Les brocanteurs du dimanche

 

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"Tiens samedi, il y a un vide-grenier en bas de notre tour, on prend un stand, ça vous dit d'en avoir un aussi ?", me demande ma copine Zaz mercredi dernier entre deux spéculoos trempés dans notre earl grey.

Moi, sans trop réfléchir, je réponds que bah ouais, pourquoi pas, c'est pas comme si on n'était pas envahis par une quantité infinie d'objets non utilisés. Et puis jouer à la marchande avec ma copine et les marmots, ça fait partie des trucs qui m'apparaissent comme étant trop cools à faire.

Seule petite ombre au tableau, me dis-je, une fois Zaz partie, la réaction à venir du churros. Qui ne goûte pas particulièrement les ambiances kermesse et compagnie.

Comme quoi même après 15 ans d'amour, on peut se tromper sur les gens. A savoir qu'au lieu de faire la grimace, le churros s'est montré très enthousiaste.

Très.

Trop.

C'est à dire que dans mon esprit à moi, dans "faire un vide-grenier avec ma copine", c'est surtout la deuxième partie de la phrase qui importe. Autrement dit, manger une merguez, boire des planteurs, fumer des clopes et de temps en temps encaisser la monnaie en échange de deux trois sapes devenues trop grandes et d'éventuellement quelques jouets perdus pour la cause.

Grave erreur d'appréciation. Pour le churros, maniaque de la poubelle et roi des encombrants, "vide-grenier" = occasion unique et inespérée de se débarrasser de… tout.

Quand j'ai vu cette drôle de lueur s'allumer dans ses yeux, j'ai eu le pressentiment d'avoir ouvert la boîte de pandore. Quand il a commencé à étiqueter la chaise haute de Rose (qu'on nous a DONNÉE), le four à micro-ondes, le baby-cook et mon tire-lait*, j'ai compris que j'avais créé un monstre.

Je ne plaisante pas, il s'en est fallu de peu qu'il appelle les déménageurs bretons et qu'il se renseigne sur les prix d'un groupe électrogène pour "optimiser" notre stand. En fait je l'ignorais mais je vis avec Victor Lanoux.

Bref, autant être clair, ce qui s'annonçait comme une partie de plaisir a pris un tout autre tour quand le churros a réalisé 1) que je n'avais absolument pas l'intention de passer mes soirées à fignoler un plan d'action pour faire de ce vide-grenier une opération 100% réussie, 2) que plutôt crever que de me séparer de mon mixeur-blendeur au simple prétexte qu'il ne marche pas et que 3) ni ses enfants ni moi ne semblaient motivés à l'idée de faire le tri de tout ce qu'il y a d'inutile dans la cave.

Cave qui est au demeurant SON endroit, dans lequel tout ce qui traîne est susceptible d'échouer, de préférence MES affaires et encore c'est quand j'ai de la chance la plupart du temps c'est la poubelle direct.

De plan de bataille il n'y a donc point eu (ne jamais sous-estimer ma force d'inertie) et nous sommes finalement partis de chez nous à 10h du matin (la brocante démarrait à 9h et zaz avait déjà plié comme il faut sur sa table tous ses tee petit-bateau à 1 euro), chargés comme des baudets de montagnes de fringues, d'un bon millier de petites voitures et d'un ensemble assez hétéroclite de marchandises, allant de la lampe de bureau cassée au porte bébé, en passant par des figurines mac-do sans piles. C'est simple, on n'avait pas intérêt à croiser Brice, parce que c'était un aller-simple pour Bucarest et suppression de passeports dans la foulée. Tout ça avec une helmut couverte d'un urticaire géant du plus bel effet et hurlant à la mort parce qu'elle venait de se voir refuser le droit de porter une caisse de legos plus grosse qu'elle pendant les 100 mètres séparant de notre domicile – désormais vide – du vide grenier.

Après s'être étripés en public au motif que tout de même j'aurais pu préparer ça un peu mieux à mes heures perdues (gné ?), on a fini par trouver de la place pour notre bardas. On a ensuite flingué la réserve de post-it de Zaz en s'engueulant à nouveau pour décider des prix auxquels on allait assurément vendre toutes nos merdes. Les "merdes" étant comme de bien entendu MES affaires, estimées par mon futur ex mari à moins de 2 euros le kilo, quand le sabre laser star-wars, lui, valait au bas mot 10 euros (et nous est donc resté sur les bras pour le plus grand bonheur du machin qui l'a d'ailleurs consciencieusement planqué tout au long de la journée). Ok, j'ai fait pareil avec les bodys de Rose. Et mon baby-cook.

Etrangement, une fois tout déchargé, le surinvestissement dont avait fait preuve le churros a fondu comme neige au soleil. Plus exactement, c'est le churros lui même qui s'est volatilisé, accompagnant le roi des nachos (le churros à Zaz) boire un café, puis une bière, puis un coca, etc. En gros, il avait accompli sa mission, à savoir vider notre appartement et m'engueuler. Le reste m'appartenait

Cela dit, j'avoue, j'ai rapidement été prise par le virus de la vente. En même temps, à 5 euros la veste en jean (ma pièce la plus chère) et 20 centimes la petite voiture, je n'ai pas grand mérite. Ma copine Zaz fulminait un peu – la pauvre elle a beaucoup moins la fibre que moi, on a ça dans le sang ou on l'a pas – mais au final a fait à peu près la même recette que nous en vendant dix fois moins d'objets.

A bien y réfléchir je crois qu'elle est en réalité juste beaucoup plus redoutable que moi. Sa tête quand elle est revenue et que je lui ai annoncé fièrement voir vendu sa chemise gap à 2 euros, je ne vous dis pas.

A un moment il a fallu qu'on m'arrête parce que j'étais à ça de bazarder Rose pour 50 centimes. Morve et urticaire compris.

Au final, on est revenus chez nous un poil moins chargés avec une caisse renfermant un butin de 97,20 euros. Une fortune, quoi.

Problème: le churros nous a déjà inscrits à celle de la semaine prochaine et cherche un moyen d'automatiser une partie des procédures. Je vous dis, je crois que j'ai mis le doigt dans quelque chose qui me dépasse.

