Mois : novembre 2007

Le billet décousu du vendredi

Pas beaucoup de temps aujourd'hui et puis le cerveau en bouillie, comme un vendredi. Alors petit billet décousu pour une fin de semaine qui ne l'est pas moins…

 

 

 

 

 

 

Dans le Elle de cette semaine, il y a un classement des femmes les mieux habillées. Pfffff… En fait, je ne sais pas quoi en dire. A part peut-être le fait que personnellement Gwen Stefani, arrivée deuxième, bon, pour moi ce n'est pas le summum de la classe. Mais surtout, j'ai envie de dire, d'où ? D'où on juge et on classe ? D'où il y a un grand livre de l'élégance ? En fait, j'en ai assez qu'on m'explique que ça c'est in, ça c'est out, ça c'est bien, ça c'est vraiment pas stylé, ça tu prends, ça tu jettes. Non parce que le résultat mes cocottes, c'est qu'on est toutes en leggings en mars et en jean large en septembre. On a toutes des low boots en octobre et probablement des ballerines en janvier. Et on est… chiantes. Alors moi je dis oui à la faute de goût, oui à la vilaine sape, oui à la fashion mistake. Et non à la police du style, qu'elle sévisse sur les blogs, dans les magazines ou ailleurs. Parce que personnellement, la police du style, ça me fait penser aux talibans.

 

Si tu veux mouiller ta culotte – je sais c'est horriblement vulgaire mais je suis rebelle en ce vendredi. Oui, résolument, je le suis – va voir "La nuit nous appartient" ou si tu es fluently english, "We own the night". Joaquim Phoenix est une espèce de bestiau au regard triste, un looser courageux, un homme terrassé par son destin. Ok, y'a aussi Eva Mendes qui renvoit Jenifer Lopez et sa copine Salma à leurs fournaux tellement c'est LA latino brûlante du moment. C'est noir, c'est à NY, ça sent la cocaïne et la cigarette, les femmes et l'honneur. C'est tout simplement magistral.

 

Sarkozy, pour augmenter notre pouvoir d'achat, nous propose de bosser le dimanche. En fait, pas besoin de développer, ça se suffit à soi même.

 

Dans Paris-Obs, y'a tout un dossier sur les blogueuses trop de la hype qui tuent. Vous n'y verrez pas ma trombine sur la couverture rapport que j'ai refusé, mon patron lit Paris-Obs. Nempêche que ça parle un peu de Penseesderonde. Surtout, vous y apprendrez tout un tas de choses passionnantes et vraies, comme le fait que les blogueuses sont capricieuses et exigeantes, qu'elles se tirent les cheveux dans la cour de récré et qu'elles peuvent gagner jusqu'à 5000 euros par mois avec leur blog. Le grand jeu maintenant c'est de trouver QUI gagne ça. Ah l'article vaut aussi pour les propos d'un homme, un vrai, un gentleman, qui compare la blogosphère féminine à un poulailler. Classe.

 

Le truc le plus in en ce moment c'est de fermer son compte fesse-book. Mouais. En fait moi j'avoue, ça m'a passionnée trois jours et depuis il est en jachère.

 

Demain on est en décembre et je ne suis pas mécontente de quitter ce putain mois de novembre.

 

Edit: je n'ai pas jugé utile de le préciser, mais pour les 5000 euros, c'est pas moi hein. D'ailleurs si c'était moi, ça fait longtemps que je ne vous parlerais plus, tu penses !

T’es complètement nioude comme fille

Alors aujourd'hui, je vais te parler de ton maquillage. Oui, je sais, ce n'est pas vraiment ma spécialité ou ma marque de fabrique. En même temps, je suis une femme à multiples facettes figure-toi. Si si.

 

Bref, aujourd'hui disais-je, je vais t'expliquer comment qu'il faut que tu sois maquillée si tu veux aller dans une soirée mondaine et passer pour une reine de la nuit.

 

C'est simple, il faut que tu sois nioude. Oui, nioude. De l'anglais "nude". En gros, ta peau, elle doit être complètement à poil. Tu vois, ou bien ?

 

Ben oui, ma pauvre chérie, si t'en es encore à te tartiner de terracota pour faire "bonne mine" ou, pire, d'embellisseur abricot, laisse moi te dire que t'es en retard d'une tendance. Limite tu risques de te faire claquer la porte au nez du grand monde.

 

Alors que si tu suis mes conseils et que tu apprends à devenir une vraie femme nioude, je ne te raconte pas comme tout va s'ouvrir sur ton passage.

 

Donc, le nioude, au départ, c'est assez easy comme concept rapport que c'est la négation du maquillage. Sauf que ça c'est valable que si t'es née dans les années 90 et qu'en plus niveau hormonal t'es méga gâtée ou bien que tu as bouffé ta ration de roaccutane l'année dernière. Sinon, le nioude, je suis navrée de te l'annoncer, il va te demander d'y mettre un peu du tien.

