Catégorie : Coups de calcaire

L’affaire DSK, cet immense merdier

Dsklibre

Hier on m'a demandé dans les commentaires mon point de vue sur l'affaire DSK. Vous remarquerez que sur ce blog je n'en ai pas beaucoup parlé, à peine ici et là.

Pourquoi ?

Peut-être parce qu'en premier lieu, je sais bien que mettre le petit doigt dans cette histoire signifie se faire broyer jusqu'à la clavicule. Quel que soit mon avis sur la question, il heurtera ceux et celles qui ne le partagent pas. Et j'ai pu constater sur twitter que cette affaire est, comme on dit en marketing, extrêmement clivante. Le sujet vient se rajouter à la longue liste de ceux qui sont assurés de faire un carton sur les blogs tout en rameutant les extrémistes de tout bord peu désireux de faire dans la dentelle et la nuance.

Dans le désordre: l'euthanasie, la péridurale, l'allaitement, l'écharpe de portage, le co-sleeping, le foie gras, le pape ou les UGG.

Et maintenant, donc, l'affaire #DSK.

Prudence et volonté de me protéger, donc, mais pas seulement. Dans cette histoire, je suis comme souvent atteinte du syndrôme "je ne suis pas d'accord avec mon interlocuteur". A savoir que si je me trouve face à un défenseur acharné de Dominique, sur le mode "elle l'a cherché, il est victime d'un complot, le pauvre", je sors mes griffes féministes dans la seconde, horrifiée qu'un membre de ma famille puisse avoir de telles pensées.

Si en revanche je suis confrontée à un anti DSK qui en profite qui plus est pour transformer Nafissatou Diallo en madone des femmes violées, n'envisageant même pas une seconde que la réalité puisse être un poil différente de la version donnée par la victime présumée, je me transforme en avocate de la défense, examinant scrupuleusement toutes les incohérences du cas et relevant les contradictions de l'accusation.

Bref, en somme, j'ai la personnalité d'une paquerette.

Et encore.

Aujourd'hui, après ce énième rebondissement, voici néanmoins où j'en suis de mes convictions:

– La victime présumée n'est pas la sainte virginale qu'on nous a présentée au départ. Cela ne signifie pas qu'on puisse du coup la violer sans vergogne ou qu'elle ait aussi menti sur le sujet. Mais c'est forcément déstabilisant, parce qu'on ne peut s'empêcher de se dire que si la vérité sur ce qu'elle est a été travestie à ce point au départ, il est possible que le reste ait aussi été.

– DSK se dirige très certainement vers un non lieu. Pour la simple et bonne raison que le droit américain repose sur cette notion d'unanimité du jury. S'il existe un "doute raisonnable" chez l'un des jurés, l'accusation perd. Or étant donnée la dimension blasphématoire du mensonge aux Etats Unis, même s'il est périphérique à l'histoire, il y aura forcément un juré qui se demandera si, ayant menti concernant les raisons de son arrivée sur le territoire, Nafissatou Diallo n'a pas réitéré par la suite.

– On ne saura jamais ce qui s'est réellement passé. Visiblement, il y a eu rapport sexuel. Alors qu'au départ, DSK disait ne pas connaitre cette femme. Le rapport a-t-il été consenti ? Tarifé ? Forcé ? S'est-il accompagné de violences physiques comme l'affirme l'avocat de Nafissatou Diallo ? Parole contre parole. A moins qu'existent réellement les preuves brandies par cet avocat hier, avec tant de détails sordides qu'ils perdaient en crédibilité. Mais si c'était le cas, comment expliquer alors qu'on libère DSK hier ? Bref, je crains qu'on ne sache jamais.

– DSK pourra toujours parler de rapport consenti, personnellement je resterai toujours très dubitative. Quelle marge de manoeuvre peut avoir une employée noire vivant précairement aux Etats-Unis face à un magnat de la politique internationale ? Même si elle s'était pliée de bonne grâce à ses demandes, est-il possible de savoir si elle ne l'a pas fait par peur de représailles en cas de refus ? Je ne suis pas mère morale, je ne suis pas naïve au point de réclamer pour la France un président fidèle à sa femme (d'autant qu'en la matière les précédents présidents n'ont aucune leçon à donner). Mais savoir que mon président use de sa position pour se taper tout ce qui bouge et de préférence ses subalternes, ça ne me plait qu'à moitié. Par conséquent j'espère bien qu'il ne se présentera pas aux primaires en cas de non lieu avant le 18 juillet.