* Je sais, j'ai pris beaucoup de distance avec tout ce qui est deuil de la maternité, de l'allaitement et compagnie. Le premier qui tente de se débarrasser de mon tire-lait, de mes soutiens gorges d'allaitement et même de mes culottes de grossesse je lui casse sa gueule.

Allez, je vous laisse en photos, histoire de prouver que les grands sont toujours et à vie des petits, et que oui, le stand à Zaz était un poil plus ordonné que le notre. Et je vous avertis que je ne répondrai pas beaucoup aux commentaires today pour cause de déplacement dans la ville des pâtes à la viande et à la tomate. Yes, today et domani, je suis à Bologne, en Italie.

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Là où c’est le commentaire 18 qui gagne le dessin d’Anne Mourat

CDE

Alors voilà, le churros a tiré… 'Tine.

C'est en effet le comm 18 qui remporte le dessin d'Anne Mourat.

Je ne vais pas cacher ma joie que ce soit une des routardes de ce blog qui ait été choisie par le sort. Ceci étant dit, l'enthousiasme dont chacun a fait preuve dans les commentaires faisait que j'aurais été heureuse pour n'importe quel gagnant(e).

'Tine, je sais qu'avec toi, le dessin d'Anne sera bien gardé et je me dis qu'en cette période un peu difficile de séparation avec ta famille pendant la semaine pour cause de retrouvage de travail (yeah quand même), la présence rassurante de ce couple ne peut que faire du bien.

J'en profite pour embrasser bien fort celles qui viennent ici et dont je sais que la vie est un poil chienne en ce moment avec elles: Geneviève, Shakti, Anne de strasbourg, notamment, et toutes les autres qui n'en pipent pas mot mais qui ont sûrement aussi parfois le baluchon un peu lourd.

Là où on gagne un dessin d’Anne Mourat

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Etude pour la sculpture Como dos Extranos

Il y a quelques jours, vous avez été nombreux à tomber en amour pour les danseurs de tango d'Anne Mourat, artiste peintre et sculptrice. Je vous avais laissé entendre qu'il y aurait une suite, la voici.

Touchée et émue par vos réactions, Anne a repris une de ses études représentant ce couple, l'a retravaillé et le met en jeu aujourd'hui.

Pour gagner cette oeuvre signée et mesurant 35 x 52 cm, il vous faudra répondre à ces questions, dont les réponses sont sur le site web d'Anne Mourat.

1 – Citez le nom d'une sculpture et d'un dessin d'Anne.

2 – Pourquoi le titre d'un des bronzes est "La dame de Cœur" ?

3 – Quel est le nom de la sculpture qui a permis à Anne de remporter un prix en 2005

4 – Pourquoi le titre d'un des bronzes (un portrait d'homme) est "Le Naatalkat" ?

Vous avez jusqu'à samedi midi pour répondre et bien évidemment, c'est mieux d'aller sur le site d'Anne Mourat que de copier sur les copains. Mais comme je n'ai jamais eu l'âme d'un flic ou d'un contrôleur, vous ferez bien comme bon vous semble. Le churros tirera au sort le vainqueur lundi. J'envie déjà celui ou celle qui l'emportera, il s'agit d'une oeuvre d'art, quoi !

Edit: C'est moi où cet homme ressemble grave à Javier Bardem ? Rrrrhhhh…

Plus fort que le mouche bébé, la pipette à antibios

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A chaque rentrée, c'est gagné, on tombe malades en domino dans la famille.

Depuis la semaine dernière, donc, c'est un peu passe à ton voisin, zin, zin, et que je te file le mal de gorge, et que tu me passes ta fièvre, et que je t'emprunte ta jolie toux grasse. Sachant que c'est qui, qui a ouvert les hostilités ? C'est qui, hein, c'est qui ?

Rose herself, of course. Ce qui prouve s'il le fallait que la propagation des virus est potentiellement multipliée par dix en cas de présence à la maison d'un enfant de moins de trois ans, véritable aimant à saloperies.

Bref, Rose nous a fait la totale, angine, otite et sinusite. Ce qui lui a valu le traitement de choc absolu, 6 jours d'antibiotiques.

Celui qu'on prend matin midi et soir.

Pour mesurer la portée de cette prescription, il faut savoir que dès les premières semaines de sa vie, Helmut a fait preuve d'une exceptionnelle perspicacité pour repérer à 10 km à la ronde le moindre médoc. Elle n'a ainsi avalé de bonne grâce qu'une seule fois la vitamine D, pourtant délicieusement aromatisée à l'orange et que mon grand machin tentait pour sa part de siffler en cachette. Idem pour le doliprane en sirop qui rend normalement tout gamin plus hystérique que Kate Moss devant un poudrier bien rempli. Jamais on n'a pu lui desserrer les dents pour y glisser la pipette. Quand je pense qu'on avait quasiment envisagé une rehab pour les grands tellement ils kiffaient l'advil. Comme quoi les enfants se suivent et ne se ressemblent pas.

Si cette intolérance au paracétamol en sirop n'est pas super grave – thanks les suppos, pas hyper bien accueillis non plus mais on finit par prendre le coup de main si je puis me permettre -, le fait que cette gamine à la force herculéenne quand elle se met en situation de combat refuse tout net d'avaler quelque médicament que ce soit est problématique en cas d'attaque bactérienne comme celle-ci.

Dès que le médecin prononce le mot antibiotique, son père et moi blêmissons à la perspective de la guerre – et le mot n'est pas trop fort – qui se profile. Je veux dire, le mouche-bébé, c'est une partie de plaisir entre personnes de bonne compagnie, à côté.

A chaque prise, tout est tenté.