 

En gros, si tu m'as bien comprise, l'idée, c'est d'avoir l'air pas maquillée et de ressembler à une jeune fille qui aurait à peine les joues rosies après une course au grand air. Je sais. Tu n'es pas la seule à ressembler à un boeuf agonisant après une course au grand air. Et c'est justement mon propos. Il n'est pas question de laisser la nature faire son boulot vu que cette garce est rarement de notre côté.

 

Donc, je reprends, pour parvenir à la quintessence du nioude, toi et moi on va devoir ruser. Et tenter de reproduire sur notre visage cette impression de peau presque à poil. Avec du fond de teint. Mais pas n'importe lequel. Le plus clair possible. Et surtout, du "minerals". Ne me demande pas ce que ça veut dire parce que je n'ai pas super bien compris. Je crois que ça signifie que c'est fait avec des minéraux et que du coup, ta peau, elle te remercie, rapport que les mineraux c'est bon pour ta peau. Il va de soi aussi que tu choisis un matos couvrant parce que le nioude ça ne supporte pas les imperfections.

 

Après, tu mets un peu de poudre, je crois, mais là encore, ne va pas me dégotter de la terre de soleil, tu foutrais totalement en l'air le concept de la nudité. Poudre blanche donc, et pour finir, un léger voile de blush rose très pâle. Oui, absolument, je vois que tu as bien suivi, le blush rose, c'est ce qui va donner l'impression que tu as couru dans l'herbe en riant aux éclats du haut de tes seize ans. Parait que tu peux aussi te pincer un peu les pommettes et que ça marche. Je sais. Chez moi non plus ça ne marche pas, juste on voit que je me suis pincée les joues.

 

Voilà, si tu as suivi mes conseils, a y'est, t'es toute nue du visage.

 

Et tu ressembles à Cruella. Ou à Julie Depardieu.

 

Ben oui, parce que la voilà l'arnaque. En vrai, jamais tu peux avoir l'air d'une vierge effarouchée qu'aurait gambadé dans les prés. Sauf si tu es une vierge effarouchée qui vient vraiment de courir dans les prés.

 

Donc moi je dis ça je dis rien mais personnellement la Terracota, ça se voit sûrement que j'en ai mis mais au moins ça m'évite d'entendre douze fois dans la journée que j'ai une petite mine (= tu as une sale gueule, voire "putain t'as pris dix ans"). Parce que j'oubliais mais le côté platrage blanc de blanc, ça passe quand tu viens de le faire. Mais au fur et à mesure de la journée, le fond de teint, il finit par fondre comme le glacier des Grandes Jaurasses – tu connais pas les Grandes Jaurasses ? C'est pas grave, c'est une image – et il dégouline dans les petites rigoles que tu as sur ta figures à toi et communément appelées "rides d'expression". Et à la fin de la journée, dès que tu souris, on voit plus que ça, ta fonte des neiges.

 

Bref, je suis désolée de te l'apprendre mais si tu es née dans les années 70 et que tu considères comme moi que s'enfiler du botox à notre âge – encore juvénile – est du domaine de l'impensable – et qu'en plus tu n'en as pas les moyens à moins d'expliquer à tes enfants que non, on ira pas au cinéma ce week-end, maman doit combler sa ride du lion – le nioude, c'est moyen fait pour toi.

 

Maintenant, ça ne veut pas forcément dire que tu es obligée de plonger la tête dans l'embellisseur abricot. Juste, en fait, tu fais comme tu peux pour limiter les dégats tout en restant toi même. Et tu oublies que tu n'es pas trendy vu que dans deux ou trois semaines le nioude, dans Elle, ce sera out. Personnellement, surtout, mes rides, j'ai décidé de les aimer. Et si je mets un peu de fond de teint histoire d'unifier, je ne rêve pas, toujours on les verra. Et la bonne nouvelle ce que ce n'est pas prêt de s'arrêter. Mais comme dirait l'autre, à la fin, on a l'âge de ses artères, ni plus, ni moins…

 

Allez, je sais, je ne t'ai pas aidée. De rien quand même.

Edit: Le mot "nude" fait péter les plombs de l'antispam. Va savoir ce que ça veut dire en vrai pour les brittons… Quoi qu'il en soit, faites comme moi, françisez-le !!! Spécial dédicace d'ailleurs à Fyfe et sa "Nioudity" que je trouve grandiose.

C’est le cancer qui l’a assassiné

Ce soir, je devais aller à l'Olympia. Pour le concert du groupe qui m'a fait danser des années durant, toujours avec la même fougue. Enfin j'allais les voir en vrai, après un nombre incalculable d'occasions manquées.

 

Oui, ce soir j'avais rendez vous avec les Rita.

 

Et puis depuis hier, je savais que je n'irais pas parce que Fred Chichin, l'alter ego de Catherine Ringer, grand échalas étrange et doué, était malade. Je sentais bien que c'était grave, le mail envoyé par la maison de disque était sans équivoque, Catherine Ringer avait besoin d'être à ses côtés. Mais j'étais loin d'imaginer à quel point.

