Mois : mars 2012

Labo d’écriture des Nouveaux talents #2

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Il s'appellent Germain,  tonton René, Paul, Mathilde, Gisèle ou encore Antoine. Ils ont entre 25 et 59 ans et pourtant, ils sont tous nés dans la nuit de vendredi à samedi. L'un a gagné au quinté plus, l'une copiste et mysanthrope. L'un bouscule les gens dans le métro, un autre encore est un infidèle pris au piège de ses errances. Ils sont promis à une longue vie et viendront peut-être hanter les pensées des futurs lecteurs, ou peut-être ne survivront-ils pas à ces quatre jours d'atelier d'écriture.

Ils sont nos personnages, nés de nos imaginations plus ou moins fertiles. Ils appartiennent encore chacun à leur auteur mais montrent déjà des signes d'impatience et une volonté manifeste d'émancipation. Incroyable comme en quelques heures, alors que cela me semblait pour ma part improbable, nous sommes tous parvenus à façonner ces hommes ou ces femmes, leur inventer un passé, des goûts et des dégoûts, une relation à l'autre et même, parfois, un destin. Un processus totalement fascinant pendant lequel Bruno nous guide, en distillant avec une immense bienveillance quelques conseils l'air de rien.

Il nous dit par exemple qu'écrire, c'est avant tout ne pas écrire. Une manière de nous rappeler l'importance de ces heures passées à penser à nos personnages, ce qu'on peut nommer inspiration, réflexion ou maturation.

Il dit, paraphrasant le poète Pessoa, que les livres existent parce que la vie ne suffit pas.

Il dit aussi que les rituels d'écriture sont là pour donner une colonne vertébrale à cette drôle de forme de création, qui ne répond pas à beaucoup de normes.

Il cite l'exemple de cet écrivain qui ne pouvait écrire qu'assis sur le rebord de sa baignoire, l'ordinateur posé sur un minuscule bureau. De l'inconfort jaillissaient les mots. Il parle aussi de Nathalie Sarraute, qui rédigea tous ses ouvrages  dans le bistro d'en bas de chez elle, saisissant parfois au vol les dialogues des habitués pour les intégrer dans ses histoires.

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C'est sur ce point précisémment qu'il m'a le plus intéressée. Cette invitation à ne jamais négliger le hasard comme prescription d'écriture. A savoir, en cas de panne d'inspiration, en appeler au réel pour relancer la machine. Cela peut être le choix d'un mot dans le dictionnaire, le premier de la 14ème page, au pif, que l'on s'astreindra à placer dans la future scène. Ou bien un téléphone qui sonne opportunément dans le salon et qui vient également surprendre nos personnages.

Cela peut être un cimetière dont les pierres tombales fourniront des noms aux consonnances vintage à un écrivain en panne de patronymes. Certains auteurs, nous a raconté encore Bruno, poussent le processus jusqu'à ne pas inventer un numéro de téléphone, parcourant des annuaires pour dénicher celui qui conviendra le mieux, ou arpentant les bouquinistes pour trouver de vieilles plaques de rue qui donneront une adresse parfaite à leur héros.

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Vous l'aurez compris, nous buvons les paroles de notre professeur, à tel point que parfois, j'en oublie personnellement que je suis là pour écrire. Je me demande de plus en plus si je ne suis pas meilleure "écoutante" qu'écrivaine. Une chose est certaine, il m'a donné envie de relire Balzac, Hemingway, Faulkner et tant d'autres. Ce qui à priori est une bonne chose parce que Bruno est formel: écrire, c'est aussi pour une bonne part, lire. Ça, j'ai bon. 

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Edit: Pour rappel, je suis donc pendant quatre jours un atelier d'écriture organisé par la Fondation Bouygues télécom  "Nouveaux talents". Dans le cadre d'un partenariat avec la fondation, j'ai pour mission, outre de m'imprégner religieusement des conseils avisés de Bruno Tessarech, de relater ici cette expérience.

L'épisode #1 est ici.

Labo d’écriture des Nouveaux talents, #1

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C'est une petite pièce bleue, comme une bulle au milieu du salon du livre. Un labo d'écriture, qui pendant quatre jours sera ma deuxième maison, partagée avec 11 autres aspirants écrivains* et notre vénérable professeur, Bruno Tessarech, auteur de son état.

