, quand même elles pourraient faire attention ».

Plus frontalement par la révision des lois, comme en Espagne, marquant un réel recul, ou par des tentatives de déremboursement comme en Suisse ou en Russie. Carrément frontalement, comme aux États-Unis où l’avortement et la contraception deviennent des enjeux électoraux. Violemment même, dans le cas de l’attentat contre le siège de l’ANCIC.

Et puis il y a la violence des mots pour celles à qui une fois n’aurait pas suffi et qui « récidivent » sans parler des éventuelles « IVG de confort »!

En 2012, les femmes -pas plus qu'au début du XXème siècle lors des débats sur leur droit de vote- ne seraient responsables, capables de réflexion. Comble de l'outrage, elles pourraient en plus avoir le droit de choisir quand et si elles veulent un enfant, le droit de dissocier sexualité et procréation ?

L’avortement, par cette possibilité qu'il donne aux femmes de poursuivre ou non une grossesse non souhaitée, remet en cause l’ordre établi. Il fait tant vaciller le socle sur lequel notre société s’est construite que dans cette période aux perspectives floues, il permet aux conservateurs, nostalgiques et autres moralisateurs de remettre en cause ces acquis si chèrement payés.

La crise a bon dos !

Ce qui se trame en Europe et dans le Monde oscille entre désinformation, discrimination et opposition des citoyens et citoyennes entre eux dans une société survalorisant la maternité. La crise mondiale, plus qu'économique devient moraliste, justifiant des positions caricaturales et réactionnaires.

Vision traditionaliste des familles, de la place et du rôle des femmes dans nos sociétés, domination du masculin sur le féminin fondée sur le patriarcat et l'hétérosexisme sont ainsi légitimés, traduisant la peur de ce qui pourrait venir remettre en cause ce système de pensée basé sur conjugalité et maternité. Dans ce système, qui défend que l'homme serait idéalement fait pour la femme, ou plutôt l'inverse, tout ce qui pourrait être perçu comme contestant cet ordre établi est alors rejeté. C’est le cas de l’homosexualité, comme de ce droit donné aux femmes de choisir ou non d'être mère. Quand les femmes sont considérées seules et uniques responsables de la relation sexuelle et de ses conséquences, l'avortement symbolise, dans un ultime affront, leur incapacité quant à cette responsabilité. Le «  trauma » de l’avortement viendra punir de leur choix celles qui bravent l’interdit !

Les périodes électorales sont propices à ces utilisations car elles révèlent les projets de société des candidats et en creux les rôles qu'ils prêtent aux femmes. Ceci s’exacerbe aujourd'hui en France ou aux USA, comme ce fut le cas en Espagne ou en Hongrie en 2011.

C’est ainsi que, largement soutenus par les intégrismes religieux, de nombreux pays prévoient de revenir sur le remboursement de l'avortement, sur les lois l'autorisant, quand ils ne l'interdisent pas tout simplement. Les autorités religieuses ont, dans ces reculs mondiaux, une large responsabilité, démontrant leur trop grand pouvoir sur un enjeu démocratique mondial majeur.

Un enjeu démocratique essentiel aux sociétés

Un des piliers de la démocratie est l’universalité des droits et l’égalité entre tous les citoyens, qu’ils soient femmes ou hommes. Comment est-il possible alors de justifier l’aliénation, la discrimination et la domination de cinquante pour cent d’une population par l'autre moitié ? Même si la reconnaissance de cette égalité entre femmes et homme est loin d’être réelle partout, les femmes ne sont pas mineures, elles pensent et agissent par elles-mêmes, elles sont libres. Leur accès à la contraception et à l'avortement fait partie de cette liberté.

Ceux qui veulent mettre à l'index l'avortement, entraver son accès ont des projets de société rétrogrades, inégalitaires, sclérosants et pessimistes. Non, les femmes ne sont pas ces « pauvres choses inconséquentes ». Oui, il y a un intérêt majeur à permettre cet accès aux droits génésiques à toutes les femmes, sans discrimination, ici et partout dans le monde. Interdire n’est pas prévenir, permettre n'est pas inciter.

