Mois : août 2012

Livres pour enfants (et plus grands) : la chronique de Marje #5

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Shame, shame shame on me, j’ai trainé tant et tant pour publier la chronique de Marje qu’elle ne vous sera pas d’une grande utilité pour vos sacs de plage. Ceci étant dit, s’il est une période propice à la lecture, c’est bien celle de la rentrée, je trouve. Personnellement je dévore depuis que je suis revenue, besoin, j’imagine, de m’évader à nouveau (à venir d’ailleurs ma liste des incontournables de l’automne). Quant à mes enfants, ils pillent les bibliothèques du quartier et de la petite bourgade de mes parents. Et ils sont devenus accros aux conseils de Marje (dernier gros succès, l’épouvanteur)…

Bref, voici donc, tadaaaaam, la chronique des livres jeunesse de Marje, que je remercie à nouveau pour ce boulot magnifique et sa patience concernant mes errances procrastinatrices…

Edit: la photo je l’aime parce qu’elle me rappelle le début de nos vacances et puis aussi parce que c’est ma fille telle que je la vois tout le temps, un livre greffé à la main, quoi qu’elle fasse…

Edit2: vous pouvez également télécharger la chronique de Marje ici : Téléchargement Carobloglijechron5

Allez, la parole à Marje ! En lire plus »

Pomellato(c)

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Ce n'est pas trop mon habitude d'utiliser ce blog pour faire ce que les Anglais appellent le "shame and blame". Mais je sais aussi que parfois, ce que je montre ici peut donner des idées ou des envies. Or je m'en voudrais vraiment que certains ou certaines aillent claquer l'équivalent d'un mois de salaire (plus ou moins selon les gens mais ça n'est pas le propos) dans un bijou qui ne tiendra pas ses promesses.

Il y a quelques mois, le churros m'a offert une bague sur laquelle je louchais depuis belle lurette. Il a profité de mon anniversaire et de nos cinq ans de mariage pour m'emmener chez Pomellato, joailler dont j'admire absolument toutes les créations, des cabochons aux boucles d'oreilles, en passant par les colliers et bracelets. 

Je me souviens, lorsqu'il m'a prévenue, je me suis pris la tête pour savoir comment j'allais m'habiller, ce qui est j'en conviens a) ridicule b) symptomatique de la fille incapable de franchir la porte d'un endroit sélect sans se sentir comme un éléphant dans un jeu de porcelaine. Comme toujours dans ce cas là, j'ai fini par me mettre tout en noir, en me disant qu'à minima j'éviterais la faute de goût et que je pourrais même faire un peu rock et mystérieuse (esprit de Kate Moss es-tu là).

Une fois entrés dans l'antre italienne, sise en face de l'Elysée encore occupée alors par Nicolas Sarkozy (rien à voir avec l'histoire mais en y retournant il y a quelques jours je me suis fait la réflexion que c'était tout de même très agréable de savoir qu'il n'y était plus), nous avons été reçus avec grande classe par une vendeuse très très chic me donnant l'impression d'être la cliente la plus importante qu'elle n'avait jamais eue, me laissant le temps de choisir le modèle qui l'emporterait et distillant les conseils avec une délicatesse rare, sans jamais franchir le pas de l'intrusion.

Alors que mon coeur balançait entre la turquoise et la noire, elle s'est contentée de me glisser que selon elle, la noire correspondait peut-être mieux à mon style "mystérieux". On a beau ne pas être idiote, comment ne pas être flattée hein. Bien qu'étant probablement la nana la moins mystérieuse stylistiquement parlant qui soit, j'ai vraiment pensé durant cinq minutes qu'elle voyait en moi une Patti Smith parisienne, une artiste un peu tourmentée, à qui cette bague en Onyx donnerait toute sa dimension trash mais chic.

Elle m'a bien prévenue que l'objet était précieux et assez fragile, précisant que l'utilisation de produits détergents n'était pas conseillée. Avertissement qui ne m'a pas trop perturbée, vous vous en doutez (je suis de gauche mais j'ai une femme de ménage). Je suis repartie avec ma merveille au doigt, toute tourneboulée par cet achat exceptionnel et déraisonnable.

Les semaines qui ont suivi, j'ai du instagrammer 234 fois ma main tellement je la kiffais. Vous voyez le truc où après une manucure on ne peut pas s'empêcher d'admirer ses ongles, l'estime de soi remontée comme un coucou cocaïné ? Là c'était 100 fois ça. 

Dire que j'en ai pris soin est en deça de la réalité. Je l'ai enlevée à chaque bain, je prenais garde de ne jamais heurter la moindre surface dure et c'est tout juste si j'osais aller aux toilettes avec. 

Et puis un matin, environ trois mois plus tard,  j'entends un bruit de quelque chose qui tombe alors que je suis dans la cuisine. Je regarde par terre, je ne vois rien et je lâche l'affaire (je suis persévérante mais avec mes limites). Un quart d'heure plus tard, alors que je suis au téléphone et que je regarde donc mes doigts que je me kiffe toujours autant, horreur.

La bague est toujours là, mais plus la pierre.

Je fais le rapprochement avec le petit bruit dans la cuisine, je cherche avec l'énergie du désespoir sous la machine à laver et miracle, je la retrouve, étrangement minuscule maintenant qu'elle n'est plus sertie.

Enfin, sertie.

COLLÉE.

Oui oui, la bague à 2000 euros made in Italie par des petites mains au savoir faire ancestral n'est en réalité qu'un anneau sur lequel on a collé une pierre (au demeurant de peu de valeur, l'onyx n'est pas une matière précieuse). Et comme visiblement la super glue ça coûte, le point de colle est microscopique. 

Dire que j'ai été déçue et furieuse est en deça de la réalité. C'était un peu comme rencontrer une idole et s'apercevoir que le gars sur lequel on fantasme depuis des années a une haleine chargée et un cerveau de bulot. L'envers du décor de Pomellato, c'était donc un point de colle.

Lorsque nous sommes retournés dans la luxueuse officine, la vendeuse nous a d'abord reçus avec la même déférence, admettant que c'était regrettable, tout en glissant qu'elle nous avait prévenus, l'objet était fragile. Puis elle a repris la bague, m'a filé un bon pas plus chic que celui d'un pressing et expliqué que ce serait long, il fallait en effet renvoyer le tout en Italie (c'est vrai que pour balancer un coup d'UHU il faut aller à Florence, hein). Et puis c'est tout, aurevoir, bonne journée, circulez, surtout, vous nous foutez le cafard.

