Catégorie : Zermati et moi

Un sorcier vaudou m’a peint le visage

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Et Zermati dans tout ça ? Disons que je fais une pause. La vérité étant que j'ai laissé passer un rendez-vous et que mortifiée de honte, je n'ose plus rappeler sa secrétaire (elle me terrorise).

Je suis un modèle de courage quand il s'agit d'affronter mes lâchetés. Je déplore d'ailleurs, outre docteur Z, la perte de mon dentiste qu'il m'est impossible de recontacter depuis que je lui ai fait croire que j'étais partie vivre au Qatar (il m'a appelée sur mon portable quand j'étais en voyage de presse à Doha, s'étonnant que j'ai manqué pour la seconde fois un rendez-vous. Au lieu d'avouer que j'avais complètement oublié, j'ai prétendu avoir été envoyée en urgence aux Emirats. Problème: il a semblé comprendre que j'y résidais désormais). Techniquement, je n'ai pas menti, tout juste n'ai-je pas dissipé ce malentenu. Je me raccroche au fait que ma précédente dent provisoire a tenu dix ans. Je mise beaucoup sur la qualité de l'actuelle pour tenir jusqu'en 2015. D'ici là il m'aura peut-être oubliée et je pourrai envisager de revenir pour ma couronne. Qu'il a commandée en novembre.

AHHHHHH JE NE PEUX PAS PENSER À ÇA, LEAVE ME ALOOOOONE

Je n'ai donc pas vu ce bon monsieur Z depuis trois mois. Mais ça va.

A peu près.

Je ne me pèse que toutes les semaines.

Ou presque.

Okayyyyyyyyy, Jimminy Cricket a décidé de me faire chier aujourd'hui.

Tous les jours, donc. Mais qu'une seule fois, par contre.

Mieux. Je n'ai pas du tout flippé ce week-end lorsque j'ai constaté que j'avais bel et bien pris 1,5 kilo. Et je ne fais aucun lien entre ce non événement et mon humeur plus que morose tout le dimanche.

Je blague, je blague, mais je suis bien contrainte de reconnaitre que je ne suis pas complètement tirée d'affaire. Et que je suis à vrai dire terrorisée à l'idée de voir revenir mes kilos. Un an et demi de thérapie n'y a absolument rien changé. Et pourtant j'ai conscience et ce de manière aigüe que c'est cette crainte de regrossir qui m'entraine sur des pentes très savonneuses.

Ça et les montagnes russes que je me fais subir émotionnellement ces derniers jours, alternant à nouveau des phases particulièrement maniaques – "j'ai bien fait de tout envoyer péter et de dire un gros merde à la sécurité d'un emploi ainsi qu'aux tickets restaurants, parce que tout de même, la liberté c'est champagne et petit four à toute heure" – avec d'autres ouvertement dépressives – "je n'y crois pas que j'ai délibérément décidé d'en finir avec l'idée d'un salaire qui tombe tous les mois. La liberté n'est qu'une cage sans barreaux aux vitres sans tain, je veux mon badge et mes chèques repas"

Les jours où je vais mal, je suis assez poétique, à la réflexion.

Ce qui tendrait à confirmer qu'il n'y a pas de création sans souffrance. Et ça, ça craint carrément. Parce que le masochisme n'a jamais été mon fort.

Dixit celle qui s'est volontairement suicidée socialement.

A part ça, je ne suis qu'allégresse.

Et t'as vu sinon ? On m'a tricotée. C'est classe non ?

Je dis pas qui c'est mais si elle a envie de s'en vanter elle le fera elle même dans les commentaires. Je suis raide dingue de cette poupée et Rose en réclame une à grands cris.

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Je ne sais pas si ça se voit mais elle a les genous en dedans. She's awsome.

Edit: j'exagère un peu, hein, pour faire la blague. Je vais bien, ne t'en fais pas (Don't feel sorry for me, I'm ok) (j'envisage une traduction du blog, du coup je commence par petites touches).

 

La poularde, le foie gras et la fée régulation

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Qui dit fêtes de fin d'année, dit pour moi et pour 99% de la population féminine, stresseur poids au max. C'était en ce qui me concerne mon deuxième noël zermatien. Je mentirais si je disais qu'il a été d'une zénitude exemplaire, mais il me semble néanmoins que sur la longue route pavée d'embuches de la sérénité alimentaire j'ai fait un bout de chemin.

Pour commencer, j'avais intégré l'idée que j'allais grossir. Sans que cette pensée me donne immédiatement envie de boulotter douze papillottes histoire de calmer mon angoisse. Ensuite, j'ai superbement ignoré les conseils stupides qui pullullent dans les magazines – même les plus honorables – à l'approche des fêtes. Le plus con d'entre eux étant celui qui consiste à avaler qui une pomme, qui un oeuf dur (mauvaise haleine assurée à la saint sylvestre), qui, carrément, une bonne vieille cuillère d'huile, avant les agapes. Pourquoi faire ? Ben logique, quoi: pour arriver au réveillon en n'ayant pas faim.

Sauf que le calcul est idiot. Premièrement, c'est le meilleur moyen de vexer votre hôte: "Non, ton chapon qui t'a demandé douze heures de boulot, tu peux te brosser avec parce que personnellement je viens de baffrer trois oeufs sans le jaune et que par conséquent, je me contenterai de manger de l'air en vous regardant vous régaler". Convivialité assurée.

Deuxièmement, ça ne marche pas. Enfin pas en ce qui me concerne. Personnellement je suis tout à fait capable de faire honneur à la dinde, pomme ou pas pomme à 18h. Résultat: non seulement tu manges comme tout le monde mais en plus tu as bouffé avant. Double peine, quoi. Avec en prime un plaisir bien moins intense que si la dinde avait été dégustée avec l'estomac dans les talons.

D'autant que je le rappelle, le mantra de toute zermatienne qui se respecte est celui-ci: ce qu'on mange avec faim ne fait pas grossir.

Bref, surtout pas de subterfuge consistant à calmer sa faim avant de commencer le repas. Par ailleurs, donc, j'ai accepté le fait de continuer à manger alors que ma satiété me faisait des grands moulinets de bras sur le mode: "hey morue, je suis là, hein, je te ferais remarquer qu'on n'en est même pas au fromage et que tu n'as plus du tout faim, donc tu sors de table".