– J'ai également du mal avec certaines passionarias se réclamant d'un féminisme qui ne me parle pas et qui semblent souhaiter finalement que le viol se soit vraiment déroulé dans les conditions les plus atroces possibles. Tout cela pour alimenter leur discours politique. Je suis du côté des femmes agressées, évidemment. Je ne suis pas néanmoins du côté de la haine des hommes. Et s'il s'avérait, au fil du temps, que rien ne se soit passé comme il l'a été raconté par la victime présumée, je serais assez triste que certaines femmes persistent à défendre leur version à des fins idéologiques.

– S'il s'avère enfin que Nafissatou Diallo a menti sur toute la ligne – je ne sais pas, moi, qu'elle ait pris l'initiative du rapport sexuel, sachant qui était cet homme et prévoyant d'en retirer du fric par la suite – (je ne dis pas que c'est ce qui s'est passé, je dis que c'est un scénario possible), la principale victime dans cette histoire, ça ne sera pas DSK, ni même sa famille. La principale victime, ce sera la prochaine femme agressée. Qui devra porter comme un fardeau ce mensonge et dont la crédibilité sera mise en question. De la même façon qu'aujourd'hui, un enfant qui parle d'agression sexuelle pâtit de ce qui s'est passé à Outreau. Rien que pour cela, cette affaire est un immense merdier.

Je ne sais pas si j'ai été assez claire, j'ai essayé d'être la plus sincère possible. Pour résumer: le fait que la victime présumée ne soit pas ce qu'elle a prétendu être au départ entâche nécessairement sa crédibilité. Ce qui ne fait pas de DSK un innocent. Surtout, pour ma part, je n'ai jamais été strausskhanienne mais le suis encore moins aujourd'hui. Et j'estime que si coucher avec une employée du Sofitel n'est pas un crime en soi, c'est une faute grave pour qui voulait devenir président de la République et savait qu'il serait examiné à la loupe par ses opposants.

Voilà, je me doute que les commentaires iront bon train, dans un sens ou dans un autre. Je compte sur vous pour rester mesurés, sinon je censurerai.

Edit: Ne manquez pas la dernière édition du Delit Maille

Boob Job ? (avec du DSK inside)

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Alors pour commencer, je voudrais vous remercier pour vos adorables mots d'hier sur ce billet, il y en a qui me tiennent plus à coeur que d'autres et celui-ci, je l'aimais bien, alors le fait que vous l'ayez apprécié, c'est du miel.

A part ça, vous vous doutez, ceux qui me connaissent un peu désormais, que je ne suis que consternation depuis qu'a retenti cette nouvelle ahurissante de l'arrestation de DSK. Je ne souhaite pas en faire un billet (enfin, si, j'en crève, en fait mais je suis trop pétrie de sentiments contradictoires et encore un peu groggy du précédent post politique) et je redoute que viennent ici s'affronter les pro, anti DSK, ceux qui y croient, ceux qui sont convaincus que c'est un complot des habitants de Pluton, ceux qui considèrent que de toutes façons il n'était pas de gauche et j'en passe. Inutile de vous dire que moi aussi j'ai ma théorie mais je la garde pour moi (je suis surveillée je crois).

Bon, ok, je ne voulais pas en parler et j'en parle, il faut dire qu'en deux jours j'ai lu tout ce qu'il était possible de trouver sur le net, je pourrais présenter une thèse, voire je pourrais jouer les doublures de Kalinda (spécial dédicace à #thegoodwife). En réalité si quelqu'un pouvait me débrancher ou demander mon internement d'office pour une petite rehab ce serait assez généreux de sa part.

Tout ça pour dire que si les accusations sont fondées je n'ai pas assez de mots pour condamner ce qu'il a fait. Et que s'il s'avère à la fin que c'était une énorme machination, je n'exclue pas de décompenser sous une forme qu'il me reste à déterminer.

En attendant, je me trouve assez visionnaire d'avoir dès le départ tout misé sur le bon François Hollande. Encore faut-il qu'on ne vienne pas nous apprendre qu'il a un penchant pour les hamsters ou qu'il collectionne ses crottes de nez.

Comme je le disais sur twitter hier, pourquoi, mais POURQUOI n'arrive-je pas à être de droite ? Je serais tellement sereine… (la fille qui ne ramène pas tout à elle).

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, je préviens d'ores et déjà que si les commentaires virent au grand n'importe quoi, je les ferme illico presto. J'ai beaucoup de travail (surtout avec mon job d'enquêtrice) (Eli Gold me fait confiance sur ce coup là et je ne veux pas le décevoir) et donc pas le temps de jouer les modératrices.

La photo ? C'est un des meilleurs cocktails que j'ai jamais bus, avec ma copine, sur la terrasse du "mini palais", un soir de la semaine dernière. Un Rossini. Champagne et purée de fraises. Un autre, por favor.

Et non, je n'ai pas fait de boob job. C'est la position qui veut ça.