 

Il est mort aujourd'hui, assassiné par un cancer. Le soir de son Olympia. Il est presque mort sur scène, finalement, non ?

 

C'est mon deuxième billet de la journée et je suis bien triste qu'il ne soit pas plus gai que le premier.

 

Voilà, Fred Chichin n'est plus et moi je me sens un peu en deuil.

L’impossible mort

Tom est mort. C'est le titre du dernier livre de Marie Darieussec. Livre dont j'aurais voulu vous parler parce que lorsque je l'ai commencé, je me suis dit que c'était probablement un des plus beaux qu'il m'ait été donné de lire.

 

L'histoire ? Tom est un petit garçon de trois ans. Mort. Sa mère, dix ans après, raconte. Tout. Du décès à l'hôpital à la crémation, des premiers jours d'hébétude à la lente descente dans les enfers de la mort d'un enfant.

 

Ce qui est fou ? Ce qui est fou c'est que même en n'ayant pas d'enfant mort, on a la sensation extrèmement troublante qu'on est cette femme. Et forcément, là, c'est devenu un énorme problème pour moi.

 

Parce que Tom est devenu mon enfant. Ou plutôt, il faut bien l'avouer, j'ai été terrorisée à chaque page que mes enfants subissent le sort de Tom. Cette douleur je l'ai touchée du doigt il y a des années à la naissance de mes jumeaux. Seulement effleurée. Mais elle a dû laisser son empreinte bien plus profondément que je ne le pensais puisque chaque ligne de plus m'est devenue au fil des pages insupportable.

 

Alors voilà, je n'ai jamais terminé Tom est mort. Il est au pied de mon lit, je le vois tous les soirs et tous les soirs je renonce à l'ouvrir. Par peur de provoquer le sort. Par peur peut-être aussi de déterrer cette souffrance tapie depuis ce jour de mai où la poitrine de mon fils de 46 centimètres se soulevait trop vite, trop fort.

 

La question que je me pose aujourd'hui c'est celle-ci: est-ce que je suis incapable d'aller au bout d'un livre que j'estime pourtant excellent uniquement parce qu'il fait écho à mon histoire ? Est-ce que tout mère peut éprouver la même incapacité ? Est-ce que même sans enfant il reste extrèmement compliqué de lire un tel ouvrage ?

 

En fait ça fait beaucoup de questions. Et je n'ai pas les réponses, peut-être les avez-vous ?

Un tout petit bonheur…

C'est une toute petite phrase. Quelques mots perdus dans un grand article. A propos d'un livre auquel je n'ai fait que participer.

 

Et pourtant, ça m'a fait le même effet que lorsqu'on trouve un billet de cinq euros par terre ou qu'on s'aperçoit qu'il reste encore un finger au fond du paquet.

 

Pourquoi ? Parce que voilà, c'est dans Elle. Et que cette phrase, elle est de moi. Oui, on parle de moi dans le Elle. Oh, ça ne vaut pas le coup de l'acheter pour ça hein. Parce que ces mots là, vous les avez lus ici, et que le livre en question, j'en ai déjà parlé. Mais voilà, découvrir dans le bus un lundi soir où tout me semblait sombre et froid, que parmi les dizaines de textes de ce magnifique ouvrage, "Paroles de femmes", la journaliste avait choisi notamment un extrait du mien, fut-il très court, en précisant qu'il était écrit par la "ronde Caroline", et bien ça m'a mise en joie. D'autant que la journaliste c'est Olivia de Lamberterie et que je partage souvent ses coup de coeur.

 

Alors j'avais envie de vous en parler à vous, amis de la toile qui me faites l'honneur de me rendre visite tous les jours ou presque.

 

Parfois, il y a de tous petits bonheurs, c'en était un. Bien sûr, ça ne m'empêchera pas demain ou un autre jour de brocarder comme il le mérite le Elle. Mais force est de reconnaitre que je ne me sens plus péter d'y avoir lu mon prénom. Je sais, c'est paradoxal pour quelqu'un qui passe son temps à pousser des grands cris contre les féminins. Mais voilà, j'assume totalement cette contradiction… et toutes les autres.

 

Baisers de ronde.

C’est quoi ton rituel beauté ?

Je ne sais pas toi mais personnellement je suis toujours fascinée par les témoignages d'icones de la mode ou du chaud-buzness sur leurs petits rituels beauté. En général, elles t'expliquent que bien évidemment, rapport à dame nature qui les a bien gâtées, elles ne font presque rien pour ressembler à ce qu'elles sont.

 

Enfin, "trois fois rien"…

 

Genre, le matin, elles commencent par boire un grand verre d'eau citronnée à 22° – pas plus chaud pas plus froid sinon c'est planté pour le teint de rose que c'est censé te donner – et ça avant même de poser le pied par terre. Déjà, ça commence mal pour toi qui voudrait faire pareil. Enfin sauf si tu as une domestique préposée au verre d'eau citronnée à 22°. Ou un mec vraiment super sympa qui te le prépare pendant que toi tu "t'étires comme un chat".

