Mois : octobre 2009

Pourquoi faire aujourd’hui ce qui peut être remis à demain ?

Pilecourrier

Je suis une procrastrinatrice. A savoir que je remets au lendemain tout ce qui pourtant me rendrait plus légère si c'était effectué le jour même.

Tout y passe. Bien sûr, payer les factures. Pour cela encore faudrait-il que je les ouvres, tu me diras. C'est simple, je ne passe à l'acte qu'une fois l'enveloppe avec le sceau de la société de recouvrement glissée dans ma boite aux lettres. Je peux me vanter de connaitre toutes celles qui ont pignon sur rue.

Idem pour les huissiers.

Mais ça ne s'arrête pas aux factures. Sécurité sociale, mutuelles et autres assurances sont pour moi les représentants d'un monde hostile. Ces gens là me demandent des précisions, des courriers, des numéros à reporter sur des formulaires, bref, l'impossible. D'où des piles de feuilles oranges qui attendent, résignées, qu'une âme charitable les remplisse et les envoie à bon entendeur. Salut.

Ne parlons pas des chèques en souffrance se mourant de ne pas être encaissés. Ou des contrats d'édition abandonnés à leur triste sort alors que les livres ont été écrits et livrés. Résultat, bien sûr, les avaloirs mérités restent sagement chez Hachette, qui, c'est bien connu, a bien besoin que je lui laisse de l'argent qui m'appartient.

Je crois que c'est cet aspect des choses qui m'interroge le plus. Etre en retard pour payer, ça peut se comprendre. C'est moyennement urbain, c'est à la limite de la légalité parfois, mais on peut entendre que quiconque n'ait pas envie de donner ses sous à quelque créancier que ce soit. Mais refuser de s'enrichir, là, non, je ne vois pas. Limite on pourrait penser que j'estime ne pas mériter l'argent pourtant honnêtement gagné (si tant est qu'écrire un livre intitulé "Comment baiser en cachette" soit l'exemple d'un travail honnête). On pourrait même se dire que je ne suis pas sûre de ma légitimité. Voire… on pourrait imaginer que je ne me sens, à 38 ans, toujours pas vraiment à ma place.

Le pire, c'est que même consciente de tout ceci, même parfaitement lucide sur mon compte, il ne se passe pas un jour sans que je ne sente le poids de ces tâches à accomplir.

Parfois, je m'acquitte de tous mes devoirs. En général parce que je suis a) rongée par l'angoisse, b) sous le coup d'une levée immédiate de mon mobilier c) (situation la plus fréquente) menacée PHYSIQUEMENT par l'homme pour qui un tel toc relève de la bêtise la plus crasse: putain quand même, tu es en train de te priver d'un fric qui est le tien, c'est hallu-ci-nant, c'est RIEN de mettre un chèque à la banque, tu passes devant et pan, dans la boîte aux lettres, et ce contrat, merde à la fin, ça fait TROIS mois qu'il traine sur la table, il est dégueulasse, Rose s'est mouchée dedans, franchement, quoi. Je t'ai acheté des timbres, je t'ai acheté des enveloppes, tu n'as plus qu'à mettre l'adresse, ça je peux pas le faire à ta place, en fait c'est ça, il faudrait que je le fasse à ta place, mais ce n'est pas te rendre service, n'empêche qu'un psy en ferait ses choux gras, d'un truc pareil, jamais vu ça de ma vie

Ces jours de remise à zéro des compteurs administratifs et judiciaires, je me sens comme délestée d'une enclume. Littéralement allégée d'une centaine de kilos.

Ce n'est évidemment pas pour autant que je réitère au premier recommandé glissé sous ma porte.

Je me dis souvent que si je vivais seule, je finirais par mourir sous un tas de courrier. Pas très glorieux.

