Catégorie : Zermati et moi

Envie de chocolat et autres zermachoses

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– Il y a des gens qui peuvent manger un gâteau en dehors des repas simplement par envie de sucré ou besoin de réconfort et qui ne grossissent pas.

– C'est trop injuste, moi je regarde la religieuse je prends une taille de soutien-gorge.

– Ah. Pourquoi à votre avis certains ne grossissent pas en grignotant et d'autres non ?

– Heu… Parce que mère nature la truie ?

– Nous y voilà. Vous êtes victime d'une conspiration génétique, voire même peut-être vous êtes une martienne, c'est ça ?

– Rigolez, rigolez, c'est facile, hein. Tout ce que je sais c'est que moi, tout ce que je mange me profite. Alors que ma copine Béa, par exemple, depuis toujours elle peut manger son poids en chocolat et rien ne bouge. Donc si ce n'est pas une preuve, ça, je veux bien manger mon sac.

Cet échange cordial et décomplexé a eu lieu lors de mon dernier rendez-vous, jeudi dernier, avec Monsieur Zermati. Qui m'a finalement donné l'explication à ce scandale dont nous sommes plusieurs à être victimes.

Pourquoi certaines peuvent se lâcher sur les viennoiseries sans dommage collatéral et pourquoi d'autres grossissent même avec du fromage blanc à 0% ?

Et bien parce que tout simplement, ces personnes qui ne grossissent pas malgré un bon goûter, sont régulées. Mister Z entend par là que ces gens bénis des cieux sont en réalité capables de sauter le repas d'après sans aucun problème, tout simplement parce qu'ils n'ont pas faim, rapport qu'ils ont baffré une tarte tatin quelques heures plus tôt. Les autres, ceux qui enflent systématiquement, sont ceux qui non seulement boulottent la tarte tatin mais ne boycottent sous aucun prétexte le souper ou déjeuner qui suit. On sait jamais, des fois qu'il y aurait la guerre le lendemain, hein.

Résultat, grosse différence sur la balance.

Pourquoi cette discussion ? Parce que j'expliquais à docteur Z qu'avec ces heures douloureuses et l'atmosphère quelque peu tendue à la maison qui s'en est suivie, j'ai eu quelques envies pressantes de sucré-chocolaté. Mais, ai-je fanfaronné, je me suis contentée de cuisiner des madeleines sans quasiment en manger.

Moi qui pensais en être félicitée, j'en ai été pour mes frais.

– Etre dans le contrôle n'est pas ce qu'on cherche. Vous ne tiendrez pas à la longue. Pourquoi mangeons-nous, à votre avis ? Par besoin physiologique, bien sûr. Mais aussi pour le plaisir que ça procure. Parce que chimiquement, parfois, ça permet de rééquilibrer certaines choses dans le cerveau. Alors oui, on peut, de temps à autre, se dire: "la vie est pourrie, heureusement il reste les éclairs au chocolat".

D'où ma remarque sur le fait que je paie bien trop cher ces écarts pour me les permettre. Et d'où le dialogue déjà rapporté quelques lignes plus haut.

"Quand vous avez vraiment une envie de gâteau en dehors des repas, il faut tout d'abord vous arrêter deux minutes sur la raison de cette envie. Des fois qu'il y aurait une autre solution que le réconfort alimentaire, hein, autant y réfléchir. Ensuite, si réellement vous sentez que c'est un besoin, alors vous pouvez vous l'autoriser. En étant bien consciente de ce que vous faites. En choisissant le bon gâteau, parce que tant qu'à faire, autant que ce soit parfait. Ensuite, vous vous asseyez, vous le regardez, vous le dé-gus-tez. En général, le simple fait de se concentrer sur cet instant de plaisir, d'en prendre la mesure, permet d'être rassasié plus rapidement. Surtout, en étant consciente de ce que vous faites, c'est vous qui avez le contrôle, pas la pulsion", a-t-il rajouté ensuite.

C'est pas génial, ça, de se dire qu'on peut craquer sans se faire des cheveux ensuite ?

Comme je lui disais, par ailleurs, que la satiété restait mon plus gros problème maintenant que la faim et moi on était main dans la main, il m'a donné un nouvel exercice à faire.

Et croyez-moi, çui-ci, c'est de la balle.

Pendant quatre jours, je dois commencer mon repas de midi par…

100 g maximum de chocolat, lait ou noir.

Une tablette, quoi.  Sachant que si je n'ai plus faim à la moitié de la tablette, je laisse ce qui reste. Et que je dois attendre une heure minimum avant de manger autre chose. Si j'ai faim, évidemment. Pourquoi une collation une heure après ? Parce que si je sais que je ne peux pas manger avant le soir, je vais avoir tendance à bouffer la tablette par peur de la faim. Alors que si je sais que je pourrait me sustenter dans l'après-midi, ça changera la façon dont je goûterai le chocolat.

Le but de l'exercice, visiblement, c'est de constater qu'on peut venir à bout d'une envie de chocolat assez rapidement. Et qu'en manger tous les jours est probablement la meilleure façon de ne plus en avoir envie. D'après docteur Z., l'exercice se solde systématiquement par une perte de poids. Même que pour la première fois il m'a demandé de me peser avant et après les quatre jours pour vérifier.

"S'il n'y a pas perte de poids, voire prise, c'est que quelque chose a bloqué. Et ce sera une information importante également".

Voilà, en gros, pour cette séance, enfin, il y a eu d'autres choses dites et entendues, mais je les garde pour moi, celles-là.

Allez, bon lundi, je m'en vais acheter mon milka.

Zermati, deux mois après

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Deux mois environ que je vois ce bon docteur Zermati. Je n'ai pas eu d'autre séance depuis celle du raisin, la dernière ayant été annulée pour cause de congrès du GROS, une association fondée par Apfeldorfer et Zermati.

Après ces huit à dix semaines de thérapie, voici un petit état des lieux.

– Ma balance toute pourrie qui sous-pèse énormément affiche cinq kilos de moins. Je n'ai aucune idée de mon poids réel, mais je m'en moque, je sais en revanche que j'ai maigri, mes vêtements sont un très bon indicateur.

– Depuis quelques jours, on me fait remarquer assez spontanément que j'ai minci. Ce qui est drôle c'est que je n'ai pas perdu beaucoup plus qu'il y a deux ou trois semaines, mais étrangement, ça se voit plus. Comme s'il fallait un certain temps au corps pour réadapter ses contours.

