Raconte moi ta rentrée…

Bon les enfants, jeudi, je suis bombardée rédac chef d'un jour sur LadiesRoom à l'occasion d'une journée spéciale rentrée des classes. Du coup, si vous avez envie de parler de votre rentrée à vous de quand vous êtiez petite, de celle de vos lardons que c'est trop génial de s'en débarrasser après deux mois à planifier qui va les garder ou alors de comment c'est trop le cafard de laisser partir poupette dans la jungle de la maternelle avec son gros cartable qui la fait pencher en arrière, envoyez-moi vos textes.

Les plus géniaux, les plus émouvants, les plus trop bien écrits seront en une de Ladiesroom jeudi.

D'avance merci et donc si inspiration il y a, envoyez-moi ça à cette adresse: cfrancfr(at)yahoo.fr

Je précise que je n'ai rien à gagner dans cette histoire, que je suis pigiste pour Ladiesroom, certes, mais qu'en l'occurence je joue les rédacs chef pour de rire et pour de rien et que ça me ferait juste plaisir que mes coupines de blog soient en haut de l'affiche ! 

Aimez-vous les uns les autres

Bon, je sais que tu ne te lasses pas de mes billets passionnants de
jeune maman de presque 40 ans. Je sais que des infos sur les crevasses
du téton, tu en redemandes tellement c'est glamour et tendance. Très
2008, le titou qui gerce, au cas où tu l'ignorerais.

M'enfin je
veux te prouver qu'on peut avoir encore de beaux restes de grossesse ET
s'intéresser à autre chose qu'à sa production de lait ou à la couleur
du caca de son bébé. Si si. Et ce n'est pas parce que des chercheurs
anglais et phallocrates auraient soit disant prouvé récemment que le
cerveau des femmes enceintes réduit de 7% qu'on va donner raison à tous
ceux qui pensent (= nos employeurs chéris) – qu'une fois que l'enfant
parait, tout le reste – efficacité, perspicacité, ponctualité, rapidité
et tout un tas de trucs en ité – disparait.

Bref, j'ai envie de
revenir sur deux trois infos sans importance ou presque, histoire de
pousser quelques cris d'orfraie effrayée.

Ah bon, ça peut pas être effrayée, une orfraie ?

Qu'en sais-je, moi au juste, vu que je ne sais point ce qu'est une orfraie ?

Donc donc donc, en vrac et pas dans l'ordre, voici ce qui me passe par la tête…

– Il semblerait que "madame Mon mari m'a dit" n'ait vendu que le quart des soit disant je sais pas combien de centaines de milliers de disques officiellement écoulés. En gros, sa maison de disques aurait comme qui dirait confondu le nombre de galettes diffusées avec celles vraiment achetées. 80 000, qu'elle en a écoulé, en vrai. Ce qui ne fait pas bézèf. Va en falloir des conseils des ministres, pour liquider les stocks, mon nico !

– La palme du plan de paix le plus ostensiblement piétiné par les russes revient à monsieur mon mari de madame qui m'a dit. Sérieux, je me demande si ce jour là t'aurais pas du continuer à taper sur les fesses de ta brune avec tes palmes, mon lapin. Parce que là, c'est bon, si on en doutait on en est désormais certains, Poutine se fout des fromages qui puent ouvertement. Et dans le genre ridicules, on se pose là.

– La France a découvert cet été que les soldats engagés pouvaient parfois mourir. Je veux dire, ils font pas rien qu'à organiser des kermesses avec des balles à blanc, les mecs. Parfois, ils chargent vraiment leurs fusils. Heu… en fait on le savait, ça. Mais on avait un peu oublié que quand ils font pas des kermesses, les vraies balles servent à faire la vraie guerre.

– Après l'enterrement des dits soldats morts pour la patrie, notre présipotent a remonté de trois points dans les sondages rapport que les Français l'ont trouvé digne pendant la cérémonie. A croire que certains redoutaient qu'il se mette à poil et qu'il chante du Barbelivien dans l'église. A part ça, dis, rafraichis moi la mémoire… C'est qui qu'a décidé de renforcer le contingent de soldats en Afghanistan, récemment ? Hein ? C'est qui qui ? Ah, c'est vrai, j'avais oublié, ceux qui sont morts c'est pas lui qui les avait envoyés, alors ça compte pas. 

