Catégorie : La ronde et l’homme

Conte d’été, un soir…

La scène se passe le soir dans le salon. Il et elle regardent pour la centième fois "Conte d'été" de Rohmer. Elle se souvient que c'est le premier film qu'ils ont vus ensemble, il dit qu'il s'en rappelle mais rien n'est moins sûr.

 

Elle est plus douée que lui pour ces choses là, mais il lui assure que ça ne veut rien dire. 

 

Ils se chamaillent un peu mais en fait, ils sont bien. Et puis cette conversation leur semble presque agréable tellement ils l'ont eue des dizaines de fois. Soudain, elle s'aperçoit qu'il est déjà tard et qu'il est l'heure d'écrire son billet du lendemain. ..

 

 

 

Elle: Tu veux bien plutôt te mettre de ce côté du canapé pour que je puisse prendre mon ordinateur ?

 

Lui: Ah bon ? Maintenant ? Tu ne veux pas venir dans mes bras à la place ? Tu voudrais pas être gentille plutôt ?

 

Elle: Mais si, c'est juste que c'est le moment d'écrire sur mon blog, tu comprends ?

 

Lui: Oui mais et moi ? C'est quand le moment ?

 

Elle: …

 

Il avait raison. C'était juste là, le moment. Et j'ai failli le laisser passer. Parfois, le blog prend un peu trop de place, je crois.

 

EditN'est-ce pas miss G. ?

Dis-le

Elle: Dis le.

 

Lui: Pourquoi il faudrait le dire ?

 

Elle: Parce que j'ai besoin que tu le dises. Tu ne comprends pas ?

 

Lui: C'est dûr…

 

Elle: Je sais. Mais c'est important que je t'entende. Après je passerai à autre chose, promis. Mais là, tu comprends, il faut que je tourne la page. Et tant que j'ai l'espoir que tu changes d'avis, je ne peux pas. Alors dis-le. Ne sois pas lache, ne me laisse pas porter le chapeau.

 

Lui: … Je… je crois que je n'en veux vraiment plus. Deux c'est bien tu comprends ? Et puis, à Paris…

 

Elle: Chut… Je sais tout ça. Je ne veux plus en parler. Je voulais juste que tu le dises.

 

Lui: Tu pleures ?

 

Elle:

 

Lui: Je ne veux pas que tu sois triste.

 

Elle: C'est toujours triste les adieux. Mais ça passera….

 

Edit: A me relire, on pourrait penser qu'il s'agit d'un avortement. Ce n'est pas ça. Pour mieux comprendre, peut-être faut-il lire ceci. Mais après tout, chacun peut y voir et y lire ce qu'il veut…

 

Edit2: La photo a été prise à Gerone en Espagne il y a un an. Quelque chose dans cette vierge en pierre m'avait émue à l'époque.

Gorge profonde

La scène se passe cette fois-ci après le visionnage très chaud de Lady Chatterley – film qui je vous le rappelle a été récemment récompensé par plusieurs césars et que par conséquent ce n'est même pas la peine de me regarder comme si j'étais super lubrique. Si si, j'ai bien vu comment vous m'avez regardée. Bon, ok, ça a reçu le césar mais faut bien reconnaître que c'est de la braise, ce soit-disant film d'auteur.

 

 

 

 

 

 

– Elle: Dis-donc, hein, ça t'a fait de l'effet, Lady Chatterley…

 

– Lui (un peu embarrassé et en même temps très content de lui): Ben oui, roh, quoi, toi aussi, non ?

 

– Elle: Mmmm… (Puis après quelques secondes de réflexion) Tu crois qu'on devrait regarder des films pornos ?

 

– Lui (Conscient qu'il a comme qui dirait une grosse ouverture mais sentant qu'il marche des oeufs et que le moindre dérapage peut lui être fatal): Heu, pourquoi, tu… Enfin, moi j'en ai pas besoin, hein. Mais bon, faut que tu saches que si jamais éventuellement on en regardait, et bien, je t'avertis que pour un mec c'est tout de même assez radical.

 

– Elle: Comment ça c'est radical ?

 

– Lui: Ben, c'est mécanique quoi. On contrôle pas, c'est comme un réflexe.

 

– Elle: Ben voyons. En gros, ton sabre laser a ses propres yeux, ses propres oreilles et décide tout seul qu'il va entrer en action dès qu'il y a deux nichons à la télé ?