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Laurent Wauquiez ou le cancer de la politique

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Migraine oblige – la hyène – ce sera un petit billet de rien du tout pour ce vendredi. Juste le temps de crier mon indignation de n'être, une fois de plus, pas invitée à Cannes. Je ne vois vraiment pas pourquoi. Ah, si, peut-être parce que je ne travaille pas vraiment dans le cinéma. Mais c'est chipoter.

Et sinon, je serais personnellement pour virer Laurent Wauquiez du gouvernement. Voire du territoire. Parce que de la part d'un gouvernement qui n'agit depuis des années qu'en faveur des plus nantis – hello le bouclier fiscal -, profiter de cette période pré-electorale pour ressortir le bon vieil épouvantail des pauvres qui sucent le budget de l'Etat avec leur RSA c'est ni plus ni moins obscène.

D'autant plus obscène que cela relève du fantasme absolu, cette idée selon laquelle on gagne plus avec les allocs qu'en allant bosser. D'autant plus obscène qu'à quelques exceptions près, personne ne souhaite toucher le RSA plutôt qu'un salaire.

Le cancer de la société, monsieur Wauquiez, ce ne sont pas ces gens que vous semblez trouver bien petites. Le cancer de la société, ce sont ces opportunistes prêts à toutes les vilénies et tous les mensonges éhontés pour se hisser un peu plus haut et continuer à jouir de tous ces avantages indécents sous les confortables ors de la République.

Le cancer de la société, ce sont ces hommes parait-il politiques, qui en dénaturent le sens et l'esprit.

Faut-il être démagogique et déconnecté des réalités pour proférer de telles conneries. Un couple avec deux enfants peut, au plus, toucher avec 980 euros de RSA. Un célibataire touche 460 euros.

Même en prenant compte des allocations familiales en plus, on est loin du SMIC. On est surtout très loin d'un revenu permettant de se la couler douce en branlant la mule pendant que d'honnêtes gens comme monsieur Wauquiez se tuent à la tâche.

Quant aux travaux sociaux que les bénéficiaires du RSA "devraient" à la société, du genre accompagnement de sorties scolaires, c'est une fois encore du grand n'importe quoi. Je ne dis pas que la majorité des gens touchant le RSA sont incapables d'accompagner des enfants à la piscine ou autre. Mais personnellement, en tant que mère (que je hais écrire ça), je ne souhaite pas particulièrement que des personnes non formés et n'ayant pas d'enfants dans la classe soient chargés d'assister les enseignants en sortie. Quel statut auraient-ils ? Que dirait-on aux enfants ? "Bonjour, aujourd'hui, un pauvre, que dis-je, un parasite de la société va venir rendre un peu de ce que nous lui donnons. Vous avez le droit de lui jeter des pierres, mais surtout ne le touchez pas, la misère vous savez, ça peut s'attraper". Cette proposition est doublement nulle. Elle déconsidère les métiers qu'on voudrait faire exercer pour la gloire et humilie les bénéficiaires du RSA. Surtout, ces personnes cherchent un EMPLOI. Pas du bénévolat ou des travaux d'utilité publique.

Hey dis-donc, ça m'a fait partir ma migraine cette histoire. L'adrénaline sans doute.

En tous cas, quelque chose me dit que cette année à venir va être de haute volée au niveau du débat. J'ai hâte, vraiment.

Ah et sinon, j'oubliais !

Voici les gagnants du concours pour gagner les places pour "Une folle envie"

n°33 "2 cops sur une balançoire"

n°48 Sophie

n°74 Marie

n°112 Grazito

n°97 Nanette

Merci de m'envoyer vos coordonnées par mail (adresse postale) assez rapidement pour que je les communique à la personne de la production du film. Mon adresse: cfrancfr(at)yahoo.fr

Edit : La photo ? Rien à voir, c'est juste que c'est une nouvelle boutique dans le marais, Popelini, qui ne vend que des choux. Avec Zaz on y est allées et elle en a acheté mais pas moi parce que j'avais un rencart de boulot après et que ça supporte mal la chaleur. Mais d'après Zaz, ils tuent leur mémé grave. Pour la petite histoire, quand elle m'a dit qu'elle voulait aller voir cette boutique qui ne vendait que des choux, j'avais compris qu'elle parlait du légume. Et en moi même je me disais que y'a des gens très aventuriers tout de même, de miser sur le chou et les brocolis en plein Marais. Je n'ai pas moufeté parce que Zaz, avec sa crevette dans le ventre, elle peut être très susceptible et il aurait fallu que je la console si je m'étais mise à critiquer les choux. Après j'ai compris que j'avais confondu et ça m'a rassurée. Sur ma copine et sur le genre humain en général. Je sais, je peux être d'un con.