Hier, c'était le premier épisode de ces quatres séances et je dois bien vous avouer que je n'en menais pas large. C'était amusant la façon dont timidement nous nous sommes présentés les uns au autres, avec probablement cette question en suspens: "qu'est-ce qu'il ou elle a dans le ventre, vais-je être impressionnée, vais-je le surprendre ?".

Très vite des ébauches de réponses. Le premier exercice consistait à nous décrire, sous la forme d'un texte, histoire d'échapper aux barbantes présentations sous forme de CV: "Caroline, 40 ans, trois enfants, journaliste".

Nous avons égrené les uns après les autres nos autobiographies et petit à petit, les caractères façon La Bruyère se sont dessinés. Vincent, un enfant, bientôt un autre, travaille dans l'informatique. Bénédicte, fut comédienne mais ne veut plus qu'écrire. Charles, Limoges, a des personnages dans sa tête et ne demande qu'à les faire vivre. Patrick  qui n'aime pas l'avion ni arriver en retard débarque en cours de route après avoir manqué son vol. Laetitia est bretonne avant tout et un sens de la formule qui fait mouche à tous les coups. Marion vient de Lyon et voudrait parvenir à terminer ses histoires, etc.

Au moment de lire ma prose, je ne cacherai pas avoir eu la voix qui tremblait et l'envie de disparaitre. Et puis finalement, l'intérêt d'un jeu auquel tout le monde participe, c'est que justement, tout le monde participe. Très vite la peur du jugement s'évanouit, ne reste plus que le plaisir d'être rassemblés pour la même cause: trouver nos mots.

La suite de la séance s'est passée à réfléchir sur ce qui fait l'essence d'un roman. Et de nous apercevoir que nous étions nombreux, moi y compris, à faire fausse route: l'intrigue arrive après, bien après les personnages. Et ce même dans ce genre le plus symptomatique en la matière: le polar. Preuve à l'appui, nous a démontré Bruno Tessarech: "je vous dit Conan Doyle ? Sherlock Holmes. Fred Vargas ? Adamsberg. Agatha Christie ? Hercule Poirot". Etc etc etc. 

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Notre prochaine mission releva donc de l'évidence: trouver notre personnage. Celui à qui nous donnerions sinon vie, au moins quelque substance dans les jours à venir. Le décrire, dans un premier temps, pour qu'il prenne corps. Sans tomber dans le piège consistant à rédiger malgré nous ce qui serait la première page d'un roman. Piège dans lequel j'ai non seulement sauté à pieds joins mais même plus encore: en lieu et fait d'un portrait, j'avais écrit un synopsis.

Il n'empêche qu'à l'issue de ces quatre heures, lorsque nous avons fermé la porte de notre maison bleue, je suis presque sûre d'avoir entendu les murmures de douze personnages, déjà en mal de leurs auteurs. Et lorsque ce matin nous sommes arrivés, nous avons chacun, presque instinctivement repris nos places avec le sentiment de retrouver ceux que nous avions laissés la veille.

A suivre…

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Edit: Pour rappel, je suis donc pendant quatre jours un atelier d'écriture organisé par la Fondation Nouveaux talents. Dans le cadre d'un partenariat avec la fondation, j'ai pour mission, outre de m'imprégner religieusement des conseils avisés de Bruno Tessarech, de relater ici cette expérience.

Edit2: Un grand merci à Céline et Dorothée, nos deux marraines qui se penchent tous les matins sur notre berceau.

* Patrick, Charles, Pascale, Laetitia, Benedicte, Marion, Marie, Mélisande, Vincent, Karine et Céline

Avis de tempête de Susan Fletcher

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Moïra, vingt-huit ans, est au chevet de sa jeune sœur, Amy, qu'une chute a plongée dans le coma depuis cinq ans. Perclue de remords, Moïra parle à sa cadette. Elle s'excuse de n'avoir pas été la sœur rêvée. Il faut dire que Moïra, c'est une écorchée vive qui ne peut, n'a jamais pu et ignore comment s'abandonner à l'amour des autres, de ses parents, de sa sœur, et même de son mari. Au travers de cette confession, Moïra cherche à la fois à se faire pardonner, et à assumer enfin son statut de femme, en paix avec elle-même. 