"Boucle-là, hyène", que je lui ai répondu, me souvenant de cet échange avec le Dr Z, pendant lequel il m'avait rassurée: oui, pendant les fêtes ou d'autres occasions festives, tout être humain normalement constitué dépasse sa faim. Personne n'a un assez grand estomac pour arriver au dessert en ayant goûté de tout et en ayant encore la dalle.

En gros, à Noël, tu es condamnée à boulotter.

Merci Zermati, je suis bien avancée, tu me diras.

En effet. Sauf que ce que ce bon docteur m'a également appris et qui est essentiel en cas de marathon alimentaire, c'est qu'il faut faire confiance à la fée régulation.

Cette dernière est la clé de tout, puisque c'est grace à ce mécanisme que normalement, le lendemain, le surlendemain, voire la semaine suivant les excès, tu as naturellement moins faim. Plus on vieillit, plus la fée régulation met du temps à se pointer, ceci dit. Genre quand tu es gosse, le soir qui suit un gueuleton, tu jeûne sans même t'en rendre compte. A mon âge presque canonique, ça peut s'étaler sur plusieurs jours. Mais elle finit par ramener ses fesses, madame régulation. Et instinctivement, tu prends de plus petites portions, voire tu sautes un repas, tout simplement parce que ton corps il te dit non, c'est bon, n'en jette plus, je suis full de chez full.

Je n'y croyais pas trop, à vrai dire. D'autant que ma fée régulation était aux abonnés absents ces vingt dernières années. Non, pas parce que mère nature la truie, comme je le croyais alors. Si cette trainée de fée se la coulait douce aux antilles, c'est pour une simple et bonne raison: je passais tellement de temps à me culpabiliser de ce que j'avais avalé et à regretter ce dont je m'étais privée que j'avais tout détraqué et que la pauvre miss régul' était totalement jetlaguée.

Cette année, donc, je me suis appliquée à commencer le repas en étant bien affamée. Histoire de prendre un certain plaisir dans l'histoire. Ensuite, j'ai tenté de dé-gus-ter. D'apprécier chaque bouchée de foie gras (je réciterai douze notre père pour mon crime) ou de poularde de Bresse emmaillotée. J'ai mangé lentement, ce qui m'a évité de me resservir douze fois. Et j'ai pris du dessert, un peu, alors que j'étais rassasiée. Mais en me disant que le pire qui pouvait m'arriver serait de prendre un kilo. Ou deux. Et que ça ne changerait pas ma vie (ça c'est tout de même la partie la plus difficile et je ne peux pas jurer que j'en sois aujourd'hui à m'en fiche comme de ma première culotte de reprendre du poids).

Il n'empêche que le miracle est arrivé. Ma fée est apparue dans les jours qui ont suivi. Sans que je me dise qu'il fallait que je fasse attention, j'ai fait carême avant l'heure. Ensuite, je suis partie à Istanbul où j'avais la ferme intention de profiter des mets locaux sans me mettre la rate au court-bouillon. A moi les pancakes et autres brownies double choc de l'hôtel, par ici les mezze. Tout ça sans balance, ce qui théoriquement me rend aussi nerveuse que Brian Joubert avant un triple loops piqué.

Et là pareil, voilà que la fée régulation s'est repointée. Aidée il faut l'avouer par les dénivelés de malade d'Istanbul qui ont réveillé certains organes que je croyais disparus. Genre mes ischio-jambiers. Et qui ont probablement contribué à éliminer une partie des boulettes de viandes ingurgitées tous les jours.

Bilan de l'opération: en deux semaines de vacances, un kilo au compteur. Ce qui, compte-tenu de mon alimentation totalement free style de la quinzaine qui s'est écoulée, me semble tenir du même miracle que celui de l'immaculée conception (non, il n'y a pas de contrepetrie, ça fait vingt ans que je la cherche, rien).

Voilà, je ne sais pas trop si ce récit ma foi un peu long en éclairera certains ou certaines mais il me semblait important de commencer l'année sur cette note plutôt positive.

A part ça, merci pour tous vos voeux, je vous la souhaite bien bonne et bien douce à vous aussi. De notre côté, après des vacances de rêve malgré la teupu de grippe sa mère, nous avons débuté 2011 sous le signe de la gastro. Trois enfants sur trois à terre, dont une, la chérie, qui vomit la moindre goutte d'eau et manque tourner de l'oeil à toute évocation de nourriture. Je suppute que nous devrions prendre la suite d'ici mardi. Bonne année, qu'ils disaient.

 

Buffet illimité

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Cette semaine à Doha, outre le fait qu'elle m'angoissait pour x raisons déjà énoncées, était pour moi une sorte de passage initiatique dans ma longue quête de la sérénité alimentaire. Depuis un peu plus d'un an que je zermate au quotidien, c'était, avec mon séjour en compagnie de belle-maman, un des plus gros challenges auxquels j'ai pu être confrontée

Pourquoi ?

Parce que buffet illimité.

Le buffet illimité, pour toute personne ayant souffert dans sa vie d'hyperphagie, c'est le mal, la porte ouverte à toutes les fenêtres, le goinfrage assuré, l'assurance de partir en sucette dès l'entrée. Et là, c'était donc open bar de la bouffe le matin, le midi et le soir. Ainsi que le reste du temps, la salle de presse étant ravitaillée en délicieuses saloperies tout au long de la journée. Ah ça pour te gaver, les Qataris ils sont au taquet.

Putain de sens de l'hospitalité.

D'autant que les bougres, ils savent cuisiner. Je confirme d'ailleurs que de semoule il n'y avait pas, par contre au niveau de l'houmous, du caviar d'aubergines, de la pita chaude, du tzatziki double crème et des kebabs, c'était l'abondance pétrolière. Même chose pour les desserts, gâteaux libanais en série ET douceurs occidentales n'ayant rien à envier aux meilleures patisseries de par ici. J'ai notamment mangé un cheesecake aux fraises à tuer mémé dans les orties.

Et je ne parle pas des oranges pressées – ils avaient à priori décimé une dizaine d'orangeries marocaines pour l'occasion – servies à toute heures, quand ce n'était pas du jus naturel de melon, d'ananas, de goyave ou de mangue.

Bref on m'aura comprise, pays de cocagne et abondance, toutes ces choses.