La moutarde m'est un peu montée au nez, j'avoue. J'ai donc argué que le prix du bijou ne pouvait souffrir d'un tel incident, qu'il me semblait un peu cavalier de me laisser repartir sans rien, que dans mon esprit, la bague étant sous garantie, le mieux eut été de me la remplacer sur le champ, que je croyais que c'était ainsi dans ces vénérables maisons. A côté, une jeune femme essayait toutes sortes de modèles et commençait à tendre l'oreille, j'ai donc parlé bien fort, d'autant plus fort que soudain, notre hôtesse n'a plus été afable, se fermant comme une huitre et balançant l'air de rien que c'était tout de même rarissime qu'un tel incident se produise et que peut-être, peut-être, hein, la bague était "trop fragile pour moi".

Bye bye Patti Smith la mystérieuse, bonjour Caroline la souillon brise-fer. Genre Pomellato ça ne peut pas aller à tout le monde.

Un peu séchée, je suis repartie non sans enfoncer mon dernier clou, sur le mode "je n'achèterai plus jamais rien chez vous", qui n'a certes pas beaucoup perturbé ma chère conseillère de vente (ça doit se voir un peu sur nous que ce type d'achat se produit tous les dix ans et encore) mais qui a au moins eu le mérite de semer le doute dans l'esprit de l'autre cliente, laquelle a décidé de "réfléchir". Je ne saurais décrire le regard chargé de haine que la collègue de mon hôtesse a alors posé sur moi.

Bref, si d'aventure vous aviez un jour l'intention d'investir dans la pierre (hin hin hin), je ne vous conseille pas Pomellato. Je reste complètement dingue de leurs créations mais manifestement, elles sont destinées à de belles et riches oiseuses disposant de domestiques et n'ayant rien d'autre à faire de leurs journées que d'oter leurs bijoux au moindre mouvement ("tu me passes le sel ?" "attends, j'enlève ma bague, d'abord").

« Du vent dans mes mollets »

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En 81, j'avais 10 ans. J'avais un cartable Tann's bordeaux réclamé à corps et à cris à mes parents qui n'en avaient pourtant pas les moyens. Mon dernier petit frère venait de naitre, 20 mois après le cadet et 8 ans après ma soeur avec laquelle je passais l'essentiel de mes journées à m'engueuler.

Je vivais dans une grande maison un brin délabrée que nous partagions avec le frère de mon père, sa femme et ses enfants. J'ai déjà évoqué cela un jour, j'y reviendrai, il y aurait trop à en dire.

En 81, je me souviens que j'ai eu l'appendicite. Tout a commencé avec une histoire de Nutella. Si chez ma copine Béa, mince comme un fil et de celles qui se relevaient la nuit pour boulotter, il y avait toujours un pot familial de cette pâte à tartiner – et aussi de l'ovomaltine en poudre qu'on mangeait à la cuiller et qui collait aux dents, rahhh – chez nous c'était à peu près aussi exceptionnel que l'avènement de François Mitterrand. On n'était pas mormons, hein, mais mes parents faisaient attention.

Mais ce week-end là, il y avait donc du Nutella, pour une raison sûrement bien précise dont je ne me souviens pas. Nutella que je me suis appliquée à manger tout le dimanche en loucedé, jusqu'à ce que mon père me choppe dans le placard, le rouge aux joues et la bouche pleine de chocolat. "Tu vas être malade", m'a-t-il prévenue avec cette absence totale de sévérité qui l'a toujours caractérisé. Ce qui ne m'a pas empêchée d'y revenir une heure plus tard, avec à nouveau une prise sur le fait par le paternel cette fois-ci bien en colère.

Ce soir là, je me suis couchée avec le coeur un peu au bord des lèvres, en me disant que peut-être j'aurais du écouter mon papa. Pour me réveiller deux heures plus tard pliée en deux, ne trouvant la force de me lever que pour aller vomir tripes et boyaux et appeler à l'aide ma mère.

Laquelle était du genre à téléphoner à notre bon vieux généraliste (je vous parle d'un temps où les médecins se déplaçaient chez les gens) en pleine nuit pour une rhino. 

Mais pas cette fois-ci.

Mon père avait en effet décidé qu'exceptionnellement, il ferait la loi. Et que non, personne ne se lèverait pour me porter secours, c'était bien fait pour moi, j'avais été prévenue et comme ça, on ne me reprendrait pas dans le pot de Nutella.

J'ai passé je crois la nuit la plus terrible de toute mon existence, gémissant et crevant de douleur (depuis j'ai accouché alors je sais qu'il peut y avoir un peu pire mais très honnêtement, pas beaucoup plus). Convaincue d'être punie par là où j'avais péché, j'ai néanmoins pris sur moi, m'empêchant de supplier mes parents de faire quelque chose et priant – oui vraiment – pour que ça s'arrête.

Au petit matin, ma mère m'a trouvée au plus mal et a réalisé – et mon père avec qui n'a depuis plus jamais essayé de faire preuve d'autorité, parce que quand ça veut pas, ça veut pas – que le Nutella ne pouvait pas coller 40 de fièvre ni causer des vomissements de bile pareils.

Bingo, le bon vieux docteur Contamin, sa gitane maïs au bec m'a auscultée et n'a pour une fois pas vraiment plaisanté. Il a appelé l'hôpital pour les prévenir d'une urgence et, portée par mon père en hurlant de douleur, je suis partie à fond de ballon, direction le bloc opératoire.

Il parait que c'était moins une, mon péritoine avait explosé et j'avais du pus plein le ventre. J'en garde aujourd'hui trois cicatrices, celle de l'incision et celles des drains que l'on m'a laissés durant les deux semaines d'hospitalisation. Deux semaines tristes comme des jours sans pain, rythmées par les heures des visites hyper strictes – à l'époque les parents n'avaient pas vraiment libre accès aux services pédiatriques.