Jeanne, 10 ans, candidate à l’Epad

Jean-sarkozy-challenges  Hier, Desperada, que moi j'aime bien appeler Despé, tribute to the éponyme bier, a lâché un commentaire qui m'a personnellement beaucoup amusée. N'étant pas bien sûre que tout le monde ait pu en profiter, le voici le voilà…

"Monsieur, Madame,
Je me permets de vous soumettre la candidature de ma fille, Jeanne, 10
ans, à la présidence de l'Epad. Si j'ai bien conscience que l'année
d'avance qu'elle a dans sa scolarité pourrait être un handicap à
l'accession à ce poste, les remarquables constructions en Lego qu'elle
a faites vers l'âge de 5-6 ans me paraissent un atout indéniable et
devraient sans doute vous convaincre. S'il s'avère nécessaire qu'elle
affiche 3 ans de retard dans ses études, nous nous engageons à
l'empêcher de faire ses devoirs, de lire, de s'intéresser au monde,
jusqu'à ce qu'elle comptabilise le retard nécessaire. Au besoin, nous
l'enfermerons dans un placard.
Vous remerciant de l'attention que vous pourrez porter à cette
candidature,
Je vous prie d'agréer, Monsieur, Madame, mes respectueuses salutations."

Edit: D'après ce que j'ai compris, Despé a vraiment envoyé cette lettre auprès du site de l'Epad...

Up and down, the return

Ministresrégime

Pas d'idée précise de billet, ça sent la dépression saisonnière à plein nez cette histoire. Du coup, je vous fais le coup du up and down. Sous vos applaudissements mesdames et messieurs.

Up: Le premier épisode de la saison 6 de Docteur House, téléchargé illégalement. Il nous la rejoue Vol au dessus d'un nid de coucou, embrasse une femme et tombe le masque. Un nouveau Greg est-il né ? La réponse dans l'épisode 3, j'ai hâte. Et je suis amoureuse, aussi. Virtuellement, évidemment.

Down: Les deux premiers épisodes de Gossip Girl, saison 3 téléchargés illégalement. Grosse déception, il aurait fallu à mon avis s'arrêter à la saison 1. Là, plus rien ne marche, c'est out, périmé, totalement trendyless.

Down: La loi Hadopi, rapport que je risque d'être parmi les premières à tomber.

Down: Le régime des ministres qui faisait la une du parisien la semaine dernière. N'ayant pas envie de faire revenir illico les trolls du billet Marianne James, j'ai hésité à en parler dans un post à lui tout seul. Mais tout de même, n'atteint-on pas le fond du fond de la piscine, avec ce président de la république plus obsédé par ses kilos que par nos fins de mois, qui intime l'ordre à ses soldats d'afficher une ligne impeccable ? En même temps, s'il continue son régime soupe – fromage blanc – accro, qu'il est, en plus -, le Briçou, y'en aura même plus un seul. Allez, encore un taillefine, messieurs les ministres ? Ah, heu, non, toi, Roselyne, tu peux y aller sur la tartiflette. Tu es ministre de la santé et les Français, faut les ra-ssu-rer. Et quoi de mieux pour ça que les grosses doudounes de Rosy ?

Up: Le renouvellement des élites. Non, je veux dire, bien sûr, on peut y voir du népotisme. En même temps, c'est pas un sacré pied de nez aux énarques, polytechniciens, titulaires de MBA bac + 8 et j'en passe, qu'un jeune garçon de 23 ans même pas titulaire d'une licence accède à un des postes les plus convoités de France ? A bas l'élitisme, quoi. Ok, je vais vomir mon fromage blanc et je reviens. A voir à ce sujet ce récap de toutes les perles Twitter sur le prince Jean. J'aime beaucoup celle là: Jesus Christ est né en 1986 avant Jean Sarkozy. Bref on en rigole mais on est la risée de la presse internationale. A côté, Silvio et son papounet légendaire, c'est du pipi de chat.

Up: Mes bottes Duo qui me vont mieux que l'année dernière, rapport que mon mollet s'est comme qui dirait affiné. Ne plus avoir la sensation d'avoir le tibia asphyxié dès 10h du matin ni la peur panique que la fermeture éclair me pète à la figure en pleine réunion c'est comme qui dirait l'antichambre de la félicité.