En Europe, l'Assemblée parlementaire du Conseil a voté en 2008 une résolution demandant aux États membres de dépénaliser l'avortement et de garantir aux femmes l'accès à un avortement sans risque et légal, appelant à lever les restrictions qui en entravent en fait ou en droit l'accès, à assurer l'accès à la contraception et à instituer l'éducation sexuelle obligatoire des jeunes. En 2011, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, le Parlement Européen adoptait deux résolutions. L'une sur la réduction des inégalités de santé dans l'Union européenne : "l'Union européenne et les États Membres doivent garantir aux femmes un accès aisé aux moyens de contraception ainsi que le droit à un avortement sûr", l'autre sur l'égalité entre les femmes et les hommes dans l'Union européenne, insistant sur le fait que « les femmes doivent avoir le contrôle de leurs droits sexuels et reproductifs, notamment grâce à un accès aisé à la contraception et à l'avortement;"

Toutes les grandes conférences internationales, de Rio en 1992 à Pékin en 1995, en passant par le Caire en 1994, s’accordent sur l’importance de l'accès aux services de planification familiale, mettant l'accent sur l'absolue nécessité de politiques publiques de santé sexuelle et reproductive.

Un enjeu de solidarité européenne et mondiale

Si cet enjeu de solidarité est mondialisé, les enjeux en Europe, en raison des reculs constatés çà et là, ne sont plus un problème « hors nos frontières »; ils nous obligent collectivement comme européens et citoyens du monde

Lors du colloque "Droit à l'avortement : quels enjeux pour les femmes en Europe ?" organisé par Le Planning Familial en 2009, la déclaration finale, adoptée à l'unanimité des dix-sept pays européens présents, réaffirmait : "le droit à disposer de son corps est le socle fondamental permettant aux femmes de vivre dans une société égalitaire, plus juste, plus démocratique".

Elle lançait un appel à la solidarité, à la vigilance extrême de l'ensemble des forces progressistes et citoyennes, et à la création d'un réseau riche de nos différences et de notre volonté, pour construire cette solidarité européenne et mondiale, celle des femmes et des hommes libres et égaux.

Pour toutes ces raisons, Le Planning Familial participera le 24 mars à Bruxelles au rassemblement européen "Abortion Rights". Cette initiative doit être saluée et rejointe car elle s'inscrit dans cette dynamique de solidarité entre les peuples pour défendre ce droit fondamental et positif sans lequel les femmes ne pourront jamais être libres.

Soutenons les élus d’ici et ailleurs qui défendent ce droit. Demandons à ceux qui sollicitent nos voix quelles sont leurs positions et ce qu’ils comptent faire pour faciliter cet accès, rappelons à ceux qui l'auraient oublié leur mandat et ce pourquoi ils ont été élus.

Les lois légalisant l'avortement doivent être appliquées. Il est plus qu'urgent que toutes celles et ceux qui luttent pour le droit de choisir et l'élargissement des législations sur l'avortement soient soutenus, défendus et se rejoignent dans un élan de solidarité sans précédent.

Les femmes ont avorté et avorteront, même si elles risquent la prison ou la mort, même humiliées, culpabilisées. N’en déplaise, elles n’en « crèveront » pas de honte et de culpabilité, elles ne veulent pas du retour des aiguilles à tricoter !

RIP

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Que dire sur ce drame de Toulouse qui puisse apporter quoi que ce soit aux analyses psycho-criminalo-médiatico-politiques des ces deux derniers jours ? Pas grand chose je le crains, si ce n'est que c'est abominable, qu'on ne sait pas pourquoi, qui, comment. Un déséquilibré en plein délire psychotique ? Un terroriste mu par une cause étrange qui lui dicterait de dégommer des musulmans, des enfants juifs mais aussi un militaire antillais ? Un fanatique d'extrême droite ? Personne ne le sait pour l'instant, par conséquent tenter de trouver des explications est nul et non avenu. La décence veut donc qu'on laisse simplement les familles touchées faire ce deuil impossible.

La décence voudrait aussi que la personne censée incarner l'unité nationale et la défense de la République ne s'arroge le droit de terroriser nos enfants. Oui, à 12 ans, monsieur, on est un enfant. Qui n'a pas nécessairement besoin qu'un président de la République insiste avec un air pénétré sur la manière dont cet assassin s'est "acharné sur une petite fille de 7 ans".  Ni qu'on lui rappelle, au cas où cela lui aurait échappé, que cette horreur aurait pu aussi survenir dans son école. Silence entendu à la clé, histoire de ponctuer avec grandiloquence le discours présidentiel. 