 

L’appel de Psychologies magazine pour une beauté libre

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Une note rapide en passant, parce que c'est mercredi et que s'il est une chose qui n'a pas changé dans ma vie, ce sont bien les mercredi. Je voulais porter à votre attention cette initiative de Psychologies Magazine (que j'aurais signalée même en ne collaborant pas à ce journal)

Psycho lance en effet un appel solennel  "pour une beauté libre".
 
Le point de départ de cette action ? "Le triptyque minceur-fermeté-jeunesse qui, de plus en plus, dessine une image unique de la femme idéale, nous empêchant pour le plus grand nombre de vivre en paix avec notre apparence". Face à ce constat, la rédaction du journal a eu envie d’explorer notre relation complexe à la beauté et de rappeler nos convictions.

Et d'affirmer : la beauté ne peut en aucun cas être formatée ou réduite à une définition. Personnellement ça me parle, bien que je reste assez sceptique, je me souviens en effet d'un échange avec le docteur Zermati sur la beauté, qui peut se définir selon lui comme étant "ce qu'une majorité s'accorde à trouver beau". Or si vous placez plusieurs personnes ensemble et que vous leur montrez des photos de femmes grosses et d'autres très minces, une majorité s'accorde à dire que ce sont les minces qui sont belles. Bref, en vertu des critères d'aujourd'hui, la minceur et la jeunesse sont plébiscitées et je suis probablement la première à marcher dans la combine.

Il n'empêche que j'adhère à 100% à toute entreprise visant à modérer ces diktats. Je souhaiterais surtout pour ma part que la beauté ne devienne pas le corollaire de toute réussite, amoureuse, personnelle, voire professionnelle. Je l'ai déjà souvent écrit ici mais je suis perpetuellement étonnée de voir les photos des auteurs de premiers romans ces derniers temps. Ils pourraient être acteurs, chanteurs ou top model. Parfois, d'ailleurs, ils écrivent avec leurs pieds. Mais on s'en branle, n'est-ce pas, ce qui compte, c'est que l'image soit jolie…

Vous pouvez lire cet appel de Psychologies magazine et le signer sur le site: http://www.psychologies.com/petition/participer/appel-pour-une-beaute-libre

Edit: Pour la peine j'ai remis la première mosaïque que nous avions faite, enfin la première page de cette mosaïque, parce que ça me semble être dans le même esprit. D'ailleurs je me demandais, vous seriez partant(es) pour une autre ? Je me souviens que certaines avaient suggéré des autoportraits, je trouvais ça pas mal. Et vous ?

Les précédentes mosaïques sont ici: 2009 et 2010

40 ans après les « salopes », 343 femmes se mobilisent à nouveau

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Le premier appel des 343 salopes a été signé quelques jours après ma naissance. Le second vient d'être publié, ce 2 avril 2011. 40 ans après, c'est effarant de constater que les revendications des 343 filles, soeurs, nièces ou amies de ces pionnières du féminisme ne sont hélas pas très éloignées de celles du premier manifeste.

Si l'avortement est autorisé, il est encore souvent un parcours du combattant, jonché de culpablisation et de refus de médecins considérant que l'acte est contraire à leur éthique. Les femmes continuent à assumer l'essentiel des tâches ménagères, elles sont moins bien payées que leurs homologues à compétences égales, subissent le joug du plafond de verre qui les empêche d'accéder aux postes à responsabilités.

Je n'aime pas la victimisation, je suis de celles qui, privilégiées, vivent avec un homme pour qui l'égalité n'est pas qu'une vue de l'esprit. J'ai été élevée par une mère qui m'a toujours encouragée à suivre ma voie et m'a enseigné, par l'exemple, que s'assumer financièrement et s'épanouir professionnellement étaient gage de liberté. Mais je suis témoin, tous les jours, de l'oppression des femmes, de la manière dont même inconsciemment certaines d'entre nous persistent à penser qu'elles appartiennent au sexe faible. Dans le secteur de l'enseignement supérieur, que j'ai suivi pendant des années, il est frappant de constater par exemple combien les assemblées de décideurs ne sont composées que de têtes – souvent grises – d'hommes. Parmi les présidents d'université, rares sont les femmes, parmi les recteurs, idem, les grandes écoles sont dirigées par des hommes. Je cite cet exemple parce que je le connais et qu'il est d'autant plus frappant au regard de la forte féminisation du corps enseignant, mais on retrouve ce même constat dans tous les milieux. Pire, quand un métier se féminise, certains avancent qu'il se déprécie. Je l'ai entendu, souvent, à propos du journalisme.