 

T'as jamais remarqué ? Les stars, elles ne se réveillent pas en rougnaffant – ouais moi le matin je rougnaffe, c'est comme ça – que ce soir putain c'est sûr, à neuf heures je suis au lit parce que là c'est trop dûr sa race. Non, les stars interrogées dans les magazines de la beauté, elles s'étirent comme des chats et elles boivent de l'eau citronnée.

 

Ensuite, elles se lèvent. Et là, elles boivent des "litres de thé vert". T'as déjà bu du thé vert toi ? Non, je veux dire, sans les trois kilos de sucre et la menthe ? Moi j'ai essayé une fois. Laisse moi te dire que pour m'en enfiler des litres au réveil, c'est no way, on dirait du pipi.

 

Après, elles ne le disent pas mais à mon avis, le citron chaud et le thé vert, ça les conduit tout droit aux wawas. Et pendant un bon bout de temps, je pense. Mais ça, tu peux toujours courir pour le lire, parce qu'évidemment, une star ne fait pas caca, elle se DETOXIFIE, nuance.

 

Puis la star, parfois, mange. Si si. Une tranche de pain complet avec du beurre d'amande. Genre. Ou du beurre aux algues. Ou de noisette. Bref, un beurre que tu trouveras jamais au G20.

 

Après ce gros lachage sur la nourriture, elle s'adonne à son second rituel quotidien – le premier c'était l'eau citronnée, faut suivre hein. Tout d'abord, elle s'asperge d'eau glacée, comme sa grand-mère de 108 ans qu'elle adore lui a toujours dit de le faire. Là, tu me diras, rien de plus facile. C'est vrai. Sauf que toi, quand tu t'asperges d'eau glacée, tu as envie de pleurer direct tellement c'est une agression. Et à part te coller des grosses plaques rouges sur les joues, t'as toujours pas compris la valeur ajoutée de la torture en question.

 

Surtout, la star, ensuite, elle s'enduit le visage d'une mixture d'une marque que tu peux à peine prononcer et d'ailleurs en même temps ce n'est pas grave parce qu'on ne la trouve que dans la banlieue de Tokyo. A chaque fois qu'elle y va, elle en rapporte des caisses tellement c'est magique. Elle laisse poser son masque japonais quelques minutes et continue à boire du thé vert, voire, comble du délire, un thé matcha de Mongolie réputé pour purifier l'épiderme. Et tout est à l'avenant: le bain dans lequel elle infuse des petits sachets de lait en poudre, et qu'elle ne peut prendre qu'avec une bougie Dyptique parfumée au feu de bois irlandais, la lotion à 2000 euros du coloriste des stars pour redonner de la vivacité à son blond par ailleurs totalement naturel, le massage de ses orteils au beurre de yack, ses deux heures de Pilates avec son coach perso, sa pause méditation sur un tapis ramené tout droit du Bouthan et tissé à la main par des moines boudhistes, etc etc etc.

 

Bon, à ce stade de l'article, son "trois fois rien", à la star lambda, tu te rends compte qu'il te bouffe tout le temps qui t'est normalement imparti pour: te lever, te trainer sous la douche, avaler une énorme tartine de beurre trempée dans du café pas du tout commerce équitable rapport que chez Champion ils en font pas et qu'en plus en général il a le goût du thé vert, le café commerce équitable, t'habiller APRES t'être enduite de fond de teint et ruiner ton chemisier du même coup alors que merde, tu le sais bordel qu'il ne faut pas faire ça dans ce sens, secouer chouchou et pupuce, préparer leur petit déjeuner qu'ils toucheront à peine parce que si tu es déjà arrivée à faire bouffer un gamin avant 8h du matin je te tire mon chapeau, les habiller, rhabiller pupuce qui se roule par terre parce que ce pull vert elle le déteste et que TOUT LE MONDE VA SE MOQUER D'ELLE si tu la forces, chercher tes clés, recourir aux plus immondes chantages pour que chouchou mette sa cagoule, en appeler dès le mois de septembre au père Noël qui "voit tout" MEME S'IL N'EXISTE PAS et qui risque de ne vraiment pas être content d'un tel spectacle, fermer enfin la porte, partir au pas de charge à l'école, revenir en courant parce que tu as oublié ton portable, le chercher partout, le retrouver là où tu l'avais mis à savoir dans ton sac, hurler contre tes garces de clés qui en ont profité pour se faire la malle, embrasser chouchou qui vient de les retrouver sur la porte, détaler en direction de l'école tout en rassurant pupuce qui après avoir mis la plus mauvaise volonté à se dépêcher pleure à l'idée d'être en retard.

 

Et pendant ce temps là, la star, elle en est à s'essuyer délicatement les yeux avec un coton en microfibres acheté chez Colette – pas ta cousine, banane – imprégné de solution micellaire. Et je ne te dis pas, on n'en est qu'au démaquillage alors qu'en plus, ELLE, elle a déjà passé une heure la veille au soir à "préparer sa peau pour la nuit". Toi, les soirs où tu passes par la case Lait démaquillant Diadermine, ça arrive tous les 30 février et encore.