Up: Le grand machin éclopé qui est amoureux d'Adélie: "Le truc c'est que j'ai tout le temps peur de faire une gaffe quand je suis avec elle. Du coup je préfère ne pas trop l'ouvrir. Et ça marche, j'ai l'impression". No comment.

Up: Le "maman" qui veut vraiment dire "maman" de mon Helmut. Jusque là elle prenait un malin plaisir à qualifier de "maman" tout ce qui se mange, tout ce qui se boit et également sa nounou ou ma copine Zaz. Même pas mal. Mais là, hier, quand je suis revenue fourbue, j'ai ouvert la porte et je l'ai entendue de la salle de bain m'appeler. Elle sortait du bain, son petit corps était tout chaud et elle a planté ses yeux dans les miens pour me dire un "maman" sans aucune ambiguité. L'expression "fondre de bonheur" a pris tout son sens. 

Edit: Je précise que je ne télécharge QUE des séries. Et que ça m'arrangerait qu'on n'organise pas un grand débat sur Hadopi ici, j'avoue ne pas avoir vraiment d'opinion tranchée…

Les heures souterraines

Delphinedevigan  Ce week-end, j'ai dévoré "Les heures souterraines" de Delphine de Vigan. Autant vous prévenir, ce n'est pas à proprement parler le bouquin le plus drôle de la rentrée.

On pourrait même dire que c'est sacrément triste. Genre no future, pas grand chose à sauver dans l'humanité.

Et en même temps, il est d'utilité publique, ce livre. Même qu'il tombe à point nommé et trouve des résonances dans l'actualité qui le rendent évidemment encore un peu plus juste.

L'histoire ? Mathilde, 40 ans, 3 enfants, subit un harcèlement silencieux mais tenace au travail depuis huit mois. En cette journée du 20 mai, sur la foi d'affirmations douteuses d'une voyante vue en désespoir de cause, elle va, elle en est sûre, rencontrer un homme qui changera le cours de sa vie.

Cet homme c'est peut-être Thibault, médecin urgentiste, qui lui a décidé de quitter une femme qui ne l'aime pas comme il voudrait et qui va de domicile en domicile diagnostiquer crises d'angoisses, bronchites aigues ou abandon caractérisé.

Si l'histoire de Thibault m'a un peu moins accrochée, j'ai été stupéfaite par la précision et le réalisme de la description du harcèlement moral que subit Mathilde. La destruction minutieuse et implacable de sa confiance en elle, l'isolement progressif, l'indifférence polie de ceux qui quelques semaines auparavant étaient des compagnons de machine à café, les vexations invisibles à l'oeil nu, le déni absolu du harceleur, l'impossibilité de remonter le fil jusqu'au moment où tout a basculé.

La honte, surtout, celle qui pousse à se taire, même auprès de ses amis, parce qu'on a la sensation que peut-être en réalité, tout ça, on l'a bien mérité. Surtout, comment décrire précisément ces suites de micro-événements, ces silences étouffés, ces mails jamais reçus alors qu'ils ont été envoyés, ces pots de départ organisés alors qu'on est en RTT ? Impossible.

Impossible également, à un certain stade du processus, de suivre les conseils avisés d'un syndicaliste de bonne volonté: tout consigner, noter par écrit chaque événement, ne pas lâcher un pouce de terrain, surtout ne pas démissionner. Impossible pour Mathilde de se battre, parce que pour cela il faudrait avoir encore une once d'énergie.

Voilà, il faudrait imposer la lecture de ce livre à tous les DRH de France et de Navarre. Il faudrait en envoyer un caisson au patron de France Telecom, à celui du Techno-centre Renault et à tous les anonymes qui broient quotidiennement des vies, en toute impunité, sans jamais risquer la garde à vue.

Les heures souterraines c'est aussi une peinture de la ville et de ses entrailles, du flot humain qui se déverse soir et matin dans les boyaux du metro. C'est la chorégraphie oppressante de nos solitudes qui se croisent sans parfois jamais se rencontrer. A ce titre, ce cliché illustre, je trouve, parfaitement le quotidien de bon nombre de parisiens…

Metro

Edit: Photo trouvée sur un joli blog, parfois mes pérégrinations me réservent de belles surprises…

Follow me, please, sur Twitter

Sequins  Bon les amis, comme je n'avais pas assez de raisons de passer du temps sur un écran, j'ai enfin créé mon compte twitter. Enfin, en vrai je l'ai ouvert il y a quelques semaines mais il était en jachère, je n'étais pas sûre de l'utilité du biniou.