Bref, la route est longue, et pour toutes ces raisons, je soutiens à mon tout petit niveau ce nouvel appel. Et j'espère de tout mon coeur que mes filles n'auront pas à en signer un troisième dans quarante ans.

"Nous ne demandons pas la lune, nous exigeons juste l'égalité".

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Trop de sécurité tue la sécurité

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Dimanche, j'écoutais cette excellente émission sur Inter, qui s'appelle 3D. Animée par Stéphane Paoli, que je n'apprécie guère au demeurant mais qui semble vouloir expier sa complaisance passée lorsqu'il était à la matinale. Enfin c'est mon appréciation, elle n'engage que moi et ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que l'émission était consacrée au projet de loi sur la psychiatrie discuté en ce moment. Un projet de loi que je ne connais pas très bien, mais qui, si j'ai bien compris, prévoit de rendre plus facile l'internement d'office de toute personne qui serait déclarée folle. Il y a actuellement une levée de boucliers des psys, qui dénoncent la dimension répressive et liberticide de ce texte et regrettent qu'on ne se penche pas plutôt sur la prévention, la thérapie et toutes ces choses qui coûtent de l'argent sans rapporter une voix lors des élections.

Bref, les débats étaient passionnants et à un moment, l'un des participants a parlé de cette culture de la peur, de plus en plus prégnante dans notre société. Peur des roms, des arabes, des musulmans, des fous, etc. Il a eu ces mots qui on résonné en moi: "La culture de la peur, c'est ce qui peut faire basculer une démocratie vers un régime totalitaire. Les gouvernements de régimes démocratiques n'ont pas besoin, théoriquement, de jouer sur la peur de leurs citoyens". C'était mieux dit, mais j'ai trouvé ça très juste.

Après, un autre participant – ou peut-être était-ce le même – a expliqué que les lois sécuritaires qui se multiplient depuis quelques années créent paradoxalement de l'insécurité. A savoir qu'elles sont conçues pour protéger une partie de la population, ou tout au moins lui faire croire qu'on la protège, faute de pouvoir répondre à ses vraies inquiétudes (pauvreté, chômage, vieillissement, santé, etc) mais que dans le même temps, elles rendent plus précaires l'existence de ceux qui sont pris pour cible de ces lois. En l'occurence, là, les personnes souffrant de maladie mentale.

Ces personnes n'étant pas forcément dangereuses en permanence et n'étant, avec cette loi, appréhendées que par le prisme de leur maladie et plus du tout comme des êtres humains.

Voilà, ce n'était pas un billet très glamour pour un lundi, mais ça m'a pas mal fait cogiter, cette émission. Je me suis dit qu'on courait un vrai danger, à force de se laisser faire, à force de se dire que les cameras partout, c'est pour notre bien, la stigmatisation des autres, de ceux qui ne sont pas comme nous, c'est vilain mais après tout, tant que ça ne nous concerne pas, pourquoi s'en faire plus que ça ? Outre le fait que ce n'est pas très altruiste, c'est surtout très con. Parce qu'à force, à un moment ou à un autre, on risque d'entrer dans une de ces catégories dites "à risque". Parce qu'on sera vieux, gros, moche, pauvre, pas d'accord avec les grands de ce monde, malade, dépressif… pas dans le moule, en somme.

Il est plus que temps, je crois, de s'opposer à la culture de la peur. Et de chercher des raisons d'espérer. Parmi celles-ci, je vous conseille l'excellent billet de Dame Despé, sur ces jeunes qui, si si si, ont des pensées. Pour peu qu'on leur laisse l'occasion de s'en rendre compte.

Edit: L'émission est en ligne ici et si vous avez un peu de temps, je vous conseille vraiment de l'écouter. Il y a des moments comme ça où on se dit que grâce à d'autres, on est devenu un peu plus intelligent. Hier, c'est ce que j'ai ressenti.

Edit2: La photo, c'est parce que j'ai découvert douze ans après tout le monde l'appli "histamatic" sur Iphone et que faute de Reflex, je mange des merles. (non, pas des pigeons, merci). Et je ne sais pas, ce clair obscur, je me suis dit que ça pouvait illustrer mes propos un peu maladroits de ce jour.

« Osez l’amour des rondes »: le livre de trop

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Je ne vais pas m'étendre sur le sujet pendant des heures d'autant que deux talentueuses nanas l'ont fait et très bien en plus. Mais je ne pouvais pas non plus me taire, parce que depuis que je sais que le livre existe, j'ai juste un peu envie de mordre.

Ça faisait longtemps, vous me direz.

Et j'ai un scoop, ce n'est même pas contre mes copines du Elle que j'en ai.