– Rien à voir, quoi que, Claire Chazal ne sait tellement plus quoi faire pour montrer à TF1 qu'elle a encore de beaux restes – vu que cet été exceptionnellement Voici a oublié de la photographier à l'insu de son plein gré les seins à l'air –  que le 30 août dernier elle a carrément enlevé son soutif en plein jité. Je te le dis, c'est très "rentrée 2008", le téton.

Allez, bonne journée mes petits. Et comme dirait Ségo, aimez-vous les uns les autres, ou disparaissez. 

Engorgement, coquillages et crustacés…

Alors voilà, c'est la rentrée. Enfin, celle de l'homme et des
enfants, parce que moi j'ai encore quelques semaines de sursis, vive le
troisième enfant qui te donne droit non seulement à un rab de congé mat
mais aussi à DEUX demi-parts aux impôts, une rallonge aux allocs, la
carte famille nombreuse – dans ta face la SNCF – ET la carte Paris
Famille qu'avec tu payes plus à la pistoche.

Sérieux, qu'est-ce que vous attendez pour procréer, hein ?

Bon, en même temps, faut pas se voiler la face, y'a quelques inconvénients. Genre que prendre un taxi te coûte la bagatelle de 25 euros même pour faire douze mètres, rapport au déménagement qu'occasionne le moindre déplacement et au supplément 5ème personne à l'avant. Ou encore, au resto on te colle systématiquement au fond vers les chiottes, là où tu peux loger ta poussette et où tu ne risqueras pas d'incommoder l'aimable clientèle (dont tu faisais partie y'a peu, faut le reconnaitre).

Oui, je veux dire par là qu'avec trois marmots dans un lieu public, t'es plus aimable. En tous cas pas pour les autres, sorry. 

Je passe sur les matinées qui te semblent durer deux jours, vu qu'à 8h t'es habillée, ton nouveau-né lavé et nourri et que tu réalises qu'il va falloir trouver des activités pendant les quatre heures qui viennent avant qu'il soit midi. Sachant qu'à trois semaines un bébé voit à peine les silhouettes et encore et parvient une fois sur cent à mettre son pouce dans sa bouche. Après il dort, vu la dépense énergétique qu'un tel effort a demandé. Visualise donc un peu la nature des activités. Le délire.

Enfin au moins, quand tu donnes la vie, tu découvres que les week-end aussi y'a un matin et ça c'est un truc de fou.

Je t'entends, toi, là bas. Tu te dis que tout de même, j'en avais déjà deux et que donc je ne suis pas née du dernier crachin parisien. Et qu'en gros je devais bien m'y attendre à être debout dès potron minou. Ben non. Et en même temps, si.

D'abord ça fait huit ans, alors permets-moi de te dire que ça date. Ensuite, j'ai engendré deux graines de patachons qui depuis l'âge de trois ans font la grasse. Et comme je te rappelle que je suis une sacrée mère indigne, j'ai pris l'habitude assez rapidement de roupiller les samedi et dimanche pendant que mes rejetons vivent leur vie. Même que parfois je fais des tas d'autres choses dans mon plumard.

Alors t'imagines pas comme ça me fait bizarre de devoir mettre à nouveau un pied par terre avant dix heures.

Voilà, à part ça les vacances se sont bien passées, miss Pink a trouvé sa place dans la famille, place qui se situe soit sur l'avant-bras droit de son père, soit sur mon sein gauche – tu vois pas qu'elle va finir par voter Bayrou en plus de me niquer mes matinées ? – et s'est tenue comme une femme du monde dans le TGV (= a beaucoup fait caca mais n'a pas pleuré, bruit ou odeur, faut choisir, au moins l'odeur tu peux toujours faire comme si ça ne venait pas de ton couffin).

Sinon, je me trouve hyper zen, je vis ma nouvelle maternité finger in the noze, avec une maitrise de moi même et de mes angoisses qui te ferait palir. Genre en dix jours, j'ai seulement téléphoné deux fois au Samu. En plus la deuxième c'était juste pour connaitre les coordonnées du médecin de garde au cas où, rapport que tout de même je trouvais que mon bébé dormait beaucoup. La première, excuse moi mais elle avait régurgité. Alors bon.

Ah, il est loin le temps où je dérangeais paniquée la pédiatre sur son portable un premier mai après avoir découvert dans la couche de mon fils une crotte bicolore…

Verte et jaune. C'est pas effrayant ça quand même ?

