La robe de mariée, suite et fin

Alors… Où en étais-je… Ah, oui, ça y'est. 

 

Olivier me propose donc d'essayer très exactement tout ce que je viens de lui décrire comme étant ce que je déteste le plus. Le pauvre. Dire que ça se dit styliste. Il ne va pas être déçu.

 

Non parce que boudinée dans un bustier lacé dans le dos et engoncée dans une jupe qui tombe jusqu'aux chevilles, autant dire que je vais ressembler à la Castafiore, beaucoup plus qu'à Scarlett O'hara. Mais comme mes deux super nanny n'ont pas l'air de vouloir me lacher et qu'Olivier semble y tenir, je consens à enfiler cette tenue ridicule.

 

Après dix minutes à batailler en manquant de faire tomber le rideau, je sors avec la jupe à moitié fermée pour cause de taille trop épaisse en plaquant contre ma poitrine le bustier pas lacé. Olivier se place derrière moi et me demande de mettre les mains sur ma taille pour tenir le corset. Il commence alors à lacer, doucement au début, puis en tirant de plus en plus fort. Je ne respire plus. J'ai pris l'apparence d'une saucisse de morteau en bas résilles, c'est certain. Je voudrais mourir. Cela dit, étant donné le peu d'oxygène qui parvient jusqu'à mes bronches, mon calvaire devrait assez rapidement prendre fin. 

 

J'en suis à visualiser le boulot des pompiers lorsqu'il va falloir me dégager de ma camisole quand petit à petit, la sensation d'étouffement s'estompe. Le corset est enfin lacé et je commence à m'habituer.  Olivier me suggère de me regarder dans la glace en face.

 

Est-ce alors le galbe des baleines, la légereté de la soie ou l'ouvrage délicat du bustier dentelé ? Je ne sais pas, mais celle qui me regarde dans le miroir n'est plus la gourde aux grands pieds qui s'empêtrait dans son jupon deux minutes plus tôt. Bon, certes, il en reste quelques vestiges.

 

Ne serait-ce que cette chose verte entortillée dans les plis de la robe.

 

Ma santiag.

 

Que je viens de trainer sur deux mètres et qu'Olivier tente désespérément de dégager, mais forcément, elle est bien coincée la saleté. On finit par y arriver et la vilaine est renvoyée auprès de sa congénère. J et H sont effondrées.

 

A bien y regarder, le bustier en forme de coeur est également quelque peu problématique. On jurerait que mes fesses se sont déplacées au niveau de mon décolleté.

 

Mais dans l'ensemble… Dans l'ensemble, Vivien Leigh peut aller se rhabiller, me dis-je en toute simplicité.

 

Olivier m'observe amusé. "C'est la première n'est-ce pas ? La première robe de soirée ?"

 

"Oui", lui réponds-je dans un souffle. Je regarde alors H et J, et dans leurs yeux, je vois que je ne me trompe pas:

 

Olivier m'a trouvée.

 

Il ne me connaissait pas une heure plus tôt et il m'a trouvée. A l'insu de mon plein gré, qui plus est.

 

Passées les premières minutes d'émotion, H, J et moi même retrouvons nos langues bien pendues. Et nous voilà, toutes les trois, comme des petites filles, à nous extasier sur la magie du corset, la finesse de la dentelle, la douceur des étoffes. Olivier est un ange de patience. Il répond à toutes nos questions, il parle de Cisal, d'organza et de tulle, de dentelle de Calais et de Chantilly. Il explique les broderies, les proportions et les couleurs. Il raconte qu'il aimait trop Sissi et qu'il ne voyait pas quel autre métier il pourrait faire plus tard que créer des robes incroyables. Moi je dis merci Sissi.

 

On essaie ensuite un autre bustier plus droit, histoire que mes seins perdent leur forme de fesses, puis une autre jupe, puis encore une autre. Petit à petit, ma robe s'esquisse dans la tête d'Olivier.

 

Enfin, ça y'est, il SAIT.

 

Pour me le prouver, il arrache une page d'un cahier rose et d'un coup de crayon, il dessine ce qu'il vient d'imaginer. En quelques traits, voilà MA robe, unique et parfaite. Peut-être le plus doux des cadeaux, la plus délicate des attentions. Ce n'est pas tant qu'elle est magnifique – entendons-nous bien, elle EST magnifique – mais sur le papier, on dirait qu'elle est croquée pour Grace Kelly.