Pourquoi ce souvenir remonte ainsi ? Parce que dans "du vent dans mes mollets", l'héroine, Rachel, a 10 ans en 81. Et elle adore le Nutella, que sa maman ne goûte pas autant que ses boulettes de viande qu'elle fabrique en quantité industrielle. Rachel a une amie, Valérie, qui aura elle aussi l'appendicite mais je ne vous en dis pas plus, et qui se nourrit essentiellement de Nutella. Bien sûr, ce film m'a plu pour ce qu'il m'a rappelé de ces années, mais finalement ce n'est pas l'essentiel. J'y ai surtout apprécié cette histoire d'amour entre une femme, Agnès Jaoui, qui se son propre aveu "n'est pas une héroine" et qui mange un peu trop de ses bonnes boulettes et son mari (Podalydès), installateur de cuisines Mobalpa, un de ces hommes qui, si on les regarde vraiment, révèlent un potentiel de séduction surprenant et bien au dessus de la moyenne. Une histoire d'amour un peu en veille, bousculée par l'arrivée dans le tableau d'une jeune femme divorcée (Isabelle Carré). Laquelle voit très vite que monsieur Mobalpa est bien plus intéressant qu'il n'y parait. Lequel n'est pas insensible à la nouveauté de cette mère célibataire – de la fameuse et délurée Valérie – un peu barrée.

Mais ce n'est pas non plus que cet aspect des choses qui m'a parlé, parce que ce film est à tiroirs et peut-être que ses détracteurs lui reprocheront justement d'avoir voulu en ouvrir trop, des tiroirs. Mais il y est question aussi de cet amour mère – fille qu'on ne sait pas toujours par quel bout attraper, de l'amitié qui fait rigoler à s'en faire pipi dessus, de la découverte de la sexualité et des "mites" qu'on suce, du passé et de la mémoire, qui se transmet de génération en génération et peut-être surtout, de la mort, de la peur qu'on en a, de la fascination qu'elle exerce, aussi, parfois.

Voilà, je ne suis pas sûre d'avoir vraiment écrit une critique de film et je peux comprendre qu'on n'ait pas aimé "Du vent dans mes mollets". Personnellement, je l'ai adoré, malgré la fin qui m'a laissée sur le carreau, pour des raisons qui dépassent largement la fiction. Si en 81 vous aviez dix ans, allez-y. Mais allez-y aussi si vous aussi vous avez rêvé un jour de surprendre votre instit détestée "se faire prendre dans les fesses par le prof de sport" ou si, enfant, vous mourriez d'envie d'avoir des patins à roulette roses…

Depuis ce printemps 81, je n'aime plus du tout le Nutella…

J’aime #24

Maud
J'ai l'écriture douloureuse. Curieusement, pas pour le blog où ça "coule" en général assez facilement, hormis les minute par minute qui peuvent me donner du fil à retordre (être drôle est un des trucs les plus fastidieux au monde en fait, respect éternel pour ceux qui le sont "professionnellement"). Mais lorsque je dois me mettre à la rédaction d'un article, une fois que j'ai rassemblé tous les témoignages dont j'ai besoin, je passe par des affres qui n'ont rien à envier à ceux que j'ai également connus pendant les révisions de tous mes examens, du bac jusqu'à la fin de Sciences po. Je bénis d'ailleurs le ciel qu'à l'époque internet n'ait pas existé, pas certaine sinon que je serais bachelière à l'heure actuelle.

Forcément, contrairement à quelques êtres d'exception, mes stratégies d'évitement ne reviennent jamais à relire tout Chateaubriand, lancer une machine ou trier ENFIN mon armoire à fringues. Non, ce serait même exactement l'inverse puisque l'un de mes passe-temps favoris lorsque je suis censée "m'y mettre" consiste à remplir des paniers virtuels de fringues sur les sites de vente en ligne, La Redoute et Asos en tête (mais je ne suis pas bégueule, même Darty peut m'occuper un bon moment). Paniers que je ne valide heureusement que très rarement mais dont les robots espions se souviennent, eux, ce qui me vaut des mails très PERTURBANTS me rappelant que j'ai encore 1h et 34 minutes pour terminer mes achats. Une heure et 34 minutes durant lesquelles je tente de me convaincre que non, je n'ai pas VRAIMENT besoin de ce faux col amovible ou d'une paire de leggings en cuir qui vont faire frrriuut friuuuut à chacun de mes pas (saletés de cuisses qui se touchent).

Bref, pourquoi suis-je partie dans ce monologue alors que je prévoyais un billet "J'aime", personne ne le sait, en tous cas pas moi. Ou alors c'est parce que je suis dans la phase "avant" écriture, assez délicate également en terme de procrastination, qui consiste à trouver puis joindre les personnes qui par leurs témoignages me permettront de faire mon papier. Et qu'entre deux coups de téléphone, je me suis laissée aller à mon deuxième TOC online, à savoir éplucher le site Homelidays pour y trouver la maison de mes rêves, en Grèce, en Espagne ou aux Seychelles. Sachant que je repartirai à coup sûr en Corse l'année prochaine (inch'allah). 

Et puisque j'en suis à vous parler de ça, je suis donc dans la préparation d'un article sur la quête de spiritualité et le besoin qu'ont certaines personnes aux alentours de 40 ou 50 ans, d'aller vers des activités répondant à cette quête: retraites, cours de yoga, initiation au bouddhisme, méditation, etc. Si vous pensez correspondre à ce profil, n'hésitez pas à m'envoyer un mail à cfrancfr(at)yahoo.fr. Je précise que je cherche pour cet article des personnes de 50 ans et plus.

Voilà, du coup je ne sais plus bien si je vous fais un "J'aime", on va dire que oui.

J'aime avoir pour la première fois depuis presque dix ans que mes enfants sont scolarisés déjà torché la tannée des fournitures scolaires (ce qui méritait bien une grosse tablette de mon chocolat préféré). Dans un monoprix désert et accompagnée de la chérie uniquement, on a été d'une efficacité incroyable. La facture à l'arrivée était néanmoins salée et le jeune caissier a failli s'évanouir au 22ème cahier grand format et grand carreaux.

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J'aime cette silhouette gracile qui attendait comme nous ses valises à Orly. Même de dos il m'était facile de reconnaitre l'héroine inoubliable d'A nos amours. Je l'ai prise à la volée de dos et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne voit qu'elle.