Je suis déjà assez circonspecte sur l'utilité autre que démagogique de cette minute de silence programmée par l'Etat (je pense que la compassion et la solidarité sont les affaires de chacun et n'ont pas à être dictées par les autorités, c'est mon opinion et je sais qu'elle est discutable), mais alors là, j'avoue, si ça n'est pas une tentative d'apeurer les citoyens en misant sur l'éventualité que la terreur les décidera à confirmer dans ses fonctions celui qui y est déjà, je veux bien me faire nonne.

Depuis cinq ans nous subissons une politique dictée par l'émotion censée justifier toutes les prises de décision à l'emporte pièce et multiplications de lois qui ne servent à rien.

Je préfèrerais largement que nos gouvernants cessent de parler de civilisations qui ne se valent pas, d'opposer les bons et les mauvais citoyens ou de stigmatiser la viande hallal.

Pendant ce temps, une mère pleure sa famille, un père sa fille, mais aussi des parents ces militaires assassinés. Et je pense qu'il n'y a pas plus indécent que cette tartufferie consistant à prétendre qu'on a interrompu une campagne qui ne s'est évidemment jamais arrêtée.

La photo est de la tricoteuse masquée.

Edit: Je sais bien que le sujet est touchy et je me doute que ce billet ne plaira pas à tout le monde. Le débat est évidemment possible mais je me réserve le droit de supprimer tout commentaire outrancier, injurieux ou irrespectueux.

Edit 2 – 16h00: Au cas où je n'ai pas été claire, je tiens à préciser que 1) je ne nie en aucune façons la légitimité de Nicolas Sarkozy, président de la République, à s'exprimer au nom de la France et de l'unité nationale. J'aurais simplement préféré qu'il s'abstienne de s'exprimer avec ces mots là devant les enfants de ce collège. 2) J'aurais aussi préféré ne pas voir François Hollande se précipiter dans une école après avoir annoncé qu'il interrompait sa campagne. 3) Le plus important dans cette histoire sordide reste que 7 personnes aient péri, au nom de je ne sais quelle croyance qui j'en suis convaincue n'a rien à voir avec l'Islam modéré de la majorité des musulmans. 

Les « spécial rondes », ou comment se donner bonne conscience ?

Clémence
Hier une radio m'a proposé d'intervenir au sujet des "spécial rondes" des magazines. Qu'est-ce que j'en pensais, est-ce que c'était selon moi un vrai mouvement de fond ou un moyen pour les féminins de se donner bonne conscience avant l'inévitable "spécial maigrir" des prochaines semaines, etc. Au départ, j'ai répondu que pourquoi pas. Et puis j'ai renvoyé un mail pour prévenir que je n'étais pas la porte parole des rondes, que je ne l'avais jamais été et peut-être un peu moins aujourd'hui, n'étant plus à proprement parler gironde, bien que pas vraiment maigre non plus.

Bref, si c'était mon avis de fille qui en a un sur à peu près tout (d'avis), d'observatrice voire de journaliste, j'étais partante. S'ils voulaient l'opinion d'une figure emblématique de la cause, je n'étais pas la bonne personne et ne l'avais d'ailleurs jamais vraiment été, dieu merci mon poids ne me définit pas.

Ils ont préféré faire appel à quelqu'un d'autre.

Je n'étais pas particulièrement déçue, l'idée même de me retrouver dans un studio devant un micro avait suffi à me faire crépiter le palpitant. Mais il n'empêche qu'entre le premier mail et le dernier, j'avais eu le temps de réfléchir un peu à la question. Alors après tout, me suis-je dit, pourquoi ne pas en faire un billet…

D'autant qu'à mes débuts sur ces pages, je me souviens avoir vitupéré contre les fameux "spécial rondes", illustrés par Laetitia Casta ou Monica Belluci, qui n'ont de gros que les seins et éventuellement la bouche.

J'ai essayé, honnêtement, de me demander ce qui avait changé depuis dans la représentation de la rondeur. En mettant de côté ma condescendance pour certains supports de pub de presse qui ne sont que des prétextes à attirer toujours plus d'annonceurs.