 

Bon, bref, en gros, une fois que tu as fini l'article de ton magazine préféré, tu es presque rassurée. Parce que tu te rends compte que bien sûr, entre sa peau de velours et ta couperose naissante, il y a comme un océan. Mais en même temps, quoi qu'elle en dise, ça s'explique.

Sally (fin)

Bon et bien voilà la fin… Merci pour votre lecture, c'est étrange, alors que ce n'est que pure fiction, j'ai l'impression de me livrer beaucoup plus en vous soumettant ce texte que lorsque je vous raconte ma vie. Peut-être parce qu'il s'agit là de ma "première fois", ma première tentative de mettre en mots une histoire. Et l'avoir relue me confirme qu'il est long le chemin de la perfection !!!

 

– "Anna ?". Sally ne peut réprimer un mouvement de surprise.

 

– "Oui ?", lui répond la femme.

 

-"Non… rien c'est juste que ma m…, non, rien, pardon, je suis juste un peu dans les vappes, je suis vraiment désolée, ça va aller, j'arrive dans cinq minutes".

 

-"Ok, miss, prends ton temps. Je te tutoie, hein, après tout on a presque le même âge, enfin, pas tout à fait, mais je n'arrive pas à te vouvoyer. Tu as quoi, 18 ans ?"

 

-"17 et demi", répond Anna dans un souffle.

 

-"Et moi 24 ! tu vois, on pourrait être soeurs !"

 

En guise de réponse, Sally hoche la tête timidement. Petit à petit, les pièces du puzzle semblent trouver leur place dans son cerveau embrumé. Cette voix, ce prénom… Oui, ça pourrait coller. Les cheveux sont bruns, sans une once de gris, mais ils sont raides comme ceux de… Et cette petite tache, là, près de l'oeil… Instinctivement, Sally porte la main à son visage, comme pour vérifier que son grain de beauté à elle est toujours à sa place. La petite protubérence roule sous son doigt, exacte réplique de celle de la jeune femme en face d'elle.

 

Sally sent la boule au creux de son ventre peser à nouveau. Cette femme, là, si souriante, si ostensiblement sûre d'elle et accueillante, serait donc… sa mère ? Sa mère, il y a, quoi… 20 ans ? Un peu moins peut-être… "C'est un rêve, c'est un rêve", se répète-t-elle intérieurement. La voix d'Anna la sort de sa torpeur. "Bon, allez, lève-toi, j'ai de la limonade au frais, et un reste de cake. Je vais te requinquer".

 

"Après tout, même si c'est un rêve, il n'est pas pire qu'un autre", se dit Sally, en se redressant. Et si finalement c'était l'occasion d'en apprendre un peu plus sur celle qui sera sa mère dans quelques années ? En arrivant dans la cuisine, elle reconnait le petit poste de radio. La cassette tourne, et la musique des Beach Boys emplit la pièce.

 

"She should be with me, It could set her free
Come with me, Be with me, A part of me"

 

-"ça va, la musique n'est pas trop forte ?", lui demande Anna.

 

-"Non, non, pas de problème, j'aime bien ces vieux groupes"

 

– "Hey dis-donc, la miss, tu es un peu à la masse, non ? Les Beach Boys, un vieux groupe ? Tu rigoles ! ça vient presque de sortir ! Dis… tu ne prendrais pas un peu trop de marie-jeanne, toi ?"

 

"Merde", s'engueule Sally intérieurement. "Encore une gaffe comme celle-là, et je suis direct expédiée dans les années 90, avec une mère neurasthénique, qui ne connait pour seule Marie-Jeanne que sa vieille cousine…".

 

– "Heu, oui, bien sûr, c'est… c'est cette chaleur, ça ne me réussit pas".

 

En lui parlant, Sally ne peut détacher son regard d'Anna. Celle-ci s'affaire, ouvrant et fermant les placards bruyamment, sortant les verres, la limonade et le cake. Ses pieds suivent la cadence du nouveau morceau des garçons de la plage. Sur la table, un cendrier garde les vestiges d'une cigarette pas très académique.

 

Que s'est-il passé, s'interroge Sally. Comment une fille aussi cool a pu devenir la femme rigide et coincée avec laquelle elle partage ses jours et ses nuits depuis 17 ans ? De toutes façons, cette histoire n'a ni queue ni tête. C'est un délire de pauvre fille paumée qui passe ses mercredis entre la télé, le frigo et son lit.

 

Elle est à nouveau interrompue dans ses pensées par Anna. "C'est mon fiancé qui m'a offert cette cassette. Je l'adore. Mon fiancé, je veux dire. La cassette aussi d'ailleurs ! On va se marier, bientôt. Dès qu'il aura terminé l'école normale. Il veut être professeur. Je te raconte un peu ma vie, là, hein ? Faut dire que toi, tu n'es décidément pas très loquace, alors que moi… c'est tout le contraire", pouffe-t-elle tout en coupant une part de cake. "Tiens ma grande, mange un peu. ça te fera du bien" et, joignant le geste à la parole, elle lui tend l'assiette pendant que son autre main vient se poser sur l'épaule de Sally.

