Catégorie : Pensées en vrac

Et après ? Je ne sais pas.

11939597_865027766938385_22609857_n

Alors déjà merci. Je ne sais pas par quel miracle ce blog échappe aux extrémistes et plus généralement aux cons, mais force est de constater qu’on est bien épargnés. Certains diront que c’est parce qu’on est « entre nous » et qu’on ne reflète pas une seconde l’état réel de la sacro sainte « opinion », mais je vous avoue que je m’en contrefous, je l’emmerde l’opinion, surtout quand elle se traduit par des horreurs comme celles qu’on peut lire sous les articles du Parisien. Je suis consentante pour continuer à faire trempette dans cette petite piscine bienveillante. Merci pour vos commentaires, les liens qui sont donnés vers des éclairages passionnants, vos doutes, votre tristesse, votre colère. Je ne vais pas vous dire que je pète la forme, j’imagine que je fais comme tout le monde, un pas devant l’autre. Mais… En lire plus »

Fluctuat nec mergitur

12243401_10153736144819467_573485275083818991_n

Je reçois des messages d’entre vous qui me touchent et me poussent à écrire ce que je ne parviens pas à écrire depuis la sidération de vendredi soir. Après Charlie, j’avais eu le besoin impératif de venir jeter mes mots, ma colère et ma tristesse ici. J’avais eu ce réflexe également épidermique de me rendre sur les lieux, de brandir, ridiculement sans doute, ma carte de presse sur la place de la République. Mais là…

Est-ce que j’ai épuisé mes réserves ? Est-ce que la douleur éprouvée il y a quelques mois se réveille trop brutalement pour pouvoir être exprimée ? Est-ce que le simple fait d’en parler me semble indécent tant je me considère cette fois-ci encore particulièrement épargnée ? Comme vous je l’imagine, vendredi soir j’ai battu le rappel de tous les miens, envoyé frénétiquement des messages à tous ceux que je connais qui fréquentent ces lieux ou vivent à proximité. Un a un, ils ont répondu à mes appels et j’ai répondu aux leurs. A un moment, nous avons eu un doute sur l’un d’entre eux, fan absolu de Eagle of the Death Metal. Il s’avère qu’à la faveur d’un voyage professionnel, il avait finalement renoncé au Bataclan. Durant ces quelques minutes d’incertitude, j’ai comme beaucoup j’imagine touché du doigt l’effroi. Ensuite, j’ai reçu le mail de A., qui n’en revenait pas elle-même d’avoir réussi à s’enfuir de la salle de concert. Et là encore j’ai tremblé. En lire plus »

Questionnaire de Woolf (emprunté à Causette)

IMG_9450

Je vais faire quelque chose de très très 2007 aujourd’hui. Je vais m’auto-interviewer en prenant le prétexte d’un questionnaire trouvé dans le magazine Causette paru cet été (je ne lis pas souvent Causette, je l’avoue, je devrais mais souvent ça me tombe des mains, comme toute la presse magazine en ce moment d’ailleurs et croyez moi que ça m’interpelle moi qui suis journaliste. Mais je suis évidemment admirative de ce que tente d’accomplir Causette). C’est Fanny Ardant qui se collait aux réponses et j’avais bien aimé. En réalité je dois le confesser, j’adore les questionnaires de Proust et tout ce qui s’en rapproche, j’adore lire les réponses des personnes qui s’y prêtent et comme je suis évidemment très auto-centrée, je suis toujours très flattée d’être interviewée. Même par moi même.

Et puis Woolf, quoi (dit la fille qui n’a jamais rien lu de Virginia Woolf). En lire plus »

L’hiver arrive

manteausezane

Vous trouvez vous aussi que le froid a une odeur ? J’aime bien. J’aime bien l’odeur de la terre froide, celle de l’air qui pique un peu les poumons quand on prend sa première respiration dehors. Je sais pertinemment que dans trois jours je vais pleurer que je n’en peux plus de cette saison de merde et de la nuit qui tombe à midi. Mais hier, alors que je m’en allais chercher des pizzas (on a déjà fait le japonais la veille et je suis déjà arrivée au bout de l’offre de bouffe à emporter dans ma petite bourgade, ON EST MAL), j’ai senti ce petit parfum d’avant-noël. Et je me suis dit qu’on ne perdait jamais l’enfant qui est en nous, parce que malgré moi, j’étais un peu émue à l’idée de ces premières fêtes dans notre nouveau chez-nous, un chez-nous qui ressemble plus à celui de mon enfance que les appartements dans lesquels nous avons habité depuis si longtemps.