Non, mon grand cri est entièrement dirigé vers un petit bouquin qui d'ailleurs mériterait sans doute surtout qu'on n'en parle pas. Sauf qu'il est écrit par une des influentrices de la toile, régulièrement citée en exemple dans les articles success story du style "le blog a changé leur vie". Je veux parler de Marlène Schiappa, qui a créé le site "Maman travaille".

Et qui accessoirement, donc, écrit. Des livres jetables comme je les appelle – et j'en connais un rayon, je rappelle que je suis l'auteur de "90 façons de baiser en cachette", n'y voyez donc pas de mépris de ma part. Du moins pas à ce stade.

Marlène Schiappa écrit, donc, et a commis récemment un… je ne sais pas comment qualifier cet objet à vrai dire. Va pour un essai.

Pas transformé, l'essai, en l'occurence. Hin hin hin.

Le titre: "Osez l'amour des rondes".

Je ne vais pas vous mentir, je ne l'ai pas lu entièrement, hors de question de claquer 8 euros pour ça. Mais je l'ai feuilleté en librairie et j'ai surtout consciencieusement lu le billet de Dariamarx qui le décortique de manière totalement jouissive.

Personnellement, je pense que la Licra ou que sais-je pourrait se saisir du sujet. Non parce que ce qui se veut au départ une sorte de plaidoyer pro-rondes sur le mode "c'est pas parce qu'on est grosse qu'on a pas le droit de baiser" (déconne !), est tout simplement une sorte de brûlot – sans aucun style – insultant et discriminant. Où l'on apprend que quand on est grosse, on "sent" et qu'on doit donc se laver. Les dents, aussi, d'ailleurs. Que par ailleurs, le mieux, c'est de proposer à son partenaire la levrette, parce que c'est un bon moyen de montrer ce qu'on a de mieux, à savoir son cul. Et de cacher par la même occasion son bide.

Des petits trucs comme ça, elle en a plein, Marlène Schiappa. Je vous fais grâce des poncifs à la con sur la sensualité des rondes évidemment plus exacerbée que celle des tas d'os (elles apprécieront) et je passe assez rapidement sur les conseils de bienséance distillés ça et là : "ne demandez pas un dessert si personne n'en prend", "mangez une sucette plutôt qu'un sandwich", "dansez seulement si vous avez pris des cours"…

Je m'arrête en revanche deux secondes sur le fait qu'à priori, les grosses sont de bonnes suceuses (rapport probablement à leur gourmandise invétérée) et le meilleur, ce qui je crois m'aurait fait rire si ça ne me faisait pas en réalité chialer: l'épilation, qui, si elle a la forme du ticket de metro donne l'impression que tu es plus mince. Mais attention, point trop n'en faut mesdames les girondes. Non parce que si vous le faites trop étroit, votre brésilien, c'est loupé. Voire votre gars, il va être dégouté en voyant votre grosse chatte bien grasse.

Bref, encore une fois, je ne l'ai pas lu scrupuleusement mais assez pour me faire une opinion.

Et plutôt que de continuer plus avant dans ma critique pas très élogieuse on en conviendra, je propose un prochain titre à la Musardine pour sa petite collection "Osez" :

"Osez l'amour des connes".

Non parce que je ne sais pas moi, mais à mon avis, y'a matière.

Edit: L'image, c'est une proposition de Bannière que m'avait faite Cathy, l'auteur de "mon gras et moi". J'avais finalement préféré une bannière "photo" que dessinée, mais j'adore ce dessin et j'aime l'insolence qui se dégage de cette nana qui semble penser "Je vous emmerde". ça me parait assez approprié.

Edit2: Ce billet, j'aurais pu l'écrire il y a deux ans avec les kilos que j'avais alors en plus. j'aurais aussi pu l'écrire même si je n'avais jamais eu ces kilos. Le débat n'est pas là, j'espère que vous le comprendrez. Pour moi, ce livre est aussi ignoble dans son principe que s'il avait été titré "Osez l'amour des noires", "des naines" ou "des rousses". A priori, quand on aime, on aime une personne, pas une caractéristique qui la définit. Ou alors c'est qu'on est fétichiste. Et ça n'est pas de l'amour.

 

Le mur du con

Gaddafi
J'avais envie d'écrire un up and down. Je vous aurais parlé de ce foulard merveilleux acheté pour trois francs six sous chez H&M (avec pour l'accompagner un blouson en skaï à capuche à mourir et un jean qui me fait un cul pas dégueu). J'aurais vanté les mérites de ce produit magique de chez Mavala qui fait sécher les ongles en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je vous aurais confié mon addiction totale aux bagels avocat/turkey/saint moret en cette semaine child free. J'aurais mis un gros down à cette météo de merde qui m'enlève tout courage pour aller courir (j'déconne). J'aurais glosé sur ce pauvre Polnareff dont le message sur facebook annonçant que son fils n'était pas le sien était si pathétique que 98% des internautes étaient prêts à jurer que c'était un fake. Le message, pas le fils. J'aurais enfin mis sur la table un sujet de première importance: les bonbons Arlequins si déicieux mais qui niquent le palais et me collent des aphtes.