Pour être honnête, je ne suis toujours pas très convaincue, mais voilà, toujours cette histoire de personnalité qui parfois me fait défaut, si tout le monde en a un, pourquoi pas moi ?

Je pressens toutefois que j'arrive un peu tard, comme pour la veste à sequins La Redoute, shoppée et adoptée par toute la netterie il y a plus d'un an et qui fait aujourd'hui chez moi l'objet d'une fixette tout ce qu'il y a de plus irrationnelle.

A tous les coups dans deux ou trois jours un pape de la trendytude fera tomber la sentence: maintenant que le petit peuple s'y est mis, Twitter, ça sucks grave.

En attendant, je vous propose (= vous supplie, question de dignité, 10 followers c'est beyond the honte) de me suivre sur Twitter, vous y apprendrez des choses aussi capitales que l'heure à laquelle je me suis couchée hier, c'est dire…

Edit: J'ai aussi réussi je ne sais comment à insérer mes tweets sur le blog, là, à droite. Ok, niveau police de caractère, on repassera.

Marianne James enlève le haut et le bas pour Gala

Mariannejames_nue C'est le buzz du moment, j'imagine que ça ne vous aura pas échappé. Marianne James a tout enlevé, haut et bas pour Gala.

Et depuis deux jours, plusieurs personnes m'ont demandé si j'allais en parler.

Ben bien sûr, parce que je suis du genre prévisible comme fille et que tout de même, ça tombe pile à poil dans ma part de marché, non ?

Problème, toutefois.

Je ne sais pas trop quoi en penser.

Si. Je sais, on peut être étonné, j'ai en général un avis sur tout, même et surtout quand on ne me l'a pas demandé.

Mais là, gros gros gros moment de doute.

Déjà, moi, au départ, je l'aime plutôt bien Marianne James. En tous cas à la Nouvelle Star. Le souci, c'est que la caricature du "fat is beautifoule", ça me fatigue un peu. J'ai du mal avec les gens qui finissent par se réduire à une facette de leur personnalité. Marianne James, désormais, comme Beth Ditto, son métier, c'est Fat-Pride. Grosse, quoi.

Alors qu'au départ, elle était chanteuse comique, castafiore ou juré déjanté.

Désormais, elle est designeuse chez La Redoute pour Taillissime. Au passage, comme elle n'est pas langue de bois, elle a avoué je ne sais plus où que c'était bien mieux payé qu'actrice ou chanteuse. C'est un de ses côtés que j'aime bien, ça, elle est cash.

Bref, maintenant, elle nous la joue Demi Moore sans le baby-bump et nous montre qu'on peut être grosse, avoir près de 50 ans et poser à poil dans Gala.

Moi je dis pourquoi pas.

Bon, j'aimerais bien peser 100 kilos et avoir des jambes de douze mètres n'ayant rien à envier aux tops de chez Chanel, soit-dit en passant. Idem pour la cellulite, Marianne James est un cas à part, manifestement, elle a été totalement épargnée. Mais après tout, là aussi, pourquoi que n'y aurait-il que les minces qui auraient droit à Photoshop, hein ? T'as raison Marianne, merde, après tout. L'égalité ça commence là, finalement. 

En revanche.

En revaaaaaaaaaaaanche

En revanche, quoi.

La question, c'est: est-ce que ça sert la diversité, ce genre d'acte de bravoure, ou est-ce que c'est juste un bon coup de pub ? Toujours la même interrogation, finalement, est-ce que les Marianne James, Beth Ditto et plus récemment Big Beauty sont des arbres cachant la forêt qu'il est facile de brandir une fois l'an histoire de s'affranchir le reste de l'année de la nécessité de montrer des grosses, ou est-ce que réellement, il y a une amorce de changement ? J'ai l'impression qu'on en a déjà beaucoup parlé et que si ça se trouve, on n'a pas grand chose de plus à en dire. Enfin moi, je crois que je n'ai pas vraiment d'eau à apporter au moulin de la connaissance.