– Je ne me sens pas au régime. En revanche, je mange moins, c'est une évidence. Il n'y a pas de magie, ce serait trop simple si le fait d'aller voir un médecin suffisait à maigrir. Tout aussi brillant soit ce médecin.

– Je parviens à manger quand j'ai faim, en revanche je suis encore moyennement connectée avec la satiété.

– Je gère très bien le quotidien "normal", j'ai plus de mal avec les déjeuners de boulot ou les repas avec les copains qui s'éternisent. Je suis encore très fragile devant un bol de Pringles sour cream and onion.

– Je ne me sens pas obsédée par cette thérapie. Je veux dire par là qu'en général, quand j'arrête de fumer ou que je commence une nouvelle sorte de diète, j'éprouve le besoin d'en parler, parfois jusqu'à ce qu'on me fasse comprendre que bon je suis sympa, hein. Là, si on me pose des questions, je réponds volontiers, mais c'est rarement moi qui aborde le sujet. Je pense que c'est plutôt positif.

– J'ai un peu du mal avec les exercices de "pleine conscience" qui consistent donc à se concentrer, durant quelques minutes, sur la respiration ou la première bouchée de nourriture. En somme, être dans la conscience du moment présent, sans pour autant d'ailleurs s'interdire les pensées parasites, mais en tentant à chaque fois de revenir sur le sujet de concentration. Le docteur Z dit toujours, "il ne s'agit pas d'essayer de modifier son état, simplement d'observer les choses, de les ressentir". ça demande de stopper le cours des choses pendant un instant et ce n'est pas si évident. Cela dit, dernièrement, dans le tram, le soir, je ferme les yeux et fais l'expérience. C'est incroyable alors comme cela parvient à remettre pas mal de choses à leur place. Genre à réaliser que les paroles désagréables d'untel ou unetelle ne méritent pas non plus que je me mette la rate au cours-bouillon.

– J'ai l'impression que certes je mincis mais que d'autres choses se passent. Mon ultra-émotivité par exemple qui m'handicape assez sérieusement – mes yeux se mouillent pour un oui ou pour un merde, d'autant plus si a) on m'accorde un peu d'attention, b) on me fait un reproche, c) je tente de vider mon sac – semble se canaliser quelque peu. C'est comme si je reprenais le contrôle. La route est longue avant la fin des angoisses, mais je ne sais pas, je me sens… plus sûre de moi. J'ai surtout l'impression que le gros nuage qui cachait un peu mon soleil ces derniers mois pourrait vraiment finir par s'éloigner.

Je fume de nouveau comme en 40. C'est il me semble un point négatif, comme si j'étais incapable de mettre fin à une compulsion sans remettre le couvert avec une autre. Cela dit j'avais recommencé avant la thérapie, mais disons que ça n'a pas arrangé les choses. A mon avis, plus petite, j'ai loupé un truc avec la phase du plaisir oral. En même temps j'aurais aussi pu rester bloquée au stade anal, hein.

– J'achète des tonnes de fringues, mon compte en banque fond plus vite que la graisse de mes fesses.

– Mes chaussettes me serrent moins au niveau des mollets.

– Mes soutifs me saucissonnent moins également.

– Je n'ai plus jamais de brûlures d'estomac, probablement parce que je mange moins.

– J'ai perdu une taille de vêtements, je suis donc passée au 44, même si je suis encore un peu serrée.

– Mes genoux me font moins mal.

– La dernière fois, je portais un pack de cinq litres de lait jusqu'au charriot, je trouvais ça lourd. J'ai réalisé que jusqu'à peu, je les soulevais en continu, ces bouteilles de lait. Normal, que je me sente plus légère.

Voilà, j'ajoute que je ne me fais aucune illusion, je ne me sens pas du tout comme si j'avais signé un CDI avec l'amaigrissement. Il me faut comprendre pourquoi le fait de manger n'est pas encore quelque chose d'anodin et d'instinctif. Il me faut apprendre à m'arrêter quand j'ai eu ma dose. Mais bon, je me dis que je suis sur le bon chemin avec la bonne personne.

Edit: Photo prise cet été sur la plage, le nuage semblait être un Picachu gazeux, quand il s'est évaporé, c'était assez incroyable, cette sensation de lumière retrouvée…

Le raisin de Zermati

Raisin  Vendredi c'était mon Zermati's day. Quatrième rendez-vous, et pas des moins intéressants.

On est dans un premier temps revenus sur cette expérience des trois faims, la petite, la moyenne et la grande. J'ai fait part de mes observations et de ma conclusion: avant l'heure c'est pas l'heure, mais après, c'est mort aussi. Réponse du doc: "on s'en doutait n'est-ce pas que c'était la moyenne faim la meilleure, l'important c'était d'en avoir la preuve".

Ensuite, on a parlé de cette histoire de respiration, et là, j'ai avoué que si mon corps et moi on commençait à être bien en phase avec la faim et en particulier la bonne, celle qui fait qu'on mange avec plaisir, sans culpabilité et sans non plus se gaver, en revanche les instants de "pleine conscience" comme il les appelle, bof.

En gros, je n'ai pas trouvé le temps. A moins que ce soit la volonté qui ait manqué. Le fait est en tous cas que j'ai dû faire l'exercice deux fois grand max sans vraiment en ressentir un bénéfice quelconque.

"Pas grave", m'a rassuré docteur Z, "il faut savoir que c'est ce qu'il y a de plus difficile, la pleine conscience. Il faut du temps avant d'y parvenir".

J'en profite pour faire une petite apparté, je crois que c'est ce que j'apprécie énormément chez ce médecin. Il n'y a pas de reproches, pas d'objectifs à atteindre, pas de contrôle de poids à chaque rendez-vous. J'ai tellement été habituée avec les nutritionnistes qui m'ont suivie à ces séances de remontrances ou de félicitations (qui à mon avis reviennent au même d'ailleurs) que je n'en reviens pas de ne plus être dans cet espèce de passage d'examen perpétuel. On n'est pas dans la "progression", on n'est pas dans une sorte de processus où chaque étape doit être franchie avec succès sous peine de reprise immédiate de poids. Et c'est, je pense, le point central de cette thérapie. Pas de chiffre à atteindre, pas de promesses de minceur, pas de discours sur la volonté, le contrôle, pas d'aliments proscrits, pas de plus ou moins 60 grammes de pain par jour. Pas de points rouges jaunes ou verts, pas de leçons de nutrition ni de théories sur les protéines qui te font perdre du gras mais gagner du muscle.

Fin de l'apparté.