– Tu viens prendre ton médicament ma chérie ? Allez, montre nous comme tu es une grande fille. (valorisation)

– Mmmm, il est bon, regarde, papa le goûte, il l'adore. Maman aussi le goûte ? Allez ! Roh, attention, il est tellement délicieux qu'il n'y en aura plus pour toi… (manipulation)

– Et si c'est ton frère qui te le donne ? Ta soeur ? Et si c'est Doudou ? (détournement d'attention)

– Si tu ne le prends pas, tu vas de nouveau avoir très mal à l'oreille. C'est ça que tu veux ? Avoir tellement mal et devenir sourde ? (alarmisme)

– Bon, très bien ne le prends pas, c'est ton problème après tout mais cette nuit ne compte pas sur moi pour me lever parce que tu as de la fièvre (bluff)

– Ok, je laisse tomber, attends deux minutes, je vais te chercher un petit suisse à la fraise, ceux que tu adores (tentative pathétique de camouflage du médoc dans un autre aliment. Ne marche qu'une fois et encore).

– Rose, si tu n'ouvres pas la bouche, j'appelle le docteur qui va faire sa grosse voix. Ok, j'appelle. Je le fais. Regarde moi bien. Je prends le téléphone et je l'appelle. Je compose le numéro. ça sonne, attention. Ouh, comme il va être fâché, moi je serais toi je me dépêcherais de prendre l'antibiotique avant qu'il décroche. (bluff, bluff et rebluff et ruinage total de la confiance que tu avais réussi à instaurer tant bien que mal entre le médecin et ta gosse)

– Et si je téléphone à manou et qu'elle te parle pendant que je te donne le médicament ? (initiative de la dernière chance).

– Bon, jeune fille, tu l'auras voulu, on part à l'hôpital où on va te faire une piqure. Hé si, c'est comme ça, puisque tu ne veux pas avaler cette putain de merde de sale antibiotique de mes deux, il ne reste que la piqure (menace sans fondement d'autant que l'enfant ne sait pas ce qu'est une piqure. Enfin, si, maintenant elle sait, pour lui expliquer j'avoue, j'ai joint le geste à la parole et je l'ai pincée. Un tout petit peu. Pour qu'elle comprenne. J'étais à bout. C'était juste après la chasse au protège cahier.)

– Si tu ne prends pas le médicament, maman va être très malheureuse. A cause de toi. Regarde, je pleure. (culpabilisation).

Étant donné qu'aucune de ces options ne marche jamais ou plus d'une fois – et je vous épargne les chansons, danses, choeurs familiaux, applaudissements au moindre mouvement laissant entrevoir une ouverture de gosier, cache-caches, vols planés de la pipette, calculs savants pour estimer la quantité effectivement avalée lorsque par miracle le coup du petit suisse marche les deux premières cuillers, etc – nous en venons donc quasi systématiquement à la contrainte physique. Je n'ai pas honte de le dire, je suis bonne désormais pour guantanamo et croyez-moi ils vont les lâcher, leurs infos, les oussamas.

Comment s'y prendre, donc, pour forcer une enfant récalcitrante à avaler son Augmentin ?

Je préfère, avant d'aller plus loin, vous conseiller d'éloigner les enfants du poste, des images pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes risquant d'être diffusées.

La procédure est donc la suivante. Plaquage de l'enfant au sol, immobilisation des membres inférieurs par l'un des parents, ligotage des mains par l'autre et… et rien. Si ce n'est une enfant transformée en bombe à retardement, les yeux révulsés, la morve sortant à grands flots du nez et des gémissements dignes d'une génisse en plein accouchement s'échappant d'une bouche invariablement scellée.

C'est là que je sors ma dernière carte, âmes sensibles s'abstenir:  pincer le nez de pupuce pour qu'au bord de l'étouffement, elle soit contrainte de respirer par la bouche. Disposant d'une minuscule fenêtre de tir, je hurle alors mes ordres à mon assistant (le churros) dont je ne sais dans ces moments là s'il agit par responsabilité parentale ou s'il est simplement terrifié par le monstre que je suis devenue et redoute que je l'étrangle avec ses testicules en cas défaut de coopération.

"A mon signal tu enfonces. On attend qu'elle soit bleue et là, tu balances la purée. 3, 2, 1, go, go go soldat ! Mais vas-y putain, appuie franchement. Ne la regarde pas, surtout ne la regarde pas et envoie".

Et là, une fois le liquide introduit dans l'orifice (non ceci n'a rien d'obscène ou si peu) le coup de grâce, LE truc connu de quelques bourreaux qui le pratiquaient en l'an 678 et de deux trois kinés: le blocage de la luette au moyen d'une technique d'étranglement toute en douceur, pour éviter la régurgitation immédiate du soluté. Geste assez délicat néanmoins que nous sommes assez peu à savoir effectuer sans séquelles à long terme et que je vous déconseille de tenter avant de vous être entrainés sur un adulte. Genre votre belle-mère, qui peut s'avérer finalement utile à quelque chose.

Appelez moi Herman Goering.

Au rythme de trois fois par jour, il y a moyen de ne plus pouvoir regarder son enfant sans avoir envie de se dénoncer soi même aux autorités.

Heureusement, j'ai très récemment trouvé une alternative aux sévices corporels.

La solution est certes humiliante, mais il faut avant tout penser au bien de son enfant, mon égo maternel dusse-t-il en prendre un coup. Il s'agit d'une option bien connue des managers les plus aguerris. Elle tient en un mot:

DÉLÉGUER.

En l'occurrence à la nounou. Qui m'a glissé – la hyène – qu'avec elle Rose prenait sa dose en trois secondes. Qu'à cela ne tienne, voilà qui est plié, tenez, prenez les trois boîtes, sans rancune, avec un peu de chance comme ça elle finira par me préférer à vous.

Le week-end ? La nounou habite à deux pas. Pratique. Comme quoi ce n'est pas si difficile d'être parents. Le tout est de savoir s'entourer, en somme.

Chignon, camel, rose-kaki

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Comme ça, en passant…

– J'ai essayé comme une dinde tout mon lundi de faire un chignon comme la douce Anne-So de Cachemire et Soie. Mis à part l'air très con que ça a dû me donner, je voudrais quand même bien savoir pourquoi chez moi ça ne marche pas. Truie de mère nature.