Ah, si, une dernière chose. L'interview est pas mal, c'est du Marianne James, à prendre ou à laisser. Si ce n'est que j'ai un peu du mal avec une ou deux réponses dans lesquelles elle explique en gros que les grosses = joie de vivre alors que les minces = pisse vinaigre.

Je dis stoooooooop.

Personnellement, et j'en parlais récemment avec une amie, mon sens de l'autodérision me sauve en effet de pas mal de situations humiliantes. Il n'empêche que les grosses à mon avis, pleurent plus souvent que leurs copines en taille 38 et sont évidemment souvent aigries, elles aussi. Arrêtons avec ces clichés à deux balles selon lesquels en gras, heu, en gros, les rondes seraient de bonnes baiseuses trop fun pendant que les bien gaulées seraient rêches au toucher et frigides de la vie. Ce n'est évidemment pas vrai, ce qui rend baisable c'est d'être un peu en paix avec soi même, ça fait très Lao Tseu et feng-shui mes fesses de le dire, mais parfois, le feng-shui mes fesses c'est du bon sens.

Et ça, le fait d'avoir baissé les armes, je suis en train d'apprendre que ça n'a pas vraiment à voir avec le poids sur la balance.

Mademoiselle Chambon

Mlle chambon

Pour moi, un bon film, ce n'est pas super compliqué. Si a) je ris, b) je pleure, c) je vibre (= dans le meilleur des cas j'ai des guilis au zizi), c'est que j'ai vu un bon film. Etant entendu que parfois, il est compliqué d'avoir les trois émotions en même temps, bien sûr.

Après, bien évidemment, on peut avoir envie de réfléchir, de s'extasier devant tant de beauté. Oui. Il n'empêche que rien ne vaut les larmes ou le rire. Qui n'empêchent pas de cogiter. Et que sans émotions, la fête du cinéma est moins folle.

Or avant-hier, j'ai eu la chance de voir en avant première – voui, à croire que je suis entrée dans un fichier, mais j'avoue ne pas bouder mon plaisir – un de ces films qui font tout ça à la fois. Sourire, pleurer et vibrer. L'histoire tient en trois mots, ou peut-être quatre. Ils se voient, ils se reconnaissent, ils tombent amoureux. Sauf que l'un des deux est pris. Classique, éternel dilemme, comment résister à la tentation, comment renoncer à ce qui se présente comme l'amour avec un grand A.

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Classique mais pas toujours très bien traité, personnellement le dernier triangle amoureux vu au cinéma était celui interprêté par Christine Scott thomas, Sergi Lopez et Yvan Attal, et je n'avais pas marché.

Alors que là, Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain m'ont emmenée avec eux dans leurs regards, m'ont fait ressentir physiquement leur désir. Il n'est pas question pourtant d'une histoire de cul mais vraiment d'amour. A un moment, ils se regardent et on a l'impression que s'ils se touchent, ils vont littéralement entrer en fusion et se consummer sous nos yeux.

Je n'en dis pas plus, si ce n'est qu'Aure Atika y est également formidable, qu'on oublie très vite que les deux acteurs furent dans une autre vie un vrai couple. On se dit seulement que leurs peaux semblent être faites pour se mélanger. On se dit aussi que Vincent Lindon est vraiment…. wa wa woum.

Allez le voir quand il sortira, je vous prévient que c'est un film taiseux, qui fait l'économie de tout et qui pourtant, personnellement m'a touchée au coeur. Je vous laisse avec la bande annonce tout en douceur elle aussi, sur cette merveilleuse chanson de Barbara.

Un jean d’il y a deux ans

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Je remets un jean d'il y a deux ans.

Je remets un jean d'il y a deux ans.

Non mais je veux dire, je remets un jean d'il y a deux ans, quoi. Je re-mets-un-jean-d'il-y-a-deux-ans.

DEUX ANS.

UN JEAN.

