Articles par : Caroline

Confinement d’une hypocondriaque – J4

Il y a ces pensées obsédantes, incessantes, qu’il est difficile d’arrêter lorsque l’horizon s’arrête désormais à la fenêtre du salon. Il y a ces moments de calme, lorsque chacun des occupants du foyer confiné s’attelle à sa tâche. Il y a la promiscuité quotidienne, l’obligation de temporiser chaque départ de feu parce que l’on sait qu’il n’y a pas de repli possible, qu’il faut immédiatement s’excuser, accepter le compromis, tolérer l’agacement. Il y a, presque, lors des repas, l’impression que finalement, ça n’est pas si grave, pas si différent des jours d’avant. Et puis tu sors, pour la première fois depuis cinq jours, pour acheter ces oranges que tu presses avec l’énergie du désespoir tous les matins en te persuadant qu’après tout, elles ont bien vaincu le scorbut, pourquoi pas le Corona. Tu sors dans cette rue déserte habituellement empruntée par les voitures, tu t’approches du supermarché et tu les vois, les gens comme toi, qui se sont extirpés de leur tanière, par nécessité et peut-être, aussi, comme toi, pour vérifier que l’on est pas non plus complètement incarcérés. Ils sont silencieux, se tiennent à deux mètres les uns des autres et attendent le droit d’entrer. Alors que tu approches, un homme vient en face de toi et vous avez tous les deux ce réflexe quasi animal de changer de trottoir. C’est lui qui fait le premier pas, tu lui souris, petit signe de tête, tu as compris et lui aussi, rien de personnel. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque – J3

En ce troisième jour coupée du monde (#dramaqueen), voici les nouvelles du bord. Il semble de plus en plus probable que ma grande ait attrapé le virus. Mon frère, sollicité à distance, en est assez certain et sa soeur parait elle aussi lui emboiter le pas. Jamais l’épée de Damoclès ne m’a semblé aussi proche de nous tomber dessus. Résultat, voici en quelques lignes les pensées qui me traversent au cours d’une journée type de confinée. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque – J2

 

Allez, ne stoppons pas la dynamique, vous aurez compris que je fonctionne hélas trop souvent au tout ou rien, donc ne changeons pas de main, je sens que ça vient.

En ce J2, que vous raconter si ce n’est qu’hier soir ma grande a débarqué la bouche en coeur dans le salon en nous annonçant que bizarrement, elle ne sentait plus les goûts ni les odeurs et qu’elle ne nous l’avait pas dit la veille pour ne pas nous inquiéter, mais qu’elle avait un peu de fièvre.

Possédant comme vous vous en doutez un bac + 12 en Corona, mon cerveau blindé de la moindre information sur le sujet m’a immédiatement ressorti les deux trois témoignages de malades évoquant l’agueusie comme l’un des premiers symptômes. C’est donc mort, on va tous le chopper. Et soudain le confinement prend une autre dimension, puisque désormais nous ne sommes plus enfermés comme des cons pour échapper à l’épidémie mais uniquement pour en protéger les autres. L’ennemi est à l’intérieur et ça n’est plus du tout la même ambiance croyez-moi. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque – Jour 1

Je n’étais même pas sûre de parvenir à me reconnecter. Je vous mentirais en vous disant que je suis sûre de moi en venant écrire ici, que c’est le fruit d’une réflexion murie depuis des semaines. Rien de tout ça, juste une impulsion, avec pas mal le trac, la peur de ne plus savoir comment faire. Est-ce que c’est comme le vélo ? Est-ce que vous viendrez par ici ? Est-ce que c’est utile, pour vous, pour moi ? Mais autant depuis des mois il me semblait ne rien avoir à dire de plus que tout ce qui a déjà été couché sur le clavier depuis plus de dix ans, autant les circonstances exceptionnelles m’ont donné envie de retenter, pour voir, s’il reste un peu de cette magie qui nous animait.

Et comme je n’ai pas vraiment réfléchi, ça risque d’être bien décousu, vous êtes prévenus. En ce premier jour de confinement, ce qui domine dans mon esprit, c’est la peur. La peur d’y être pour de bon, dans ce scénario catastrophe maintes fois regardé, en obsessionnelle des séries médicales que je suis. La conscience de notre finitude, qui pourtant ne me quitte que rarement mais qui m’avait, c’est ballot, un peu laissée tranquille depuis quelques mois. Je me gave jusqu’à la nausée des actualités, je suis incollable sur la circulation extracorporelle, dernier stade de la réanimation des cas les plus graves, j’oscille entre la terreur d’attraper le COVID19 et la légère tentation de le chopper maintenant, tant qu’il reste encore des lits oxygénés dans les hôpitaux (je n’ai jamais prétendu être quelqu’un de bien, laissez moi tranquille). En lire plus »