– J'ai acheté un vernis chez OPI – dont je vous donnerais bien le nom mais j'ai une de ces flemmes de le chercher – qui est à mon avis l'exacte réplique du kaki-rose dont on nous rebat les oreilles partout (= dans le Elle et le Grazia) comme étant le direct descendant du must du printemps 2009, une sorte de taupe foncé. Enfin je ne sais plus. On est d'accord, je n'ai aucun avenir dans la beauté et personne ne va me demander d'aller coacher les filles qui vont défiler bd Haussman pour les Galeries Lafayette. 

– Je suis tombée la tête la première dans Modern family, la série américaine la plus drôle depuis Friends. Bon, à compter de l'épisode 8 environ, c'est un peu moins percutant. Mais enfin tout de même. D'autant que la série marque le retour du mythique AL BUNDY. Qui a vieilli, grossi, mais rien perdu de son mordant. Culte.

– J'ai oublié dans mon billet sur les protège-cahier sa race de parler du très ingénieux concept de couvrage de livres inventé par Handicap international. En plus on fait une bonne action en l'achetant et même la carpe que je suis devant une paire de ciseaux, du film transparent et un livre scolaire peut s'en sortir. J'entends néanmoins une voix qui ne m'est pas inconnue beugler depuis la cuisine que je suis sacrément gonflée rapport que c'est lui qui s'est farci les 123 bouquins cette année. D'un mesquin.

– Je milite pour une externalisation de la prise en charge de Rose jusqu'à ses 3 ans. Ou 10. Ou 25. En tous cas je suis contre le fameux passage des deux ans. Vraiment. Très. Beaucoup. Contre.

– Hier, Margaux Motin m'a linkée depuis son facebook.

– HIER MARGAUX MOTIN M'A LINKEE DEPUIS SON FACEBOOK.

– Je ne vois pas par conséquent ce qui empêcherait désormais Philippe Jaenada de me dédier son bouquin ou Hugh Laurie de me proposer de lui écrire ses textes. Adieu monde d'en bas, c'est vrai qu'on respire mieux depuis les sommets du succès.

J'ai déjà DEUX choses camel. Des bottes de la redoute qui tombent en plissant sur mon mollet (même que c'est fait exprès ce qui je crois ne m'était jamais arrivé) et une sorte de veste sans manches de chez Monoprix qui n'est pas une cape mais pas loin tout de même. Je pense que toute la fashionisphère devrait décréter dans les heures à venir que le camel c'était une grosse blague des rédactrices de mode, et que le nouveau noir c'est bien évidemment le lie de vin.

– J'ai maté après tout le monde "Tout ce qui brille" et j'ai été très agréablement surprise, j'ai bien aimé ces deux filles, leur façon de se chercher comme des mecs, le côté pas prétentieux pour deux ronds du truc. Et puis la chanson de Véro Sanson, quoi. Je me la traine depuis une semaine. Mais même pas je leur en veux. Mes collègues un peu.

Voilà, comme c'est mercredi, je vous laisse avec quelques photos de mon quartier, prises dimanche alors que l'été jouait un peu les prolongations. Je vous conseille les soupes du PHO 14, ce sont les meilleures du coin à mon sens et leur Bo Bun déchire tout. Et comme dirait une vieille pote – la fille qui s'y croit pas du tout -, chantilly power sur vos faces. Et une bise à caro(roca) aussi, qui a sorti les griffes comme une princesse.

Edit: j'adore l'idée que Margaux Motin m'ait linkée après un billet un poil scato. Même si je ne ferai jamais aussi bien que son post sur les tampons trop pleins. Jamais. Respect éternel.

Edit2: J'allais oublier, mais wouah, la manif, quoi ! Les jeunes au turbin les vieux au jardin, yeahhhhhhh !

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Sobriété quand tu nous tiens…

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Un exemple de réhabilitation super réussie à l'angle choisy tolbiac, avec un chouette café, "l'âge d'or", une résidence universitaire et une autre à loyers modérés. Moi je dis big up à la mairie du 13e.

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Franchement quand on pense que toute la blogosphérita part à londres tous les quatre matins immortaliser des cupcakes d'opérette alors qu'à deux pas on a des gâteaux verts et roses. Gniii, quoi.

« Il est où ? »

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"Il est où ?"

Tout l'été ces mots m'ont poursuivie
jusque – même surtout – dans les toilettes.

"Il est où mon maillot, il est où mon
masque, il est où le tuba, il est où le beurre, il est où le tube
de crème, le dentifrice, le coca, le doudou de Rose", etc. Avec bien
sûr sa variante féminine: "elle est où ma serviette, elle est où
ma DS, elle est où la télécommande, elle est où ma culotte, elle
est où ma robe, ma veste, ma chaussure", etc.

Parfois, bien que très rarement, la
question est justifiée, l'enfant a cherché ou tout au moins fait
mine de. La plupart du temps, elle tient plus du tic de langage ou de la solution de facilité que
de la véritable interrogation, l'objet mystérieusement disparu
étant sous son nez ou dans un endroit que lui seul peut connaître,
étant donnée la logique toute particulière d'un être qui n'a pas
encore mué.

Exemple ? La console de jeux n'est
JAMAIS dans son étui, rangée comme il se doit sur la table de nuit,
mais, dotée d'une vie propre, s'est sagement disposée entre la
moutarde et le vinaigre sur l'étagère de la cuisine. Toujours, il va
sans dire, par l'opération du saint esprit puisqu'après le « il
est où », l'autre mantra de l'enfant est le trop fameux
« c'est pas moi qui l'ai mis là ».

Certes, les parents ont notamment pour
mission d'éclairer leurs rejetons et de répondre sans ciller à
leurs pourquoi, quand, comment et où. Néanmoins, quand le « il
est où » a déjà retenti cinquante fois et qu'il n'est pas
10h du matin, le parent (le churros en l'occurence, je ne suis
personnellement que patience) peut se laisser un poil aller.

A savoir répondre « dans ton
cul » une fois sur deux.

Ce qui, j'avoue, me fait autant ricaner
que de taper « trou du cul » sur google et de voir
arriver Sarkozy en tête des résultats.