Mieux, j'ai eu un début d'engorgement du sein gauche – oui, celui là même – et même si bien évidemment je suis allée voir un médecin un dimanche soir à 40 bornes de mon lieu de villégiature, j'ai finalement décidé de ne pas prendre la batterie d'antibiotiques qu'il m'avait prescrit, préférant avoir recours aux bonnes vieilles méthodes de grand-mère pour remédier à un tel problème.

Je sens que t'es curieuse, là, hein ? Mais de quelles méthodes de grand-mère parle-t-elle donc, que tu te demandasses, n'est-ce passe ?

Ben un engorgement, c'est comme un bouchon, tu vois ?

En l'occurence, merci la mer à 18° dans le golfe du Lion. La froideur, ça a comme qui dirait congelé un des canaux lactifères de mon nichon dis-donc.

Bref, je vais pas te faire un dessin, pour que ton sein il ne se mette pas à être aussi congestionné que Jean-Pierre Castaldi, faut le vider. Et comment que tu fais quand t'as pas de tire-lait et qu'on est dimanche soir en août dans un endroit plein de boites de nuits mais fort dépourvu en pharmacies ?

Et bien je te le donne en mille: tu utilises les forces vives en remerciant le ciel qu'elles n'aient pas encore été envoyées se battre à Islamabad.

Et ensuite tu supportes tant bien que mal l'air victorieux et fier de lui de la force vive en question qui se vante un peu partout d'avoir vaincu l'engorgement tout seul comme un grand. 

Histoire de pomme, d’arbre et de cheveux

A y'est, je suis de nouveau parisienne ! Mais patience, je ne posterai vraiment que lundi, je m'octroie encore quelques heures de rien faire à part donner le sein – ce qui occupe les trois-quarts de mes journées, merci l'allaitement à la demande.

Tout va bien en tous cas, chaque doigt de la main se porte comme un charme, le petit riquiqui autant que les autres.

Niveau coiffure on atteint des sommets et quand au poids, on va dire qu'elle et moi on zermate à donf.

Ben ouais, l'allaitement à la demande, c'est quoi à part du zermati qui s'ignore, hein ?

Du coup, moi aussi je mange à la demande. 

Et tu sais quoi ?

ça marche. Je te jure.

Allez, je te parlerai de tout ça plus longuement dans les jours à venir, ma cocotte.

Et parce que je t'aime et que je ne suis pas restée insensible aux mails m'implorant de remontrer le visage de mademoiselle pimprenelle, je ne résiste pas à te montrer, preuves à l'appui, que la pomme ne tombe jamais très loin de l'arbre… 

 

  Edit: Désolée pour ce post un peu anarchique et codé par moments. Si le verbe "zermater" ne vous dit rien, cherchez du côté de Zermati !

On the road again

Et oui, après un été passé quasi intégralement à Paris à attendre le bon vouloir de miss pamplemousse, je prends la tangente. Enfin quand je dis "je", c'est un peu réducteur, hein.

ON prend la tangente. Tous les cinq. Direction le sud.

D'avance je présente toutes mes excuses aux passagers du TGV que nous nous apprêtons à prendre. Pour l'odeur et les bruits, pour les douze valises, les engueulades inévitables et le vomi de ma grande. Oui, vraiment, pardon.

En même temps ces morpions paieront un jour ou l'autre vos retraites. Ou pas.

Je reviens dans dix jours, avec je l'espère un peu plus de vigueur et un ventre un peu moins gélatineux. Je sais, ça ne se voit pas à travers l'écran mais la situation est proche du catastrophique en ce qui concerne ma masse graisseuse.

Je vous remercie à nouveau pour tous vos messages et j'ai hâte de vous retrouver, promis, des anecdotes j'en ai plein. Seulement voilà, pour l'instant je suis tellement épuisée – et pourtant la miss a l'élégance de ne se réveiller qu'une fois dans la nuit, une fois de trop cela dit – que je n'arrive pas à mettre tout ceci en mots.

Allez, bonne fin de mois d'août et rendez-vous le 30 ! 

Y’a-t-il un anesthésiste dans la salle ? (suite et fin)

Allez, il est temps de finir l'histoire, afin de passer à un autre chapître de ma vie… 

Alors
donc, à 7h du matin, j'étais toujours en train de pleurer ma mère, ma
grand-mère et toute sa génération, pendant que l'homme s'évertuait à
chercher un moyen d'apaiser mes souffrances.