Moïra est l'héroine d'un roman de Susan Fletcher, "Avis de tempête", que m'avait donc donné ma dealeuse de bouquins avant mon départ à Maurice. J'ai adoré ce livre, qui m'a rappelé un peu "Les Déferlantes" de Claudie Gallay dans ses descriptions de la nature et de la mer. C'est un merveileux texte sur l'enfance, une réflexion sur la difficulté à aimer une intruse, une soeur pas désirée. Une allégorie sur la féminité, l'apprentissage de la séduction. Un vrai bijou qui donne envie de prendre le large, d'aller marcher sur les côtes anglaises, humer l'odeur des goemons et sentir le vent fouetter notre visage.

Je vous le conseille, vraiment.

Voilà, à part ça aujourd'hui et durant les quatre jours qui viennent, j'ai la chance de participer à l'atelier d'écriture organisé par la Fondation Bouygues Télécom au salon du livre. Je vous en avais parlé pour vous inviter à postuler si cela vous intéressait. Les organisateurs m'ont proposé de faire partie des "élèves" et de relayer ici la façon dont cela se déroule. J'ai immédiatement accepté, vous pensez. Ceci étant dit, j'ai un peu peur, me confronter à l'écriture des autres, sous les auspices d'un écrivain confirmé, ça m'impressionne. Mais franchement, je ne boude pas mon plaisir, c'est aussi pour être en mesure d'accepter ce genre de plans que je suis partie de mon boulot il y a de ça un an. Et ce joli projet, je le dois un peu à Will, alors merci, will… Je vous raconte ça très vite.

Edit: Toutes les personnes ayant participé hier au concours et s'étant donc inscrites au site bénéficient jusqu'à demain d'une remise de 20% sur leur commande, me font savoir les filles de Boxomodo. (je ne touche absolument rien là dessus, notez le, hein, je vous le dis au cas où).

Boxomodo: quand je joue les stylistes (une box à gagner)

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EDIT de 20h30: LE JEU EST TERMINÉ, C'EST LE COMMENTAIRE 184 DE STEPH QUI GAGNE LA BOX "PENSEES DE RONDE". LE HASARD FAIT PARFOIS BIEN LES CHOSES, ELLE EST UNE DE CELLES QUI AVAIENT CHOISI JUSTEMENT MA BOX ! UN GRAND MERCI POUR VOTRE PARTICIPATION ET DÉSOLÉE POUR LES DÉÇUES… A DEMAIN ! JE FERME LES COMMENTAIRES SUR CE BILLET POUR QUE VOUS NE LAISSIEZ PAS DES COMMENTAIRES POUR RIEN !

S'il y a un truc pour lequel je suis absolument nulle, c'est pour associer des fringues. Du coup, je privilégie les hauts unis que je mets avec des pantalons noirs quand je veux être un peu classe ou des jeans le reste du temps. Mes rares initiatives visant à faire preuve d'un peu d'originalité s'avèrent la plupart du temps désatreuses. Et si chez les modeuses les mélanges d'imprimés font un tabac, chez moi ça fait au mieux ringarde, au pire daltonienne.

Je ne m'attarderai pas sur les chaussures dont je ne sais absolument jamais si elles vont avec le reste, sachant que je ne me pose pas la question, la seule qui vaille pour moi est de savoir si elles vont – ou plutôt dans quelle mesure – me tuer les pieds en cas d'obligation de marcher plus de 20 m.

Bref, je suis l'incarnation de la fille qui aurait besoin d'un personal shopper 24/24 mais qui n'en a pas les moyens. C'est certainement pour cette raison que l'initiative Boxomodo m'a tapé dans l'oeil quand j'en ai entendu parler ça et là. Ce principe de proposer des "packages" de tenues m'a semblé super malin. Ah parce que oui, ce que j'ai dit pour les chaussures est évidemment vrai pour les sacs, les colliers ou les foulards. 