C'est moche. Mais si ça peut
m'amender un peu, je suis la mère d'un gamin de 10 ans, qui,
cherchant son maillot localisé par moi même sur le transat (en
plastique blanc, long de 2 m, pesant un âne mort et trônant dans le
jardinet de 12m2 de la maison de location, cf photo ci-dessus), m'a demandé « il
est où le transat ? ». S'étant entendu répondre sur un ton qui ne
laissait aucun doute quant à mon ironie et ma lassitude: « je
ne sais pas, dans les toilettes, peut-être », cet enfant,
sûrement doté d'une certaine sorte d'intelligence – le tout est
d'en identifier la nature – est sans ciller allé vérifier que ledit
transat n'était pas en train de chier.

Bref, tout l'été, le churros et moi
même avons usé et abusé de cette réponse qui – et ça n'est pas
glorieux – me fait invariablement marrer.

Jusqu'à ce qu'un matin, alors que son
fils – le même qui croit que les transat ont un transit – lui demandait « elle est où maman ? », le churros,
sans mesurer la portée de sa blague lui a sorti un « dans ton
cul » sonnant et trébuchant.

La blague a été suivie d'un moment de silence gêné. Bizarrement pour une fois j'ai moyennement rigolé.

Depuis, c'est con, hein, mais on hésite
un peu, quand même. On met également un peu d'argent de côté pour
le quelqu'un qu'on devrait sans tarder aller voir en famille.

Rabat-joie

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Qui dit rentrée scolaire dit séance d'achat de fournitures. Dont la liste, pourtant quasi (tout est dans le quasi) identique à celle de l'année dernière n'est évidemment donnée aux parents que le 4 septembre et pas le 28 juin.

Histoire, je présume, qu'on puisse vivre un vrai moment de convivialité dans les supermarchés le premier samedi de septembre. Sachant que la liste recèle des pièges insondables même pour la multipare que je suis, mère qui plus est de jumeaux rentrant en CM2 et ayant donc déjà à son actif une bonne vingtaine de missions commando dans les rayons papeterie de Monoprix.

Un exemple ? Le répertoire doit cette année être en moyen format (pas petit, pas grand, MOYEN), sans spirales (souligné deux fois par la maitresse, signe, au cas où le ton implorant de ma fille ne soit pas assez explicite) et à grands carreaux (entre parenthèses, il est spécifié "seyes". Je vous file le tuyau parce que je suis magnanime, ça veut aussi dire "grands carreaux").

Et bien au terme d'une quête relevant de l'épopée, j'ai le plaisir de vous annoncer que… ça existe. Mais uniquement chez Clairefontaine par contre. Donc deux fois plus cher que les répertoires de la marque distributeur à petits carreaux. Peu importe, j'ai, je coche. Et je me retiens de pleurer de soulagement.

Prématuré, le soulagement.

Je mentirais  en effet en vous annonçant que je n'ai cette année eu recours à aucun subterfuge pour remplacer un produit introuvable (du genre certifier à mes enfants perplexes que violet et bordeaux sont des synonymes, que c'est normal qu'ils l'ignorent, c'est au programme de la 6e).

Oui, une fois encore, j'ai failli.

Bien qu'ayant retourné étagère après étagère à monop' et parcouru des kilomètres dans Paris avec l'énergie du désespoir, je n'ai jamais déniché de PROTÈGE CAHIER NOIR A RABATS.

Des protège-cahiers, oui. A rabats, oui. Des noirs, aussi (non sans difficultés, c'est un peu le caviar du protège cahier). Mais de NOIRS A RABATS je n'ai pas vu l'ombre de la queue.

On peut se dire que ce n'est pas grave.

Mais "on" n'a pas d'enfants

"On" n'a jamais eu à affronter le regard terrorisé et culpabilisant de l'enfant qui anticipe sa mise au ban de l'école parce qu'il n'aura pas le protège cahier noir à rabats exigé par l'institutrice.

– Tous les autres l'auront, c'est sûr.

– Non ma chérie tous les autres ne l'auront pas, parce que je peux t'assurer que j'ai fait tout ce que l'arrondissement compte en papeteries et les vendeurs sont catégoriques: ça n'e-xis-te pas.

– Pourtant, Jade en a un que sa mère a trouvé chez Casino.

– Et bien soit tu as mal regardé et il n'a pas de rabat, soit il n'est pas noir mais violet foncé, soit la mère de Jade – la trainée – a raflé tout le stock. Mais regarde, celui que je t'ai pris est tout de même vraiment très noir, hein. ça, la maitresse va pas pouvoir faire des histoires au motif que bordeaux et violet, enfin tu vois quoi. En plus il est pile au bon format, il est très résistant, on sent que c'est de la qualité. Un sacré protège-cahier, que tu as là.

– Oui mais il n'a pas de rabat.

Il n'a pas de rabat.

Et par conséquent, c'est une évidence, la pauvre enfant – c'est écrit dans ses yeux terrifiés – subira des sévices dont tout le monde sait qu'ils sont pratiqués en cas de fournitures non conformes et ça dans une omerta collective qui fait froid dans le dos.

Croyez moi, les coups de règles sur les doigts à côté c'est Disney.

Sans compter que ses camarades, heureux propriétaires du protège cahier noir A RABATS (parce que bien sûr il ne fait aucun doute dans le petit cerveau de ma descendance que seule leur demeurée de mère a échoué dans sa quête), ne lui adresseront plus jamais la parole tellement c'est la honte pour elle, ce protège cahier handicapé. Et qu'il y a fort à parier que le traumatisme entrainera de telles difficultés d'apprentissage qu'elle sera ORIENTÉE dès la fin du Cm2. Après, on sait comment tout s'enchaîne: mauvaises fréquentations, agressions verbales, racket…

Drogue.

Ma fille, une seringue dans le bras, à 12 ans. A cause d'un putain de rabat.

Les services sociaux vont venir chez moi, m'enlever mes petits et lorsque je gémirai de désespoir dans le banc des accusés, le juge pour enfants me lancera, accablé: "Vous rendez-vous compte, madame, que tout ce drame aurait pu être évité si vous aviez procuré à votre enfant qui ne demandait, soit dit en passant, pas grand chose, un protège cahier noir à rabats ?".