JE LE REMETS.

Je remets un jean d'il y a deux ans.

Edit: J'ai dit que je remettais un jean d'il y a deux ans ?

Vous savez quoi ? Je crois que certains jours, le bonheur c'est comme un jean d'il y a deux ans.

Edit2: Ouais la photo est pourrite. Mais elle date d'il y a deux ans elle aussi. Depuis il y a eu du progrès. Si.

Une semoule au chocolat rudement bonne

Semoule Bon alors vous m'avez demandé la recette de la semoule au chocolat. Il va y avoir de la déception, je vous préviens, la netterie. Parce qu'en gros, la recette, je vous l'avais à peu près donné, rapport que ma grand-mère, quand je la lui ai demandée, m'a répondu à peu près en ces termes:

"Ouh là, ma pauvre chérie, tu sais bien que je suis une très mauvaise cuisinière. Je suis rûdement contente que tu me demandes une recette (elle dit toujours "rûdement" et "ravissante", ma grammy), mais je ne vois pas bien pourquoi. Alors écoute, pour cette semoule au chocolat que ton père mangeait comme un affamé lui qui ne mangeait jamais rien le pauvre, je prends de la semoule que je fais cuire avec du lait.

– Combien de semoule ? Et de lait ?

– Un bon paquet…

– Un paquet entier ?

– Oh non, pas le paquet, une grosse poignée. Ou alors deux. Dans un litre de lait ou un peu moins. Il faut que ce soit épais. Mais pas trop.

– D'accord. Tu mets du sucre ?

– Un peu. Il en faut, ça c'est sûr, mais pas trop non plus. Quand la semoule a épaissi tu mets du chocolat.

– Une tablette ?

– Oui, j'imagine, je t'avoue que je mettais ce qu'il y avait dans le placard. Mais plus y'en a, meilleur c'est, bien sûr.

– Donc le chocolat fond, et ensuite tu mets au four ? Avec un oeuf ?

– Pour l'oeuf tu me poses une colle, je ne me souviens fichtrement pas (elle dit "fichtrement" aussi). ça ne doit pas avoir beaucoup d'importance. (pour info j'ai essayé avec et sans oeuf. J'ai préféré sans, c'est plus "mou", mais ça se discute). Et en effet, tu mets au four avec du sucre ou de la cassonnade saupoudrée dessus. Pour que ça caramélise un peu, tu vois ?

Et voilà mes cailles. ça c'est de la recette que sur marmiton tu te fais lyncher à coup d'agar-agar. Pas un pet de proportions, aucune précision quant aux ingrédients, un grand flou au niveau de la cuisson.

Et pourtant… C'est bon. Alors voilà, moi je dis, soyez créatives et instinctives en même temps, vous la trouverez votre semoule idéale.

Allez, bonne journée mes choutes.

Elle dit "ma choute" aussi, ma grammy.

Zermati and me, troisième épisode

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Vendredi, c'était ma troisième visite chez le docteur Z.

Zermati pour les intimes.

Pour commencer, je suis arrivée sans mon calepin dans lequel j'étais censée avoir noté mes impressions après mes quatre jours de semi-jeune.

On peut dire que c'était un acte manqué, sauf que pardonnez-moi mais j'avais bien fait mes devoirs.

Heureusement, ce bon docteur Z, non content de ne pas m'infliger l'humiliation quinzomadaire de la pesée, n'est pas non plus du genre à vous engueuler d'avoir oublié son cahier. Nouveau bon point.

Qu'à cela ne tienne, donc, je lui ai fait part de mes observations par oral. Qui étaient les suivantes.

Le premier jour, j'ai tenu héroïquement deux heures sans mon quotidien petit-déjeuner. Non sans avoir eu très très peur d'y passer. J'ai ensuite boulotté deux croissants, consciente que le deuxième était de trop. Par contre, j'ai ensuite attendu jusqu'à 16h pour avoir à nouveau faim, j'ai là mangé une petite gougère de rien du tout et une madeleine. Le soir, une soupe et au lit, vers 22h.