Il faut dire qu’en plus Rose est déjà en pleines répètes du spectacle de Noël du centre de loisirs et chante en boucle « Enfants de Palestine, ou enfants d’Israël… » Et je pleure A CHAQUE FOIS. En lire plus »

You make me smile…

CQLcMNqWsAUZc6B.png_large

Alors… Comment décrire les flux contradictoires d’émotions qui m’ont traversée depuis hier… On s’était pourtant juré avec les auteurs de ne pas regarder la télé, on les connait par coeur ces épisodes et on le savait, qu’on allait forcément douter le jour J, se dire que finalement, non non non, ce n’était pas si drôle, pas si génial, qu’on s’était trompés de métier.

Mais bien sûr, qu’est-ce qu’on a fait ?

On s’est postés chacun chez soi devant la télé. Et l’ordinateur. Et Twitter. (Le MAL). Pourtant, honnêtement, 99% des retours sur les réseaux sociaux étaient positifs. Mais à la moindre critique, on compulsait les sites de reconversion professionnelle. Pour finalement re-paufiner notre discours pour les Oscars après un message enthousiaste sur facebook. Tout ce petit cinéma nous a probablement coûté notre canal carpien (une centaine de textos au bas mot) et bouffé toutes nos réserves de magnésium. Mon tensiomètre qui n’avait pas servi depuis des semaines n’a plus de piles et je ne suis pas certaine de ne finalement pas avoir un gros problème cardiaque à l’heure où j’écris ce billet. En lire plus »

Pour quelques carrés de chocolat

francine.doc

C’est ma Violette qui l’a montrée hier dans son inénarrable JJG. Manifestement la vidéo fait le buzz depuis des jours, elle m’avait totalement échappé. Depuis je l’ai regardée quatre fois, avec mon fils, ma fille, mon mari, etc. J’ai toujours été passionnée par les témoignages des survivants. Peut-être parce que mes deux grands-pères ont été faits prisonniers en Allemagne dans des Stalags et qu’un frère de mon grand-père maternel a quant à lui été déporté comme résistant. « Son nom est inscrit sur le mur de la grande poste de Lyon », m’ont toujours dit avec une certaine fierté mes grands-parents. Toutes les familles ont leur mythologie, la mienne a celle-ci, d’autant plus que ce grand-oncle n’est jamais revenu mais n’a jamais non plus été officiellement retrouvé dans le charnier de Dachau. Bien des années après la guerre, son épouse, qui avait alors refait sa vie, a entendu sonner à sa porte. C’était un vendeur à domicile, d’aspirateurs ou d’encyclopédies (l’histoire a été racontée tant de fois que je ne sais pas trop ce qui relève de ma propre imagination ou de la réalité). Ma grand-tante l’a éconduit mais lorsqu’elle a refermé sa porte, elle a été saisie d’un doute. Elle n’a jamais pu savoir si cette intuition terrible était fondée parce que l’homme était déjà loin, mais je crois que jusqu’à la fin elle s’est demandé si ce jour là ça n’était pas son époux disparu qui avait sonné chez elle. En lire plus »

Le portnawak du jeudi

2015-09-10 15.40.20

« Sur quoi tu bosses en ce moment ? », m’a demandé hier mon fils qui rentrait de l’école, après que j’ai terminé mon interview téléphonique. « Des trucs… », j’ai répondu. C’est con, il doit s’intéresser une fois par décennie à mon boulot et ça tombe le jour où je suis en pleine enquête sur l’éjaculation précoce. Lui et moi n’avons pas de sujets tabou, entendons nous bien. A part l’éjaculation précoce par exemple.

D’ailleurs autant vous dire que je ne croule pas sur les témoignages. Jusque là, je n’ai eu que deux courageux prêts à se mettre à table (hu hu hu). Bizarre. Si d’aventure il y a parmi vous des hommes pressés ou des femmes d’hommes tirant plus vite que leur ombre, je prends. (on se comprend).

Voilà, à part ça… En lire plus »