Murmures de stupeur des gens dans l'assistance : "Ouuuuuh, vous avez entendu ? Elle a refusé d'acheter un protège cahier noir à rabats à sa fille ! Mais oui, j'ai entendu, c'est ignoble. Il y a des femmes qui ne devraient jamais avoir d'enfants. Quand on pense à toutes celles qui n'y arrivent pas. C'est bien fait pour elle, ce qui lui arrive. Un rabat, tout de même, ce n'est pas bien compliqué. C'est lamentable, je vous le dis comme je pense. J'espère qu'elle va en prendre pour 20 ans".

"Mais ça N'EXISTE PAS", me défendrai-je, à bout de force, en larmes. "J'ai cherché, monsieur le juge. Je vous le jure".

"Pourtant, Jade en avait un dès le 4 septembre", tranchera le procureur, horrifié, qui racontera ensuite dans les soirées parisiennes qu'en 45 ans de carrière il n'a jamais traité une affaire aussi révoltante.

A l'heure où je vous écris ces lignes, je suis donc comme en sursis. Et le fait d'avoir néanmoins réussi à rassembler 99% des fournitures demandées – ce qui m'a notamment couté d'acheter deux camemberts qui ne seront jamais mangés personne n'aimant ça à la maison, rien que pour récupérer les deux boites vides qui feront office de palettes pour la peinture* – ne m'absoudra en rien. Dire qu'il y a si ça se trouve, entre deux rayons de classeurs 24 x 32 un protège cahier noir à rabats bidonné d'avoir réussi à échapper à ma perspicacité. Sale con.

– Mais au fait, ai-je tout de même demandé à ma fille. A quoi ça sert un rabat ?

– A rien maman. Mais c'est écrit sur la liste.

Imparable.

* Malheur à celles qui croyant bien faire achètent une vraie palette à peinture. Non seulement leur enfant passera pour un sale bourgeois mais en plus, il est de notoriété publique que rien ne vaut la boite de camembert. C'est comme ça et pas autrement.

Anne Mourat, une sculptrice hors normes

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"Como Dos Extraños", terre crue 2009, 70 cm x 55 cm x 60 cm

Anne Mourat est ma cousine. Enfin, une cousine à la mode de Bretagne, voire du Cotentin puisque très précisémment c'est la fille du cousin germain de ma maman. Une cousine, donc, au 34e degré, que je n'ai… jamais rencontrée.

Mais qui me lit, depuis que ma mère lui a parlé de moi. Et dont je suis les pérégrinations, depuis que ma mère m'a parlé d'elle. Pourquoi cet intérêt mutuel ? Parce que sans s'être jamais vues, on a, et vous avez du vous en rendre compte dès l'apparition de la photo ci-dessus, quelques préoccupations communes. Au hasard ? L'image de soi, le corps, la féminité et la façon dont celle-ci se manifeste, l'esthétique, le poids, la force des femmes, leur beauté. Seule la façon dont cette réflexion se matérialise diffère. J'écris, elle façonne, dessine, sculpte.

Je suis tombée en amour de ses femmes si amples, de ses couples enlacés dansant le tango. Je suis en totale admiration, aussi, devant ce choix si osé de se consacrer à sa passion, avec toutes les embuches que cela implique. Comme Solange, Anne se voue à son art, parce que tout simplement, c'est une nécessité.
J'avais donc envie de vous la présenter, de la laisser aussi expliquer sa démarche, bien mieux que je ne saurais le faire. J'en profite pour vous dire que c'est le genre de chose que j'ai envie de vous proposer cette année, vous donner la parole, mettre sur le devant de la scène des parcours atypiques, des initiatives particulières. C'est que parfois, j'en ai assez de parler de ma pomme, quoi. N'hésitez donc pas à venir vers moi si vous pensez entrer dans ce cadre. Je ne dirai pas systématiquement oui, mais ça vaut le coup d'essayer, non ?

Anne a par ailleurs dans l'idée de mettre en jeu un dessin, dans le cadre d'un concours comme il y en a eu récemment sur ce blog. Dès la semaine prochaine, j'organise ça…

Allez, trève de discours, voici quelques questions que j'ai posées à Anne et ses réponses éclairées, en direct de Dakar, parce que oui, Anne, très inspirées par les femmes africaines, n'a pas à aller très loin pour rencontrer ses modèles, puisqu'elle vit au Sénégal.

Pdr: Quand as-tu commencé à sculpter ?

Anne Mourat: J'ai pris des cours de modelage pendant mes études d'art, au début des années 80 (au Paléolithique, donc) ; j'avais bien accroché, mais à l'époque j'étais attirée par d'autres modes d'expression. 

Plus tard, au Burkina Faso où j'ai vécu 6 ans, j'ai refait du modelage chez les fondeurs traditionnels qui sculptaient leurs œuvres dans la cire d'abeille. Mais j'ai vraiment décidé de me consacrer à la sculpture il y a 10 ans, à Dakar. C'est là que s'est enfin imposé à moi l'évidence : "je suis sculptrice"… A plus de 40 ans, un peu lente, hein, la nana. Par contre, j'ai eu la chance de pouvoir exposer rapidement mon travail dans des galeries à Dakar. En 2005, j'ai été lauréate, avec ma sculpture «La Secrète», de la Bourse des Jeunes Sculpteurs de la Fonderie d'Art Barthélémy. Ca m'a donné confiance pour continuer…

Pdr: Comment travailles-tu, avec quels matériaux, dans quel lieu, etc ?

Anne Mourat: Je modèle l'argile ; pour l'instant, je ne cuis pas mes terres (même si j'ai l'intention de m'y mettre à Dakar dans les mois qui viennent). Je fabrique ou fais fabriquer des moules, pour réaliser ensuite des tirages, en bronze ou en résine.

Je m'inspire toujours de modèles vivants. Je prends de nombreuses photos numériques durant une ou deux séances de pause, ensuite je travaille seule avec les images sur mon ordi. Je dessine des croquis rapides, puis réalise une petite maquette en terre pour me guider dans la construction de la pièce en plus grand. 

Le lieu : un atelier bien à moi, mon cocon, pour de longues heures de solitude heureuse…

Pdr: As-tu toujours sculpté des femmes rondes ?