Six heures de travail quasi inefficace, qui dit mieux.

Merci mon périnée.

Quand
tu penses que pour mes premiers enfants, mon col s'est effacé à 4 mois
de grossesse, tu as envie de demander, elle est où la justice de la vie
?

Ben en tous cas, pas dans la salle de travail de la Pitié le 5 août dernier.

Bref, revenons à notre périnée. Sur les coups de 7h30 un jeune homme prépubère de 12 ans et demi est entré dans ma geôle. Je lui ai demandé dans un râle s'il était l'anesthésiste et l'ai averti que dans le cas contraire il pouvait dégager.

"Presque", il m'a répondu. "Je suis celui qui va vous dire si vous pouvez avoir la péridurale". Sérieux, jamais j'aurais pensé qu'obtenir cette satanée piqure dans le dos était autrement plus compliqué que de chopper la queue du mickey à la fête à neuneu.

En même temps j'ai toujours été minable pour décrocher la queue du mickey.

Toujours est-il que le gamin m'a examinée – à ce stade là, faut savoir que ton vagin est plus fréquenté que la grotte de Lascaux en plein mois d'août et que limite t'es étonnée quand on entre dans la salle sans direct t'enfoncer deux doigts histoire de juger de l'état de ton col – et a consenti à me délivrer mon autorisation officielle de péridurale.

Il était donc 7h45.

A 8h15 toujours pas l'ombre d'un anesthésiste.

A 8h30 j'ai commencé à hurler. Et menacé de saccager le matos à 15 000 dollars de la salle de travail.

A 8h40 ma sauveuse est arrivée. Un physique de catcheuse et une amabilité de porte de prison.

Et pourtant, ça a été "love at the first sight". C'est simple, s'il n'y avait pas eu cette histoire d'accouchement, je serais partie direct avec elle à Amsterdam pour l'épouser.

Quand elle m'a piquée, j'ai presque joui.

En fait j'ai joui.

Et quand dix minutes après j'ai senti la contraction arriver pour finalement ne pas me faire mal, j'ai été prise d'un rire démoniaque. Et j'ai décidé que je ne croirais plus qu'en une seule divinité: la péridurale.

Bon, ensuite, ça a continué tout pareil sauf que je n'avais plus mal. Certes, mes jambes étaient en coton et quand la sage-femme m'a demandé de me mettre à quatre pattes pour tenter d'aider la miss à s'engager, j'ai eu la désagréable impression d'être devenue une femme tron.

Certes, ta vessie non plus tu la sens plus, alors forcément, régulièrement, la même sage-femme vient la vider, tout ça en présence de l'homme.

Certes, ma tension a tellement chuté que je me suis demandé si au moment venu j'arriverais à pousser.

M'enfin l'armée de goths invicibles avait pris la fuite et c'était tout ce qui comptait.

Les heures ont passé et mon col a continué, la brave bête, à se dilater.

A son rythme.

Qui n'était pas le bon, tu penses.

A 13h, j'étais à 7 cm.

Et Pimprenelle beaucoup trop haut.

A 13h30, la salle de travail est devenue aussi bondée que la ligne 1 du métro aux heures de pointe.

Et je peux te dire que y'avait du beau linge. Exit les internes de 14 ans, là c'était chefs de service et compagnie.

C'est quand j'ai vu trois obstétriciens et une sage-femme les yeux rivés sur le monitoring dans un silence de mort que je me suis dit que ça sentait le roussi.

Et plus on me disait de ne pas m'inquiéter, plus bizarrement j'étais comme qui dirait tendue.

A 14h00 et après une centaine de touchers vaginaux on m'a annoncé que je plafonnais à 8 centimètres et demi et une infirmière a conseillé à l'homme d'aller manger un morceau histoire de tenir le coup "pour la suite". Là j'ai clairement compris que je ne pousserais probablement jamais.

Bingo, à 14h15 l'obstétricienne en chef m'a expliqué que malgré tous les efforts de chacun et notamment les miens et ceux de pimprenelle, les choses n'avançaient pas. Voire même qu'on était en train de reculer. Rapport que le rythme cardiaque du bébé était un peu trop lent (= beaucoup trop) et que le mien n'était pas plus brillant (= le pouls d'une huitre). Quand à mon utérus, il menaçait de rendre l'âme (= je pissais le sang).