On aurait souri (un peu), pleuré (sûrement), fait des oooh et des aaaaah d'émerveillement et on se serait souhaité une bonne journée.

Sauf que je n'y suis pas arrivée, à le rédiger correctement, ce billet.

Parce que je ne parviens pas à caser au milieu de ces légèretés le seul énorme down qui me semble compter cette semaine.

Je veux parler bien évidemment des massacres affreux perpétrés en Libye. Par celui, qui, il y a trois ans encore était l'ami de notre président (attends, vous avez vu cette poignée de main chaleureuse ? On sent presque une tension sexuelle que c'en est gênant).

Cet étron qui appelle le mari de MAM, accessoirement ministre lui aussi, "mon frère". Ce malade mental dont le visage est plus tiré qu'un string, à qui notre grand homme d'Etat de président avait offert en 2007 une petite balade romantique sur la Seine en bâteau mouche, fermant pour ce faire tous les ponts de la capitale. Ce tyran qui soit-disant avait tourné la page du terrorisme ("ayé, je ne mets plus de bombes dans les avions, vous revenez jouer avec moi, mes potos ?") et qui allait permettre à la France de se relever de la crise grâce à tous les rafales qu'il allait nous acheter. Cet homme plus innocent que l'agneau qui vient de naitre auquel la France allait aussi vendre deux ou trois réacteurs nucléaires (civils, hein, bien sûr) (aie confiaaaaance).

Oui, Kadhafi, donc, qu'on a reçu en grande pompe chez nous quelques mois après la sauterie du Fouquets est aujourd'hui l'homme à abattre. Nicolas Sarkozy l'a annoncé hier: il veut que TOUTE L'EUROPE (pas que la France, hein sinon c'est pas du jeu, faut qu'on s'y mette tous, il a dit, le roi du G20) cesse immédiatement toute relation diplomatique et économique avec ce chien. Moi sur le principe, bien sûr, je ne suis pas contre. Voire je plussoie.

Mais franchement, ça ne passe pas.

Je veux dire, comment peut-on être à ce point cynique ? Comment peut-on continuer à affirmer sans ciller tout et son contraire de la sorte ? N'y a-t-il pas un moment où il faut rendre des comptes ? N'avons nous pas notre mot à dire dans la façon dont ce gouvernement et ses sbires souillent notre image à nous, citoyens, pas parfaits, pas toujours honnêtes, mais qui n'avons JAMAIS demandé à ce que cet être immonde vienne planter sa tente dans la cour de l'hôtel Marigny ? Ni voulu que notre bécassine de ministre des affaires étrangères propose ses bons services pour former dans l'urgence au maniement du taser les policiers de Ben Ali ?

A quel moment nos dirigeants devront se justifier et s'amender ? Aura-t-on la chance un jour d'en entendre un s'excuser ?

Jamais, je le crains.

Quand le temps sera venu, on nous démontrera qu'ils sont devenus vieux et séniles et qu'il faut laisser les personnes âgées tranquilles. Si ça se trouve, on sera 62% à les trouver sympathiques, maintenant qu'ils sont tout juste bons à boire une demi-corona au salon de l'agriculture en tapant le cul des vaches.

Ce n'est même pas un grand cri, aujourd'hui, que je pousse, c'est à peine un soupir. Mon souffle est court devant tant d'indécence.

Salam.

Big up pour BigBeauty

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Quand je pense que j'avais imaginé avoir plus de temps pour ce blog une fois libérée de mes obligations. C'était sans compter toutes ces séries, aussi.

Non, sans blague, c'est vrai que ces deux dernières semaines ont été finalement bien chargées, j'avais définitivement dit oui à trop de gens en même temps.

Du coup, je suis crevée.

Et non, il ne faut voir ici aucune suggestion salace sur une quelconque partouze qui m'aurait laissée sur le carreau.

Bref, ce rythme à trouver, je le cherche, il y a des jours avec et des jours sans et je commence petit à petit à m'habituer à l'idée que tant que je resterai indépendante, c'est le mieux que je puisse espérer (le pire étant qu'il n'y ait que des jours sans, je veux dire).

Voilà, ce n'est donc pas pour aujourd'hui, ce long billet hilarant et/ou poignant. Mais je voulais malgré tout vous faire partager cette réflexion.