Anne Mourat: J'ai toujours fait des personnages FORTS. Quand j'ai commencé à travailler la terre, si j'ai sculpté des femmes rondes, c'est parce que je rencontrais, en Afrique, surtout au Burkina, des femmes qui, à la fois musclées et grasses, dégageaient une incroyable impression de puissance et de grâce. Des femmes qui s'acceptaient et s'assumaient avec leurs rondeurs, qui se vivaient séduisantes et séductrices grâce à elles.


Ce qui m'intéresse de montrer, dans l'être humain, c'est sa puissance de vie et "la conjugaison subtile de sa spiritualité et de son animalité" (désolée, je ne sais pas comment te le dire plus simplement…). Et les femmes africaines rondes en dégagent, de la puissance de vie ! 

Depuis quelques temps, je suis davantage tournée vers les portraits, traités à ma façon : personnages représentés jusqu'aux hanches (l'équivalent du "plan américain" au cinéma) ce qui me permet de jouer sur les disproportions entre tête, corps et mains. Mes danseurs de tango ont été réalisés dans cet esprit. J'ai plusieurs projets, dont un autour du thème du couple ; hommes et femmes seront puissants et massifs, je n'imagine pas les faire minces… 

Pdr: Pour toi la beauté passe par la rondeur ?

Anne Mourat: Bon, soyons honnête… Dans la vie quotidienne, non, pas forcément ! La preuve, je fais comme toi, je lutte depuis toujours contre mes kgs pour me sentir séduisante ! Je suis dans les mêmes contradictions, peut-être, que toi… Nous "militons", chacune à notre façon, pour l'acceptation des corps non conformes à la norme en vigueur dans notre culture, alors que par ailleurs nous passons beaucoup d'énergie à l'atteindre, cette norme… Va comprendre…

Une fois de plus, ce n'est pas forcément la rondeur, qui m'intéresse, mais la puissance de vie. 

Pdr: Qui achète tes sculptures ? As-tu l'impression que les femmes les préfèrent aux hommes ?

Anne Mourat: Pour l'instant, mes rondes ont plutôt été achetées par des hommes. 

En fait, j'ai l'impression que les femmes sont un peu dans les mêmes contradictions que celles dont je parlais pour nous, plus haut : séduites par cette représentation sympathique et positive de la rondeur, elles ne passent pas forcément à l'acte d'acheter ; un peu comme si elles n'osaient pas s'affirmer dans leur goût par une telle acquisition. Enfin bon, c'est une interprétation de ma part et je me plante peut-être complètement !

Non, je crois que mes rondes plaisent davantage aux hommes…. Un Monsieur m'a laissé ce commentaire dans le livre d'or d'une de mes expos : "Les femmes d'"envergures" ne vous remercieront jamais assez. Vous avez changé le regard sexuel que j'avais des dames rondes et je vous en serai toujours reconnaissant". Je l'aime trooop cette phrase-là !

 
Pdr: Quels sont les retours que tu as des gens qui viennent voir tes oeuvres ?

Anne Mourat: Les réactions les plus négatives que j'ai reçues ont été pendant le seul Salon d'Art auquel j'ai participé à Paris. C'était curieux : je me suis demandée si la normalisation du standard féminin maigre, lisse et quasi asexué y était tellement forte que les gens (hommes comme femmes) ne supportaient pas de voir des femmes si épanouies… J'ai entendu également des réactions de rejet de la part de personnes qui exprimaient un malaise face à l'animalité trop présente de ces corps.

Mais, quand même, j'ai la chance d'avoir plus de retours positifs que le contraire… Les gens me disent être touchés par l'émotion et la force qui se dégagent de mes sculptures. La rondeur de mes modèles surprend, amuse quelquefois et finalement séduit pour certainement les mêmes raisons que ton blog séduit (entre autres pour ton blog…) : un regard décomplexé, déculpabilisé et non victimisé du sur-poids… Bon, attends, j'essaie de trouver des adjectifs plus positifs : un regard confiant, joyeux, optimiste, coquin sur ce qui sont la réalité et le quotidien de bon nombre de femmes !

Pdr: Où peut-on les admirer ?

Anne Mourat: Elles sont exposées en permanence dans une galerie, "Les Ateliers d'Artistes", à Lourmarin dans le Luberon (Vaucluse).  Sinon, je suis à la recherche d'autres lieux d'expositions, provisoires ou permanentes, qu'on se le dise !

 


Dernière remarque pour conclure : je tiens au terme de "sculptrice", même si je trouve ce mot finalement pas très élégant. Tant pis, en féministe intégriste, je tiens à utiliser le terme féminin puisqu'il existe, même si le correcteur orthographique le goret (masculin de la truie, donc) de mon ordinateur s'entête à le souligner, comme s'il n'existait pas…

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"Abrazo", étude pour la sculpture "Como Dos Extraños", résine patinée 35 cm x 23 cm x 19 cm

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A Mulher Do Meio (La Femme du Milieu) : portrait de la peintre cap-verdienne Misa, tirage en ciment et pouzzolane, Sculpture réalisée dans le cadre de la Première Rencontre Multi- culturelle de Porto Madeira, île de Santiago, Cap Vert, Août 2008
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"Can't Be Nice All The Time" *: bronze, 40 cm x 23 cm x 24 cm
* slogan féministe des années 1970 aux États Unis ; "on peut pas être mignonne tout le temps"…
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Détail de la sculpture en ouverture du billet: "Comos dos extranos"
Pour en savoir plus et admirer d'autres oeuvres: http://www.anne-mourat.com/

Zermati, un an après

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Alors avec Zermati, où j'en suis ?

Disons que je ne peux pas vraiment prétendre m'être détachée de toute considération pondérale. J'en veux pour preuve l'excitation ressentie lorsqu'en lisant l'état des lieux de la maison du bonheur en Corse, j'ai vu, entre "24 assiettes" et "5 casseroles", "1 pèse-personne".