Résultat des courses, il allait falloir passer au plan B.

B comme césarienne.

Que les choses soient claires, jusque là, j'avais géré comme une pro. Bon, au niveau du pont de la douleur j'avais un peu laissé le chantier inachevé, c'est vrai. Mais pas une larme, pas une crise de panique, rien.

Et puis, forcément, une infirmière bien intentionnée n'a rien trouvé de mieux que de prendre ma main et de me dire avec une douceur terrible de ne pas m'inquiéter.

Et là, on va dire que sans le vouloir elle a ouvert les vannes.

Genre avec mes larmes on aurait pu alimenter toutes les usines hydroliques de l'hexagone.

L'homme a pris ma main, il arrêtait pas de dire que ce n'était pas ma faute et que j'avais fait mon possible. Moi dans ma tête je pensais juste que j'avais peur.  

Ensuite, tout a été très vite. On m'a emmenée au bloc à toute vitesse – bien que "y'ait pas d'urgence hein madame" -, une nouvelle anesthésiste est arrivée et m'a balancé un cocktail détonnant qui a endormi mon corps jusqu'aux seins en deux minutes. 

L'homme a été s'habiller en schtroumpf et m'a rejoint alors que le champ opératoire venait d'être tiré. Pendant tout ce temps là qui n'a duré finalement que quelques minutes, je peux me vanter de ne pas avoir cessé de pleurer une seule seconde.

Une vraie combattante.

Et puis j'ai senti une grande secousse. Suivie d'une sensation d'aspiration incroyable.

Et puis un cri.

Un putain de cri.

Et tout de suite après, la sage-femme qui m'avait accompagnée pendant ces 13 heures est arrivée de l'autre côté du champ avec dans les bras mon bébé. Ma Rose. Hirsute et furieuse. Elle l'a approchée de mon visage et les cris ont cessé. Rose a planté ses yeux d'esquimau dans les miens en louchant tellement elle s'appliquait. Puis elle a ouvert grand sa bouche, a attrapé mon nez et commencé à téter.

Depuis, elle ne s'est plus arrêté. Bon, je te rassure, elle a fini par comprendre que le nez ne donnerait rien.  

Edit: La sage-femme en question s'appelait Rozen. Rose en breton. ça ne s'invente pas.

Edit 2: On me demande souvent si je n'ai pas été trop déçue. La réponse est non. J'ai accouché. A ma façon, mais j'ai accouché. 

Edit 3: J'avais mis mon esquimaude en ligne mais comme convenu, je l'ai depuis enlevée, je ne veux pas avoir l'air de l'exposer comme un trophée…

 

 

Y’a-t-il un anesthésiste dans la salle ?

Bon, depuis que je suis rentrée, je me dis. Est-ce que je raconte ?
Comment ? Est-ce que ça peut intéresser qui que ce soit ? Est-ce qu'il
y a une "valeur ajoutée" à tout ça ?

Et puis finalement, la réponse est oui. Ou non. En fait on s'en moque.

Je
vais donc essayer de raconter, à ma façon, sans tomber dans le
médico-légalo-trash, cette nuit du 4 au 5 août 2008. Nuit durant
laquelle ce ne sont pas les privilèges qui furent abolis, mais les
limites de la souffrance et de la joie.

Tu notes comment je suis lyrique, moi, depuis que j'ai mis bas ?

Bref, commençons par le commencement.

Vers une heure du matin, alors que nous venions d'échapper à la césarienne programmée par la grace d'un chef de service estimant que Pimprenelle méritait bien un sursis, j'ai perdu les eaux. Je ne m'étendrai pas sur cette sensation plus qu'étrange de se vider sans pouvoir se maitriser parce que bon, on n'est pas obligés non plus.

Du coup, j'appelle l'homme qui venait à peine de s'endormir, l'avertissant qu'il fallait que séance tenante il grimpe sur son vélib et ramène fissa ses fesses, la miss étant manifestement décidée à pointer son nez dans les minutes qui venaient.

Que je croyais.

Mais là j'anticipe, chaque chose en son temps.

On me descend donc en salle de travail et on m'explique qu'à partir de maintenant on va attendre de voir si mon col veut bien s'ouvrir et ce dans des délais raisonnables. Rapport à mon uterus cicatriciel qui ne pourra supporter une trop longue attente – et moi donc, j'ai envie de dire aujourd'hui. Mais là encore, j'anticipe.