Donc, pour la respiration, va falloir persevérer. Et d'ailleurs, même, on va la mettre de côté pour se concentrer sur un exercice similaire qui est celui de la dégustation. Pour me l'expliquer, le docteur m'a fait fermer les yeux et me détendre. Puis il a mis dans ma main un petit aliment dont j'ai dû apprécier le toucher, puis le "son" qu'il faisait à mon oreille quand je le faisais rouler entre mes doigts, puis l'odeur. Ensuite j'ai pu porter ce qui s'est vite avéré être un raisin sec à ma bouche, le faire rouler autour de ma langue et enfin le couper avec mes dents, en extraire la pulpe pour finir par le mâcher et l'avaler.

Tout ça sans ouvrir les yeux et en essayant de me concentrer uniquement sur les sensations olfactives, auditives et gustatives de la dégustation.

"Qu'est-ce qui s'est passé, alors ?", m'a demandé docteur Z une fois le minuscule grain mangé.

Ce qui s'est passé ? Je ne saurais vraiment l'expliquer, une explosion de goûts dans ma bouche que je n'aurais évidemment pas pu ressentir si je ne m'étais pas attardée à ce point dessus. L'impression aussi d'avoir mangé beaucoup plus qu'un seul raisin sec. Le plaisir aussi de l'acidité de la pulpe sur mes papilles.

Voilà, pour les deux semaines à venir le mot d'ordre est de tenter de commencer chaque repas par trois minutes de "pleine conscience". ça peut être aussi au moment du café, s'attarder sur la température de la tasse, sur les effluves du breuvage, la chaleur de la première gorgée. Autant vous dire que ce n'est pas si facile. Mais il est certain que ça évite de se ruer sur la bouffe et que ça permet de déclencher tout un processus de salivation et de dégustation.

Sinon, à part ça, j'ai parlé au docteur de ma difficulté à identifier la satiété, de ma tendance à m'arrêter "parce qu'il faut" plutôt que parce que je n'ai plus faim. Il m'a confirmé que ce "parce qu'il faut" n'est pas la meilleure des choses, toujours cette histoire de contrôle qui ne peut être pérenne. Mais pour l'instant ça aussi ce n'est pas grave, on n'en est pas là, on n'a pas commencé le travail sur les émotions, chaque chose en son temps. J'ai aussi demandé si le fait de sauter un repas le soir après un gros déjeuner de boulot était une bonne ou une mauvaise chose. Il m'a répondu qu'il fallait voir l'acte de manger comme celui de recharger un téléphone portable. "Cela vous vient-il à l'esprit de charger votre téléphone si la batterie ne s'est pas vidée ? Non. Vous attendez en général que le voyant s'allume. Votre voyant, c'est la faim. Si vous ne ressentez aucun symptôme, c'est que vous n'avez pas besoin de manger. Dont acte".

Voilà pour cette fois-ci.

Edit: Jamais 2 sans 3, cette fois-ci c'est ma Rosette qui est malade et je dois avouer que je déteste ça…

Boucle d’or et les trois faims

Boucle d'or  Dans trois jours j'ai mon rendez-vous avec le docteur Z. Et bien évidemment, je suis un peu à l'arrache sur les exercices que j'étais censée faire ces deux dernières semaines.

Enfin, je suis à l'arrache pour ce qui s'agit de noter mes impressions. Parce que sinon, je suis comme qui dirait la madame Jourdain du Zermatage. Pour rappel, je devais expérimenter grosse faim, moyenne faim et petite faim et en tirer mes conclusions. Dans les faits, sans vraiment le faire exprès, j'ai été amenée au fil des jours à connaître les trois situations. Un jour, une grosse faim suite à un petit déjeuner expédié et un repas de midi pris à 16h, merci l'urgence de l'info qui n'attend pas. Un autre jour, une moyenne faim (repas de midi pris à 14h) et  enfin, une petite faim (une collation deux heures après un déj léger).

Personne ne sera surpris, en rapport qualité/prix, la moyenne faim a été la plus satisfaisante. J'entends par là que les désagréments d'une faim moyenne sont assez supportables (ventre qui gargouille et légère faiblesse) et que le plaisir du repas est réel. La satiété arrive assez rapidement et les signes de la faim disparaissent dans la foulée.

La grosse faim en revanche est plus compliquée à gérer. Déjà, personnellement, au bout d'un moment c'est vertiges et compagnie, envie de vomir et difficulté pour se concentrer. Qu'on se le dise, j'aurais tenu une demi-journée dans le maquis et n'ai aucun avenir d'activiste gréviste de la faim. Surtout, lorsque je me mets à table, je ne sais plus trop de quoi j'ai envie, je mange par nécessité plus que par plaisir et n'arrive pas trop à me sentir rassasiée. Quant à cette impression de faiblesse, elle persiste longtemps après le repas, comme si mon corps n'arrivait pas trop à relancer la machine.

La petite faim, j'avoue avoir un peu de mal à la reconnaître, donc j'ai fait comme le docteur m'avait dit, à savoir que j'ai mangé à midi, correctement, et que j'ai pris un dessert deux heures après. Mouais, bof, pas très concluant, disons que je n'ai apprécié que très modérément la tarte au citron en question, trop habituée depuis un mois maintenant à ne m'autoriser ce type de plaisir que le ventre vide et criant famine.

Je ne sais pas si ces enseignements vont dans le bon sens, j'imagine que si puisqu'à mon avis, en alimentation comme en tout, la modération a du bon. En gros, attendre la faim, oui, s'affamer, non.

Par contre, les exercices de respiration new age avant les repas, là, c'est l'échec sur toute la ligne, je ne trouve jamais le temps. Il faut dire qu'Helmut mange juste avant nous, qu'ensuite il faut l'empêcher d'enchainer sur le diner du reste de la famille, qu'après avoir demandé douze fois aux grands de mettre le couvert il faut finalement s'y coller et tout ça entre 19h45 – heure de mon arrivée – et 20h17 environ.

Bref, la relaxation je n'ai pas trouvé le moyen de la caser. En plus, va fermer les yeux pour suivre le trajet de ta respiration quand tu es l'heureuse propriétaire d'une enfant de quatorze mois bien décidée à profiter du moindre instant d'inattention parentale pour a) filer dans les escaliers qu'elle sait monter mais dont elle maitrise relativement mal la descente, b) refaire l'electricité du salon, c) mettre le couvert à la place de ses ainés, d) manger la solution hydro-alcoolique censée nous protéger de la grippe A, e) rebooter la free-box. 