Ok, on me souffle dans mon oreillette que je viens de perdre une centaine de lecteurs, mon carnet alimentaire n'intéressant que moi.

Bref, sans entrer dans les détails, les jours suivants j'ai repoussé un peu plus l'heure du premier repas de la journée et me suis contentée de collations beaucoup moins importantes. J'ai pu avoir la confirmation qu'en effet, quand on a faim, on ne grossit pas, ne m'étant privée de rien de ce qui me faisait envie. J'ai aussi compris que tant qu'à faire, on ne commence pas sa journée alimentaire par un petit verre de blanc, encore moins en compagnie de quasi-inconnus, ça la fout assez mal.

J'ai aussi constaté qu'on ne se gave pas quand on mange avec la dalle, je ne saurais l'expliquer, peut-être tout simplement parce qu'on sent physiquement les effets de la satiété, rapport qu'on avait bien conscience de sa faim.

Autre enseignement: je peux tenir debout en avalant moitié moins de calories que ce que je boulotte d'habitude.

Surtout, et là il semblerait que le docteur Z considère que c'est le plus important, j'ai éprouvé du plaisir à manger. Je veux dire, un plaisir non entaché par la culpabilité.

Conclusion, quand on a faim, on ne s'en veut pas de manger. Et donc on ne grossit pas.

Après avoir fait ce petit bilan, j'ai quand même interrogé le docteur Z. "Dites moi", que je lui ai demandé de l'air de celle à qui on ne la fait pas. "C'est bien gentil tout ça, mais je me connais, moi. En ce moment, j'arrive très bien à me contenir. Pas de pulsions et quand j'en ai, je contrôle. Mais quid de dans un mois ? Ou deux ? Quand tout ça n'aura plus le goût de la nouveauté ? Parce que moi, autant vous dire que je suis la championne des journaux intimes arrêtés au bout de dix jours, des grandes résolutions tenues un mois et du classement de papiers qui ne durent pas plus que le temps d'acheter une boîte d'archivage. Bref, ce serait pas un peu trop comportementaliste, votre méthode ? (sous-entendu, c'est quand qu'on parle de ma mère et de comment c'est de sa faute tout ça ?)*"

Là, le docteur m'a regardée pas trop dupe, soupçonnant que je savais à peine ce que c'est que le comportementalisme et qu'on avait dû me la souffler, ma question.

Et il a répondu qu'en effet, là, on en n'est qu'au début du voyage. Que pour comprendre le pourquoi des pulsions, il faut déjà les identifier. Et pour les identifier, il faut savoir quand elles arrivent. Et que pour savoir quand elles arrivent, il faut parvenir à les différencier des moments où on mange parce qu'on a vraiment faim. Et que donc, travailler sur la notion de faim, c'est le commencement. Mais que pas de panique, on va travailler sur mes émotions. Voire même que je vais pas y échapper.

Au mot "émotion", vlam, de nouveau les yeux qui piquent.

ça promet.

Ensuite, on est passés à un autre exercice, un peu new age. On va apprendre à respirer, qu'il m'a dit. Et le voilà qui me colle une sorte de pince à l'oreille reliée à un fil branché à l'ordinateur.

Croyez moi ou non, moi et ma grande gueule – surtout dans les couloirs, la grande gueule – je n'ai pas demandé à quoi ça servait, j'ai supposé que ça devait lui permettre de lire mes pensées ou un truc dans le genre.

Il m'a demandé de fermer les yeux et de me concentrer sur ma respiration. Pour faire simple, je dirais que ça ressemblait furieusement à un exercice de relaxation, celles qui ont suivi des préparations à l'accouchement ou pratiqué le yoga verront de quoi je parle. Et comme c'est de rigueur dans ce genre de rituel, il m'a demandé, tout en me concentrant sur ma respiration, de choisir une image agréable.

Là, grosse panique, comme à chaque fois dans ce cas là. Impossible de me fixer sur une seule image agréable. Un peu comme quand tu vois une étoile filante et que tu as tellement de voeux à faire que tu te retrouves dans l'impossibilité d'en choisir un et que du coup, pof, l'étoile elle est déjà morte depuis trente millions d'années que toi tu en es encore à hésiter entre gagner au loto, trouver l'amour de ta vie ou trouver un vaccin au sida.