Et le fait est qu'une chose a changé: il y a cinq ans, donc, les femmes censées incarner les grosses étaient invariablement des actrices ou mannequins aux courbes un peu plus voluptueuses que leurs consoeurs. Des filles à côté desquelles la moinde nana n'entrant pas dans du 38 se sentirait malgré tout obèse (et moche). Aujourd'hui, le fait est que c'est Tara Lynn qui illustre le spécial rondes du Elle, que Stéphanie Zwicky, de Big Beauty, est régulièrement sollicitée par ces journaux et que des chaines de fringues type Castaluna proposent une alternative au combo legging/tunique jusque là réservé aux 44 et plus.

Cela signifie-t-il pour autant que a société a changé son regard sur les rond(e)s ? Je n'en suis pas certaine. J'aurais envie de dire, à l'instar d'Audrey Pulvar ou Sonia Rolland dans leur coup de gueule contre l'article lamentable du Elle sur les noires fashions, que l'acceptation viendra quand une femme noire fera la une des féminins en dehors d'un spécial "beautés blacks". Transposez cela pour les rondes et vous aurez mon avis sur la question. Le jour où Tara Lynn fera la couv sans qu'il soit spécifié en légende qu'en dépit de ses kilos elle est formidable, alors on pourra éventuellement parler d'un vrai progrès.

Surtout, que l'industrie de la mode ait compris, enfin, qu'il y avait un vrai marché de la rondeur est peut-être une bonne nouvelle pour l'économie du textile et par extension pour toutes celles qui ne trouvaient pas leur bonheur jusque là. Mais il ne faut pas confondre opportunisme commercial et acceptation sociale. 

La minceur et la jeunesse sont les deux valeurs les plus prisées aujourd'hui, peut-être parce que ce qui est rare est cher. Des études montrent que les obèses souffrent de discrimination au travail. Selon une enquête datant de 2011, les gros sont par exemple en moyenne moins bien payés que leurs collègues light. A force de surmédicaliser le surpoids – alors que tous les gros ne meurent pas forcément noyés dans leur cholestérol – on en fait une telle psychose que les gens mangent pour calmer l'angoisse de grossir. A force de survaloriser la beauté comme préalable indispensable au bonheur et à la réussite, on fait penser aux enfants, petites filles mais aussi petits garçons, que leur bonne apparence vaut mieux que de longues études ou de beaux discours. Le curseur, je trouve, ne cesse de se déplacer, l'intelligence étant moins vantée que des yeux en amande ou une silhouette gracile. Je ne compte plus autour de moi les parents ayant envisagé – voire l'ayant fait – d'inscrire leurs gamins dans des agences de mannequins.

Je suis moi même effarée de la façon dont j'appréhende l'adolescence de ma fille, pour tout ce qu'elle signifie quant à mon propre vieillissement, mais aussi, si je suis honnête, parce que je n'ai qu'une crainte, que ma si jolie poupée attrape des boutons, des poils et des kilos. Ce qui ne devrait pas manquer d'arriver et qui ne devrait pas tant que ça m'effrayer. D'autant qu'elle a bien d'autres atouts que son joli minois et que c'est évidemment le plus important.

Mais c'est comme ça, avoir de beaux enfants c'est quelque chose qui probablement rejaillit sur soi même et vient panser ses propres blessures narcissiques. Et ce ne sont pas quelques couvertures de féminins nous jetant en pature la dernière sensation ronde (qui ne manquera pas de maigrir à la première opportunité, cf Crystal Renn) qui changera quoi que ce soit à l'affaire.

Conclusion, ne nous voilons pas la face, la minceur a de beaux jours devant elle et s'il serait faux de prétendre que rien n'a changé, il serait bien naïf de sauter au plafond parce qu'une fois l'an on nous montre une fille aux hanches rebondies en une d'un hebdo réputé pour encenser depuis toujours la beauté formatée.

Voilà, c'est tout.

L’être et le Guéant

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Ce week-end, un pas de plus vers la lepénisation de la droite républicaine a été franchi par celui qui parait-il est notre ministre de l'intérieur. Une petite phrase, qui a suffi à mettre le feu aux poudres de twitter dès samedi soir et qui fit les choux gras de la presse dès le lendemain. Quelle est-elle, cette phrase évidemment sortie du fameux et si pratique contexte ? "Toutes les civilisations ne se valent pas". Bon mot sorti devant une assemblée conquise d'avance, faite de députés de la majorité et d'étudiants de l'UNI, un syndicat pas vraiment réputé pour ses prises de position progressistes.