Belle de fer

toureiffel

Hier je me faisais la réflexion qu’un déménagement tout de même, ça n’est pas rien. Nous n’avons finalement bougé que de quelques kilomètres, nous sommes restés sur la même ligne de métro et je mets environ 15 minutes de plus qu’avant pour aller à Châtelet. Sauf que. Je ne vais presque plus à Châtelet, à moins d’y être obligée (ce qui était plus ou moins le cas avant, cela dit). Mais je m’égare. Un déménagement comme celui-ci, donc, ça n’est pas rien. Nous sommes toujours les mêmes mais pas tout à fait. Le fait que chacun ait désormais son espace a considérablement dilué les motifs de crispation (« dégage de ma chambre, bolosse » est l’une des phrases qu’on entend beaucoup moins). Paradoxalement cela dit, le salon est plus que jamais finalement LA pièce la plus fréquentée de la maison (ne vous excitez pas trop à vouloir absolument donner des chambres à vos enfants, la vérité c’est qu’ils n’en ont rien à foutre, ce qu’ils veulent, eux, c’est squatter VOTRE place sur le canapé). A titre personnel, je crois que je suis peut-être celle qui ressent encore plus fortement ce changement. Travaillant à la maison, je m’en imprègne tout au long de la journée, je me familiarise avec ses bruits et ses lumières, qui changent au gré des heures. Je connais désormais toutes les caissières de Monoprix, ai mes habitudes à la boulangerie et la maison de la presse, repéré le meilleur fromager du marché et connais la carte du japonais par coeur. Je ne sais pas si ce sont mes souvenirs d’enfance qui remontent, si tout cela était inscrit dans mon ADN sans que je le sache, mais je suis subjuguée par l’apaisement que me procure le fait de vivre dans un lieu qui fleure la province. Ma nouvelle ville n’est pas particulièrement jolie, mais j’en adore la place de la mairie et la médiathèque à deux pas de chez moi. Entendre les cloches de l’église, emprunter ce passage plus étroit que le chas d’une aiguille pour emmener Rose dans sa nouvelle école, commencer à croiser des visages plus familiers… Trois fois rien et pourtant la sensation de faire ma place. Et, cerise sur le gâteau, la possibilité, si j’en éprouve le besoin, de me frotter à nouveau en un coup de métro à l’effervescence parisienne. Je dis souvent qu’on ne réalise à quel point tout va plus vite à Paris que lorsqu’on s’en échappe. Je crois que j’étais arrivée à un stade où je ne pouvais plus, où tout me semblait trop haut – le 13ème est en plus un arrondissement à très forte densité urbaine – trop bruyant. Je ne suis pas à la campagne, loin s’en faut, mais cet entre deux me va bien, mieux encore que je ne l’imaginais. En lire plus »

La misère du monde

IMG_8871

Depuis des jours, je me demande. Comment parler de tout ça. Est-ce que ma voix peut compter ? Est-ce que glisser quelques mots indignés changera quelque chose ? Ou bien est-ce que cela ne servira qu’à apaiser ma mauvaise conscience d’occidentale bien tranquille dans sa maison fraichement rénovée ? Je n’ai pas la réponse. Je n’ai pas parlé à chaud de ce tout petit enfant qui semblait dormir la tête dans le sable. Parce que tout ce que j’essayais de coucher sur le clavier me semblait indécent. L’image m’obsède comme elle doit vous obséder. Mais une fois dit ça, je fais quoi ? Est-ce que je suis prête à accueillir dans ma maison fraichement rénovée une famille de réfugiés ? La réponse est non, je ne vais pas vous la jouer Marc Lavoine et sa clique de people, dont l’indignation est bien sûr louable, mais dont je doute qu’ils vont ouvrir les portes de leurs maisons secondaires probablement vides hors saison. Alors j’ai dans un premier temps décidé de me taire, parce que je reste convaincue que ces choses là doivent se régler au plus haut niveau. Que si Barack Obama ne l’avait pas fait à l’envers à Hollande au moment où ce dernier voulait dégommer Bachar, on n’en serait pas là. Qu’aujourd’hui, les frappes en Syrie vont certes tuer des islamistes mais aussi des rebelles légitimes dans leur volonté de faire tomber ce dictateur – accueilli à bras ouverts chez nous par Sarkozy il y a quelques années, SHAME ON US. Que pleurer cet enfant et les autres, c’est le moins qu’on puisse faire mais que ça leur fait une belle jambe à l’arrivée. En lire plus »

It’s a new day…

home

C’est peut-être parce qu’on y est arrivés au premier jour des vacances scolaires, mais cette nouvelle maison nous apparait depuis qu’on y est installés comme un lieu de villégiature avant tout. A tel point qu’hier soir, aucun de mes trois enfants ne croyait réellement à cette histoire de rentrée. Je ne vous dis pas les négos pour les convaincre de se coucher à une heure décente. Il faut dire qu’ils n’avaient jusque là jamais connu ça au quotidien: les repas dehors, les escaliers qui craquent, le jet d’eau quand il fait trop chaud. Quant à nous, nous avons beau avoir vécu tous deux « en maison » durant notre enfance, nous avions un peu oublié, j’imagine.

Compliqué d’ailleurs aussi pour moi, je l’avoue, de trouver mes marques et mes repères pour travailler. Je teste différentes pièces, différentes positions. C’est le même canapé, oui, mais bizarrement je ne m’y cale plus comme avant, lui préférant mon lit et le calme de ma chambre. Je me sens prête pour un bureau à vrai dire, j’ai l’illusion d’y écrire différemment, d’autres choses. En lire plus »