Bref, ça m'a bien occupée de chercher mon image agréable. Un coup j'étais dans la mer d'huile en corse, un autre sur un télésiège au dessus des pistes immaculées, un autre dans les bras de mon amoureux. Au final, j'ai retenu le visage d'Helmut quand elle est sortie de mon ventre.

Et pan, yeux qui piquent.

Pile au moment où l'exercice était terminé.

"ça va ?" qu'il m'a demandé, avec la voix du médecin qui voit bien que ça va moyen.

"Impecc, c'est juste la lumière qui me brûle les yeux". Menteuse.

Va y'avoir du boulot rapport aux émotions, c'est peu de le dire.

Bon, je vais la faire courte parce que je bats les records de longueur de billet, en gros, cet exercice "de pleine conscience", sert à voir comment les pensées "parasites" viennent polluer notre attention censée se concentrer sur un seul objet. En l'occurence la respiration, mais ça aurait pu être un stylo.

Ou peut-être un petit salé aux lentilles.

En gros – mais ça n'est pas très clair pour moi, je demanderai éclarcissements la prochaine fois, merci l'esprit d'escalier -, il semble que l'idée c'est d'arriver à se concentrer sur son corps et ses sensations. En tous cas, la consigne est de m'accorder avant les repas trois minutes de "respiration – relaxation". A voir si j'y arrive. Il a ajouté que je pouvais le faire dans les moments d'anxiété.

Anxiété, anxiété, est-ce que j'ai une gueule d'anxiété ?

Voilà, ensuite il m'a donné mes autres devoirs, à savoir expérimenter durant les deux semaines qui viennent une petite faim, une moyenne faim et une grosse faim. Noter les impressions, les désagréments et les sensations une fois à table. Le but du jeu étant de trouver la "bonne" faim, celle qui combine petits désagréments et satisfaction quand on y met faim fin.

Parce que donc, le but, m'a répété le docteur Z, ce n'est pas de se rendre malade. Et d'ajouter que la grosse faim, souvent, elle n'est pas très facile à satisfaire. Quand c'est plus l'heure, c'est plus l'heure et le corps se venge.

Voilà pour aujourd'hui.

Edit: A la fin de la consultation, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai expliqué au docteur que je tenais un blog dans lequel je parlais, parfois, de lui. J'ai ajouté que si ça lui posait un problème, j'enlèverais son nom. Il m'a répondu que pas du tout, que vu le temps et l'énergie qu'il consacrait à défendre sa vision des choses, il n'allait pas bouder son plaisir. Je lui ai donné l'adresse, en lui disant qu'il faisait comme il voulait, que moi je ne voyais pas d'inconvénients à ce qu'il lise ce que j'écris sur lui, après tout c'est la moindre des choses. Il a eu ce scrupule qui l'honore de craindre que ça ne bride ma "spontanéité". J'ai argué que je parlais ici de choses que je n'aurais jamais envisagé porter à la connaissance de la netterie mondiale. Encore moins à celle de ma mère. Bref, faites comme vous voulez, docteur. 

Edit2: j'ai créé une rubrique "Zermati and me" pour que vous puissiez retrouver facilement les billets, je ne sais pas si ça vous manquait, mais dans le doute…

Edit3: L'image agréable que j'ai mise là, c'est une photo prise maladroitement par mes enfants le jour de notre mariage, juste avant que la fête commence vraiment. J'aime cette brume de chaleur de la fin de journée et la sérénité qui s'en dégage. J'aime revoir ce jardin de mes parents décoré pour la fête avec les moyens du bord. J'aime le souvenir de ces fleurs parfaites bichonnées par ma maman pendant des semaines pour qu'elles éclosent pile poil le jour J. Voilà mon image agréable, la prochaine fois je n'hésiterai pas.

* Maman, je sais bien, que tout n'est pas de ta faute, c'est juste qu'une thérapie où on ne se lâche pas sur sa mère, c'est pas une thérapie, si ?