En même temps qu'on m'expliquait ça, les premières contractions se sont fait sentir. Enfin, que je croyais, là encore.

Genre, toutes les dix minutes, mon ventre devenait dur, je disais "ouïe, ça tire un peu" et basta.

Ce qui fait que lorsque l'homme est arrivé, paniqué mais digne, je lui ai confié sans peur aucune du ridicule, que je gérais à mort la souffrance et qu'en fait c'était super simple, il suffisait de faire un pont entre ma douleur et mon corps que j'avais. Et pierre après pierre, on arriverait à la faire naitre, la biquette.

Deux heures après, le pont de la douleur il était à peu près dans le même état que celui de la rivière Kwaï. Et les pierres j'avais surtout envie de les envoyer à la tronche de toute personne m'approchant à moins de deux mètres.

L'homme compris.

Enfin, s'il avait été là.

Parce qu'après avoir compris qu'en fait ça allait durer, il était allé prendre des forces dans ma chambre.

Sur mon lit.

Pendant que je me faisait pulvériser de l'intérieur par une armée de Goths manifestement furieux et prêts à en découdre une bonne fois pour toutes. En ne laissant aucun survivant, ça va sans dire.

A quatre heures du mat' j'étais à 2 cm.

Efficace la nana, comme tu peux le constater.

Et tu sauras qu'à 2 cm ben on te met pas la péridurale.

Faut attendre 3 – 4, figures-toi.

Et moi mon col il était tellement tonique – note que si on m'avait dit un jour qu'un de mes organes serait qualifié de tonique par le corps médical, je l'aurais pas cru – que la dilatation était comme qui dirait très laborieuse.

A 5 heures, j'ai pris mon portable et j'ai réveillé l'homme en l'avertissant que s'il ne descendait pas immédiatement en salle de travail, j'allais le chercher avec les dents s'il fallait.

A 5h30, on m'a proposé d'essayer le ballon, histoire de détendre mon col – l'utilisation du mot détendre m'a fait rigoler ce qui à ce moment là relevait de l'exploit – et comme je considérais que je n'avais plus rien à perdre, je me suis retrouvée à califourchon sur un gros ballon, les bras appuyés sur le lit et le cul en arrière.

A 5h35 j'ai collé une droite à l'homme qui venait de me confier que je l'excitais dans cette position.

A 5h40, l'homme n'était plus du tout excité rapport que je venais de lui vomir dessus, conséquence du balancement lancinant du ballon. Ou de la dernière contraction, plus vicieuse que la précédente.

A 5h45, j'ai demandé un scalpel pour crever le ballon. C'était ça ou l'homme.

A 6h00, j'ai juré devant dieu que je ne boirais plus jamais de calva.

A 6h10, j'ai ajouté que je n'aurais plus de ma vie durant un quelconque rapport sexuel. Encore moins avec un homme qui était allé DORMIR DANS MON LIT pendant que je souffrais le martyre à cause de ses crétins de spermatozoïdes.

A 7h00, quand la sage-femme m'a annoncé triomphalement que d'ici une heure je pourrais probablement avoir la péridurale, j'ai failli lui faire bouffer le suppo de spasfon qu'elle venait de me donner.

A compter de cet instant, j'ai imploré toute personne passant à proximité de la salle de travail, de la femme de ménage à l'infirmier, leur promettant un gros paquet de fric si l'un d'entre eux me dégottait un anesthésiste…

A suivre… 

Edit: ce billet est l'avant-dernier de la rubrique "La ronde enceinte". Ensuite, je tournerai la page… 

Reviendue

Enfin. Enfin à la maison. A cinq. Comme les cinq doigts de la main.
Evidemment, des tonnes de choses à écrire, des billets en tête, des
souvenirs à coucher sur ce blog.

Mais bien sûr aussi, des
milliers d'heures de sommeil perdues, un ventre qui tire encore
beaucoup et une sorte de prothèse humaine greffée à mes seins. Oui, eux.

Alors
pour un post un peu plus long, il va falloir attendre un peu, le temps
que je retrouve mes marques, que je rassemble mes idées et que je sèvre
Pimprenelle.

Rendez-vous donc dans 20 ans.

Au plus tôt.