 

– Lui (Réalisant que ça y'est, il est dans la merde): Non, c'est pas ça. Oh, et puis laisse tomber, tu ne peux pas comprendre, c'est un truc de mec. De toutes façons, on n'en a pas besoin, de films pornos, jamais j'ai voulu, je n'y ai même JAMAIS pensé. Moi y'a que toi tu sais. Ces trucs débiles, franchement, c'est bon pour les ados.

 

– Elle: Allez, ça va, arrête de t'enfoncer, pas de problème, c'est moi qui en ai parlé de toutes façons…

 

Après cet échange un peu sur la tangeante, chacun préfère aller vacquer à ses occupations quand quelques instants plus tard, il arrive dans la cuisine en se tortillant de manière très caractéristique…

 

– Lui: Heu, tout à l'heure, là, pour les films pornos, je veux dire, t'étais pas sérieuse, hein… Non parce que si t'étais sérieuse, faut que tu saches que moi je ne suis pas totalement opposé, à l'idée de…

 

– Elle: …

 

– Lui (Comprenant que là ça y'est, le dérapage il est en plein dedans mais que de toutes façons c'est trop tard): T'étais pas sérieuse hein.

 

– Elle:

 

– Lui (se raccrochant aux branches): Nan mais je le savais.

 

Edit: Dans vos comms, n'utilisez pas le mot "porno", ni même "pornographique" ou tout autre mot avec "porno" dedans, ça fait dijoncter l'antispam… On n'a qu'à dire "p*rno", genre. Hin hin, antispam, on est bien plus forts que toi.

Mal à mon ego

La scène se passe devant un kiosque à journaux, un soir, avant d'aller au ciné. Mais ça pourrait aussi être un matin, avant de partir au boulot, ou un après-midi de shopping, ou…. bref. 

 

 

 

 

 

Lui: "Non mais t'as vu la couverture de Têtu* encore ?"

 

Elle: "Ah ben ouais ça j'ai vu…"

 

Lui: "Ils exagèrent, non ? Quand même…

 

Elle: "En même temps, vu le temps que tu passes ces derniers temps à dépiauter le Elle, tu es un peu malvenu de jouer les choqués pour un mec torse nu…"

 

Lui: "Non mais attends, il est plus que torse nu, lui. Il sent le sexe, non ? Et puis tu as vu comme il est gaulé ? Franchement, à côté, moi…

 

Elle: "Oh, mon pauvre, ça te renvoie une image négative de tes bourrelets, c'est ça ?"

 

Lui: "Exactement, tu peux pas comprendre, c'est super violent comme impression".

 

Elle: "Non, tu as raison, je ne peux pas comprendre…"

 

J'ai toujours su que les gays étaient ce qui était arrivé de mieux aux femmes…

 

* Principal journal gay rivalisant avec le Elle pour les unes dénudées. Sauf que bien sûr, là ce sont des mecs…

Rien n’a chaaaaaangé…

La scène se passe où vous voulez. Dans un lit si vous souhaitez vous recoucher, sur un canapé si vous êtes fatigués, dans la rue si vous êtes d'humeur badine ou sur le balcon si chez vous il fait beau. Bref, peu importe, ça pourrait être partout, il se trouve que c'était hier, dans la cuisine. Enfin, je crois.

 

 

Lui: Tu te rends compte, ça fait une semaine.

 

Elle: Oui, une semaine, c'est fou.

 

Lui: Tu trouves que ça a changé quelque chose ? Entre nous, je veux dire.

 

Elle: Mmm… non, je ne crois pas. Et c'est bien comme ça, non ?

 

Lui: Oui, bien sûr, mais bon, heu… par exemple, tu n'as pas l'impression que…

 

Elle: Que quoi ?

 

Lui (se tortillant de manière caractéristique, signe qu'une énormité va être prononcée): Ben chais pas, que maintenant qu'on est mariés, tu m'appartiens un peu, quoi…

 

Elle: Laisse moi réfléchir… Non.

 

Lui (masquant mal sa déception): C'est bien ce que je pensais.

 

Edit: le bouquet c'est pour clore le chapître, parce que forcément, il y a un moment où il faut tourner la page…

Le hammam

Dimanche après-midi, au lendemain d'un enterrement de vie de jeune fille…

 

Lui: C'était bien alors ?

 

Elle: C'était génial.

 

Lui (piaffant de curiosité): Et vous avez fait quoi ?

 

Elle: Ben plein de trucs, mais de toutes façons je te rappelle que c'est secret un enterrement de vie de jeune fille. Et le fait que j'ai 36 ans n'y change rien. On a fait des trucs de filles, c'est tout ce que tu sauras.

 

Lui (de plus en plus intrigué): Oh, t'es pas drôle! Tu peux bien me dire juste où vous êtes allées, non ?

 

Elle: T'es pas croyable hein ? Et mon jardin secret ? Bon, on est allées au hammam, pour commencer.

 

Lui (émoustillé): Ah ouais ? Toutes les filles au hammam ?

 

Elle: Oui, toutes les filles, pourquoi ?

 

Lui: Non, chais pas, pour rien… Mais, heu… vous êtiez toutes nues ?

 

Elle: Non, en combinaison de ski. Enfin ! A ton avis ? Oui, on était plutôt nues quand même.

 

Il se tait, puis après quelques minutes…

 

Lui (en se tortillant): Et, heu, donc vous êtiez toutes nues, vraiment ? Mais toutes nues comment exactement ? Tu pourrais développer un peu ?

 

No comment…

« ça te dérange si… »

La scène se passe un samedi. Il est 19h30 environ. Elle est à la maison avec les enfants, il est parti depuis le matin pour passer la journée avec des copains. Souvent d'ailleurs, c'est l'inverse.

Le téléphone sonne.

 

– Elle: Allo…

 

– Lui: C'est moi, ça va ?

 

– Elle: Oui oui, ça va, t'es où ? Tu arrives bientôt ?

 

– Lui: Ben en fait je t'appelais pour te demander si ça te dérangeait qu'avant de rentrer, on aille chez Jef boire un coup ?

 

– Elle: Ah bon ? Mais je croyais que vous veniez tous à la maison pour manger ? Myriam est déjà arrivée et Chloé ne devrait pas tarder.

 

– Lui: Oui oui, mais après on arrive…

 

– Elle: Après à quelle heure ? A dix heures du soir, genre ?

 

– Lui: Mais noooooooon, vers huit heures, quoi.

 

– Elle: Non, vers huit heures ça m'étonnerait, c'est dans une demi-heure.

 

– Lui: Bon, tu veux pas, quoi. (A ses copains, sans aucune discretion: "je crois que ça craint en fait")

 

– Elle: Attends, tu es grand, je ne suis pas ta mère ni ton patron, tu n'as pas besoin de ma permission, vas-y boire tes coups, avec les filles on mangera les lasagnes que je me suis cassé les fesses à faire cet après-midi pendant que les enfants n'en finissaient pas de faire des conneries.

 

– Lui: Bon, en gros ça te dérange…

 

– Elle: Et toi en gros tu voudrais non seulement aller boire des pots avec tes potes à huit heures du soir alors qu'on a prévu une bouffe tous ensemble, mais en plus avec ma bénédiction pour avoir la conscience tranquille. Désolée, tu fais ce que que tu veux mais je ne vais pas te dire que ça me fait plaisir non plus. Le beurre, l'argent du beurre et les nichons de la crémière, ça fait beaucoup.

 

– Lui: Rohhhhh, ça va, t'énerve pas quand même.

 

– Elle: JE NE M'ENERVE PAS, c'est juste que je te trouve légèrement gonflé et que je sens qu'en plus je vais avoir le mauvais rôle.

 

– Lui (énervé): Oh, c'est bon, on arrive. Mais bon, t'exagères un peu…

 

– Elle: Je… je quoi ? J'exagère ? Ah, très bien, puisque j'exagère, voilà. (Elle raccroche.)

 

Deux minutes plus tard, le téléphone sonne.

 

– Elle: quoi ?

 

– Lui (un peu gêné): Ben chais pas, ça a coupé…

 

– Elle: Ah, non, ça n'a pas coupé.

 

– Lui (faussement surpris): Ah bon ? Tu m'as raccroché au nez ?

 

– Elle: A ton avis ?

 

– Lui: Heu… Bon en tous cas, en fait on arrive, hein. On va pas chez Jef finalement.

 

– Elle: Tu fais comme tu veux, je m'en fiche.

 

– Lui: Non, mais bon, je suis désolée, j'ai un peu déconné.

 

– Elle: Bon, allez, c'est bon.

 

– Lui: Et toi aussi t'es désolée ?

 

– Elle: De quoi ?

 

– Lui: Ben de m'avoir raccroché au nez.

 

– Elle: Ah, ça ?… Non.

 

– Lui (amusé): Ah, c'est bien ce que je pensais. J'arrive…

 

– Elle (radoucie): Non mais bon, vas-y chez Jef, c'est pas grave, tant pis.

 

– Lui (sautant sur l'occasion): C'est vrai ? T'es sûre ? Parce que bon, si vraiment… Bon, promis, on reste pas longt…

 

– Elle: Même pas en rêve. Ramène tes fesses.

Et si tu te promenais toute nue ?

La scène se passe dans une chambre un matin. Elle est torse nu et cherche un haut dans son armoire.

 

– Lui: Mmmm…

 

– Elle (mi-amusée, mi-gênée): Quoi ?

 

– Lui: Non, rien, t'es sexy avec juste ton jean.

 

– Elle: Arrête, mes seins tombent, ils sont atroces. Ne me regarde pas.

 

– Lui: Si, j'aime bien moi…

 

-Elle: Non, je te dis, laisse moi m'habiller, en plus j'ai…

 

– Lui: … grossi, oui, on sait. (Après un silence) J'aimerais te voir nue plus souvent…

 

– Elle: Tu me vois nue tous les soirs, ça va quand même…

 

– Lui: Non, quand je vois une moitié de cuisse le temps que tu la glisses sous les draps c'est que j'ai de la chance. Tu détiens le record du monde de vitesse de déshabillage. Je ne te vois jamais nue comme ce matin. Et encore, tu es à moitié nue… Tu te rends compte ? Au bout de dix ans, je pourrais compter sur les doigts de la main les fois où je t'ai vue nue, debout, comme ça.

 

– Elle: C'est parce que j'ai peur.

 

– Lui: Peur ?

 

– Elle: Oui. J'ai peur que si tu me vois nue, tu finisses par ne plus m'aimer.

 

 

– Lui: Pourtant c'est le contraire. C'est à force de ne plus jamais te voir nue que je risque de ne plus t'aimer…

 

Voilà, je n'ai pas trouvé de chute drôle. Je crois que c'est parce que c'est un dialogue un peu triste en somme, non ?

 

Parlez moi d’amour

 La scène se passe pour une fois hors de la chambre à coucher. Ben si quand même, ça arrive ! Imaginez. Un dimanche ensoleillé, un des premiers de l'année. Un de ces après-midi qui sent le printemps et qui vous fait voir la vie différemment. Une balade sur les quais de Seine, les enfants courent devant et jouent à chat. La Guinguette pirate tangue gentiment, le bâteau phare se remet d'une nuit forcément agîtée. La nouvelle passerelle à deux étages posée au pied de la grande Bibliothèque offre le spectacle d'un balai incessant de promeneurs qui vont et viennent au dessus de l'eau.

Elle et lui marchent l'un contre l'autre. Elle se sent bien, heureuse et submergée d'amour.

-Elle (se serrant contre lui): On est bien…

– Lui: Oui…

– Elle: Non mais je veux dire, on est bien là, tout de suite, mais on est bien aussi, dans la vie, quoi. Tous les deux, on est bien.

– Lui: Oui…

– Elle: Je suis heureuse je crois. D'être avec toi. Aussi de me marier avec toi. Et toi ?

– Lui: Oui…

– Elle (grand soupir d'aise): Mmmm… C'est chouette de se promener, c'est romantique ici hein ? Enfin, moi je trouve. Parce que toi, t'es quand même pas super bavard… ça va ?

– Lui: Oui. (Silence) J'ai envie de ton sexe.

– Elle (se détachant ostensiblement de lui) : Ah, ben là, j'ai pas mieux.

– Lui: Quoi ? ça ne te fait pas plaisir ?

– Elle: Non mais c'est pas le problème. Je te dis des mots doux, on se promène au soleil, les enfants sont juste devant, c'est pour ainsi dire un instant parfait, et toi, tout ce que tu trouves à me dire, c'est: "J'ai envie de ton sexe" ?

– Lui: Mais c'est gentil non ? Et puis c'est vrai.

– Elle: C'est pas "gentil", c'est sexuel.

– Lui: Mais c'est bien le sexe, non ? Et puis ça veut dire que je t'aime.

– Elle: Mais moi j'avais envie que tu me dises des choses qui me font rêver tu vois ? "J'ai envie de ton sexe", là, tout de suite, désolée mais ça ne me fait RIEN. Franchement, si je te sors, à froid, "j'ai envie de ton sexe", qu'est-ce que ça te fait ?

– Lui: Ben…

– Elle: Quoi ? ça ne te fait rien quand même ?

– Lui (mi-gêné, mi-content de lui) Si.

– Elle: Ah ben en effet, pas mieux.

C’est si bon…

Bon, j'avais décidé de faire la grève. Un acte symbolique, de
rébellion. Je voulais, par mon silence, protester contre cette arnaque
à l'amour qu'est la Saint Valentin. Je voulais manifester ma solidarité
avec tous les célibataires – surtout ceux qui le vivent mal parce que
les autres ne m'ont rien demandé on est bien d'accord – qui vont
endurer toute la journée les mièvreries de rigueur en ce 14 février.
Mais finalement, je me dis que mon silence ça va pas peser bien lourd
dans tout ce vacarme. D'autant que je suis bien évidemment une people
maintenant que je suis miss. Mais en même temps, les miss canalblog,
chais pas, ça reste encore assez confidentiel. Du coup, je décide de
continuer à occuper le terrain, on sait jamais.

Pourquoi je déteste le 14 février ? Par grand principe. Bon, ok,
c'est surtout parce qu'avant de rencontrer l'homme, j'ai vécu des
dizaines de Saint Valentin à pleurer dans mon lit le soir convaincue
que je mourrais dévorée par des chiens que je n'avais même pas.
J'aurais tué n'importe quel couple d'amoureux, comme ça, gratuitement.
Je ne l'ai pas fait parce que Midnight Express à l'époque m'avait
légèrement traumatisée et que je ne suis pas loin de penser que les
prisons françaises et les cachots turcs, c'est même combat.

Le pire c'est que bon, je n'ai pas non plus connu qu'un seul sabre
laser dans ma vie. Mais comme par hasard, le jour de la saint valentin,
ça ne manquait jamais, pof, seule, single, cé-li-ba-taire. Beurk, pas
sexy en cette société ou tout marche par deux.

Bref, je peux vous dire que pour mon premier 14 février avec
l'homme, tout en conspuant cette fête du marketing, je rêvais en secret
d'un repas aux chandelles avec gros caillou dans ma coupette de rosé à
la fin. Et puis rien, nada, que dalle, j'étais tombée sur le Ben Laden
de la Saint Valentin. Le genre à non seulement mettre un point
d'honneur à ne RIEN m'offrir ce jour là mais même à être exprès
désagréable. Du coup, depuis dix ans, la saint valentin, c'est limite
mon pire jour de l'année.

Et puis ce matin, comme c'est mercredi, je me suis levée un peu plus
tard. Les enfants – dressés à la perfection – ont joué dans leur
chambre, comme deux anges. L'homme a lui aussi décidé de trainer un
peu. On s'est collés l'un contre l'autre dans un demi-sommeil, et on a
savouré ces minutes volées. "C'est bon d'écouter la pluie avec toi"
m'a-t-il chuchoté. Alors j'ai compris que la Saint Valentin,  comparée
à un homme qui aime écouter la pluie le matin avec moi, ça fait juste
pas le poids.

A tous les amoureux, je dis, savourez, parce que c'est si bon. A
tous ceux qui cherchent encore leur chat, je dis que demain est un
autre jour. Et que souvent, la vie a plus d'imagination que vous ne le
pensez. Et puis à tous ceux qui se fichent de trouver leur moitié pour
la bonne raison qu'ils n'y croient pas à tout ça, et bien je dis que
personnellement, je ne crois pas non plus à ces histoires de moitié.
Juste au plaisir d'écouter la pluie, parfois, à deux.

EDIT: la photo n'a rien à voir avec la choucroute,
encore moins avec la Saint Valentin. Mais je voue une passion à ce
petit village "sous le soleil". Et c'était un bon moment, de voir ce
soir là la pénombre tomber sur le port…