Alors bien sûr, du coup, c'est un investissement, parce que "ça + ça + ça", ça fait un gros "ça" à l'arrivée. Ceci étant dit, je ne compte pas le nombre d'accessoires achetés sur un coup de coeur et jamais portés parce que n'allant avec absolument rien de ma penderie pourtant pas super fournie. Donc peut-être qu'au final, je me serais peut-être moins ruinée si je n'avais pas mis autant de temps à rencontrer Caroline et Anouk, les fondatrices de Boxomodo. Deux femmes culottées qui ont décidé de monter toutes seules avec leurs petits bras cette entreprise. S'il y a bien quelque chose qui m'impressionne, c'est – après le fait de savoir assortir une étole avec la couleur de son vernis ET de son rouge à lèvres, donc – d'oser se lancer comme ça, à deux, sans filet. 

Bref, lorsqu'elles m'ont proposé de composer "ma" box, j'ai dit pourquoi pas, mais va falloir m'aider. Après avoir fouiné dans les armoires pleines à craquer de leur showroom sous les toits parisiens, j'ai opté pour ce top à carreaux (et écru un peu brillant dans le dos, les photos ne sont pas très explicites) et cette minaudière clinquante que je ne me serais jamais achetée. Caroline et Anouk m'ont quant à elles persuadée d'y ajouter ce foulard plein de coquelicots. Franchement j'étais sceptique : des fleurs et des carreaux ? Et bien contre toute attente, ça marche. Même le churros a trouvé ça joli (ce qui n'est pas en soi une preuve irréfutable, on est d'accord).

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(en mode bernadette)

Quoi qu'il en soit, si j'ai accepté, c'est surtout parce qu'elles m'ont proposé de vous faire gagner une box "Pensées de ronde". Pour cela, rien de plus simple: vous vous inscrivez dans "les bons plans de Boxomodo" (en bas à droite de la home page) et vous me dites dans un commentaire pour quel objet ou tenue vous craquez sur le site. Et ce soir, le churros tire l'une de vous au sort. J'ajoute par ailleurs que le site propose des tenues complètes mais que chaque objet peut être acheté séparément (moi j'avais pas compris, hein).

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Edit: les photos ont été prises par la chérie, un jour où il ne faisait hélas pas assez beau pour aller dehors, autant vous dire que les conditions étaient bullshit. Excusez mon langage (pardon my french).
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La box est donc composée:

 # d'un top "Just in case",

# d'une étole "Palme"

# d'une minaudière "Julma", qui peut se porter en pochette ou en sac (il y a une petite chaine fournie avec qui permet de la mettre à l'épaule, histoire d'éviter la pose Bernadette, justement).

Affaires courantes et hypocondrie par procuration

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 Hier Rose était malade, pas grand chose, l'éternel combo rhino/trachéo/broncho/truc, avec toux qui va bien et enfant chonchon qui vous appelle toutes les deux secondes pour vous annoncer qu'il "coule mon nez". En temps normal elle a un minimum d'autonomie, mais à plus de 37,8°, il n'y a plus personne, limite il faudrait l'allaiter à nouveau. La nuit, elle s'est glissée dans mon lit, envoyant son père dans le sien. Passées les trois premières minutes délicieuses où son petit corps chaud est venu se lover contre le mien, autant vous dire que j'ai rapidement élaboré des stratégies d'expulsion. Et vas-y que je me mette à l'horizontale, et vas-y que je fais l'étoile de mer, et vas-y que je te tousse dans la figure. Et maman j'ai soif, et maman mon nez il coule, et maman j'ai chaud (pas moi mais bon, ok, on enlève la couette) et maman j'ai froid (et ben on la REMET) (NON JE NE M'ENERVE PAS ALORS S'IL TE PLAIT NE PLEURE PAS), etc.

N'étant plus une prime jeunesse, (c'est fou comme dès 28 ans on récupère moins), je me traine depuis hier avec une liste longue comme le bras de trucs à faire et un entrain en dessous du niveau de la mer.

Corrolaire de cette fatigue, ma légère tendance à imaginer le pire est au top. Ce matin, la chérie est venue me montrer une plaque rouge qu'elle a sur le thorax, qui, après examination très scrupuleuse m'a rappelé les taches qu'elle avait après une séance de kiné respiratoire, sorte de têtes d'épingles rouges, résultant de l'éclatement sous la peau de petites veines.

Comme toujours dans ces cas là, j'ai d'abord paniqué, regardé sur Internet (et donc ouvert la boite de pandore, N'ALLEZ PAS VOIR LA PAGE WIKIPEDIA DU PURPURA RHUMATOIDE) puis envoyé un texto à mon frère médecin (bien qu'il n'ait que 13 ans et que je lui fasse par conséquent une confiance limitée).