 

L'adolescente frémit à ce contact. Son ventre semble d'un coup se dénouer, comme si la boule qui l'occupait se transformait soudain en une nuée de papillons. Elle voudrait ne plus jamais bouger, rester là, sous la paume d'Anna, dans cette cuisine qui sent l'herbe et le cake, avec le bruit du ventilateur qui se mèle aux voix des Beach Boys.

 

Mais la sonnette de la porte met fin à cet instant parfait.

 

"C'est la journée des visites imprévues", s'exclame Anna. Elle se dirige vers le hall d'entrée, quand Sally, prise d'une peur sourde tente de l'arrêter: "Anna, peut-être que tu ne devrais pas ouvr.."

 

Trop tard, sa mère a déjà tourné la poignée, et la porte s'entrouvre brusquement.

 

"Patrick ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je t'ai déjà dit de ne plus venir ici. C'est terminé, tu comprends ?". Sally entend la voix d'Anna monter dans les aigüs. L'adolescente se précipite dans le vestibule.

 

Sally ne voit d'abord qu'une chaussure noire bloquant le battant, puis un homme, échevelé, le visage déformé par la colère. "Laisse moi entrer Anna. Lache cette porte, putain". La jeune femme tente de résister, mais l'homme donne un coup d'épaule sur le chambranle et finit par entrer. Anna trébuche et recule aussitôt. "Patrick, regarde toi, tu es dans un de ces états. Va-t-en, sinon j'appelle la police."

 

L'homme s'emporte. "Tu ne vas appeler personne, espèce de garce. Tu vas faire exactement ce que je te demande. Tu crois que tu peux te débarrasser de moi, hein ?". Puis, plus doux: "Je t'aime, moi, Anna, tu comprends ? J'en peux plus de ne plus te voir. Allez, viens là, viens contre moi, je t'en prie…".

 

"Arrête, Patrick, c'est fini, je te dis. J'aime quelqu'un d'autre", soupire Anna.

 

Sally est comme pétrifiée. Elle voudrait intervenir, mais elle reste plantée, à regarder cet homme manifestement ivre. La peur gagne Anna qui semble soudain toute petite.

 

"Je ne suis pas seule ici, Patrick. Va-t-en. Pour la dernière fois, va-t-en ou mon amie appelle la police".

 

"Ton amie ? Elle, là, cette gosse ? J'en ai rien à faire de cette gamine. Elle a pas intérêt à bouger. Tu m'entends, toi ?". Sally se terre contre le mur. L'homme attrape le bras d'Anna et le lui tord. Il l'attire violemment vers elle et tente de l'embrasser. Anna se met à crier. Sally ferme les yeux, elle veut repartir, loin, fuir cette scène atroce. Mais les cris de la jeune femme lui vrillent la tête. Son corps lui fait mal, comme si les mains de l'homme la frappaient elle. A chaque gémissement d'Anna, c'est un coup de couteau qu'on lui enfonce. Le bruit d'une robe qu'on déchire finit par la sortir de cet état d'hébétude. Elle bondit dans la cuisine et s'empare du couteau posé près du cake. L'homme qui lui tourne le dos ne la voit pas se jeter sur lui.

 

Elle le frappe une fois, entre les omoplates. Il se retourne et la regarde, comme étonné, presque calme, la bouche tordue de douleur. Puis il s'affaisse, lentement, en ne la quittant pas des yeux. Sally non plus ne peut lacher ces prunelles noires, se noyant peu à peu dans leurs ténèbres.

 

Subitement, elle comprend ce qu'elle vient d'interrompre.

 

Ses doigts, comme privés de leur force, lachent le couteau qui tombe, étrangement, presque sans bruit. Sally ne sent plus ses mains. Elle entend, au loin, les remerciements d'Anna étouffés par les sanglots. Puis tout devient de plus en plus flou. Le sourire de sa mère, la main sur son épaule, le transistor…

 

I can hear music, I can hear music
The sound of the city baby seems to disappear
I can hear music, Sweet sweet music
Whenever you touch me baby, Whenever you're near

 

Bercée par la voix des Beach boys, Sally s'efface.

 

Le silence se fait. Sally n'est plus.

 

Fin…

Sally (3)

Troisième épisode… Je m'aperçois qu'en réalité, la nouvelle est longue, alors je vous la livre au compte goutte, histoire de ne pas vous lasser…

 

Edit: Mouna, je ne sais pas si tu te souviens de ce texte. Je l'ai un peu modifié bien sûr, mais tout de même je tiens à le dire, C'EST DE LA PURE FICTION…

 

"Je dois dormir, se dit Sally. Ou alors, peut-être que je dois arrêter de me toucher comme ça, c'est peut-être vrai que ce qu'on dit, ce n'est pas normal. J'ai dû y aller un peu fort et maintenant, je ne sais plus où j'en suis."

 

Elle ferme les yeux puis les ouvre à nouveau, espérant que dans le laps de temps sa bonne vieille chambre sera à nouveau là. Mais non, la tapisserie orange et vert tout droit sortie d'une série américaine des années 70 n'est pas la sienne. Et ce ventilateur qui tourne bruyamment… On dirait un modèle d'il y a vingt ans. Pourtant, il est flambant neuf. Elle s'apprête à se lever pour regarder par la fenêtre, quand la porte s'ouvre. Une jeune femme entre, l'air un peu inquiet.

 

"Vous vous sentez mieux ? On peut dire que vous m'avez fait une de ces frayeurs ! Je n'avais jamais vu quelqu'un tomber dans les pommes comme ça. Vous êtes encore drôlement pale. Tenez, je vous ai apporté un verre d'eau".

 

"Que… qu'est-ce que.." De mieux en mieux. Que fait cette femme chez elle ? Ou plutôt, que fait Sally chez cette femme ? Si c'est un rêve, et C'EST un rêve, il ne peut en être autrement, il est tout de même très réèl… La jeune fille prend malgré tout le verre que son hôtesse lui tend. Pas de doute, l'eau fraiche n'est pas imaginaire. Et lui fait un bien fou. Il faut dire que l'air est moite, et que malgré le ventilateur, cette pièce est une véritable étuve.

 

"Vous ne savez plus trop où vous êtes, n'est-ce pas ?", continue la jeune femme. "Vous avez sonné il y a quelques instants, vous vouliez me vendre une encyclopédie, enfin je pense, vous m'avez tendu votre prospectus et puis vous êtes devenue toute blanche. J'ai tout juste réussi à vous retenir alors que vous tombiez et je vous ai trainée tant bien que mal sur mon lit. C'est sûrement une réaction à la chaleur. On bat des records cette année. Je ne pense pas que ce soit très grave, le temps d'aller à la cuisine vous chercher un peu d'eau et vous vous êtes réveillée".

 

Sally ne répond rien, de plus en plus sceptique sur son état mental. Elle se promet intérieurement de ne plus jamais se livrer à ses jeux coupables. En même temps, une telle douceur se dégage de la propriétaire des lieux qu'elle n'arrive pas vraiment à avoir peur.

 

"Et bien dites-donc, vous n'êtes pas bavarde, hein ? Reposez-vous encore un peu si vous voulez. Prenez votre temps. De toutes façons, ce n'est pas humain de travailler par cette température. Les encyclopédies attendront ! Moi même, je devais aller à la bibliothèque faire des recherches, mais je n'ai pas eu le courage. Alors vous voyez, pas de panique. Je vous laisse reprendre vos esprits"

 

La jeune femme s'apprête à ressortir, puis semble hésiter. Elle se retourne et lui demande dans un sourire: "C'est drôle, vous êtes sur mon lit et je ne connais même pas votre nom !"

 

"Je… je m'appelle Sally"

 

"Enchantée, Sally. Quel joli nom… Moi c'est Anna".

Sally (2)

Allez, chose promise, chose dûe, voici la suite, la fin arrivera demain…

Après tout, d'ailleurs, pourquoi ne pas s'accorder ce petit plaisir, là, maintenant ? ça la fera peut-être tenir jusqu'à 16h, sacro-sainte heure du goûter. A ce moment là, elle aura « le droit » de manger. Au moins un morceau de pain. Avec un fruit. Enfin, n'importe quoi.

 

Avant de se glisser sous ses draps, Sally va chercher la radio dans la chambre de sa mère. Un peu de musique pour rendre l'instant moins cruellement et pathétiquement solitaire… C'est la seule « fantaisie » de sa mère, ce poste. Le soir, avant de dormir, elle écoute les infos, les écouteurs sur les oreilles pour « ne pas déranger ». Si elle savait ! Sally préfèrerait la radio à plein tube plutôt que ce silence. En ouvrant le tiroir de la table de nuit maternelle pour y trouver le casque, son regard est attiré par une cassette audio visiblement vieille de quelques années, mais dont la bande usée indique une écoute régulière. Sur la tranche, il est écrit : « Pour Anna ». Anna… pour un peu Sally aurait oublié le nom de sa mère. Intriguée, Sally prend l'objet et emmène le tout dans sa chambre. Alors comme ça, sa "Anna" écouterait de la musique…

 

Elle branche l'appareil et un vieil air des Beach boys emplit la pièce, une musique si loin de sa mère que Sally en sourit. Les notes de musique un peu suranées l'apaisent instantanément. Elle s'allonge sur son lit, laissant sa main prend le chemin maintes fois exploré, allant et venant doucement, au rythme de la mélopée californienne. L'orgasme ne tarde pas à la saisir, violent et explosif. Après de longues secondes de jouissance, elle reste immobile, à demi-consciente, secouée par instants de spasmes, comme autant de répliques d'un séisme à l'intensité inespérée.

 

Quand elle rouvre les yeux, la musique lui semble étouffée, comme si elle ne venait plus de la chambre. Elle se redresse et ne voit plus le petit poste. Ce n'est pas la seule chose étrange. Le papier peint des murs qui l'entourent a changé. Et pour cause, le lit sur lequel elle est étendue n'est pas le sien. Et cette chambre non plus…

 

A suivre…

Sally

Certains d'entre vous m'ont demandé la nouvelle intitulée Sally. Comme je n'ai pas de temps aujourd'hui pour poster, je me dis que ça pourrait vous faire plaisir que je vous la mette en ligne. Je précise que cette nouvelle avait été écrite sur mon ancien blog et est inspirée d'un texte que j'avais écrit en 1ère et qui d'ailleurs avait truamatisé ma mère. On la comprend. Les enfants sont formidables, me dis-je aujourd'hui…

 

Voici donc le premier épisode, et si cela vous intéresse, je fais comme la dernière fois, je vous indique où lire la suite…

 

(petite précision: l'image n'a pas grand chose à voir et en même temps si, je crois. Et puis j'aime MissTic qui se trouve être ma voisine ou presque…)

      

Dix fois que Sally entre dans la cuisine et ressort. Il est 15 heures et la faim la tenaille. Enfin la faim… Plutôt l'envie de manger. Comme tous les mercredis après-midi, l'ennui et l'oisiveté aidant, Sally n'a que ça en tête. Jusque là, elle a résisté. Pour combien de temps ? Elle peut déjà sentir le carré de chocolat convoité fondre dans sa bouche et le jus sucré couler dans sa gorge. Le bien-être qui s'empare alors d'elle est indescritptible. L'espace d'un instant, plus de bruit, plus de peur. Elle s'oublie et devient elle-même ce chocolat en fusion. Lorsque sa salive redevient fade et sans saveur, le charme d'interrompt. Et la descente est aussi dûre que l'extase était bonne. La culpabilité s'immisce, pernicieuse et vicieuse, dans chaque parcelle de son corps. Une seule façon de la chasser: reprendre un autre carré.

 

      Mais aujourd'hui, Sally voudrait arrêter ça. Faire autre chose. Faire quelque chose. Oublier cette boule qui pèse au creux de son ventre. Elle a dix-sept ans et elle pourrait en avoir 80 tant elle n'attend rien des années à venir. Si seulement tout pouvait être moins gris, si seulement elles n'étaient pas que deux dans cet appartement. Elle, et sa mère. Sa mère sans sourire.

 

      Sally se sent aimée, ça oui, bien sûr. En tous cas, elle n'a jamais manqué de rien. Sa mère a toujours été là. Elle l'a probablement cajolée petite, l'a soignée lorsqu'elle était malade, peut-être bercée les nuits d'insomnie. Enfin, c'est ce que Sally veut absolument croire. Parce que depuis qu'elle est en âge de se souvenir, sa mère est surtout triste. Le bruit la dérange, la musique la heurte. Il y a une raideur en elle que Sally n'a jamais pu expliquer. Sur un plan strictement matériel, c'est une bonne mère. Pour le reste… Surtout, depuis que Sally a eu ses règles, que ses seins ont poussé et qu'elle quitte petit à petit le monde de l'enfance, la réserve de sa mère s'est transformée en une distance gênée. Pas question de parler de choses intimes. Encore moins des garçons. Et forcément, toute conversation ayant trait de près ou de loin au sexe est à bannir. Tabou, défense d'entrer.

 

      Pourtant, Sally, le sexe, elle y pense. Autant qu'aux sucreries. C'est dire. Du matin au soir, du soir au matin. Elle rêve des garçons, ceux de sa classe qui ne la regardent pas, ceux des séries télé dont elle s'abreuve à ses heures perdues. Elle s'invente des histoires dans lesquelles les hommes se meurent d'amour pour elle. Depuis peu, elle a également appris comment se procurer le plaisir que ces amants imaginaires ne lui donnent malheureusement pas. Au début, elle se masturbait le soir, pour s'endormir. Et puis ensuite, elle l'a fait plus souvent, dès que la boule commence à serrer trop fort ses entrailles.

 

      Un soir, sa mère est entrée sans prévenir dans sa chambre. Elle était sur son lit, tellement concentrée sur cette vague qui montait, qu'il lui a fallu quelques secondes pour réaliser qu'elle n'était plus seule. Sa mère s'est figée, la regardant avec un dégoût auquel se mélait une telle douleur que Sally fut tétanisée d'effroi. Sans un mot, elle a tourné les talons , refermé la porte et n'a plus jamais évoqué la chose. Depuis, les silences sont encore plus étouffants. Ce qui n'empêche pas Sally de passer des heures à se carresser. Pendant ce temps là au moins, elle ne pense pas à manger.

 

A suivre…