Cake au lemon curd qui ramasse

Je vais vous épargner le préambule sur ce délai relativement long entre ce nouveau post et l’ancien, j’aurais réellement la sensation de me répéter. Mais comme beaucoup dans les commentaires semblent avoir interprété le billet précédent comme un message d’adieu, je tiens juste à préciser mes propos. Pour l’instant, je suis en transition. Mais lorsque ce sera le dernier, ça sera clair. Je vous rappelle que je suis de la famille des drama Queen et qu’il est hors de question de partir ainsi, sur la pointe des pieds, de manière ambiguë. Je veux au contraire des violons, des larmes et même des cris. C’est une névrosée qui s’est longtemps endormie en imaginant la détresse de ses proches à son propre enterrement qui vous écrit… (aveu gênant s’il ne suscite pas immédiatement des « ah tu fais ça toi aussi ?).

Bref, l’intérêt de moins poster (euphémisme), c’est que j’ai quelques petites choses malgré tout à raconter, depuis le temps. Mais pour aujourd’hui, ce sera une recette. Parce que j’ai fait samedi un cake au Lemon curd qui m’a tout simplement envoyée directement au paradis (on reste dans la métaphore filée de mes funérailles) (même si à force, plaisanter sur ce sujet provoque en moi une sourde angoisse, quatre ans de thérapie et toujours pas de sérénité sur le sujet à l’horizon). En lire plus »

Le début de la fin ou la fin du début ?

On ne va pas se mentir, ça fait un bail. Et je ne sais pas trop comment l’expliquer. Mais recevant pas mal de messages inquiets, je voulais vous rassurer. ça va. On a eu peur mais maintenant ça va et mon absence ici n’a pas grand chose à voir avec le sujet de notre inquiétude ces derniers mois. Ou peut-être un peu, sûrement, mais indirectement. J’ai essayé de répondre à cette question, pourquoi moins de billets ? Pourquoi est-ce devenu plus difficile de les écrire ? La vérité, c’est que les raisons sont nombreuses. La première, sans doute, est le temps qui court. La seconde, intrinsèquement liée à la première, c’est que depuis quelques semaines, c’est un peu la folie au travail. Pour une raison qui m’échappe, ou qui, si je mets de côté la fausse modestie, résulte peut-être du boulot accompli durant un an, beaucoup de projets scénaristiques m’ont été proposés ou sont en passe de se concrétiser. Résultat, je jongle avec mes personnages, crevant de peur de les confondre au moment le moins opportun (= pendant une réunion avec un producteur) et j’écris beaucoup, tous les jours. Tant et si bien que lorsque je m’arrête, je me sens un peu vide. En lire plus »

J’aime les gens qui doutent…

La semaine dernière, le ciel s’est éclairci. Après des semaines d’angoisse, le pire semble être évité. Je voudrais vous dire que nous avons tous sauté de joie et que la vie a repris son cours comme avant, mais c’est un peu plus compliqué que cela. Il faut digérer tout ça, retrouver la légèreté qui s’était un peu fait la malle, apprivoiser l’idée que ça ne sera jamais totalement terminé, recommencer à se projeter dans un avenir moins gris.

Malgré tout, cette bonne nouvelle nous a donné la sensation de respirer à nouveau sans entrave.  En lire plus »

Deux jours en apesanteur à Amsterdam


Je sais, je sais, je sais… J’avais plus ou moins promis d’être plus présente et puis… Et puis ce mois de janvier qui n’en finit pas d’être compliqué à tous les étages. Il y a des périodes comme celle-là, où l’on ne se sent pas complètement alignée, où l’on sait bien qu’à un moment où à un autre il faudra faire sauter quelques verrous, choisir, renoncer, se recentrer. J’ai eu l’habitude depuis des années, treize, en réalité – vous le croyez ? – de tout dire ici ou presque. Mais pour mille et une raisons, il m’est difficile cette fois-ci de m’épancher, parce que mes sujets de préoccupation engagent d’autres que moi, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel.

Ce que je peux en revanche vous raconter, c’est ce week-end à Amsterdam. C’était mon cadeau de Noël pour le Churros, à ce moment là j’ignorais que c’était sans doute la meilleure des idées. La veille, je n’étais plus tout à fait certaine de vouloir partir, trop fatiguée, trop angoissée par des décisions à prendre et moyennement encouragée par la météo annoncée. La malédiction d’Amsterdam allait-elle encore frapper ? Il y a une dizaine d’années, nous nous étions déjà offert une échappée belle entre noël et le jour de l’an. Nous avions du renoncer pour cause de grippe carabinée, quatre jours dans notre lit à agoniser en disant adieu aux canaux et autres Coffee shops. En lire plus »