Naaaaaan, je rigole. Hors de question de n'être plus qu'un garde manger en plus d'un fantasme de John Waters.

Non parce que tout de même, cette photo a été réalisée sans trucage, voyez le genre ? 

Tu notes malgré tout que je n'oublie pas de rester féminine en toute circonstance, appliquant la règle d'or de ma copine Zaz: "toujours porter quelque chose de rose".  

Edit: Je n'ai pas les mots pour vous remercier de cette ferveur dans vos commentaires, de cette veille que vous avez effectuée autour de Rose, l'homme et moi pendant cette nuit si longue et si particulière. Je crois, j'en suis même sûre, que tout ceci nous a portées ma fille et moi, nous a enveloppé d'une douceur bienfaisante. Alors voilà, il y a désormais entre nous ce secret, ce lien indéfectible dont je vous suis redevable à vie. Un merci tout particulier à Denis pour sa prose incroyable.

Edit 2: Merci aussi à Manou, notre ange gardien toute cette semaine, qui a également bien fait vivre ces pages en mon absence.

Edit 3: Je tiens à décliner toute responsabilité concernant les propos tenus ici par un preneur d'otage répondant au sobriquet de l'Homme. Il m'a fallu négocier des heures durant pour reprendre les clés de la maison et lui faire comprendre que non, il n'était pas devenu indispensable à la survie de ce blog moribond.

Edit 4: Je t'aime, l'homme. 

Montrez moi ce sein que je veux voir

Avant de m'écrouler, je ne résiste pas au plaisir de vous faire un compte rendu de la journée (c'est que j'y prends goût moi au blog) qui peut se résumer de la manière suivante : Rose au sein droit, Rose au sein gauche, Rose au sein droit et ainsi de suite.

Je viens de les quitter et ma gloutonne de fille était encore pendu au garde manger de sa mère. Qui, il est vrai, lui offre un mamelon au bout de 3 dixième de seconde de pleurs.

Résultat : je vous informe officiellement que votre blogeuse préférée a eu sa montée de lait avec 1 jour d'avance (Guiness Book).

Ah et puis, ce matin, quand je suis arrivé et que je lui ai demandé si elle allait bien, elle m'a répondu oui et a… immédiatement fondu en larmes.

Autrement, vu les allés et retours qu'elle fait, elle va être fin prête pour les JO.

Et incroyable : ce matin, elle a pu manger une… biscotte. Encore plus ouf : elle s'est douchée, lavé les cheveux et enlevé son pansement toute seule.

Bref, Caro pète la forme (ses tétons un peu moins).

Bises à toutes

L'Homme

 

Edit : j'ai pensé mettre en illustration une poitrine féminine, voire un mamelon. Mais je me suis dit que ça pouvait être déplacé. Pourtant les héros de ce jour sont clairement les seins de Caro ou du moins ce qui va en rester. Je m'inquiète bcq pour eux.

 

La vie est belle

Juste un petit billet pour vous dire que tout va bien du côté de la Pitié-Salpétrière. Rose mord la vie à la pleines dents ou plutôt s'est donné comme challenge d'aspirer le plus longtemps possible et le plus fort possible les seins de sa mère. Caro est en pleine forme. Elle m'épate littéralement. Elle ne se plaint jamais, a toujours le sourire aux lèvres, s'est très vite mise debout et a même trottiné dans le couloir cet après-midi. Je crois qu'on peut dire qu'elle est aux anges, voire même avec les anges.

Elle sort de l'hôpital dimanche ou au plus tard lundi. Il lui tarde de lire vos si nombreux et si touchants commentaires. Je doute fort qu'elle puisse répondre à vous tous. Mais merci pour vos jolis mots et vos affectueuses pensées.

Content aussi que le prénom de Rose vous plaise.

Y a pas de doute, aujourd'hui, la vie est belle.

L'Homme

Edit : j'aurai voulu mettre en illustration les photos des sages-femmes, infirmières, médecins, internes, externes, puéricultrices et – mention spéciale – de l'anesthésiste qui a pratiqué la péridurale qui a tant soulagé Caro pour les remercier de leur gentillesse, de leur dévouement et de leur professionnalisme. Si mère et fille ont lutté pendant 13 heures, l'ensemble de l'équipe s'est battu jusqu'au bout (y compris sur la table d'opération) pour éviter la césarienne. Vive l'hôpital public !