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J'aime le contraste avec ces jeunes filles également en transit à Orly. Lookées, stylées, portant sur elles de la marque qui coûte un bras et absolument pas gênée pour l'une d'entre elles de donner un peu l'impression d'avoir oublié quelque chose (sa jupe ?). Le genre de filles auxquelles je n'ai jamais ressemblé et auxquelles je n'ai pas vraiment de raison de ressembler un jour, mais que je ne peux m'empêcher d'envier un peu, pour cette coolitude, peut-être (elles peuvent porter des leggings en cuir elles).

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J'aime le souvenir aussi des cheveux de ma Rose, bouclés et patinés par la mer et le soleil. Un ombré hair naturel en somme.

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J'aime enfin la classe absolue de ma copine Maud, ci dessus, qui d'une simple robe H&M que je n'aurais sûrement pas regardée (je n'ai pas le gène du dénichage de fringues chez H&M) fait une tenue qu'on pourrait penser sortie tout droit de chez Saint-Laurent. Elle a toujours eu ce truc, cette féminité indomptable et qui se passe d'artifices. Et puis un attachement à sa liberté qui me donne des ailes à chaque fois que je la vois. C'est un peu mon Elizabeth Badinter à moi, mais je ne sais pas si cette comparaison lui plaira.

Cinq ans de réflexion

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Je l'avais déjà éprouvé l'année dernière mais cela se confirme, la rentrée est je crois ce qui est le plus difficile à gérer dans ce statut de free lance. Peut-être d'autant plus lorsqu'elle se fait avant celle de la majorité des gens. Compliqué en effet de se retrouver livrée à soi-même en plein mois d'août, quand les rues sont encore vides et la plupart des commerces fermés. Après deux ou trois coups de téléphone qui sonnent dans le vide – la France qui s'endort entre le 20 juillet et le 20 août ça n'est pas une légende -, la tentation est forte de s'octroyer finalement encore quelques jours "off" et ce malgré des deadlines qui elles n'attendent pas.

Dire que je regrette ce temps où que je le veuille ou non il me fallait partir au bureau, pour faire semblant aussi d'ailleurs de bosser les premiers jours serait mentir, mais c'était d'une certaine manière plus facile je crois de me remettre en selle. La contrainte a parfois du bon. 

La semaine qui vient de s'écouler n'aura donc pas été des plus efficaces ni des plus productives. Rien de dramatique, pas de quoi me faire taper sur les doigts par les personnes pour lesquelles je travaille mais assez pour me manger une grosse dose de culpabilité bien désagréable. C'est peut-être là j'imagine que le bât blesse: tant qu'à jouer les prolongations, autant le faire l'esprit léger plutôt que de perdre sur les deux tableaux, celui du boulot et celui de la sérénité ! Jamais l'expression "quand il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir" aura été plus vraie mais ferraillant depuis le jour de ma naissance avec ce sentiment d'être coupable de quelque chose, je ne suis pas à la veille d'être détendue des chacras…

Bref, je serais presque soulagée de me retrouver prochainement dans un rythme plus cadencé, rentrée scolaire et retour des plages de mes interlocuteurs obligent…

En attendant, la semaine dernière, outre quelques soirées un peu arrosées dont je ne suis pas fière (mais qui m'ont donné l'illusion passagère d'avoir retrouvé mes 22 ans et n'est-ce pas déjà pas si mal ?), j'ai aussi fréquenté les salles obscures et vu deux films radicalement différents l'un de l'autre mais valant le détour tous les deux.

Le premier, "Cinq ans de réflexion", est la comédie romantique américaine de base sur le papier. A l'arrivée aussi, sauf qu'en prime il y a ce supplément déjanté dont savent actuellement nous ravir les réalisateurs de la team "Appatow", ce producteur réalisateur un peu barré qui renouvelle depuis quelques années le genre aux Etats-Unis. Emiliy Blunt, actrice anglaise qui fait un tabac à Hollywood y est parfaite, subtile, drôle et émouvante et Jason Segel fait un héros impeccable de ceux qu'on ne trouve pas trop beaux au départ et qui petit à petit vous font littéralement craquer. L'originalité du scénario tient dans le fait qu'au contraire des histoires habituelles, les deux protagonistes se fiancent dans les premières secondes. Pas de "ils n'avaient rien pour s'aimer et pourtant ils finiront pas réaliser qu'ils étaient faits l'un pour l'autre". Au contraire, Tom et Violet semblent être nés pour se rencontrer et vivre heureux jusqu'à la fin des temps. Sauf que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que la réalité les rattrape bien vite. Violet, qui ambitionne de devenir professeur d'université, obtient un poste de rêve mais dans le Michigan alors que Tom est promis à un brillant avenir de chef à… Los Angeles. Et pour une fois, que ce soit dans la vraie vie ou la fiction, c'est l'homme qui se sacrifie et suit sa dulcinée. S'ensuivent, vous l'imaginez tout un tas d'événements qui viennent mettre à mal les projets de mariage de Tom et Violet et éprouver leur amour.

J'en resterai là pour ne pas spoiler tout le film, mais il y a une ou deux scènes hilarantes et d'autres où on a les yeux qui piquent. Un film parfait pour oublier durant deux heures que septembre frappe à la porte.

L'autre film ? Du vent dans mes mollets. J'en ferai finalement un billet à part entière tant il m'a bouleversé. 

Bonne journée…

Mon clafoutis à la consistance parfaite (pour moi)

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Je n'allais pas vous laisser partir en week-end sans un petit billet gastronomique. Ayant plusieurs fois évoqué ces derniers jours ma dernière tocade patissière et estivale, aka le clafoutis, je voulais partager avec vous ma recette ultime. Qui n'est celle de personne puisqu'elle résulte de moultes essais ratés et s'est donc façonnée d'elle même au fil de l'été.

Il faut savoir que dans la même veine que mon obsession du flan, je suis en quête depuis toujours de la BONNE CONSISTANCE du clafoutis. Sachant que ce qui est bon pour moi ne le sera pas forcément pour vous, c'est ballot mais c'est comme ça, en matière de clafoutis, chacun voit la prune à sa porte. Il y en a qui l'aiment comme un sabayon, presque liquide, d'autres qui veulent que ça fassent gateau plus que flan et d'autres comme moi qui aiment ce rendu "far au pruneaux" (do you see what I mean ?). Hyper dur le rendu "far au pruneaux". Parce que souvent, ce qui vous pend au nez c'est de vous retrouver avec une "double couche". Flan mou sur le dessus, flan dur en dessous.