 

Voilà. Olivier, lorsqu'il dessine une robe en taille 44 – 46, il fait en sorte que ça ressemble au fourreau de Rita Hayworth. C'est peut-être ça aimer les femmes, non ? Ce croquis, je vous l'offre, là. Comme un petit bout de rêve, rien que pour vous. Mais vous comprendrez aussi que je ne le laisserai pas longtemps parce que l'homme n'a pas le droit de regarder. Il m'a promis de ne pas venir ici de la journée, mais par sécurité, j'enlèverai la photo en fin d'après midi.

 

Edit: Je ne pense pas qu'Olivier m'en voudra de dévoiler son nom, alors voilà, il s'agit d'Olivier Freine. Son atelier est 2, rue Turbigo dans le 2ème arrondissement de Paris et son numéro de téléphone est le: 01 42 33 95 82. Je me dois de préciser que ce rêve a un prix et ce dernier est assez élevé. Je me suis personnellement offert cette petite folie avec l'argent gagné en écrivant mon livre et je ne le regrette pas, mais voilà, forcément, ça reste une folie. Ah, et oui, Olivier est canon. M'enfin les filles…. bon, bref, vous voyez quoi. Plaisir des yeux, on va dire…

 

 

La robe de mariée, suite

Je sonne donc à la porte, au deuxième étage de cet immeuble chic et parisien, le ventre un peu noué, en priant pour que le couturier soit obèse. Je sais, c'est puéril, mais j'ai le même genre de pensées lorsque je vais chez un nouveau nutritionniste. C'est tout de même moins humiliant de montrer ses bourrelets à quelqu'un qui en a aussi, non ?

 

La porte s'ouvre et Olivier est là, tout sourire dans son slim taille 0.

 

Mon premier réflexe est de repartir immédiatement. Las, c'est sans compter H et J qui me poussent et font barrage de leur corps. Je me faufile dans l'entrée étroite et me dis que si déjà je suis limite trop grosse pour le couloir, je ne risque pas d'enfiler une quelconque robe de mariée. De toutes façons, que ce soit clair, dans cinq minutes c'est plié, au revoir les fourreaux, bonjour les leggings.

 

Et puis…

 

Et puis le corridor débouche sur l'atelier et je décide immédiatement que cet endroit est ma nouvelle maison. Tout est rose et doré, des robes couleur du temps et de lune sont accrochées un peu partout. Sur des commodes rococo, trônent des diadèmes de princesse tandis que des étoles en soie flottent ça et là. A tous les coups, Marie-Antoinette  est planquée derrière un paravent en train de boulotter des macarons Ladurée.

 

H et J sont comme deux enfants elles font des « ah » et des « oh » et ne font plus du tout attention à moi. Ce serait le moment idéal pour me carapater. Sauf que forcément, je veux ma robe de fée, maintenant.

 

Olivier me tire de mes rêveries et m'explique tout doucement comme il le ferait avec une enfant qu'avant toute chose, il lui faut savoir un peu qui je suis et ce que je recherche. Ça à priori, c'est facile, je peux le faire.

 

Il me pose donc tout un tas de questions : est-ce que j'aime la dentelle ? Non. Est-ce que je veux une robe longue ? Non. Est-ce que j'aime les bustiers ? En aucun cas. Est-ce que je veux quelque chose de moulant ? Et pourquoi pas un maillot de bain pendant qu'on y est ? Comment je vois ma robe de mariée ? Heu… fluide, pas trop blanche, camouflant TOUT, resserrée sous la poitrine pour cacher mon ventre et en dessous du genou parce qu'au dessus, bref, ça semble évident.

 

Une fois le questionnaire terminé, Olivier a toujours le sourire et me rend son diagnostic : « En fait, vous voulez une chemise de nuit… ».

 

H et J me lancent un regard réprobateur. Les mines de sel ne sont pas loin. Les garces sont clairement du côté d'Olivier. Elles doivent s'imaginer que si ça se trouve il leur filera une étole gratos en remerciement. La nature humaine est bien moche, me dis-je.

 

Toujours très professionnel bien qu'un peu las, Olivier me fait une proposition. Il va me faire essayer deux trois petites choses dans lesquelles il m'imagine et si ça ne me plait pas on en reste là. J'accepte sentant que si je refuse j'en ai pour la journée avec les deux cerbères.