Le discours de Guéant devait rester à huis-clos mais, c'est ballot, il a "fuité".  Une fuite bien aidée je pense, tant ce message à l'intention des électeurs potentiels de Marine Le Pen tombait à point. Dimanche en effet, le JDD (le journal de droite) nous sortait un scoop exclusif. Selon un sondage, si Marine Le Pen, mais également, Nihous, Villepin, Morin et Lepage (tous d'obédience de droite) n'étaient pas présents au premier tour, "la dynamique Hollande serait cassée". Et Sarkozy ferait jeu égal avec le candidat socialiste.

Au deuxième tour ? Ah, ça, par contre, on ne saura pas, le JDD n'ayant pas jugé opportun de poser la question (peut-être n'avaient-ils pas les moyens de payer l'institut de sondage au delà d'une certaine somme, allez savoir). 

Personnellement, après une enquête assez poussée, je suis en mesure de vous annoncer que s'il n'y avait pas d'élection, Sarkozy conserverait toutes ses chances.

Vous m'aurez comprise, je ne peux pas m'empêcher de penser que ce message à peine codé de monsieur Guéant n'avait rien de fortuit et visait à rassurer les partisans de Marine Le Pen: "si jamais elle n'était pas là, ne vous inquiétez pas, nous non plus on ne les goûte pas, les "pas pareils"".

Quand aux justifications du lendemain, selon lesquelles Claude Géant voulait juste dire qu'il préférait les peuples démocrates et pacifiques aux barbares qui lapident les femmes et font péter des bombes, pardonnez-moi mais elles ne tiennent pas debout cinq minutes. S'il avait vraiment voulu exprimer ceci, il eut suffi de remplacer "civilisations" par "régimes politiques". On aurait un peu plus vite compris que notre ministre de l'intérieur (et surtout pas de l'extérieur) n'aime tout simplement pas les méchants. 

Je ne sais pas pourquoi cela m'a tant mise en colère, d'autant que la semaine dernière, il avait déjà bien commencé en vantant l'intégration des gentils asiatiques, exemple s'il en est d'une immigration qui ne pose pas de problème, pas comme… suivez mon regard. En fait, je sais très bien pourquoi cela m'a tant choquée. Parce que jour après jour, un discours nauséabond est légitimé parce que prononcé par des personnes qui ne sont certes pas de mon bord mais dont je pensais jusque là qu'ils partageaient certains principes inaliénables. Las, désormais, on aura intégré qu'il n'y a absolument rien de mal à penser et à déclarer que "certaines" civilisations (qui par le plus grand des hasards sont installées pour la plupart au "Sud") sont inférieures aux autres. Un fait acquis qui justifie le refus de "les" accueillir chez nous, de leur accorder le respect, de pomper en toute vergogne leurs ressources ou d'aller faire la guerre chez eux, pour leur bien. Des arguments qui n'ont rien à envier à ceux de nos ancêtres les colons. 

J'ignore si toutes les civilisations se valent, en revanche je suis convaincue que certains hommes ne valent pas grand chose.

Edit : j'ai hésité à enbrayer avec des "j'aime" du lundi, mais je crois que ça n'aurait pas beaucoup de sens. Ce sera pour demain.

Edit2: le titre est un emprunt à un tweet lu ce week-end que j'ai trouvé assez percutant.

 

Signez le pacte pour l’égalité (et soyez fatales)

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Hier j'ai emmené la chérie se faire enlever pas une, pas deux, pas trois mais quatre prémolaires. Je n'en menais pas large, elle non plus. Encore moins quand le chirurgien-dentiste m'a gentiment suggéré (ordonné) de rester dans la salle d'attente pendant l'intervention.

Je veux dire, elle a 2 ans et demi. A quelques mois près. 

Ok, je lui ai récemment acheté un soutien-gorge.

Il n'empêche que ça n'est pas JUSTE.