"Hello, Lou a des boutons sur le thorax, ça ressemble à des pétéchies est-ce que je dois m'inquiéter ?"

Réponse laconique de mon frère: "Ce qui est inquiétant c'est que tu connaisses le mot".

Je ne suis pas folle tu sais. 

Voilà, sinon la tarte aux framboises s'est révélée un bon traitement pour Rose. Ou tout du moins les framboises. 

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A demain…

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Hier je sortais du métro place de la Bastille vers 19h et je l'ai sentie. L'imminence de l'heure d'été et avec elle la promesse de soirées plus douces et de verres en terrasse qu'on prend en général trop peu souvent, mais dont on se dit que c'est possible. Chaque année, c'est le même émerveillement, les mêmes illusions que je caresse. C'est d'une banalité désolante, je le sais, mais j'aime d'amour cet instant où soudain, je me sens basculer dans le printemps. Toute à ma joie, j'ai pris ces deux photos, en sachant pertinemment qu'elles ne retranscriraient pas exactement cette lumière mais peut-être un peu et finalement, je n'en suis pas totalement mécontente, c'était tout de même presque ça, ce rose poudré.

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Et comme pour célébrer ce passage, j'ai eu le plaisir d'assister au premier concert parisien de La Grande Sophie, au Café de la danse. Il y avait toute l'émotion du début de tournée et une joie manifeste d'être là. A la fin, elle est descendue de la scène et a chanté son dernier morceau au milieu du public, à quelques centimètres de nous. C'était poétique et ça m'a presque donné envie de pleurer.

Après, on a bu un verre avec Coralie et j'ai échangé quelques mots avec L., une lectrice qui était de l'ombre jusqu'alors et sur laquelle je mets désormais un visage. Je ne sais pas si j'ai su le lui dire mais ses mots m'ont touchée, beaucoup. 

Un court billet, donc, écrit un peu pour elle parce que lorsque je suis partie, elle m'a dit "à demain", et que j'ai répondu "à demain", tout en me disant que merde, je n'avais justement rien écrit, pour demain. Un billet pour tous ces visages que je ne connais pas mais dont je sais qu'ils sont là tous les matins, presque à portée de main et ça aussi, c'est poétique, au point de me donner envie de pleurer, un peu.

Bonne journée et merci d'être ces visages.

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Tu as maigri ?

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Il y a le "tu as maigri ?" pour faire plaisir. Le "tu as maigri?" soupçonneux, presque inquisiteur, qui sous-entend "tu t'affames". Il y a le "tu as maigri" surpris qui pourrait vous laisser penser qu'avant vous étiez un gros tas. 

Il y a le "tu as maigri" hypocrite, qu'on prononce alors même qu'il est évident que c'est le contraire qui est arrivé. Le "tu as maigri" contrarié, parce que soudain vous avez changé de camp.

Il y a le "tu as maigri" inquiet, qui signifie "est-ce que ça va ?". Il y a le "tu as maigri" qui semble vouloir dire "tu es belle", et celui qui est suivi d'un avertissement "arrête-toi là".

Dix-mille façons de le dire et autant de le recevoir. 

Je continue, j'avoue, d'être surprise par la récurrence de ces mots me concernant alors même que je ne perds plus de poids depuis plus d'un an maintenant. Encore récemment, ce repas avec quelques anciens collègues et ces exclamations: "on te reconnait à peine, tu as fait quoi, Dukan ?". Lorsque je les ai quittés en février dernier, je pesais deux kilos de moins qu'aujourd'hui. Bien sûr, il y a cette distance qui fait qu'on ne se souvient pas, il y a aussi cette évidence, durant mes huit ans là bas, j'étais, dernière année mise à part, très enveloppée. C'est cette image qui reste, persistance rétinienne. Je crois que dans dix ans, on me la renverra encore. Celle qui a maigri.

Je ne saurais vraiment dire si cela me plait ou non, probablement un peu, je crois que ça dépend de l'intention que je perçois. Lorsque ces mots sont tellement appuyés que je peux entendre à quel point j'étais, "avant", énorme, j'ai un peu mal pour celle que j'étais, j'ai presque l'impression de la/me trahir en acquiescant avec un sourire. Mais d'une manière générale, je ne boude pas mon plaisir. Tout en étant, je le constate, beaucoup moins avide de cette "reconnaissance".