J'aurais aimé vous dire qu'à l'occasion, au milieu du séjour, j'étais tombée complètement par hasard sur la balance reléguée au fond d'un placard. Mais je crains que "tombée par hasard" ne s'applique pas vraiment au fait d'avoir quasiment défoncé au mortier la porte d'une armoire à priori condamnée pour dénicher le fameux pèse-personne.

Quand je l'ai enfin aperçu, j'étais aussi heureuse que si, un dimanche soir en panne de clopes, j'avais finalement retrouvé un paquet plein dans la poche de mon manteau.

Et bien sûr, la comparaison n'est pas fortuite.

On l'aura compris, si je pense avoir intégré pas mal de préceptes inculqués par ce brave docteur Z., il en est un qui pour l'instant me passe loin, très loin du ciboulot. A savoir celui consistant à s'abstenir de contrôler névrotiquement son poids.

Par contre, je sens tout de même que je fais du chemin: en me pesant ce jour là, j'ai en effet vu se confirmer la tendance observée à mon retour de l'île de Ré: 2 kilos au compteur, merci belle maman.

Et bien même pas j'ai trop flippé.

Je veux dire, j'ai flippé.

Mais pas trop.

Pas trop trop.

Par exemple, je n'ai pas prononcé UNE SEULE FOIS de la journée ces mots que je suis capable de répéter jusqu'à épuisement de la partie adverse (= celui qui dans ces moments là regrette d'avoir signé à la mairie):

"J-ai-gro-ssi…"

Suivis de l'inévitable: "Tu trouves que ça se voit ?"

Puis du "TU ES SÛR ?".

Et enfin du "Tu mens".

Non, là, j'ai respiré à fond, et je me suis payé un bon moment de pleine conscience (ou quelque chose qui s'en rapprochait). J'étais à deux doigts de la lévitation.

Et les deux jours qui ont suivi, j'ai simplement suivi mes envies, en essayant d'écouter ma faim. Qui n'était pas énorme, chaleur et plage obligent. J'ai évité LE PIÈGE de quand tu reprends du poids: essayer de le reperdre. En te privant de bouffer les douze premières heures, en voyant des cheeseburgers partout les douze heures suivantes et en finissant par tomber la tête la première dans les canistrelli à la tombée de la nuit en te traitant mentalement de grosse truie sans volonté.

Et on me croit, on me croit pas, mais 48h plus tard, en ayant pourtant sacrifié au rituel du mojito quotidien et mangé des choses aussi diététiques qu'une tarte au figues à se damner ou du lonzu qui pue le cochon gras à 20km, j'avais reperdu mes deux kilos.

Surtout, mis à part ce passage obligé sur la balance – après avoir pissé, à jeun, en retenant ma respiration et en procédant par paliers à la montée sur l'engin -, je n'ai pas beaucoup pensé à "ça".

Je crois que c'était le premier été que j'étais aussi détachée. Dans la mesure de mes moyens, on est d'accord, merci Einstein et la relativité.

Tout ça pour dire que je suis rentrée avec un poids identique à celui du mois de juillet. Avec surtout la preuve que oui, je pouvais reprendre. Et ne pas en mourir.

Maintenant, je mentirais si je disais que je me fous éperdument de ces kilos en moins, un an après avoir commencé ma thérapie. L'année dernière, je vous avais expliqué que c'était en regardant les photos de mes vacances et en me demandant qui était cette grosse femme dessus que j'avais décidé de téléphoner au docteur Z. Je vous avais même montré les photos en question. Sauf que je n'avais pas mis en évidence LA photo qui m'avait fait tant de mal. Personne n'a envie de s'exhiber sous son plus mauvais jour, hein.

Et puis hier, en faisant le tri de la cuvée 2010, je suis tombée sur un cliché pris par le churros, exactement au même endroit. Mis à part le fait que mon aimé n'a aucun lien de parenté avec Helmut Newton et n'en aura jamais, je dois bien le reconnaitre: voir la transformation de mon corps en douze mois m'a procuré une satisfaction certainement exagérée.

Je sais que j'aurai "avancé" quand j'aurai fait la paix avec cette femme que je me refuse à apprécier encore aujourd'hui sur ces marches. Alors pour cette raison, cette fois-ci je la mets à l'honneur. Parce qu'elle n'a pas moins de valeur que celle que je suis aujourd'hui. Il faut juste que je m'en persuade.

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Ma fille a un blog

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Ici je parle d'elle en l'appelant la grande chérie. Dans la vie, elle s'appelle Lou. Elle a dix ans et c'est ma fille.

Son truc, à part les slims gris, les converse et les dizaines de bracelets brésiliens aux poignets, c'est la lecture. J'avoue, je ne suis pas peu fière. Surtout, j'aime l'idée qu'elle connaisse ce bonheur unique. Celui qui te rend heureuse de rejoindre ton lit le soir parce que tu as rencart. Avec une histoire, des personnages, un auteur.

Sans rire, moi quand je suis dans un bouquin qui m'a pécho, il m'arrive d'avoir cette pensée agréable en pleine journée, l'assurance qu'à un moment, on va se retrouver, lui et moi. C'est comme de savoir qu'il reste un carré de chocolat fleur de sel au fond de la tablette.

Et à la voir se précipiter dès le repas terminé dans son plumard perché pour tourner et tourner les pages de ses livres, je crois qu'elle a attrapé le virus elle aussi.

A tel point qu'elle a eu envie d'en parler quelque part. Et, "non, pas sur ton blog, j'ai envie d'avoir mon truc à moi, tu comprends" ?

Ok, ok, ok.

Bref, elle s'est débrouillée comme une chef, aidée par le meilleur copain du machin déjà à la tête d'un blog de manga, et le blog de Louminette a pris vie. Louminette c'est comme ça que l'appelle sa manou.

Je lui avais promis que lorsqu'elle aurait écrit cinq billets, j'en parlerais ici. C'est chose faite. Si vous avez des enfants de son âge, n'hésitez pas à leur donner l'adresse, je crois qu'elle adorerait avoir des commentaires ;-).

Et voilà, mon bébé a un blog.

Je vous laisse, je crois que cette fois ci c'est bon, je dois de toute urgence aller parler de tout cela à "quelqu'un".

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