Tout s'est heureusement bien passé, elle fut héroïque et admirable comme toujours. Je ne sais si ce sont ses premiers mois difficiles, le fait d'avoir très tôt fréquenté le milieu médical, les attelles qu'elle a portées ses deux premières années ou tout simplement le fait d'avoir eu jusqu'ici une santé… de merde, mais cette enfant qui peut sembler au premier abord fragile est une sacrée petite nana solide comme un roc face à l'adversité (elle peut par contre s'effondrer quand elle a un 16/20, note catastrophique s'il en est, nous sommes d'accord).

Ce matin elle a quelque chose du hamster et je prie pour que la gastro l'épargne (non, nous n'en parlerons pas, je crains qu'à force d'évoquer la persistance de ce virus chez moi vous finissiez par penser qu'on ne se lave pas les mains après avoir fait caca, voire pire).

A part ça (je veux dire, mis à part le fait que cet arrachage de dents n'est que la première étape d'un long processus qui devrait, si mes calculs sont bons, nous faire dégrader par Standards and Poors et consort pour les trente prochaines années), j'ai acheté hier un gilet panthère chez Zara en deuxième démarque. Je ne suis pas certaine que ça m'aille, mais je vous confirme que l'habit fait tout de même parfois un peu le moine, depuis que je le porte je me sens très fatale.

Et je crois qu'on devrait toutes, parfois, s'autoriser à être un peu fatales. Non ?

A ce propos, je vous invite à regarder ce spot, qui fait partie d'une campagne du laboratoire de l'égalité, fondé par Olga Trostiansky, également adjointe au Maire de Paris. On peut trouver que c'est exagéré, que tout de même, c'est pas si pire. Sauf qu'on est loin, très loin d'une égalité salariale, que les congés parentaux sont toujours pour les bonnes femmes, que le 4/5ème c'est pareil et que oui, encore trop souvent, la parole d'une femme vaut moins que celle d'un être doté d'une paire de testicules. Et ça, ça m'énerve. Surtout depuis que je suis très fatale.


Laboratoire de l'égalité par laboratoiredelegalite 

Signez le pacte pour l'égalité, c'est ici.

Génération désenchantée

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En 81, Giscard prédisait l'arrivée des chars russes à Paris en cas de victoire de François Mitterrand. Aujourd'hui, Bernard Accoyer compare une éventuelle alternance à une entrée en guerre de la France. Au delà du ridicule achevé de ces déclarations outrancières, j'y vois personnellement un déni de démocratie et un mépris indécent pour les pays réellement en guerre. Que monsieur Accoyer descende de son perchoir et aille cinq minutes voir en Syrie ce que signifie "être en guerre". Que monsieur Baroin parte en Corée du Nord pour avoir une idée de ce que peut être la prise du pouvoir "par effraction". Je ne sais pas ce que de telles sorties peuvent avoir comme effet sur ceux qui n'ont pas encore décidé pour qui ils voteront en avril prochain.

Personnellement, cela ne fait que renforcer mon aversion pour ces gens qui depuis cinq ans (au bas mot) semblent convaincus d'être devenus propriétaires de leur fonction. Et dont le bilan est loin, très loin d'être indiscutable. Hurler au scandale parce que François Hollande envisage de revoir le calcul du quotient familial quand un des premiers gestes de Nicolas Sarkozy fut d'offrir des milliards aux plus riches me parait tout de même extrêmement osé. Jouer les offensés pour un "sale mec" pas même prononcé de la façon dont le "journaliste" du Parisien l'a présenté alors que notre président fut filmé en train de cracher un "casse toi pauvre con" à un quidam dont le crime avait été de ne pas lui serrer la main, est aussi très savoureux.

Tout ceci n'est évidemment que vent et poudre aux yeux et vient occulter les vrais sujets. Ceci étant dit, je crains que les "vrais sujets", tout le monde s'en moque ou n'y comprenne que pouet. Moi la première. Hier, le churros est rentré excité comme une puce après "une interview passionnante d'un spécialiste des dettes souveraines". J'ai été saisie d'une angoisse monstrueuse à la perspective qu'il ne résiste pas à l'envie de me faire un compte-rendu. Par contre, j'avais très envie qu'on discute un peu de cette sortie d'Accoyer. 