Toutes celles qui ont fait des régimes et perdu du poids ont j'en suis sûre connu cette ivresse d'avant soirée, lorsqu'on sait que l'amaigrissement sera applaudi. J'imagine que cette excitation répond à un besoin inextinguible de consolation de ce passé de grosse. Je crois qu'il n'y a pas d'âge pour éprouver ce sentiment de victoire. Pourtant, au fil de mes conversations avec le docteur Zermati et surtout, depuis un an, au fil de mes réflexions personnelles je suis convaincue que c'est cette attente vaine d'approbation et d'admiration qui suscite la peur de grossir à nouveau. D'autant que passées les deux ou trois premières minutes où l'on peut éventuellement faire sensation (ou en avoir l'illusion), ces gens que l'on veut impressionner n'en ont finalement pas grand chose à faire et c'est tant mieux.

Cesser de chercher dans le regard des autres cette estime de soi qu'il ne pourront nous donner, c'est à mon sens la clé. Pas évident, mais qui a dit que c'était facile ?

Edit: j'adore ces photos prises avec un certain degré d'alcoolémie samedi soir lors de l'anniversaire de ma chère C. Fanny avait acheté un rouge à lèvres YSL "laque" qui une fois appliqué semble se figer et tient toute la soirée. Enfin surtout sur Fanny ou Zaz parce que moi y'a pas, je le mange, laqué ou pas. Mais il est tout de même plutôt pas mal. 

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 Elles sont pas belles ces bouches en cul de babouin ?

L’armoire des robes oubliées, de Riikka Pulkkinen

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En vacances je lis. Mais beaucoup. A tel point que parfois je me demande si j'ai vraiment besoin de partir aussi loin pour finalement fusionner avec un transat, une pile de bouquins à mes côté. La réponse est oui, je crois que mes livres auraient tout de même moins de saveur si je les avalais dans mon canapé. Il n'empêche qu'en une semaine j'en ai donc éclusé cinq, dont trois gracieusement donnés par ma dealeuse de bouquins.

Celui dont il sera question aujourd'hui n'en fait pas partie, je l'ai payé de mes deniers après avoir lu plusieurs bonnes critiques à son sujet. Je n'ai pas regretté. Il est écrit par une Finlandaise et c'est fou parce que je trouve que cette écriture des pays du Nord a une vraie singularité. Je ne saurais vraiment l'exprimer, mais il y a une façon de décrire les tourments intimes, de parler des corps, de l'amour mais aussi de la nature qui est très particulière, crue sans être brutale, avec une sensualité un peu abrupte. Une économie de mots aussi, des phrases souvent assez courtes, qui rendent la lecture très fluide.

C'était mon quart d'heure masque et la plume, en vous remerciant.

"L'armoire des vieilles robes oubliées", puisque c'est de ce livre qu'il s'agit, avait tous les ingrédients pour me séduire: une histoire de femmes, de grand-mère, de mère, de filles et d'amantes, une réflexion sur le couple, la fidélité, la famille que l'on se construit mais aussi celle qu'on choisit sciemment ou non de mettre en danger. Une réflexion enfin sur la vieillesse, le renoncement et les adieux.

Elsa, pédiatre de renom, est en train de mourir d'un cancer. Alors qu'elle lui rend visite, Anna, l'une de ses deux petites filles, découvre une robe dans l'armoire de sa grand-mère, dont elle ne se souvient pas qu'elle l'ait jamais portée. Elsa lui confie que la robe a en effet appartenu à une autre, qui fut, durant un temps, la maitresse de Martti, l'amour de sa vie. Un secret enfoui qu'Anna n'aura de cesse d'essayer de comprendre, au point de partir à la recherche de la mystérieuse propriétaire de cette robe que son grand-père chéri aima donc alors qu'elle n'était pas encore née.

C'est mélo mais pas tant que ça, grâce à une écriture puissante et sans fioriture. Et puis l'auteur aime profondément ses personnages, avec leurs faiblesses et leurs failles. Elle les aime tant qu'on rêve de tenir la main de la flamboyante Elsa, d'aider Anna à se relever de sa propre rupture, de consoler Martti de cette perte qui s'annonce et de retrouver nous aussi l'enigmatique Eeva, celle qui un jour dit à Marrti: "Ne me demande jamais d'aimer raisonnablement, tu pourrais tout aussi bien me demander de me changer en pierre".