Le genre de truc qui peut me FLINGUER ma journée. (j'ai de vrais problèmes).

Bref, après avoir bossé comme une brute sur la question,  voici donc mes proportions idéales, pour un gateau qui chez nous ne survit pas plus de deux heures.

– 1/2 de lait

– 250 g de farine

– 3 oeufs

– 100 à 125 g de sucre, tout dépend des fruits s'ils sont très sucrés ou pas.

– 100 g de beurre.

Vous mélangez les oeufs et le sucre vigoureusement, vous ajoutez la farine puis le beurre fondu et enfin le lait. C'est un des gateaux les plus rapides à faire. Vous versez la pâte sur les fruits (moi j'aime bien les reines claudes mais chacun met ce qu'il veut, sachant que les abricots rendent tellement d'eau que dans ce cas je rajoute un peu de farine, 300 g au lieu de 250) et vous enfournez une petite heure.

C'est bon tiède, c'est meilleur je trouve le lendemain après une nuit au frigo.

J'avoue, je pourrais ne manger que ça.

EDIT: le four je le mets à 180° personnellement. Le mien est naze et c'est pour ça que ça dure une heure. Mais avec un four à chaleur tournante 35 – 45 minutes suffisent en général.

EDIT2: (blogueuse culinaire c'est un métier): la quantité de fruits c'est difficile à dire je fais ça au pif, je tapisse mon moule en gros. Mais faut savoir que plus on en met, moins la pate se "tient". Donc perso je n'en mets pas énormément parce que ce que j'aime le plus dans le clafoutis c'est la pâte. Mais c'est selon les goûts ça aussi !

Zermati, ça marche aussi en vacances (surtout, même)

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Dans un récent billet particulièrement larmoyant et rempli d'auto-apitoiement, je faisais la liste de mes maux de pré-rentrée. J'y confiais notamment ma légère angoisse d'avoir quelque peu porté le "lâcher prise" jusqu'à son paroxysme et d'en éprouver du coup les limites. En termes plus simples, je redoutais le moment de la pesée du retour, convaincue d'avoir pris un peu de partout, voire beaucoup.

Du coup, certaines d'entre vous m'avaient justement interrogée dans les commentaires sur ça, sur la difficulté de faire la part des choses entre le lâcher prise recommandé par Zermati et le grand n'importe quoi du barbecue en vacances.

Je n'ai pas toutes les réponses, mais je peux vous parler néanmoins de la façon dont je gère désormais depuis trois ans les périodes où je ne suis pas dans mon rythme quotidien. Avec en préambule cette précision: je n'ai en réalité pas pris un gramme pendant les vacances, j'imagine que cette impression d'avoir gonflé était à 50% psy et à 50% hormonale. Ou l'inverse.

Bref, en vacances ou en we chez des copains par exemple, je tente de me rappeler les échanges que j'ai eu à ce sujet avec le docteur Zermati. Lequel me recommandait en premier lieu de me faire confiance. Ça n'a l'air de rien mais quand on a été complètement dépossédé de son instinct et de son bon sens par des années de régimes à la con, se faire confiance c'est en soi un gigantesque défi.

Faire confiance, donc, à sa faim, à sa sensation de satiété mais surtout dans ce cas à la RÉGULATION. Ce mécanisme naturel qui va faire qu'après deux ou trois repas copieux et dépassant donc de loin le fameux seuil de satiété, le corps va spontanément vouloir mettre la pédale douce. Pour cela, il faut bannir la culpabilité et l'angoisse d'avoir grossi et c'est certainement le plus difficile, conditionnés que nous sommes à regretter le moindre écart.

Alors que les écarts, comme me l'a également souvent répété monsieur Z., sont la preuve d'une certaine manière de notre équilibre. Personne ne parvient à respecter jour après jour la même façon de s'alimenter, les quantités parfaites aux heures dues. Et même, ceux qui y parviennent sont peut-être encore plus névrosés que les compulsifs du Pringles que nous sommes. (que je suis en tous cas).

Bref, forte de ces conseils, je me suis attachée à les garder en tête et ne me suis privée de rien durant les vacances (ceci dit je ne me prive de rien non plus pendant le reste de l'année). Ce qui ne signifie pas non plus que je me suis gavée. Mais j'ai mangé du clafoutis un jour sur deux, du gâteau chocolat/chataignes ou des pizzas mortelles de notre resto fétiche. Le reste du temps, c'était ratatouille maison (environ 234 ratatouilles ont été cuisinées durant ces vacances, mes enfants sont d'ailleurs sur le point je pense de m'assassiner avec une courgette si j'en refais d'ici juin prochain), taboulé maison ou salade de tomates. 

A l'arrivée, donc, un poids quasi identique (à 500 grammes près mais les 500 grammes étant même en moins) à celui que je faisais en partant.

J'en déduis donc que c'est possible, ce n'est pas un scoop mais je crois que c'était le premier été où j'étais vraiment en mode "instinctive", sans restriction ou presque (il est long le chemin, hein…).

Ce que je note aussi c'est que ces vacances encore plus que les précédentes et d'une manière générale cela vaut pour le reste de l'année, goûters des enfants mis à part, je n'ai acheté que très très peu de "produits manufacturés". Je me tourne de plus en plus en effet et ce sans efforts vers les matières "premières" que je cuisine, même de manière ultra basique. J'entends par là que je n'achète plus jamais de trucs comme des croque monsieur tout faits, des lasagnes surgelées, des hachis parmentier sous vide ou des yahourts type Danettes ou La laitière (qui n'ont de yahourt que le nom).

Ma mère me faisait la réflexion que tout de même en vacances je faisais pas mal de gâteaux. Ce qui est vrai et qui l'est aussi hors vacances, j'adore faire de la patisserie, c'est mon truc à moi quand je suis en panne d'inspiration ou que sais-je, la cuisine me vide la tête. Mais, lui ai-je répondu, du coup les enfants ne mangent presque plus de patisserie industrielle ou de pseudo laitages blindés de sucre et de gras. Au final je crois que c'est mieux.