Mais peut-être que si on m'expliquait vraiment bien ces histoires de dette souveraine, je parviendrais à m'y intéresser. Et peut-être aussi que si la campagne ne s'annonçait pas aussi putassière, les sondages cesseraient d'afficher des scores de plus en plus effrayants pour Marine Le Pen. Peut-être. En attendant, ainsi que je vous le disais hier, je soutiens la démarche de Cantona. Bien sûr, le gars a beau jeu, avec tous ses millions. Mais quelque chose me dit qu'il est assez sincère. Surtout, peut-être parce que j'ai été confrontée ces derniers jours à la galère de la recherche d'appartements (merci mille fois à toutes celles qui m'ont écrit et particulièrement à Clémence grace à qui la question semble être réglée), je me sens prête à me battre pour cette question.

Non parce que mon frère n'est pas à plaindre. Il est médecin, embauché par la ville de Paris. Il va toucher un salaire plus que correct. Mérité il me semble avec ses dix années d'étude, pas indécent mais permettant d'assurer un loyer conséquent. Sauf qu'à Paris, avec 800 euros par mois, on a au mieux un 25 m carrés. Au mieux. Et que les propriétaires ne se contentent pas d'un contrat, d'un titre qui il y a une trentaine d'années vous rangeait dans la catégorie des notables. Non, il faut, à 30 ans, fournir en plus de tout cela, les fiches de paie de vos parents ou leurs attestations de retraite. Et après, attendre qu'éventuellement on vous rappelle.

Je ne découvre rien, évidemment. J'ai assez souvent loué des appartements la peur au ventre en raison de revenus inférieurs à trois fois le loyer et des parents certes présents mais pas crésus, pour connaitre les rouages du système. Mais en quelques années, à Paris tout au moins, les choses se sont dégradées. Et que ce soit mon frère ou moi même, j'ai bien conscience que nous arrivons plutôt en haut de la pile en terme d'attractivité. Mais que peut espérer un jeune sans caution, commençant un boulot modeste ? Que peut-il attendre s'il a en plus le tort de ne pas avoir un nom très gaulois ? A quel âge peut-on être considéré comme responsable et solvable ? Comment ne pas se retrouver avec des impayés quand on est propriétaire et qu'on a l'impudence de louer, comme nous l'avons constaté avec mon frère il y a deux jours, un appartement de 18 m carrés sur les maréchaux avec en guise de salle de bain une cabine de douche collée à l'évier de la "cuisine" (elle même à trois centimètres du lit) pour 750 euros par mois ? SEPT CENT CINQUANTE EUROS. Pour un cagibi au sixième sans ascenseur. 

Je ne suis pas en train de justifier les squattages d'appartement. Mais je crois qu'à un moment, il faut tout de même revenir sur terre. Parce que tout ceci n'a plus aucun sens. Pas plus que n'en ont les spéculations boursières, les exigences des actionnaires vis à vis des entreprises qu'ils possèdent et dont ils se fichent tant qu'elles margent à deux chiffres. Il y a un moment où le système va réellement imploser, parce que je crois réellement qu'il arrivera un moment où les petites gens, celles à qui l'on demande d'accepter tout ceci sans broncher, diront non. Cela ne se traduira peut-être pas par une révolution ou des passages à l'acte dramatiques. Je crains que ce ne soit plus insidieux. Que les dépressions s'enchainent, que la grève du zèle se généralise, que l'on finisse par se désintéresser de la chose publique, au point d'un délitement total. Je ne sais pas si nos dirigeants ont conscience de cette lassitude qui se répand comme une sournoise maladie. Mais le désenchantement est là. François Hollande a parlé de rêve, nombreux sont ceux qui ont souri avec condescendance. Ce mot là me parle et je crois qu'il peut même faire des miracles économiquement parlant. Mais je ne vois pas pour l'instant comment ce candidat compte s'y prendre pour nous faire à nouveau rêver. Je ne demande qu'à être convaincue, mais le temps presse. 

Demain je vous montrerai mon bracelet et on parlera chiffons.

Bonne journée. Et un très bon anniversaire à ma Zaz.

Edit : Sorry pour Mylène dans la tête.

Edit 2: Quand je dis que je soutiens la démarche de Cantona, ça signifie surtout que je suis pour que ce débat soit mis sur la table. Je voterai pour Hollande, parce que je ne veux pas d'un second tour sans la gauche. Et j'espère qu'au fil des semaines ce vote se fera plus positif…