Un vrai coup de coeur pour un livre qui reste en mémoire et qui interroge longtemps après qu'on l'ait refermé.

Edit: L'ouvrage s'ouvre sur une très belle citation de Karen Blixen: "On peut supporter tous les chagrins s'ils font partie d'une histoire ou si l'on en écrit une à leur sujet". A méditer…

J’aime #16

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Comment en est on arrivés à ce que le sujet central de cette campagne soit la viande hallal alors même que la France vit la plus grosse crise de son histoire ou tout au moins des 40 dernières années, mystère. Comment un président peut se permettre alors qu’il est interrogé sur son bilan et ses erreurs de tout mettre sur le compte de son ex – la grue qui l’a quitté le pauvre – sans que les journalistes ne lui rappellent qu’il n’est pas sur le plateau de « Confessions intimes », re-mystère. Comment tolérer que la seule annonce faite par ce même président lors de cette émission de télé de mardi soir soit la division par deux du nombre d’immigrés au prétexte qu’en gros d’eux viennent tous nos maux, re-re-mystère.

Je n’aime pas du tout ce que j’entends, ce que je vois, ce que je lis. Et bien que rassurée par les sondages qui persistent à donner Hollande gagnant, je suis loin d’être tranquille. Je ne doute pas que la machine de guerre UMP ait encore quelques tours dans sa manche.

Je n’aime pas du tout du tout du tout les campagnes électorales, en fait, je voudrais passer directement à la grosse bringue de la place de la Bastille du 6 mai.

A part ça, j’aime… En lire plus »

Sophie, la grande

  La grande sophie

A treize ans, la Grande Sophie avait déjà monté un groupe avec son frère et jouait dans le garage de la maison familiale à Marseille. Et à bien y réfléchir, elle dit qu'en fait elle a toujours su qu'elle serait chanteuse. Pas forcément une nécessité impérieuse, ni un désir violent, mais une évidence. Même dans les moments où elle a pris un peu le large, aux Beaux-Arts par exemple, où elle a étudié après le bac, elle ne pouvait s'empêcher de mettre de la musique. "Je construisais des formes à côté desquelles je posais des petits hauts-parleurs qui diffusaient ma voix ou un air que je jouais à la guitare. A un moment, j'ai réalisé que la musique ne me lâcherait jamais".

Alors Sophie "monte à Paris", un rêve qu'elle chérissait depuis sa première visite de la capitale à 12 ans. Et elle n'a plus jamais arrêté d'écrire, de composer et de chanter. Il y eut des périodes plus faciles que d'autres, des petits boulots pour manger, mais elle refuse de parler de galère, un mot qu'elle n'aime pas, qui ne reflète pas sa réalité. Il y eut des albums aussi, des critiques de plus en plus encourageantes et un noyau de fans fidèles, présents à chaque concert. La Grande Sophie n'est pas de celles qui se font paparazzer au Baron ou sur la place des Lices, qui trustent les radios ou deviennent jurés dans des émissions de télé-réalité, mais elle a su au fil des ans faire sa place dans le paysage embouteillé de la chanson française. Avec une constance et une authenticité qui la distinguent de toutes les comètes qui brillent le temps d'un album. Ça c'est moi qui le dit, Sophie, elle, parle d'un chemin qu'elle s'est tracé, de plaisir et de travail. Elle dit aussi qu'elle est un peu sauvage et qu'elle a la création solitaire.

Si je l'ai rencontrée, c'est parce que depuis un mois, j'écoute littéralement en boucle son sixième album, "La place du fantôme". Un rendez-vous que j'ai sollicité, ce que je ne fais jamais (l'idée même de demander quoi que ce soit est la plupart du temps pour moi une torture) mais là, je ne saurais l'expliquer, cet album m'a tellement bouleversée, m'a tant parlé, que j'avais cette envie un peu fleur bleue de pouvoir l'en remercier. 