Qu'on se rassure, je ne suis pas en train de devenir une intégriste du bio ou une locavore acharnée. Mais je crois que tout ça fait partie d'une démarche globale, que se faire confiance c'est écouter ses envies et que le corps réclame rarement un Savanne ou des twix, surtout s'il sait qu'il aura bien mieux à la place.

Voilà le fruit de mes réflexions, j'ajouterai un bemol à tout ça: je continue à manger du chocolat bien industriel et au lait et je pourrais tuer celui qui termine ma tablette de Nestlé amandes/nougatine.

Edit: Je crois que l'un des grands malentendus s'agissant du "zermatisme", c'est que certains traduisent un peu vite le "se faire confiance" et "manger à sa faim" par "si on mange avec plaisir, ça ne fait pas grossir". Ce qui est évidemment faux. La notion de plaisir est importante. Mais quand on mange compulsivement, il y a du plaisir et ça fait grossir. Bref, Zermati ne conseille jamais de se baffrer, que les choses soient bien claires !

Edit: la photo c'est parce qu'au départ je m'étais dit que j'allais faire un billet sur ma jupe en jean, mon basique de l'été, mise à toutes les sauces et portées encore rien que ce matin. Et puis en la regardant de près, je me suis dit qu'elle avait justement été prise ce jour où je me sentais serrée et qu'en effet ça se voyait un peu. Et une pensée en entrainant une autre… Qui sait, peut-être demain… 

Où je deviens joaillière

Chicmaker
Ma dernière réalisation manuelle avec les enfants remonte à 2004 environ, c'était une tentative de fabrication de figurines en pate à sel. A l'arrivée: une cinquantaine de boudins censés représenter des animaux et ressemblant au mieux à des baguettes de pain. Ce n'est pas que je n'aime pas ça – un peu quand même à vrai dire – c'est juste que je suis inapte. Souvent, je dis à ma grande qu'on va aller à la Droguerie acheter des perles pour faire des bijoux mais jusqu'à nouvel ordre, c'est toujours resté au niveau de l'intention (qui compte). Je rêverais d'être cette maman et même cette femme avec de l'or dans les doigts dont on dirait qu'elle met de la beauté là où elle passe. Mais hélas, là où je passe, au mieux je fais donc des baguettes de pain qui peuvent aussi passer pour des étrons mal moulés.

Bref, ça c'était avant. Avant que je ne reçoive pendant les vacances un joli colis tout bleu estampillé "Chic Maker". A l'intérieur: tout le matériel pour fabriquer un bracelet pile poil dans la tendance Aurelie Bidermann (la femme qui tressait des brins de laine autour de gourmettes dorées et te vendait ça au prix du diamant) (la Isabel Marant du bijou, en somme).

J'avoue, le concept des box commence un peu – comme tout le monde – à me fatiguer (l'idée de l'abonnement me rappelle toujours la saga du Grand livre du Mois vécue comme un drame familial il y a des années, ma mère ayant du envoyer une cinquantaine de recommandés avant qu'enfin on accepte de mettre un terme à son engagement). Et là, autant vous prévenir de suite, Chic Maker est basé sur la même idée, consistant donc à s'abonner pour une somme conséquente, 25 euros par mois, afin de recevoir des kits tout prêts de bijoux à fabriquer.

Je ne sais pas si je m'abonnerais, d'autant plus compte-tenu de mon syndrôme de la pâte à sel, mais je dois avouer avoir été bluffée par le résultat. Pourtant ça n'était pas gagné. 

Je vous raconte ?

10h34: La chérie, intriguée par le colis me supplie de l'ouvrir séance tenante. 

10h35: La simple vue des pinces à couper le métal me colle des palpitations. A ma fille aussi mais elle, c'est de joie. "On va le faire toutes les deux maman, ça va être trop génial ! Et après on range toute la maison ensemble, dis oui, dis oui !".

10h37: Une fois encore l'idée d'un échange de bébés à la maternité m'effleure.

10h42: Les petites étoiles qui brillent dans les yeux de ma fille me décident à franchir le pas. A minima on aura passé un de ces instants fondateurs dans la vie d'une mère et son enfant. Complicité, je crie ton nom.

10h53: Une fois tout le matos déballé, on lit scrupuleusement le mode d'emploi. "C'est très important tu comprends, dans ce genre d'activité, de suivre les consignes A LA LETTRE. Sinon le bracelet va ressembler à une baguette de pain", j'explique à ma fille qui me regarde.

10h54: Rose veut faire le bracelet avec nous. Je dis mentalement au revoir à tout ce qui pourrait ressembler à un instant fondateur. A trois, on va s'écharper.

10h58: Après d'apres négociations, on parvient à convaincre Rose de jouer aux barbies juste à côté mais de ne pas intervenir. Elle finit étrangement par céder. Le dialogue, on ne répétera jamais assez l'importance du DIALOGUE. (je crois que je vais écrire un livre sur ma méthode éducative)

11h02: La langue tirée et le ventre contracté (j'ai décidé finalement d'intégrer mes séances d'abdos à la vie quotidienne et profite donc de la moindre occasion pour les faire travailler), on commence par nouer les quatre brins de soie comme sur la photo.

11h04: Les quatre brins de soie sont noués mais pas vraiment comme sur la photo.

11h05: Ma fille trouve qu'on devrait tout reprendre du début pour que ce soit comme sur la photo.

11h07: Je pense complicité, je pense dialogue, je pense instant fondateur.

11h08: On défait et on refait, ce n'est toujours pas exactement comme sur la photo mais je décide que c'est comme ça et que c'est très bien (le dialogue a aussi ses limites, comme tout en somme).

11h10: "A présent, introduire les brins rose et corail par dessous dans le premier anneau et rabattre sur la gauche".

11h12: Pourquoi cette phrase m'évoque au mieux un rébus au pire une citation de Sénèque mal traduite ? Je vois la baguette/étron arriver au rythme d'un cheval au galop.

11h13: Ma fille prend les choses en main et semble avoir compris, elle. Elle enchaine avec les brins verts et bleus qu'il faut placer "par dessus les brins roses et fushia" et glisser à leur tour dans l'anneau par dessous.

11h15: J'insiste pour me charger du glissage dans l'anneau des brins verts et bleus. J'ai quand même fait Sciences Po, hein.

11h16: ÇA N'EST PAS COMME SUR LA PHOTO. 

11h18: Ma fille me signale que sur la photo ça ressemble à une tresse. Et que là ça ressemble… "A UNE BAGUETTE DE PAIN, OUI JE SAIS !". 

11h19: Ma fille m'assure que ça ne ressemble pas à un étron de chien ni à une baguette de pain mais que par contre à un gros noeud tout vilain, oui. Elle me propose de tout défaire et de tout recommencer.

11h20: Elle a peut-être été échangée à la maternité mais je lui ai transmis ma patience et ma diplomatie et ça c'est énorme. On s'en fout des liens du sang. Je ne crois qu'à l'acquis.

11h21: En essayant de défaire mon bordel, ma fille semble empirer le truc. "BORDEL MAIS TU EMPIRES LE TRUC LÀ, LAISSE MOI FAIRE", je crie, en lui arrachant le bracelet.

11h23: Pour un instant fondateur, ça il est fondateur, désormais ma fille aura peur de moi à vie.

11h24: Je m'excuse auprès de ma fille pour le ton qui est monté un peu vite, j'admets (toujours admettre ses torts, penser à en parler dans mon essai sur l'éducation par le dialogue). "Mais EN MEME TEMPS TU EMPIRAIS LE TRUC", je rajoute sans pouvoir m'en empêcher.

11h26: Ma fille décrête qu'elle n'a plus très envie de participer. L'incapacité des enfants à persévérer, on n'en parle pas assez. Alors que je me décarcasse pour qu'on passe un instant fondateur de complicité. C'est moche moche moche. La mère naturelle de cet enfant devait être d'un égoisme.

11h28: Je m'éclate comme une petite folle depuis que j'ai choppé le truc. Je ne veux pas dire mais ça ressemble presque à la photo. Ok, pas tout à fait. Voire pas du tout.

11h30: Je fais de vraies excuses à ma fille qui accepte de jeter un oeil et qui en deux secondes remets les brins à l'endroit et tresse le tout comme si elle avait fait ça toute sa vie. Si ça se trouve, sans le vouloir, mon inconscient lui a transmis mon amour des belles choses.

11h36: Je supplie ma fille de me laisser faire moi aussi.

11h38: Si on fait abstraction de ma mèche de cheveux passée elle aussi dans l'un des anneaux sans que je ne comprenne comment, je me débrouille plutôt bien.

11h40: Je m'éclate.

11h41: "Non c'est MON jouet", je crie à ma fille qui voudrait prendre le relais. 

11h43: On finit par trouver un arrangement. Elle s'occupe des brins roses et corail et moi des verts et bleus (y'a pas eu moyen de faire l'inverse alors que le rose c'est quand même ma couleur préférée) (parfois c'est chiant de se comporter en adulte).

11h44: j'ai l'impression que devant moi brillent en lettres de feu les mots "complicité" et "instant fondateur". J'ai envie d'écrire une chanson.

11h45: On n'est pas loin de la fin, sauf qu'on a beau chercher, on ne retrouve pas la petite boite qui contenait le fermoir et la minuscule chainette permettant de régler la longueur du bracelet.

12h34: Après avoir passé le salon entier au peigne fin et tenté d'incriminer le churros, on finit par admettre que notre bracelet restera en l'état jusqu'à ce que j'aille à la Droguerie acheter un fermoir. "Donc jamais", glisse, résignée, ma fille à son frère. 

12h35: Au moment où je m'apprête à m'élever contre ce procès d'intention injuste et infondé (comme si j'étais du style à m'asseoir sur mes promesses) (est-ce qu'on n'avait pas fini par la faire cette pâte à sel, en 2004 ? AH !), Rose arrive l'air de rien avec la boite du fermoir, qu'elle avait planqué dans la bagnole de Ken. Je me disais aussi que sa rédition avait été louche.

12h45: Après qu'on lui ai promis par écrit que la prochaine fois – dieu m'est témoin qu'il n'y en aura sûrement pas – elle participerait elle aussi à notre instant fondateur (et aussi qu'on lui ai fourgué des bonbons) (note pour plus tard, ne pas aborder la question des bonbons dans mon traité éducatif, les gens ne sont pas prêts), Rose ramène la chainette, cachée, elle, dans la culotte en latex de sa fashion polly. 

13h00: Le bracelet est terminé et je me surkiffe avec. D'un coup j'ai envie d'aller chiner des robes blanches vintages aux puces pour chiller sur une plage en Grèce. 

Voilà, franchement le résultat est chouette et je dis merci à Chic Maker pour ce moment passé à fabriquer le bracelet. En vrai on a donc galéré au début et après c'était plutôt très facile. Et j'avoue, j'ai super envie de recommencer.

 

Machin dans le métro

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J'imagine qu'on fait tous ça. Tenter de donner quelques clés à nos enfants pour qu'ils sachent éventuellement se tirer d'un mauvais pas. Avec interrogations orales pour ma part histoire de vérifier qu'ils ont bien compris:

– Et si tu te perds dans le magasin, tu fais quoi ?

– Je vais voir une caissière et je donne mon nom pour qu'on t'appelle.

– Et si tu te perds dans la rue ?

– Je trouve un policier et je lui donne mon nom et mon adresse et aussi ton téléphone si je m'en souviens.

– Et si il n'y a pas de policier ?

– Je demande à une DAME (oui ben voilà hein, 30 ans de féminisme acharné pour inculquer à ses enfants que les femmes sont par nature moins potentiellement dangereuses, je n'en suis pas fière mais VOILÀ).

– Et si ta soeur/ton frère se fait mal à la maison à un moment où on est pas là ?

– Je fais le 18 et je donne mon adresse.

– Ton adresse c'est quoi ?

– C'est le …. à Paris 13.

– Bon et là, on est dans le métro, tu es entré dans la rame et moi je n'ai pas eu le temps parce que les portes se sont refermées, ou l'inverse, tu n'as pas eu le temps de sortir. Tu fais quoi ?

– Je garde mon calme et je sors à la prochaine station.

– ET ?

– Et je t'attends.

– Sans bouger.

– Sans bouger, je SAIS MAMAN.

– Mais on est d'accord que surtout tu fais en sorte QUE ÇA N'ARRIVE PAS. Et pour que ça n'arrive pas, tu FAIS ATTENTION A CE QUI T'ENTOURE.

– Mais oui… (énorme soupir) (que je lui rends).

Bref, on fait tous ça, j'imagine, en se disant qu'il n'y a pas beaucoup de chances que ça serve à quoi que ce soit. 

Sauf qu'hier, j'ai donc emmené les trois enfants à Lyon, ainsi qu'un copain et une copine des twins (respect éternel pour mes parents, ces héros qui s'en cognent donc cinq toute la semaine). Cinq gosses dans le métro, autant de valises, tout ça avec un timing un peu serré en raison d'une perte de clés juste avant de partir (les chiens font pas des chats, vous pourriez me dire et j'opinerais du chef). Cinq gosses, donc, dont une petite de quatre ans qui descend encore lentement les escaliers et la copine de la chérie qui s'était fait piquer par une guêpe sous le pied la veille et marchait difficilement. Cinq gosses, dont le machin, SURTOUT.

Qui s'est précipité dans le métro à Olympiades au moment où l'alarme a sonné pour avertir de la fermeture des portes (ligne 14, double rangée de portes, tu peux rien faire contre).

Qui s'est précipité, donc, ALORS QU'ON ETAIT ENCORE DANS L'ESCALIER AVEC LES FILLES ET QUE SON COPAIN, LUI, A EU LA PRÉSENCE D'ESPRIT DE RESSORTIR. (J'ai décidé de proposer un échange définitif à ses parents on sait jamais).

Le machin, donc, qu'on a vu partir tout seul avec son sac à dos et dans ses yeux ce "j'ai pas fait exprès" qui pourrait peut-être un jour me faire commettre l'irréparable. 

Et moi qui criais – comme s'il pouvait encore m'entendre une fois le métro parti – "TU SORS À LA PROCHAINE ET TU BOUGES PAS, TU TE RAPPELLES ?".

Vous dire que les trois minutes qui ont suivi jusqu'au métro suivant ont été longues serait en deça de la réalité. Tout ça avec en musique de fond les prédictions toujours pleines d'allant et d'optimisme de sa soeur complètement dévastée: "on ne va JAMAIS LE RETROUVER" ; "il doit être en train de pleurer, là, maman, il est tout seul" ; "j'ai les jambes qui tremblent, maman" ; "j'oublierai jamais cette image de lui qui part, là, dans sa rame de metro avec son regard DESESPÉRÉ".

Alors que je tentais de rassembler tout ce qui me restait des cours de préparation à l'accouchement pour ne pas me laisser gagner par la panique, elle a réussi non seulement à faire pleurer Rose, convaincue que son frère était déjà à "Magagascar" et à faire perdre son flegme au copain du machin pourtant pas facilement impressionnable.

Une fois dans notre rame, le trajet jusqu'à "Bibliothèque" a duré deux heures je crois. Ou plus certainement une minute 30, mais on se comprend. Une minute 30 pendant laquelle je me suis refusée à imaginer que mon lunaire de fils ait pu avoir l'idée saugrenue de continuer tout seul jusque Gare de Lyon ou de chercher un policier (va savoir s'il a pas confondu les conseils, me disais-je) (va savoir s'il les a même un jour vraiment écouté) (va savoir si tu sers vraiment à quelque chose).

Et puis à la station suivante, il était là, hilare et soulagé je crois aussi, mais pas du tout en larmes. Je peux vous le dire, je n'ai jamais été aussi heureuse de voir sa trombine, même si une partie de moi avait très un tout petit peu envie de l'emplafonner. Quant à sa soeur, cette façon qu'elle a eu de le serrer à l'en étouffer alors qu'ils s'étaient pourris toute la matinée, je crois que si j'avais des doutes sur ce qui les lie, je n'en ai plus aucun.

Après, en sortant du métro il a assommé Rose avec son sac à dos en se retournant pour parler à son pote et du coup il a pris pour tout le reste. Je l'ai MOISI.

Voilà, comme je leur ai dit une fois calmée, en même temps, il y a belle lurette que ce blog serait en soins palliatifs (ou devenu 100% mode) (ce qui je le crains reviendrait au même) sans cette source inépuisable d'inspiration qu'est devenu mon fils. Je me demande même s'il n'est pas arrivé sur terre avec cette mission bien précise. 

Bonne journée.

Edit: et donc, ça peut servir en fait, ce qu'on fait probablement tous et toutes en espérant qu'ils en retiennent quelques bribes.

Simple love à Bonifaccio

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Quand on est s’est rencontrés avec le churros, on a d’abord été amis pendant presqu’un an, puis il m’a sauté dessus pour me faire dans la foulée le coup du « je ne suis pas sûr de vouloir m’engager, je sors d’une relation difficile, bla bla bla ».

Phase délicate s’il en est que j’ai à l’époque gérée il faut bien le dire comme une bête, m’effaçant totalement des radars et ne tombant pas comme j’en avais jusqu’alors coutume dans le drama excessif, lettres éplorées et coups de fils raccrochés à la clé (j’ai comme qui dirait un lourd passif en la matière).

Je ne sais pas si ce fut grâce à cela que finalement le churros changea d’avis sur la question de l’engagement sa race, mais le fait est qu’il est venu à genoux me supplier deux semaines plus tard de lui pardonner. Inutile de préciser que je me suis fait prier (dix minutes).

Après ces débuts un peu cahotiques mais pas tant que ça, je marchais néanmoins sur du velours, n’osant pas proposer quoi que ce soit qui pourrait lui faire penser que j’avais l’intention d’égarer accidentellement ma boite de pilule dans les toilettes. Les vacances d’été approchaient et je m’apprêtais donc à les passer en célib avec mes potes, consciente que nous n’avions peut-être pas encore assez de kilomètres au compteur pour envisager trois semaines en tête à tête.

Et puis un après-midi de juin, j’étais au boulot et il m’a appelée pour me proposer qu’on parte en Corse, où il n’avait jamais mis les pieds et dont je lui avais parlé maintes fois. Je crois que c’est ce jour là que je me suis dit que c’était peut-être bien le bon. En lire plus »