Voilà, depuis que j'ai commencé cette thérapie, j'ai perdu un peu plus de quatre kilos tout en mangeant un croissant le matin et un dessert à midi. Mieux, samedi soir à une soirée, je n'ai eu aucune pulsion sur les amandes grillées et suis arrivée à ne boulotter que deux gougères – alors que les gougères de ma copine Chloé tuent leur mémé. Encore mieux – si si c'est possible – je suis repartie sans avoir goûté aux desserts ni fait un sort aux pistaches.

Ok, en ce qui concerne le champagne j'ai un peu dérapé.

Parfois, le mercredi après-midi, j'ai des envies. Parfois, le samedi aussi. Je sens que rien n'est gagné, que la sérénité n'est qu'à moitié installée dans mon assiette. Mais disons que je me sens sur la bonne voie. Pour l'instant.

Edit: Rien à voir mais le bébé de NEP – alias Nulle en pseudos – est né jeudi. C'est étrange parce qu'on ne se connait pas en vrai, mais je suis sincèrement, vraiment sincèrement heureuse pour toi, dear dear NEP. Le plus beau ? Pour la prochaine saison de la NS, tu vas pouvoir boire des bières avec nous 😉 Welcome on board, little Dou…

Zermati and me, troisième épisode

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Vendredi, c'était ma troisième visite chez le docteur Z.

Zermati pour les intimes.

Pour commencer, je suis arrivée sans mon calepin dans lequel j'étais censée avoir noté mes impressions après mes quatre jours de semi-jeune.

On peut dire que c'était un acte manqué, sauf que pardonnez-moi mais j'avais bien fait mes devoirs.

Heureusement, ce bon docteur Z, non content de ne pas m'infliger l'humiliation quinzomadaire de la pesée, n'est pas non plus du genre à vous engueuler d'avoir oublié son cahier. Nouveau bon point.

Qu'à cela ne tienne, donc, je lui ai fait part de mes observations par oral. Qui étaient les suivantes.

Le premier jour, j'ai tenu héroïquement deux heures sans mon quotidien petit-déjeuner. Non sans avoir eu très très peur d'y passer. J'ai ensuite boulotté deux croissants, consciente que le deuxième était de trop. Par contre, j'ai ensuite attendu jusqu'à 16h pour avoir à nouveau faim, j'ai là mangé une petite gougère de rien du tout et une madeleine. Le soir, une soupe et au lit, vers 22h.

Ok, on me souffle dans mon oreillette que je viens de perdre une centaine de lecteurs, mon carnet alimentaire n'intéressant que moi.

Bref, sans entrer dans les détails, les jours suivants j'ai repoussé un peu plus l'heure du premier repas de la journée et me suis contentée de collations beaucoup moins importantes. J'ai pu avoir la confirmation qu'en effet, quand on a faim, on ne grossit pas, ne m'étant privée de rien de ce qui me faisait envie. J'ai aussi compris que tant qu'à faire, on ne commence pas sa journée alimentaire par un petit verre de blanc, encore moins en compagnie de quasi-inconnus, ça la fout assez mal.

J'ai aussi constaté qu'on ne se gave pas quand on mange avec la dalle, je ne saurais l'expliquer, peut-être tout simplement parce qu'on sent physiquement les effets de la satiété, rapport qu'on avait bien conscience de sa faim.

Autre enseignement: je peux tenir debout en avalant moitié moins de calories que ce que je boulotte d'habitude.

Surtout, et là il semblerait que le docteur Z considère que c'est le plus important, j'ai éprouvé du plaisir à manger. Je veux dire, un plaisir non entaché par la culpabilité.

Conclusion, quand on a faim, on ne s'en veut pas de manger. Et donc on ne grossit pas.

Après avoir fait ce petit bilan, j'ai quand même interrogé le docteur Z. "Dites moi", que je lui ai demandé de l'air de celle à qui on ne la fait pas. "C'est bien gentil tout ça, mais je me connais, moi. En ce moment, j'arrive très bien à me contenir. Pas de pulsions et quand j'en ai, je contrôle. Mais quid de dans un mois ? Ou deux ? Quand tout ça n'aura plus le goût de la nouveauté ? Parce que moi, autant vous dire que je suis la championne des journaux intimes arrêtés au bout de dix jours, des grandes résolutions tenues un mois et du classement de papiers qui ne durent pas plus que le temps d'acheter une boîte d'archivage. Bref, ce serait pas un peu trop comportementaliste, votre méthode ? (sous-entendu, c'est quand qu'on parle de ma mère et de comment c'est de sa faute tout ça ?)*"

Là, le docteur m'a regardée pas trop dupe, soupçonnant que je savais à peine ce que c'est que le comportementalisme et qu'on avait dû me la souffler, ma question.

Et il a répondu qu'en effet, là, on en n'est qu'au début du voyage. Que pour comprendre le pourquoi des pulsions, il faut déjà les identifier. Et pour les identifier, il faut savoir quand elles arrivent. Et que pour savoir quand elles arrivent, il faut parvenir à les différencier des moments où on mange parce qu'on a vraiment faim. Et que donc, travailler sur la notion de faim, c'est le commencement. Mais que pas de panique, on va travailler sur mes émotions. Voire même que je vais pas y échapper.

Au mot "émotion", vlam, de nouveau les yeux qui piquent.

ça promet.

Ensuite, on est passés à un autre exercice, un peu new age. On va apprendre à respirer, qu'il m'a dit. Et le voilà qui me colle une sorte de pince à l'oreille reliée à un fil branché à l'ordinateur.

Croyez moi ou non, moi et ma grande gueule – surtout dans les couloirs, la grande gueule – je n'ai pas demandé à quoi ça servait, j'ai supposé que ça devait lui permettre de lire mes pensées ou un truc dans le genre.

Il m'a demandé de fermer les yeux et de me concentrer sur ma respiration. Pour faire simple, je dirais que ça ressemblait furieusement à un exercice de relaxation, celles qui ont suivi des préparations à l'accouchement ou pratiqué le yoga verront de quoi je parle. Et comme c'est de rigueur dans ce genre de rituel, il m'a demandé, tout en me concentrant sur ma respiration, de choisir une image agréable.

Là, grosse panique, comme à chaque fois dans ce cas là. Impossible de me fixer sur une seule image agréable. Un peu comme quand tu vois une étoile filante et que tu as tellement de voeux à faire que tu te retrouves dans l'impossibilité d'en choisir un et que du coup, pof, l'étoile elle est déjà morte depuis trente millions d'années que toi tu en es encore à hésiter entre gagner au loto, trouver l'amour de ta vie ou trouver un vaccin au sida.

Bref, ça m'a bien occupée de chercher mon image agréable. Un coup j'étais dans la mer d'huile en corse, un autre sur un télésiège au dessus des pistes immaculées, un autre dans les bras de mon amoureux. Au final, j'ai retenu le visage d'Helmut quand elle est sortie de mon ventre.

Et pan, yeux qui piquent.

Pile au moment où l'exercice était terminé.

"ça va ?" qu'il m'a demandé, avec la voix du médecin qui voit bien que ça va moyen.

"Impecc, c'est juste la lumière qui me brûle les yeux". Menteuse.

Va y'avoir du boulot rapport aux émotions, c'est peu de le dire.

Bon, je vais la faire courte parce que je bats les records de longueur de billet, en gros, cet exercice "de pleine conscience", sert à voir comment les pensées "parasites" viennent polluer notre attention censée se concentrer sur un seul objet. En l'occurence la respiration, mais ça aurait pu être un stylo.

Ou peut-être un petit salé aux lentilles.

En gros – mais ça n'est pas très clair pour moi, je demanderai éclarcissements la prochaine fois, merci l'esprit d'escalier -, il semble que l'idée c'est d'arriver à se concentrer sur son corps et ses sensations. En tous cas, la consigne est de m'accorder avant les repas trois minutes de "respiration – relaxation". A voir si j'y arrive. Il a ajouté que je pouvais le faire dans les moments d'anxiété.

Anxiété, anxiété, est-ce que j'ai une gueule d'anxiété ?

Voilà, ensuite il m'a donné mes autres devoirs, à savoir expérimenter durant les deux semaines qui viennent une petite faim, une moyenne faim et une grosse faim. Noter les impressions, les désagréments et les sensations une fois à table. Le but du jeu étant de trouver la "bonne" faim, celle qui combine petits désagréments et satisfaction quand on y met faim fin.

Parce que donc, le but, m'a répété le docteur Z, ce n'est pas de se rendre malade. Et d'ajouter que la grosse faim, souvent, elle n'est pas très facile à satisfaire. Quand c'est plus l'heure, c'est plus l'heure et le corps se venge.

Voilà pour aujourd'hui.

Edit: A la fin de la consultation, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai expliqué au docteur que je tenais un blog dans lequel je parlais, parfois, de lui. J'ai ajouté que si ça lui posait un problème, j'enlèverais son nom. Il m'a répondu que pas du tout, que vu le temps et l'énergie qu'il consacrait à défendre sa vision des choses, il n'allait pas bouder son plaisir. Je lui ai donné l'adresse, en lui disant qu'il faisait comme il voulait, que moi je ne voyais pas d'inconvénients à ce qu'il lise ce que j'écris sur lui, après tout c'est la moindre des choses. Il a eu ce scrupule qui l'honore de craindre que ça ne bride ma "spontanéité". J'ai argué que je parlais ici de choses que je n'aurais jamais envisagé porter à la connaissance de la netterie mondiale. Encore moins à celle de ma mère. Bref, faites comme vous voulez, docteur. 

Edit2: j'ai créé une rubrique "Zermati and me" pour que vous puissiez retrouver facilement les billets, je ne sais pas si ça vous manquait, mais dans le doute…

Edit3: L'image agréable que j'ai mise là, c'est une photo prise maladroitement par mes enfants le jour de notre mariage, juste avant que la fête commence vraiment. J'aime cette brume de chaleur de la fin de journée et la sérénité qui s'en dégage. J'aime revoir ce jardin de mes parents décoré pour la fête avec les moyens du bord. J'aime le souvenir de ces fleurs parfaites bichonnées par ma maman pendant des semaines pour qu'elles éclosent pile poil le jour J. Voilà mon image agréable, la prochaine fois je n'hésiterai pas.

* Maman, je sais bien, que tout n'est pas de ta faute, c'est juste qu'une thérapie où on ne se lâche pas sur sa mère, c'est pas une thérapie, si ?

Et deux qui font quatre. Ou presque.

Balance

 Alors ça y'est, les quatre jours expérimentaux viennent de se terminer. Ne t'inquiète pas, ô toi ma lectrice mince, promis dès demain il y aura de la moderie, de la beauté ou même peut-être de la fesse au programme. Mais là, je veux quand même faire un petit point sur cette aventure que je suis en train de vivre avec ma nouvelle amie:

La faim.

Elle et moi, on a donc fait connaissance un beau matin de septembre. On s'est reconnues et on ne s'est pas beaucoup quittées depuis trois jours, toutes émotionnées qu'on était de ces sensations pour ainsi dire nouvelles.

Parce que oui, je dois le dire, c'était un peu nouveau pour moi d'attendre le quasi évanouissement pour m'alimenter. Du coup, tel Gérard Jugnot descendant la piste sur un ski pour bien comprendre à quoi ça sert d'en avoir deux, j'ai en effet "bien compris" que la faim et l'envie de manger sont deux sensations totalement différentes.

Attends, évidemment que je sais ce que c'est d'avoir la dalle.

Sauf que je suis du style à crier sur tous les toîts que je vais m'évanouir au premier gargouillis d'estomac.

Hors là, la consigne, c'était d'essayer d'attendre.

Mes conclusions, les voici en vrac. Je veux quand même préciser que je ne suis pas en train de me transformer en nutritionniste en ligne. Ce qui est valable pour moi à l'instant T ne l'est pas nécessairement pour d'autres avec un passé différent, une histoire particulière. Je ne fais pas de proselytisme et je ne prétends pas que la méthode Zermati est la bonne ou en tous cas la seule qui vaille. Je veux juste y croire un peu en ce qui me concerne parce que c'est pour ainsi dire ma dernière chance, tout le reste ayant été testé et non approuvé.

Bref, donc, après 4 jours à zapper le petit dèj ou en tous cas à le repousser au max, voici ce qui me vient à l'esprit:

  • C'est le premier matin que c'est le plus difficile.
  • Le thé que je bois habituellement sans vraiment le savourer est devenu comme un nectar de jouvence.
  • Les trajets en metro/bus à jeun ne me réussissent pas vraiment.
  • C'est plus facile de mi-jeûner chez soi le week-end qu'au boulot, ne serait-ce que parce qu'on peut s'allonger en attendant que ça passe. Aussi, on se lève plus tard, c'est toujours ça de pris.
  • Manger du gratin dauphinois à 16h30 te fait passer pour une boulimique à tous les coups, tout le monde n'est vraisemblablement pas informé que les diktats de l'alimentation sont à dégager d'un bon coup de botte et que le corps doit être écouté comme un ami.
  • Pour la vie familiale c'est compliqué de zermater.
  • C'est vrai que petit à petit on se cale finalement sur les repas normaux, hier soir j'ai mangé avec faim en même temps que tout le monde. Comme les bébés, en somme finissent par faire leurs quatre repas. Au bout de plus ou moins de temps, suivez mon regard. Mais c'est une autre histoire.
  • J'ai perdu 3 kilos, pas loin de 4 depuis que j'ai commencé à voir Zermati (trois semaines environ), dont un bon gros kilo (celui qui fait presque 4 en somme) durant ces 4 jours. Tout ça en mangeant des croissants, du jambon cru, du cake au chocolat ou un bô-bun. Mais exclusivement avec les crocs chevillés au corps et dans des quantités relativement raisonnable, la satiété et moi étant devenues comme des soeurs.
  • Savoir qu'on a le droit de manger ce qu'on veut nous pousse finalement à choisir aussi des aliments plus diététiques. C'est bizarre mais c'est comme ça, ce qui n'est plus interdit semble perdre de son intérêt.
  • Quand on a très très faim, en effet, la satiété est plus facile à identifier. Ne serait-ce que parce que les gargouillis et crampes stoppent au bout d'une dizaine de minutes.
  • Avoir faim est à la fois très désagréable et assez jouissif, surtout si tu commences à visualiser tes capitons en train de se faire dégommer.
  • Je ne sais pas si c'est vrai que le croissant du matin mangé à 11h30 alors que tu es au bord de l'inanition est immédiatement auto-détruit et consummé par notre corps en panne d'essence mais le fait est qu'on a la sensation de digérer beaucoup plus facilement un aliment mangé avec faim. Moi qui suis sujette aux brûlures d'estomac je n'en ai pas eu une seule pendant quatre jours.
  • Prendre en guise de première collation de ta journée un apéro "pinard/pata negra" à 13h30 ce n'est pas super recommandé pour tout ce qui est dignité humaine et tenue de l'alcool.  Quand en plus tu fais ça en compagnie de gens très respectables que tu connais à peine, à savoir les parents d'un copain de ton fils, tu peux t'exposer à des regards lourds de sous-entendus le lendemain sur le chemin de l'école.

Voilà, désormais je vais reprendre une activité normale, ou pas. Je me demande si je ne vais pas tenter de continuer à ne pas ou peu petit-déjeuner tant que la faim n'est pas là. A voir…

Maigrir c’est dans la tête

Normal_croissants

Petit retour en arrière. Vendredi, j'ai donc expérimenté mon premier jour sans petit déjeuner. Cas de figure qui doit se produire en ce qui me concerne deux fois par an, en cas de prise de sang. Ou de lendemain de césarienne. Et encore. Autant dire que je n'en menais pas large. Et si je m'écroulais sur le trajet de l'école ? Et si mon coeur lâchait ? Et si je souffrais sans qu'on s'en soit jamais aperçu d'une maladie orpheline provoquant une paralysie des membres inférieurs en cas de sous alimentation matinale ?

Ok, à la question anodine de docteur Z, j'avais ma réponse: oui, ça fait peur d'avoir faim.

En ce qui concerne le pourquoi de cette peur, j'avoue que je suis au milieu du gué. Allez, je vous raconte cette folle matinée ?

– 6h45: Le réveil sonne, je suis trop contente, c'est l'heure de mon petit déjeuner.

– 6h46: Mon cerveau vient de se reconnecter. En fait c'est l'heure du début du jeûne. Je veux mourir.

– 6h47: La bonne nouvelle c'est que j'ai un quart d'heure de rab niveau sommeil. En plus qui dort dîne, donc c'est le jackpot.

– 6h49: Je me demande si je ne ressens pas les premiers signes de la faim.

– 6h50: Je vais finalement me lever pour me peser, je sens que ma balance et moi on va être en wifi ce matin, rien que le fait d'avoir prévu de zapper un repas, j'ai du perdre un kilo. Vu que maigrir c'est dans la tête.

– 6h51: Ma balance n'est manifestement pas au courant que maigrir c'est dans la tête.

– 7h02: Ce qui est génial dans le fait de sauter le petit déjeuner c'est que je vais profiter un quart d'heure de plus de mes enfants. Dans une vie de mère ce n'est pas rien.

– 7h04: Ma fille profite de ce quart d'heure pour me confier ses états d'âme vestimentaires. Je sens qu'on va vivre un vrai moment mère-fille, là, j'en oublie totalement ma faim. Comme quoi maigrir c'est vraiment dans la tête.

– 7h05: Devant une armoire pleine à craquer, ma fille adorée m'explique sans ciller qu'elle n'a rien à se mettre. Raison invoquée: en CM1 on ne met plus de jupes. Que des jeans. Or son unique jean est au sale.

– 7h07: A ma connaissance j'ai acheté une dizaine de jeans durant les six derniers mois, objecte-je en souriant rapport à l'importance de nouer des relations de confiance avec ses enfants. "Oui mais y'en a qu'un qui est slim". ça c'est sûr que c'est un problème que je ne connais pas. Tous mes jeans son slim. Même mon sarrouel fait slim. C'est décidé je vais aussi sauter le déjeuner.

– 7h08: Je respire avec le ventre – vide – et propose trois tenues différentes à ma fille. Tout de même, c'est génial cette complicité qui est en train de se nouer entre nous. Tous ça grâce à ma démarche diététique. Franchement la nourriture est une perte de temps et nuit à l'entente familiale. J'ai envie d'écrire une chanson, là.

– 7h09: Aucune des tenues concoctées avec amour ne plait à ma fille qui reste en culotte à soupirer devant son placard. A chaque suggestion elle me regarde consternée. Quand je lui demande, légèrement crispée, ce qu'elle voudrait vrament mettre histoire que je ne gaspille pas mon quart d'heure de rab à jouer aux rédactrices de mode pour rien, elle répond dans sa barbe des choses que je ne comprends pas. A moins que ce ne soit la faim qui m'ait rendue sourde.

– 7h11: Si je n'avale pas quelque chose dans la seconde je lui fais bouffer son jean sale.

– 7h12: Je finis par balancer la moitié de son dressing et je déclare forfait en lui expliquant que je refuse de commencer cette journée par un conflit. J'avertis également que toutes les jupes, robes ou autre leggings achetés à la sueur de mon labeur seront dès demain distribuées aux petites filles qui en ont vraiment besoin. Emportée dans mon élan je lui propose aussi de changer de maison et de maman si la sienne n'est pas à son goût.

– 7h13: Je suis super impressionnée, ne pas manger n'affecte en rien mon self control.

– 8h00: Après avoir interdit de télévision mon fils pour deux mois pour cause de miettes par terre, privé de sorties Helmut jusqu'à sa majorité et déclaré la grève du sexe à l'homme sans raison valable en ce qui concerne ces deux dernières punitions, je pars sereine au travail. Non sans avoir bourré mon sac de collations pour une éventuelle défaillance sur le trajet.

– 8h22: Je suis extrêmement surprise, je parviens à marcher jusqu'au bus sans m'écrouler. Aurais-je des réserves ? Même que je me sens presque bien.

– 8h23: Si ça se trouve je suis en train de produire des endorphines comme les marathoniens.

– 8h25: Là à tous les coups j'ai maigri, mon corps est en train de bruler les calories comme un malade. ça me donne une pêche, ce midi je file chez zara et j'essaie un carrot-pant en 38.

– 8h29: Je suis en pleine expérience transcendantale. A mon avis le jeûne provoque une réaction chimique dans mon cerveau. C'est comme si je flottais dans un océan de bonheur. Je pourrais conquérir le monde, tout ça sans tartines. Je me demande si toute cette confiance à l'intérieur de moi ce n'est pas un peu dangereux.

– 8h34: J'ai envie de vomir. A tous les coups c'est mon corps qui m'envoie un signal. Heureusement que je suis là pour l'écouter le pauvre. Là, c'est un cas de force majeure. Je vais peut-être prendre une légère collation. D'autant que si on considère qu'habituellement je mange à 6h45, on peut dire que j'ai fait preuve d'une sacrée résistance. Comme quoi avec un peu de volonté…

– 8h35: Ou alors c'est la gastro.

– 8h37: Ou alors mon corps se purifie. Et je suis à deux doigts de tout foutre en l'air avec ma collation.

– 8h39: Je suis complètement perdue. C'est compliqué de faire connaissance avec la faim.

– 8h40: Je remets ma collation dans mon sac. Je peux tenir, yes I can.

– 8h41: Si ça se trouve je n'aurai plus jamais envie de manger.

– 8h43: Je me sens très proche de Gandhi.

– 9h00: J'arrive au boulot. Je me demande si ça se voit sur mon visage que je suis en communication avec mon moi intérieur. Et aussi avec Gandhi.

– 9h02: "T'as la grippe A ou quoi, t'as une de ces mines ?" me demande le premier collègue que je croise.

– 9h05: Zermati, pardonne lui, ils ne sait pas ce qu'il mange.

– 9h10: Je commence à bosser tout en louchant vers le sachet de croissants que je viens d'acheter pour mon repas que je prendrai quand j'aurai vraiment faim.

– 9h13: J'en ai pris deux au cas où un ne suffirait pas mais au point où j'en suis avec mon moi intérieur, nul doute que la satiété je vais te la chopper au vol après deux bouchées. J'aurais dû prendre une mini viennoiserie, j'ai horreur du gachis en plus.

– 9h17: Est-ce que les tremblements signifient que mon corps se désintoxique de la nourriture ou que je suis à deux doigts de la catalepsie ?

– 9h23: Respect à tous les grévistes de la faim du monde entier.

9h27: Je titube jusqu'aux toilettes, histoire de vérifier cette histoire de gastro quand même. A cause des suées. Et des crampes d'estomac.

– 9h29: J'ai envie de manger le rouleau de papier. M'est avis que c'est le début de la faim.

– 9h32: Je tiendrai jusqu'à 10h00, il en va de mon honneur.

– 9h46: Comment ça doit turbiner au niveau du métabolisme là. A mon avis mes enzymes sont en train d'attaquer la deuxième couche de gras. A moi les cuissardes Prada. Quelle merveilleuse machine que le corps humain, quand on y pense. Il suffit de lâcher prise et tout revient dans l'ordre.

– 9h48: C'est décidé, je ne vais manger que la moitié d'un croissant, tant pis pour le gaspi. Le pire c'est que ce n'est même pas une question de volonté, j'ai juste totalement changé mon rapport à la nourriture.

– 9h57: Ce qui ne signifie pas que je vais me laisser mourir non plus.

– 9h59: Or ne manger qu'un demi croissant reviendrait quasiment à me suicider. J'ai des enfants quand même.

– 10h00: On ne grossit pas quand on a faim.

– 10h10: Je ne suis pas loin de la satiété, je le sens. Mais à mon avis, en mangeant le deuxième croissant, j'en serai certaine. En plus que de toutes façons, je ne remangerai que quand j'aurai à nouveau très faim. Et si ça se trouve ça sera vers 20h00. Voire demain. Je ne vais quand même pas tenir 48h avec un seul croissant dans le coco, non ?

– 10h12: Même Gandhi il l'aurait bouffé, le deuxième.

– 10h14: C'est d'un facile d'écouter son corps. Vivement que j'ai à nouveau faim, putain.

Quand vient la faim

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Hier c'était mon deuxième rendez-vous avez le docteur Zermati. Je suis arrivée super à la bourre après avoir oublié mon carnet alimentaire, bonjour l'acte manqué. Mais au final, mon carnet et moi, on était là.

J'avais un peu peur, habituée que je suis des réprimandes médicales au vu de mes repas qui me semblent à moi en général plutôt modestes et équilibrés mais qui constituent en général pour tout nutritionniste l'exemple de débauche à ne pas suivre.

Quelle n'a pas été ma surprise, du coup, quand j'ai réalisé que la seule partie du carnet qui intéressait monsieur Z, était celle consacrée à mes sensations avant, pendant et après l'acte sexuel alimentaire.

Il ne lui a pas fallu longtemps pour en tirer les conclusions qui s'imposent: je mange trop souvent sans faim et j'ai du mal à m'arrêter une fois que je suis lancée.

Ce qui est, selon lui, une bonne nouvelle.

Parce que parait-il, si on arrive à "enlever" tout ce qui est avalé pour d'autres raisons que la faim, je vais forcément maigrir.

Oui d'accord, mais comment ?

En réapprenant la sensation de faim.

Bon, moi très honnêtement, je sais bien ce que c'est d'avoir les crocs. Même que ça m'arrive souvent quand même. Du coup, il a dû voir sur ma figure que j'étais un peu sceptique.

Sauf que quand lui il parle de faim, ce n'est pas exactement ce que j'entends moi par avoir la dalle. Disons que ça doit être un peu pareil pour tout ce qui implique effort, souffrance, endurance. Je n'ai pas la même échelle que tout le monde, en gros. Un seuil de tolérance assez bas, pourrait-on dire gentiment. C'est pour ça que là, on ne rigole plus et la faim, on va aller la chercher, mais vraiment.

J'explique.

Pour les quatre jours à venir, je dois me livrer à une petite expérience. A savoir, ne pas prendre mon petit déjeuner, partir au travail avec une collation dont la teneur importe peu (en gros je peux choisir deux croissants, des gâteaux secs ou une bouteille de yop, peut lui chaut) et ne manger cette dernière – la collation – que lorsque j'aurai réellement faim.

"Le souci c'est que quand je me réveille, j'ai, comme qui dirait l'estomac dans les talons."

"Et bien vous allez attendre un peu quand même. A votre avis, combien de temps faut-il pour que vous ayez une GROSSE faim ?"

Courte hésitation, le temps de ne pas dire "dix minutes", mauvaise réponse à tous les coups.

"… mmm… une heure ?"

Regard légèrement consterné du médecin qui comprend qu'il est face à un cas difficile (= à la limite du désespéré).

Self contrôle du gars qui en a vu d'autres et réponse sur le ton toujours égal du professionnel de la santé. "Non, vous allez voir qu'une grosse faim, c'est au bout de trois, peut-être quatre heures, que vous allez l'éprouver".

Bon, le principe n'est pas de tomber dans les pommes pour autant, m'a-t-il expliqué par la suite. Mais en gros, l'idée, c'est d'attendre que la faim se fasse désagréable et presque douloureuse avant d'avaler la collation. Pourquoi ? Parce que, et c'est là que ça devient, je trouve, très intéressant, parce que lorsqu'on a faim, on ne peut pas grossir.

Quand on a faim, on ne grossit pas.

Je sais, je viens de répéter la même phrase. Mais c'était un peu comme si on me révélait le mystère des cités d'or, quoi. En somme, ce que le docteur Z affirme sans aucune hésitation, c'est que ce qui est avalé à un moment où le corps crie famine ne peut pas se transformer en graisse puisqu'il est immédiatement utilisé pour faire fonctionner la machine.

Mieux, il m'assure que c'est dans ces moments de vraie faim qu'on parvient le plus facilement à sentir quand vient la satiété. 

Bref, pendant quatre jours, il faut que je parvienne à décaler mon premier repas pour ne commencer à manger que lorsque j'en éprouverai un besoin réellement physique. Et continuer sur le même principe tout au long de la journée.

Un exercice qui a son petit inconvénient: je vais être décalée tout le temps et risque de manger mon croissant quand mes collègues iront se taper une bavette. En même temps quatre jours c'est rien, en plus dedans y'a le week-end. Il faudra juste que j'explique à mes enfants que tout ce que j'ai toujours raconté sur l'obligation de manger A TABLE et à heures fixes, ce n'était que des conneries. Je vais le payer, c'est sûr.

Mais je dois avouer que cette idée de rebooter mon organisme, de le faire repartir de zéro et de finalement m'alimenter comme le ferait un nourrisson (si les bébés hurlent quand ils ont faim c'est parce que leur ventre se tort et qu'ils souffrent vraiment), ça me plait.

En plus, cerise sur le gâteau, aucune restriction alimentaire, puisque de toutes façons, on ne grossit pas quand on a faim (je l'ai déjà dit ? Ah booooooooon ?). Pas plus avec une part de flan qu'avec une assiette de haricots verts. Dernière chose, même si pendant ces quatre jours je ne parviens pas à m'arrêter une fois que je n'ai plus faim, pas grave. Parce que le fait d'attendre à nouveau de crever la dalle pour manger le repas suivant me permettra de brûler ce qui aura été avalé en trop.

Je sais, ça parait presque trop beau. Mais à mon avis, c'est moins cool que je ne le pense, m'est avis que dès ce matin neuf heures je vais avoir envie de pleurer tellement mon petit déjeuner compte dans ma journée. Et puis au final, le but est bel et bien de manger moins, je crois que ça doit être pour ça que mon zermatage jusque là ne marchait pas, j'avais surtout intériorisé la partie "on mange de tout"….

Voilà, j'ai peut-être été longue et je ne veux surtout pas gonfler mon monde avec cette thérapie. Donc dites moi si vous voulez que je continue à vous raconter ou si on revient à des choses plus terre à terre, comme genre que nom d'un chien, j'ai des santiags ET un foulard imprimé léopard dans ma penderie, ce qui fait de moi une presque fashionista si j'en crois le dernier Elle spécial accessoires. Je crois que je vais créer un blog, moi.

Edit: la photo c'est celle d'une minuscule boulangerie à Bastia dans laquelle j'ai acheté le meilleur Fiadone de tous les temps. Je crois que j'aimerais que ce soit ça ma collation…

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Ta gueule le chocolat, je Zermate, moi.

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Alors ce zermatage. On me croit, on me croit pas, depuis cette entrevue la semaine dernière, j'ai perdu deux kilos. Qu'on se rassure, je ne saute pas partout en poussant des cris de joie, je me connais assez pour savoir qu'en général pour fêter ça je me paie une bonne part de flan et pof, les deux kilos sont de retour.

Il n'empêche que ça faisait des mois que je n'avais pas vu l'aiguille pencher de ce côté là. Donc j'en déduis que peut-être, quelque chose s'est mis en route.

Il faut dire que tenir un carnet alimentaire, c'est redoutable pour les grignotages. Bien sûr, il y a toujours la possibilité de mentir comme une arracheuse de dents. Mais là, ça va vraiment faire cher la consultation, si c'est pour raconter que je me nourris exclusivement de légumes verts et viandes grillées, à heures fixes et dans des proportions raisonnables.

Du coup, forcément, le chocolat fleur de sel qui me fait de l'oeil à peine une heure après un repas plutôt copieux (= un bagel à mourir de bonheur débordant de cream cheese et d'avocats + une part de tarte aux figues maison), je lui dis d'aller se faire voir. Et en gros, on va dire que l'envie de chocolat, c'est comme la cigarette, ça passe. Ou pas.

Bon, même si j'ai l'impression que je suis gaulée comme une déesse depuis que j'ai donc changé de dizaine (beh oui, ces deux kilos sont plus que symboliques à ce niveau là) rien n'est réglé, parce que ce qui n'est pas normal, c'est de reluquer du chocolat à 14h alors que je viens de me faire péter les sous-ventrières. Je sens que la route est longue pour arriver à la sérénité alimentaire.

Voilà, à part ça aujourd'hui c'est ma vraie rentrée, au travail, j'entends, et je me sens comme qui dirait pleine d'enthousiasme. Une vraie battante qui ira loin.

Lol.