Quand l'adorable Coralie de chez Polydor m'a prévenue que ce serait donc pour mardi, 17h au Delaville café, j'ai dans un premier temps sauté de joie, puis été la seconde d'après complètement tétanisée. Une fois que je lui aurais dit merci, qu'est-ce que j'allais bafouiller, moi qui ne connais rien à la musique et qui pour toute critique musicale dispose dans ma besace de deux expressions: "j'adore/non, trop de guitare électrique" ?

Trop tard, le truc était lancé, alors je me suis pointée pas bien fière, en priant pour que La Grande Sophie soit du genre compréhensive et aimable, pas l'artiste allergique à toute question sortant du cadre promotionnel ou ostensiblement agacée de se cogner la promo. 

Ce fut, vous vous en doutez, la première option. D'une grande douceur, Sophie plante ses yeux dans les vôtres pour vous répondre et a l'élégance de sembler trouver pertinentes les questions les plus anodines (en même temps, est-ce que "il est merveilleux cet album" est une question ?). Plaisante et discrète, avec cette légère distance qui fait qu'on se garde bien d'être intrusive. Ce qui n'aurait de toutes façons que peu de sens tant elle se livre dans l'album. Les dix morceaux de La place du fantôme déroulent en effet le fil de ce qui pourrait être l'histoire d'une rupture, ou d'un deuil, effleure la douleur du renoncement à un enfant qui ne viendra "peut-être jamais" mais qu'elle continuera d'attendre, toujours. Une prière à qui ne doit pas l'oublier, une réflexion sur le temps qui passe, dans cette chanson miroir, "Tu fais ton âge", ou une lettre à Suzanne, l'amie imaginaire à qui Sophie demande "ce qu'elle a fait de ses étoiles". "Qui tiendra ma main, qui prendra mon pouls, qui changera les fleurs", demande encore Sophie, dans "Sucrer les fraises". "J'irai planter ma tente, dans l'Eden chez Dante, un jour"

Un disque écrit au cours (au terme ?) d'une période dont on comprend à demi-mots qu'elle fut douloureuse, des chansons pour solder le passé et entamer un nouvel épisode, "passer à autre chose". Un disque intime sans jamais être impudique, peut-être parce que la presque totalité des chansons s'adressent à cet autre, cette présence, le fantôme qui donne son nom à l'album. Peu de morceaux au "je" et à l'arrivée des chansons qui parlent de nous, aussi. Un disque sur la féminité, la peur de se flétrir, le coeur qui devient "un jardin ou les fleurs n'ont plus de parfum", le désir qui fuit, l'appétit du temps qu'on n'arrête pas. Un disque mélancolique où la voix de Sophie prend toute son ampleur, grave sur certains morceaux, plus aigue sur d'autres. Des paroles parfois sombres qui contrastent avec certains mélodies dansantes, et ligne de fond, ce plaisir qu'elle semble prendre à les chanter.

J'ai aimé que La grande Sophie confie sa joie de lire des critiques aussi positives sur ce qui fut un travail de plusieurs mois. Qu'elle insiste aussi sur le labeur, justement, corollaire de cet aboutissement, la constance dont il faut faire preuve lorsqu'on souhaite tracer sa route en chansons. J'ai aimé aussi sentir sa joie de repartir sur scène: "pour une rêveuse comme moi, la tournée c'est du réel, de l'instant, pas question de se projeter dans un futur", l'aveu du trac, sa peur panique d'oublier les textes et la fébrilité de l'avant. J'ai aimé qu'elle ne semble pas particulièrement s'apprécier en photo alors qu'elle est, sans artifice aucun, ce qu'on appelle une belle femme. 

La Grande Sophie joue au Café de la Danse la semaine prochaine mais je crois que c'est complet. En revanche elle sera au Trianon le 29 mai et croyez-moi, pour l'avoir vue il y a quinze ans sur une minuscule scène, elle déménage. Pour tout savoir des dates de tournée, c'est ici.

Un grand merci à Coralie…

Edit: Oui bon j'étais contente je crois que ça se voit. J'ai sorti mon sourire n°1, celui qui fait disparaitre mes yeux, enfin surtout un. En même temps sinon il y a la version constipée, qui dans un autre genre est pas mal non plus.

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Edit 2: je préférerais qu'on n'aborde pas le sujet de ma frange wawy.

Edit 3: allez, pour celles et ceux qui ne connaitraient pas: