
Je l’avais évoqué il y a quelques années dans un billet sur mon rapport quelque peu conflictuel avec l’Eglise. De 1980 à 1986 environ, j’ai appartenu à un groupe de scouts de la banlieue lyonnaise, appelé « Groupe Saint-Luc ». Je n’aimais pas tellement y aller, mais j’y avais néanmoins quelques amis et je concède y avoir appris à me débrouiller. Mais l’ambiance quasi militaire, l’uniforme et les camps souvent fatiguants pour la petite fille pas sportive que j’étais n’étaient pas ma tasse de thé. Ce qui l’était encore moins à vrai dire, c’était le Père Bernard Preynat, chef du groupe scout. Un homme à l’autorité incontestable, certains diraient charismatique, moi je le trouvais surtout tyrannique et cassant (il trouvait assez drôle de m’appeler « la grosse (suivi de mon nom de famille) » devant les autres, ou « la mère (même chose) », je n’avais pas tellement besoin de ça pour me sentir mal à l’époque mais passons). Du haut de mes dix ans, je ne réalisais pas alors que j’étais chanceuse de n’attirer de sa part que des railleries. J’étais d’ailleurs jalouse de mes petits camarades garçons qu’il semblait préférer aux filles (dont il n’avait à vrai dire rien à faire). Il les aimait tellement d’ailleurs que je l’ai vu à plusieurs reprises partir dans sa tente avec certains, qu’il élisait parfois comme ses préférés. Il tenait alors l’enfant sous son bras, le serrait fort ou lui passait la main dans le dos. En lire plus »