L'angoisse du gardien de but devant ses cages n'est rien comparée à celle que j'ai ressenti au premier petit-déjeuner quand mon regard a croisé celui de l'employé du Hyatt chargé de préparer les pancakes à la demande.

La semaine dernière, donc, c'était mon baptême du feu du all inclusive. Il faut dire que j'ai en souvenir quelques week-end pendant lesquels j'ai réussi l'exploit de revenir lestée de 4 ou 5 kilos. Je ne parle pas malheureusement de ma valise. Et là, je ne saurais pas trop comment l'expliquer mais rien, nada, pas un gramme.

Enfin je ne dis pas que je n'ai pas le début d'une explication.

Les oranges pressées.

On ne s'étend pas.

Mais même. Le fait est que j'ai goûté à tout ce qui me faisait envie mais sans m'empiffrer. Au petit déjeuner, j'ai réussi à ne pas boulottter douze pancakes, trois brioches et quatre omelettes. Sans parler des saladiers d'oréos que je n'ai même pas touchés. Je ne me suis pas privée, je n'ai pas passé mes journées à fantasmer sur tout ce que je n'avais pas goûté. Et je n'ai – presque – pas culpabilisé de ce que j'avais avalé. Attention, je ne dis pas non plus que mon carnet alimentaire – que je n'ai pas tenu mais on me comprend – aurait fait bander Dukon, hein. Un soir, pour accompagner mon cosmopolitan au Dunes bar, je pense avoir croqué compulsivement 278 noix de cajou soufflées (un truc de malade, j'en rêve encore). Mais après, au buffet illimité, the famous one, je me suis contentée de quelques grammes d'houmous pour accompagner mes comparses. Sans même y penser.

Je ne crie pas victoire, de la même façon que je serai toujours fumeuse – d'autant plus en ce moment où je suis malheureusement au top en la matière – je crois que je serai toujours susceptible de noyer mon mal-être, mes angoisses et même mon bonheur dans tout aliment contenant du chocolat, du beurre ou du sucre. Mais jusqu'ici, tout va plutôt bien, ma satiété, je la tiens et je ne la lâche pas.

A suivre, Noël et ses mille et une tentations approchent à grands pas…

 

Drôles d’émotions

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Ces derniers temps avec le docteur Zermati, on ne parle pas vraiment de nourriture. Et en même temps, on ne parle que de ça. Pour la bonne raison qu'on se concentre sur les émotions.

Je ne vais pas vous faire un cours sur la pleine conscience, j'aurais du mal, je crois, parce que je ne maitrise pas vraiment le concept. Mais en gros, l'idée, c'est, lorsqu'on fait face à une situation désagréable, éprouvante, ou tout simplement un moment d'ennui (générateur chez moi d'une envie de manger quasi automatique), de s'arrêter cinq minutes pour "observer" cette émotion.

Pas pour tenter de la combattre ou de la chasser. Pas dans le but de se relaxer ou de se détendre (ce serait finalement une tentative d'évitement). Juste constater qu'à un instant T, on est angoissé, en colère, triste, désoeuvré ou même heureux (y'en a que ça pousse à bouffer, le bonheur) (moi ça me donne envie de fumer).

Dit comme ça j'ai bien conscience que ça semble un peu con. Voire new-age mes couilles.

Et franchement, s'il est quelqu'un qui ne marche pas dans les trucs new-age, c'est moi.

Et pourtant, ça fonctionne. A savoir qu'en général, le fait, donc, d'observer l'émotion et ses manifestations physiques (estomac qui se serre pour l'angoisse, coeur qui bat plus vite pour la colère, yeux qui se mouillent pour la tristesse, etc) et les envies qui en découlent (manger, frapper, crier, fumer, boire), sans essayer de les contrer, ça a pour effet… de les faire disparaitre. "Parce que le propre d'une émotion, c'est qu'elle n'est pas faite pour durer. Et que ne pas la combattre c'est finalement la meilleure façon de la laisser s'envoler", m'explique docteur Z. Peut-être aussi parce qu'à se poser en observateur de ce qu'on éprouve, on n'est plus en train de subir, on est moins submergé, on retrouve une liberté de mouvement perdue quand on succombe à la compulsion.

J'avoue que je tatonne, je ne saurais pas être plus explicite. Mais il y a quelques jours, j'avais à faire face à une situation qui m'angoissait particulièrement. Comme je ne peux pas non plus me gaver de béta-bloquants dès que je dois parler à une personne qui m'est hostile ou qui m'impressionne, j'ai tenté de suivre cette drôle de méthode. J'ai senti mes mains moites, le poids dans mon ventre, le début de tachycardie. J'ai observé tous ces phénomènes désagréables avec la curiosité d'un étudiant en médecine ou d'un témoin d'une scène de crime. Sans essayer d'arranger les choses par de pathétiques exercices de respiration abdominale (qui me collent à tous les coups en hyperventilation ce qui n'arrange pas mes problèmes).

"J'ai peur et je me sens mal", je me suis dit, à quelques secondes d'entrer dans l'arène.

Et puis le face à face redouté est arrivé. Et sans que je puisse expliquer pourquoi ni comment, j'étais là, en pleine possession de mes moyens. La crise de panique était passée. Envolée. Disséquée.

Je n'essaie pas de vous convaincre, je vous fais simplement part de ce petit pas que j'ai l'impression d'avoir fait, qui n'a donc rien et tout à voir avec mes compulsions alimentaires. Parce que chez moi, donc, les émotions riment souvent avec des allers-retours dans la cuisine. La prochaine fois, je m'arrêterai cinq minutes sur le pourquoi et le comment de ce qui me pousse à ouvrir la tablette, qui sait…

Salut.

Edit: La photo ce sont les yeux noirs de colère de ma grande, c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour illustrer une émotion, on m'excuse, hein.

Retrouvailles

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– Vous aviez disparu.

– Oui, on peut dire ça comme ça.

– Qu'est-ce qui s'est passé ?

– Un problème de mutuelle, mon mari, chômage… Et puis j'avais loupé un rendez-vous, j'ai eu honte, pas osé rappeler, je n'étais pas en grande forme, quand c'est comme ça je crois que je fais très exactement l'inverse de ce qu'il faudrait. Mais là voilà, ça va mieux, alors…

– Alors vous venez me voir maintenant que vous n'avez plus besoin de moi ? C'est pas mal. Vous savez que vous auriez pu m'appeler, m'expliquer. J'étais au courant des problèmes de votre mari, nous aurions pu en parler.

– Je… je sais, c'est juste que je ne voulais pas avoir l'air de mendier, et puis surtout j'avais honte de vous avoir posé un lapin. ça n'a l'air de rien mais j'ai pris sur moi pour rappeler, si vous saviez le nombre de médecins qui doivent penser que je suis passée sous un bus…

– Et donc pourquoi avez-vous eu besoin de revenir ?

– Parce que je crois que je n'en ai pas fini avec tout ça.

– Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?

– Je… Je veux dire, ça va. Le poids, ça va, l'alimentation, ça va aussi. Mais je crois que je suis vraiment très contente d'avoir maigri.

Trop contente.

….

Je… je n'ai pas envie de regrossir. Et j'y pense un peu. Beaucoup.

– Ah. Je vous avais prévenue n'est-ce pas ? D'autant que votre "je n'ai pas envie de regrossir", à d'autres, hein. La vérité c'est que vous avez PEUR de regrossir. Beaucoup.

– Un peu.

– Beaucoup.

– Ok, beaucoup. Mais c'est que c'est tout de même trop bon, vous ne pouvez pas comprendre.

– Oh si, je comprends. C'est bien plus confortable d'être plus mince. Et puis tous ces compliments… Mais mis à part cet aspect là. Qu'est-ce qui changerait si vous repreniez, je ne sais pas, moi, cinq kilos ? Dans votre entourage, on se moquerait ?

– Oh non, tout de même. Je sais m'entourer de gens aimants, je crois. Mais ils seraient sûrement tristes pour moi, ils auraient pitié.

– Il faut être lucide. Certains, peu, seraient sincèrement tristes pour vous. D'autres, plus nombreux, seraient très contents. Maigrir est un exploit, peu de gens y parviennent sur le long terme. D'où l'envie des uns, l'admiration des autres. Et c'est bien le problème. Plus c'est survalorisé, plus votre stress augmente. Et vous le savez, aussi, ce stress là, ce "problème de poids" est un de ceux qui provoque chez vous des émotions… qui donnent envie de manger. Vous voyez où je veux en venir ?

– Ouu…oui. Non mais je n'y pense pas non plus toute la journée, en même temps. En plus, quand je fais un abus, je me dis que ce n'est pas grave, que le lendemain je ferai att….

– Aïe.

– Non, je… je ne voulais pas dire ça, je ne fais pas attention, ce que je veux dire c'est que je fais confiance à ma régulation, quoi. C'est bien ça, non ? C'est comme vous avez dit ?

– J'ai besoin d'aide je crois, en fait.

– Je pense que vous avez eu raison de prendre votre téléphone…

Bon, vous l'aurez compris, j'en ai repris pour quelques séances avec monsieur Zermati, et je vous avoue ne pas en être mécontente, même si rahh, il m'énerve parfois, quoi.

J’y pense, j’oublie, mes enfants aussi

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Je n'y pense plus.

Quasiment plus.

Que ce soit le matin, à midi ou le soir, je ne me demande plus ce que je vais manger et en quelle quantité. A la fin d'un repas, je ne me refais presque plus jamais le film de ce que j'ai avalé, histoire de vérifier que je ne me suis pas laissée aller.

La semaine dernière, apéro avec des copains, grosse razzia sur les Tucs, légère compulsion sur le jamon venu directement d'Espagne et puis… et puis rien, le reste ne me faisait plus envie, j'ai passé mon tour, sans difficulté.

Je ne me lève plus jamais avec le sentiment frustrant de savoir que je vais devoir faire attention. De fait, depuis des semaines, je ne dis plus que je fais attention. Certains jours, pas un aliment de couleur verte ou rouge ne franchit mon palais. Le lendemain ou la semaine suivante, je me régale d'épinards frais passés à la poele.

Et mon poids dans tout ça ? Il reste stable. Depuis trois mois environ, je n'ai rien perdu, rien pris non plus, ou alors pas assez longtemps pour que je m'en rende compte. Je me pèse encore tous les jours, j'aimerais arrêter, pour l'instant je n'en suis pas là. Je fume toujours, trop, mais pas bien plus que lorsque j'ai commencé Zermati.

Je ne maigris plus, donc, depuis un petit bout de temps, et pourtant il n'y a jamais eu autant de monde me faisant remarquer ma perte de poids. Comme si les derniers grammes envolés étaient ceux qui faisaient la différence. Comme si le regard de mon entourage avait mis du temps à s'adapter à mes nouveaux contours.

Autre constat de plus en plus évident, les principes zermatiens ont gagné toute la famille. Ma fille aînée, brindille s'il en est et appétit d'oiseau, ne s'entend plus jamais dire qu'elle n'a rien mangé et que c'est n'importe quoi. Plus jamais forcée à finir une assiette ou goûter, au moins, les courgettes. Elle ne mange pas mieux qu'avant mais les repas ne se terminent plus en version alimentaire de Festen. Je vois bien que chez elle tout ça n'est pas très serein et je me doute que je n'y suis pas pour rien. A force de parler, elle a fini un jour par vider son sac, avouant sa terreur de grossir, sa conviction d'être énorme. Gros coup de poing dans mon ventre, culpabilité décuplée. Mais depuis qu'elle s'est confiée, je la surprends moins souvent en train de compter ses côtes dans la glace. Elle a par ailleurs cet été dégusté des glaces – qu'elle adore et dont elle se privait ostensiblement – avec un plaisir manifeste. A la fin des vacances, je lui ai fait remarquer qu'elle n'avait pas pris un gramme, c'était évident, alors qu'elle avait pour une fois lâché du lest. "Ce que tu manges quand tu as faim ne te fera jamais grossir". Je crois qu'elle l'a entendu, même si je suis lucide, elle trainera sa propre valise à vie…

Mon fils, vorace comme douze, moins affuté que sa soeur mais loin d'être enrobé, apprend quant à lui à manger plus lentement, histoire de ne plus se resservir trois fois par repas. Il a par ailleurs complètement laissé tomber le goûter, il n'a jamais été porté sur la chose, et à force de me voir renoncer à un repas faute d'appétit, fait pareil. A part ça, pas grand chose à signaler, depuis qu'il est né cet enfant zermate sans le savoir.

Enfin, number three, si elle savait d'où vient la formidable liberté almentaire dont elle jouit aujourd'hui, allumerait un cierge par jour pour le docteur Z. Il n'y a plus jamais de crise à table pour la simple et bonne raison que si ce qu'il y a dans son assiette ne la branche pas, je n'insiste pas. Pas question pour autant de la priver de dessert, j'ai également intégré qu'il n'y avait pas mieux pour sacraliser le sucré. Pas de haricots, tu es sûre ? Ok, va chercher ton yahourt. Et ta compote. Le fait est que souvent, le soir, elle se contente de ça et que ça n'a pas l'air de nuire à son énergie (si seulement). Idem pour les bonbons, dont elle est comme qui dirait totalement dingue. Après m'être battue cet été pour qu'elle apprenne à n'en manger que cinq (chiffre arbitrairement fixé par moi même), j'ai finalement lâché du lest et accepté de lui donner le paquet, histoire de voir jusqu'à combien elle pouvait aller. A la façon dont elle s'était jusqu'alors roulée par terre en bavant de colère une fois le 5e et dernier crocodile avalé, j'avais parié sur le fusillage du paquet de vingt. Résultat: à sept, elle a délaissé la chose, manifestement écoeurée.

Quand j'ai réalisé que je m'étais, la veille, gaché une heure de vacances pour DEUX crocodiles en plus, j'ai eu comme une révélation. Attention, je ne lui colle pas des paquets haribos dans les mains tous les jours. Mais quand il y en a, je la laisse gérer. Et pour l'instant, elle ne s'est pas transformée en tagada pink géante.

Voilà, ça faisait un moment qu'on me demandait ce qu'il en était des enfants, je dois dire que le mot qui résumerait assez bien la situation est le suivant: apaisement.

Pourvu que ça dure…

Zermati, un an après

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Alors avec Zermati, où j'en suis ?

Disons que je ne peux pas vraiment prétendre m'être détachée de toute considération pondérale. J'en veux pour preuve l'excitation ressentie lorsqu'en lisant l'état des lieux de la maison du bonheur en Corse, j'ai vu, entre "24 assiettes" et "5 casseroles", "1 pèse-personne".

J'aurais aimé vous dire qu'à l'occasion, au milieu du séjour, j'étais tombée complètement par hasard sur la balance reléguée au fond d'un placard. Mais je crains que "tombée par hasard" ne s'applique pas vraiment au fait d'avoir quasiment défoncé au mortier la porte d'une armoire à priori condamnée pour dénicher le fameux pèse-personne.

Quand je l'ai enfin aperçu, j'étais aussi heureuse que si, un dimanche soir en panne de clopes, j'avais finalement retrouvé un paquet plein dans la poche de mon manteau.

Et bien sûr, la comparaison n'est pas fortuite.

On l'aura compris, si je pense avoir intégré pas mal de préceptes inculqués par ce brave docteur Z., il en est un qui pour l'instant me passe loin, très loin du ciboulot. A savoir celui consistant à s'abstenir de contrôler névrotiquement son poids.

Par contre, je sens tout de même que je fais du chemin: en me pesant ce jour là, j'ai en effet vu se confirmer la tendance observée à mon retour de l'île de Ré: 2 kilos au compteur, merci belle maman.

Et bien même pas j'ai trop flippé.

Je veux dire, j'ai flippé.

Mais pas trop.

Pas trop trop.

Par exemple, je n'ai pas prononcé UNE SEULE FOIS de la journée ces mots que je suis capable de répéter jusqu'à épuisement de la partie adverse (= celui qui dans ces moments là regrette d'avoir signé à la mairie):

"J-ai-gro-ssi…"

Suivis de l'inévitable: "Tu trouves que ça se voit ?"

Puis du "TU ES SÛR ?".

Et enfin du "Tu mens".

Non, là, j'ai respiré à fond, et je me suis payé un bon moment de pleine conscience (ou quelque chose qui s'en rapprochait). J'étais à deux doigts de la lévitation.

Et les deux jours qui ont suivi, j'ai simplement suivi mes envies, en essayant d'écouter ma faim. Qui n'était pas énorme, chaleur et plage obligent. J'ai évité LE PIÈGE de quand tu reprends du poids: essayer de le reperdre. En te privant de bouffer les douze premières heures, en voyant des cheeseburgers partout les douze heures suivantes et en finissant par tomber la tête la première dans les canistrelli à la tombée de la nuit en te traitant mentalement de grosse truie sans volonté.

Et on me croit, on me croit pas, mais 48h plus tard, en ayant pourtant sacrifié au rituel du mojito quotidien et mangé des choses aussi diététiques qu'une tarte au figues à se damner ou du lonzu qui pue le cochon gras à 20km, j'avais reperdu mes deux kilos.

Surtout, mis à part ce passage obligé sur la balance – après avoir pissé, à jeun, en retenant ma respiration et en procédant par paliers à la montée sur l'engin -, je n'ai pas beaucoup pensé à "ça".

Je crois que c'était le premier été que j'étais aussi détachée. Dans la mesure de mes moyens, on est d'accord, merci Einstein et la relativité.

Tout ça pour dire que je suis rentrée avec un poids identique à celui du mois de juillet. Avec surtout la preuve que oui, je pouvais reprendre. Et ne pas en mourir.

Maintenant, je mentirais si je disais que je me fous éperdument de ces kilos en moins, un an après avoir commencé ma thérapie. L'année dernière, je vous avais expliqué que c'était en regardant les photos de mes vacances et en me demandant qui était cette grosse femme dessus que j'avais décidé de téléphoner au docteur Z. Je vous avais même montré les photos en question. Sauf que je n'avais pas mis en évidence LA photo qui m'avait fait tant de mal. Personne n'a envie de s'exhiber sous son plus mauvais jour, hein.

Et puis hier, en faisant le tri de la cuvée 2010, je suis tombée sur un cliché pris par le churros, exactement au même endroit. Mis à part le fait que mon aimé n'a aucun lien de parenté avec Helmut Newton et n'en aura jamais, je dois bien le reconnaitre: voir la transformation de mon corps en douze mois m'a procuré une satisfaction certainement exagérée.

Je sais que j'aurai "avancé" quand j'aurai fait la paix avec cette femme que je me refuse à apprécier encore aujourd'hui sur ces marches. Alors pour cette raison, cette fois-ci je la mets à l'honneur. Parce qu'elle n'a pas moins de valeur que celle que je suis aujourd'hui. Il faut juste que je m'en persuade.

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Belle-mère: 1 – Zermati: 0

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Comme vous avez pu vous en rendre
compte, le wifi ne courait pas les rues à l'ile de ré, tout au
moins pas dans un périmètre assez proche pour me motiver. Ne
désarmant pas et légèrement angoissée à l'idée d'être
déconnectée de l'internet mondial durant une semaine, j'ai tenté
l'installation de la clé 3G.

Résultat: Clé 3G: 1 Caro: 0

Donc pas de blogging au bord de la
piscine, dommage, je trouvais ça délicieusement romantique comme
image, un peu comme celle consistant à revenir sur cette île en hiver,
enroulée dans un plaid pour écrire ce fameux roman que tout le
monde attend.

Il y aurait un feu de cheminée, un
tapis en poil de bête, du vent dans les pins et de longues balades
sur une plage abandonnée. Je serais mystérieuse et intriguerais
tous les braves gens du cru qui m'appelleraient « l'écrivaine ».
Le soir, mue par la fièvre créatrice, je noircirais des pages et
des pages. On dirait de moi plus tard que mes mots m'avaient été inspirés par la mer déchainée
et les parcs à huitres. (pour la dernière partie de cette phrase
notez que je ne suis pas très sûre).

Au terme de cet exil, j'enverrais une
liasse de feuilles racontant une histoire d'une folle originalité à
deux éditeurs, Gallimard et Acte sud, parce que voilà, je marche à l'instinct. Ils me
rappelleraient dans l'heure ou presque, m'offrant des ponts d'or
pour me publier, sûrs d'avoir trouvé la nouvelle Darieussec, avec
juste ce qu'il faut de Gavalda à l'intérieur. Celui à qui j'aurais
dit non (je ne sais pas encore lequel j'avoue que je suis déchirée
à l'idée de faire ce choix) se jetterait de désespoir du haut de l'église
saint-sulpice.

Hélas, donc, rien de tout ça n'a pu
se produire, étant donné que je cherche encore le code PUK de ma clé 3G comme une poule enragée.

Inutile de me rétorquer qu'on peut écrire sans connexion internet et que Balzac n'avait quand à lui ni ADSL, ni Wifi, je suis une femme de mon temps, c'est tout.

A part ça, si j'ai été battue à
plate couture par la technologie moderne, ma belle-mère a quant à
elle gagné haut la main son match contre mon équilibre alimentaire.
C'est avec un acharnement devant lequel je ne peux que m'incliner,
qu'elle a en effet entrepris de saper un an de thérapie zermatienne,
à coups de « ressers-toi », « tu n'as rien
mangé », « sois GENTILLE, tu ne vas tout de même pas me
faire JETER ces langoustines ». Elle n'a reculé devant rien,
invoquant les petits enfants qui meurent de faim (15 ans qu'on ne me
l'avait pas faite), le confit qui n'est pas gras, le sopalin dans
lequel elle avait des heures durant épongé les patates frites pour
qu'elle soient légères, la quantité de sucre divisée par deux
dans le fondant et le chocolat noir qui c'est connu ne fait pas
grossir. Ne parlons pas du sorbet au citron vert réputé pour ses
vertus amincissantes ni de la cigarette russe, qui, mangée avec le
dit sorbet, « fait tout glisser ».

Si le premier jour j'ai résisté
crânement, expliquant à ma belle-mère interloquée que mon corps
n'était pas une poubelle (autant tenter d'expliquer la physique
quantique aux candidats de Secret story) ou mastiquant cinq bonnes minutes
chaque bouchée histoire de la priver du plaisir de me resservir
trois fois durant le repas, j'ai assez rapidement capitulé. Comment
faire comprendre à quelqu'un qui applaudit mes enfants à chaque
assiette terminée que lécher les plats n'est pas une performance
méritant d'être saluée ?

Histoire de ne pas tomber littéralement
malade (au troisième jour mon oesophage a entamé une grève du zèle
qui restera dans les anales) (non, cette phrase ci-avant n'est pas sexuellement déviante), j'ai feinté du mieux que j'ai pu.
Notamment en fourguant à chaque allée et venue de ma geolière dans
la cuisine le reste de mon assiette à mon fils. Qui à la fin de la semaine ne rentrait plus dans aucun de ses jeans.

C'est moche, je sais, de sacrifier le machin sur l'autel de mon zermatage, mais on ne fait
pas une guerre sans casser des oeufs. Il n'aura qu'à rajouter ça à
la longue liste des griefs qu'il ne manquera pas d'énumérer plus
tard devant son quelqu'un à lui.

J'ai l'air de rigoler comme ça mais
plus sérieusement, cette semaine était, et je le savais en partant, une mise à
l'épreuve comme je n'en avais encore jamais eue depuis le début de
ma thérapie avec Zermati.

La leçon que j'en tire, c'est que je vais reprendre
rendez-vous avec le bon docteur dès le mois de septembre. Parce
qu'il m'est difficile de prétendre avoir passé le test haut la
main. Je n'ai cessé de ressasser en pensée les
aliments avalés dans la journée, de me flageller d'avoir repris du confit, de me
lamenter d'avoir prix douze kilos et de maudire le churros, celui-ci
étant par définition responsable de ma détresse.

Je rappelle qu'on était chez sa mère.

J'ai même été à deux doigts d'aller me peser tout habillée dans une pharmacie, au risque de voir s'afficher un chiffre forcément nettement supérieur à celui de ma balance corrompue. Et ça au vu et au su de toute l'Ile de Ré J'ai renoncé au dernier moment, faut dire qu'il fallait payer pour s'humilier, y'a des limites à ma connerie, même si elle sont assez longues à atteindre.

Bref, je peux vous dire que toutes les belles
phrases de Zermati, sur la régulation, sur le fait que reprendre
deux ou trois kilos ne va pas me tuer, sur le caractère exceptionnel
de cette semaine, sur la nécessité de se faire confiance et j'en
passe, j'avais beau me les répéter comme des mantras, ça me
passait à dix kilomètres au dessus du citron.

Ah ça, je peux fanfaronner dans mon slim
taille 38 (une erreur d'étiquetage à priori, j'ai depuis essayé
d'autres pantalons dans cette taille – qui représente pour n'importe quelle routarde du régime l'idéal absolu – dans lesquels pas une de mes cuisses
n'entrait, ni même la moitié d'ailleurs), je suis très très loin d'être sortie d'affaire si je
ne suis pas capable de passer une semaine, une minuscule semaine,
totalement détendue du string devant la bouillabaisse de belle
maman.

A part ça, l'île de ré est encore
plus belle que dans mes souvenirs. Je crois que le village que j'y
préfère est celui de La Flotte. Et en vrac : j'ai mangé une glace caramel
beurre salé de la Martinière sans aucune culpabilité (menteuse) //
il manque tout de même dans cet endroit d'un peu de gens de couleur
ou dont les enfants ne s'appelleraient ni Auguste, ni Henri ni
Domitille // j'ai assisté à une distribution de bonbon haribos au
Bois plage qui m'a fait redouter une éventuelle famine dans nos
contrées tellement les Jean-Mathias ou Marie-Gontrance peuvent hélas
se transformer en harpies décérébrées pour deux paquets de tagada
pink // j'ai vu la très douce et jolie Zoé Sheppard au salon du livre
du même Bois plage, entourée de jeunes et de moins jeunes
célébrités littéraires // j'ai loupé Marjoliemaman mais j'ai, par
un hasard incroyable bu un verre avec la Dom des ménagères et son
charmant mari // j'ai admiré les marais salants // pris un thé avec
Rose, un matin, en terrasse, pendant que les grands s'enquillaient
les 247 marches du phare des baleines // replongé avec consternation
dans le processus de la propreté qui suppose qu'un pot soit toujours
à portée de main au risque de chagrins inconsolables parce que
« pipi et tata dans la vature » // dégusté les Chroniques
du plateau Mont-Royal de Michel Tremblay // fêté les deux ans d'Helmut en mangeant du homard et un fraisier qui tue // et enfin, bu des ti-punch
concocté par ma belle-mère qui ne pousse pas qu'à bouffer, rendons à César ce qui lui appartient.

Je vous laisse avec quelques photos, pour info je ne maitrise pas super bien mon nouvel objectif et je trouve que sur la majorité de mes photos (prises en mode automatique) les couleurs sont très sombres, mes enfants qui ont des cheveux certes châtains semblent être bruns foncés. Au cas où quelqu'un aurait une explication, quoi.

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ça c'est quand j'ai vu Zoé/la bureautière

 

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ça c'est Zoé que je trouve plus à l'aise quand elle est à côté du beau David Foekinos

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là c'est PPD avec tous ses nouveaux cheveux et qui a l'air d'adorer d'être là

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Là c'est l'homme dont le livre testament est sorti le jour de la mort de Seguin. Quand ça veut pas…

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là c'est juste parce que je croyais qu'il était mort et qu'à priori non, ce qui est donc comme une sorte de résurrection à mes yeux.

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Zermati, réponses à quelques questions, épisode 2

Salade2

Donc je continue à répondre aux questions sur la méthode Zermati, ayant un peu de mal à le faire dans les commentaires. J'ai sélectionné quelques interrogations, je recommencerai la semaine prochaine si ça vous intéresse toujours, j'ai peur que d'un coup ce soit longuet.

– Tu dis qu'il faut se détacher de ces histoires de kilos et pourtant tu te pèses tous les jours ? Paradoxe, non ?

Réponse: D'abord, qui a cafté pour la balance ? Ensuite, attention, je n'ai jamais prétendu être le dalai lama du zermatage. Je n'en suis pas encore au stade où je mange à 100% sans culpa, où d'ailleurs je ne pense pas à ce que je mange, ai mangé ou mangerai et où j'accepte l'idée de reprendre, reperdre, reprendre, reperdre, rep… Ok. Donc oui je me pèse, sur une balance qui en plus ne veut rien dire puisqu'elle me retire cinq kilos d'office. En fait si, elle veut dire quelque chose. Qu'elle m'aime, je pense. Bref, c'est en effet le prochain stade, lâcher la balance. Et c'est une fille partie il y a quinze ans dans les îles éoliennes avec dans son sac à dos une balance pesant un âne mort qui vous parle.

– Ok, tu ne fais pas attention à ce que tu manges et tu maigris. Mais vu de ce que tu dis que tu avales, tu n'as pas peur qu'à l'intérieur de toi ce ne soit pas la joie ? Quand même, toutes ces choses comme les légumes et les fruits, c'est important pour notre organisme, non ?

Réponse: Premièrement, il ne faut pas prendre mes réponses au pied de la lettre. Quand j'écris que le soir je mange ce qu'il y a chez moi, de la quiche, de la pizza, des pâtes ou autre, ça ne veut pas dire que régulièrement je ne mange pas de la ratatouille, des tomates mozzarella, du concombre ou je ne sais pas quoi. Par contre, plutôt crever que de m'enfiler des légumes que je n'aime pas ou pas assaisonnés, juste parce que c'est bon pour la santé. Ce que je trouve merveilleux dans cette approche de la nourriture qu'ont Zermati et Apfeldorfer, c'est cette façon d'aller à l'encontre de tous les bourrages de crâne sur les cinq fruits et légumes par jour. Ne plus être control freak sur la nourriture, ça implique aussi de faire confiance à nos envies. Des envies qui naturellement nous portent vers ce dont on se frustre, quand on est frustré. Quand on ne l'est plus, c'est étonnant, certains aliments perdent totalement de leur aura. Exemple ? Il y a un pot de nutella PERIME dans mon placard. Si. Dingue. Ah et ce que je note tout de même c'est que je n'ai plus jamais de brûlures d'estomac. A mon avis ça veut dire quand même que dedans mon corps, c'est moins la guerre qu'avant. Pour plus de billes sur l'équilibre alimentaire, c'est ici.

– Pourquoi tu dis que Zermati t'a conseillé de ne pas donner ton poids actuel ?

Réponse: Dans ce billet, je raconte l'épisode. Mais en gros, ce qu'il a voulu me faire comprendre, c'est qu'afficher trop sa perte de poids, c'est s'imposer le stress de ne pas reprendre. Une fois que tout le monde SAIT combien on a perdu, c'est comme si on avait l'obligation de rester mince. Or c'est cette "obligation" qui neuf fois sur dix fait reprendre, parce que ça génère des émotions qu'on n'arrive plus à gérer autrement qu'en bouffant. D'autant qu'il ne faut pas se leurrer, tout le monde autour de soi n'a pas des intentions très chrétiennes – quelle expression à la con, non ? Comme si les chrétiens étaient toujours bien intentionnés ! Moi la première, je suis toujours assez agacée quand mes copines parviennent à arrêter de fumer. C'est dit, pardon Chloé de t'avoir tendu la première clope de la reprise.

– Et qu'est-ce que ça change dans ta vie d'avoir maigri ?

Réponse: Là aussi, beaucoup répondu il me semble. Mais en gros, je n'éprouve pas, comme certaines d'entre vous, ce sentiment de n'être pas à ma place ou de "peur" d'être plus mince. Je dois admettre qu'une des premières conséquences est financière, ce que je ne bouffe pas je le dépense. Dans des fringues. Récemment un combishort. Allez-y, marrez-vous. C'est de bonne guerre. Sérieusement, l'effet le plus positif c'est de ne plus avoir à m'arracher les cheveux le matin devant mon armoire. C'est le genre de considération qui ne met pas nécessairement en valeur mes nombreux neurones – qui ont peut-être fondu comme neige au soleil, va savoir – mais il ne faut jamais avoir été grosse pour ne pas comprendre la simplicité de ce bonheur là. Sinon, bien sûr, moins fatiguée dans les escaliers, plus sûre de moi dans la rue, moins timide il me semble, moins pétrifiée quand il s'agit de prendre la parole en public. Moins "coupable" d'être en surpoids quand j'entre dans un magasin. Au final, pas grand chose. Toujours maman de trois enfants qui s'en foutent je crois, toujours mariée à un obsédé qui l'est tout autant qu'avant mais pas plus. Et pourtant, la peur panique de reprendre du poids. Comme je l'ai dit plus haut, y'a de la marge avant que je me rase le crâne et me promène en toge orange.

– Et comment tu fais au moment des repas ? Quand t'as pas faim, tu manges pas, mais bonjour la convivialité en famille ! Et si tu as faim à 16h ? Tu te fais une blanquette ?

Réponse: Au bout d'un moment, ce qui est magique c'est que tu as faim à peu près en même temps que tout le monde. Cela dit, parfois, je n'ai pas faim, je mange trois fois rien à table, en expliquant que là, non, pas très envie. ça ne m'empêche pas de rester à table avec eux, ou alors de me mettre sur le canapé, à côté, et de discuter. Oui, ça a changé le fonctionnement de tout le monde cette histoire. Parce que désormais, plus de crises pour finir les assiettes, plus de remarques du type si tu ne manges pas tes haricots, tu te brosses pour le maronsuiss. Et croyez-moi, on a beaucoup gagné en sérénité. Le repas est un moment de convivialité. Mais il n'est pas le seul. Et d'après docteur Z, c'est plutôt un bon exemple à donner que de ne pas se forcer à manger.

Edit. La photo c'est pour montrer que cette histoire d'équilibre alimentaire ça marche aussi sur les enfants. Je reviendrai là dessus mais depuis que j'ai commencé cette thérapie, je ne fais plus suer mes gosses avec ça. Résultat, parfois, rose me supplie de lui donner… de la salade. Au moment du goûter.

Salade

Zermati, réponses à quelques questions

Dégustation

Hier plusieurs questions m'ont été posées dans les commentaires qui appellent des réponses assez développées. Hélas, je dispose environ de trois minutes et 12 secondes pour écrire ce billet, donc je ne saurais que trop vous recommander, pour plus de précisions, d'aller farfouiller dans mes billets zermati et moi dans lesquels j'ai déjà abordé nombre de ces topics. Ce billet là résume plutôt bien tout ça.

– Comment fais-tu chez des amis, c'est impoli de ne pas manger si tu n'as pus faim après les pringles ?

Réponse: je ne sors pas tous les soirs, loin de là. Par conséquent, lorsque que je suis invitée, je bannis toute notion de restriction. Je me dis que ce soir là est particulier et que tout est permis. J'y vais en ayant faim, parce que l'idée c'est d'apprécier ce que je vais manger. Si je cale au dessert, je ne me force pas non plus. Et le lendemain ? Le lendemain, je ne me pèse pas, parce que je sais que j'ai probablement pris un kilo – en cas de gros lâchage – et que ça va me miner. Et je fais donc confiance à la REGULATION. A savoir que naturellement, je vais avoir faim plus tard et probablement moins que si je ne m'étais pas enfilé une fondue au fromage ET un vacherin la veille. L'objectif de cette thérapie, me disait à chaque séance le docteur Zermati, n'est pas de se désocialiser.

– Et l'alcool ? Qu'est-ce que t'en fais de l'alcool ?

Réponse: Un peu la même que la précédente, je ne picole pas tous les soirs. Par ailleurs, en ce qui me concerne mais là c'est peut-être une curiosité de la nature – cette truie -, l'alcool me coupe l'appétit. Qui boit dine, en gros. Mais encore une fois, à moins de boire un litron par jour – et là je crains que votre problème ne soit pas spécifiquement celui de la nourriture – l'alcool n'est pas un problème, justement.

– Mais quand on a envie de manger simplement pour se faire plaisir ? Pas par faim mais pas non plus pour se gaver ?

Réponse: Et bien on le fait. Le docteur Zermati est formel là dessus. Il faut aussi savoir manger quelque chose sans faim et sans culpabilité. Pour ce faire, il faut DECIDER de ce qu'on va s'offrir, s'asseoir en face de son petit plaisir et le déguster. A savoir, le manger lentement mais sûrement, en savourer toutes les subtilités de goût. C'est dingue mais en général, la moitié de l'aliment choisi suffit.

– Mais dans la journée, tu manges quoi exactement, alors ?

Réponse: ça dépend, ça dépasse. Un croissant le matin, une assiette de pâtes à midi ou un club sandwich/frites, ou une salade, bref, ce qui me fait ENVIE. En général, pour clore mon repas, un carré ou deux de chocolat. Le soir, ce qu'il y a dans mon frigo, riz, pâtes, courgettes, quiche, que sais-je. Avec un morceau de fromage, un yahourt ou un fruit. Et mon carré de chocolat, pour finir sur la note sucrée dont je ne me passe pas. En gros, je mange comme avant, mais moins, parce que plus jamais ou presque devant la télé ou en lisant. (le mal).

Voilà pour aujourd'hui !