Il y a deux jours, Stéphanie, de BigBeauty, a écrit un très bel article, très juste, très sincère, qui m'a pris aux tripes. J'ai toujours beaucoup apprécié le positionnement de Stéphanie, sa façon d'être simplement elle, sans revendication particulière, sans faux-semblant non plus (dans une interview qu'elle m'avait livrée, elle le disait sans ambages: "je suis grosse, c'est tout"). J'ai toujours apprécié donc, que tout en n'étant pas "fat power", elle appelle systématiquement un chat un chat, donnant sa taille de soutien-gorge ou de pantalon avec le naturel dont elle sait faire preuve. Pour l'avoir rencontrée deux ou trois fois, je peux vous assurer sans mentir moi non plus que la première chose qu'on voit chez elle, ce n'est ni son poids ni son look incroyable mais son sourire ultrabrite (je VEUX les dents de Stéphanie) et son regard qui se plante directement dans le votre. Après on réalise qu'elle est super bien sapée, la hyène.

Bref, Stéphanie ne parle pas d'ordinaire de son passif avec les régimes, les kilos et la bouffe. Et puis dernièrement, elle a participé à un concours sur Arte du meilleur look et s'est pris des insultes à pas piquer des hannetons. Des insultes qui dit-elle, lui passent au dessus du cigare mais qui lui ont donné envie de rappeler quelques évidences dont celle-ci: non, ce n'est pas tous les jours faciles, en 2011, d'être "plus size". Tout simplement parce que la discrimination est partout, des rayons de Zara aux entretiens d'embauche en passant par les fauteuils d'Air France que d'aucuns aimeraient bien faire compter double en fonction de la taille de votre fessier.

Je ne vais pas la paraphraser, allez la lire, ça vaut mieux. Mais je tenais à dire ici que je m'associais entièrement à son propos. Et aussi que je l'admire. Pour son parcours fulgurant de ces derniers mois, bien sûr, mais surtout pour ce qu'elle raconte sur son corps. Un corps qu'elle a haï et qu'un jour, elle a regardé, touché, carressé, en décidant, ce beau matin, de cesser la guerre.

Ça m'émeut d'autant plus que c'est quelque chose que j'ai été tout bonnement incapable d'accomplir pour l'instant. Je veux dire par là que je me réveille tous les matins, heureuse de sentir les os de mes hanches. Et je sens, au plus profond de moi, que je ne devrais pas.

Edit: ah et pour voter pour BigBeauty sur le concours d'Arte c'est ici: http://fashion.arte.tv/retro-chic-6/?p=1229

Sauvez Sylvie V.

Sylviev

C'est vraiment dégueulasse. Alors que chaque album de Sylvie Vartan déchire tout au top 50 (paix à Marc Toesca) (et non Marco Esca comme j'ai longtemps cru) (je vais arrêter avec les parenthèses d'autant que c'est totalement 2010, y'a qu'à voir comme on parenthèse toutes en coeur nous les radasses de la blogosphère). Alors que, donc, en temps normal – aka dans les 60s – Sylvie V n'a aucun mal à faire passer ses titres sur Nova, Radio FG et même parfois Nostalgie quand cette dernière décide de se mettre en danger en cassant son image, cette année, son album est un four.

Tout ça à cause de Carla. Dommage collatéral de la haine que vouent les médias à Carla (tu es sûre quand même ?), qu'elle s'est intronisée, Sylvie. C'est vrai qu'on aimerait bien qu'on arrête ce boycott insupportable de notre première dame. Une semaine au moins qu'on a pas vu son visage étonné dans le Elle ou Match. Surtout, Sylvie n'a rien fait, alors leave her alooooone. Et passez sa galette, merdeuh.

Quand je vous disais qu'il y avait plus grave que le gavage des canards.

A part ça, ouf de ouf, les députés qui frauderont sciemment le fisc n'écopperont que de 30 000 euros d'amende. Pas un jour de gniouf pour eux, par contre. C'est pas comme si Rachid, Kevin ou Jean-Damien ne risquaient pas 3 ans pour la moindre mobylette volée. Surtout, ce n'est pas comme si hier, Copé et son copain Jacob avaient bataillé comme des enragés pour faire passer entièrement à la trappe l'amendement en question. Ne cédant que sous la pression de certaines honnêtes gens de leur camp. Ces derniers ôtant donc la peine de prison du texte histoire de leur sauver la face.

Voilà, je vous laisse avec ce petit clin d'oeil, un peu de classe et d'élégance ne font jamais de mal à personne et en la matière, l'autre madame Hallyday a toujours quelque chose à nous apprendre. Respect. J'aime particulièrement celle-ci, c'est probablement le message subliminal tout en subtilité qui me touche.

Vulgarité

Je parle de celle de gauche bien sûr, pas celle où laetichou essaie de pisser à travers son volet en teck de papouasie.