 

Je disparais donc derrière le rideau de la cabine et entend Olivier me demander : « Vous chaussez du combien ? ». Là, je sens qu'il y a un piège. Une novice donnerait sa pointure de pieds. Mais on ne m'y prendra pas, je me doute qu'il veut connaître ma taille de vêtements. On est couture ou on l'est pas, et quand on est couture, on PARLE couture. Je sens que je vais le bluffer et qu'il va regretter le coup de la chemise de nuit.

 

– Du 44 – 46, tout dépend des modèles, réponds-je, très pro.

 

Le silence gêné qui suit ma réponse ébranle quelque peu mon assurance. Je passe la tête par le rideau et je vois H et J se gondoler tandis qu'Olivier, en vrai gentleman, me confie sans ciller qu'il n'avait pas remarqué que j'avais de si grands pieds.

 

Et voilà, cette fois-ci il est renseigné, il a affaire à un cas désespéré. Le pire c'est qu'à tous les coups son inconscient retiendra que j'ai des péniches taille 46. C'est comme les rumeurs, ça. On a beau ensuite les démentir, une fois le venin distillé, c'est TER-MI-NE.

 

Olivier tente de me réconforter, m'apporte une paire de mules en 38 – d'où la question – et revient avec un premier modèle : une jupe longue en soie et organza accompagnée d'un bustier en dentelle de Calais. Le tout blanc ou plutôt ivoire.

 

A suivre…

La robe de mariée

Alors voilà. Après avoir dit "oui", il a fallu penser à la robe. Pour certaines, j'imagine que penser à "ça", c'est un plaisir, une joie, un fantasme. Pour moi, jusqu'à ce que je rencontre mon magicien, c'était une angoisse, une peur, une obligation. Non mais il faut me comprendre. Imaginez qu'à 36 ans, je viens à peine d'oser mettre une robe noire - plus proche de la housse que du fourreau, qui plus est. Par conséquent, franchir le pas de la meringue c'est comme qui dirait assez paniquant. D'autant que je n'en ai JAMAIS rêvé. Si, c'est vrai. Beh ouais, c'est comme ça, moi le coup du mariage et des flon-flons, ça n'est pas dans mes gênes. D'ailleurs, je dois bien vous l'avouer, même aujourd'hui, à quelques semaines du jour J, je m'y intéresse… de mon mieux. Attention, que les choses soient claires, je suis ravie. Et sûre. De moi. Et de lui. Et aussi de nous. Mais je n'y peux rien, la couleur des bouquets sur les tables, le déroulement exact de la journée, le choix des dragées et toutes ces choses, comment vous dire… je m'en balance. Je ne vois qu'une explication, j'ai pas le gêne de l'organisation d'un mariage. A mon avis il doit être fourni en package avec ceux du chignon parfait, de la chemise blanche sans tache jusqu'au soir, de la penderie bien rangée et des stylos qui ne coulent jamais. Et moi, ce pack là, manifestement, mes géniteurs ont oublié de le commander au moment de la conception.

 

Par conséquent, autant vous dire que le fait que dans un mois il y ait de grandes chances que je me présente en robe blanche ou presque à la mairie pour dire oui, ça tient du miracle. Et à l'origine de ce miracle, il y a une rencontre. 

 

Je vous raconte ?

 

Alors voilà. Un lundi de janvier, je trouve à la fin du Elle l'adresse d'un styliste spécialisé en robes de mariées qui oeuvre dans un atelier privé. L'article est court mais élogieux et vante l'accueil charmant du monsieur. Par curiosité et pour échapper à la perspective d'entrer dans un magasin plein de montgolfières en chantilly pour m'entendre dire par une adepte du 0% qu'en tailles 44 – 46, madame, ce modèle on ne le fait pas, je cède à une impulsion passagère et appelle le monsieur. Sa voix pleine de sourires me botte. En deux minutes rendez-vous est pris pour la semaine suivante.

 

Je clame dans la foulée sur tous les toîts que j'ai trouvé ma robe de mariée même si je suis plus ou moins consciente que je présume légèrement de mes forces et surtout de celles de celui que bientôt j'appellerai Olivier.

 

Le jour du rendez-vous en revanche je trouve des tonnes de raisons pour ne plus y aller. J'ai grossi d'au moins douze kilos c'est une évidence, je suis une antiquité à moi toute seule, il va croire que je viens pour ma fille, en plus je ne suis pas épilée et avec un peu de chance je pue des pieds.

 

J'appelle alors une amie pour l'informer que finalement je renonce à la robe de mariée, je trouverai bien un truc blanc chez H&M et au pire j'irai devant monsieur le maire en robe noire et leggings.

 

L'amie en question, douce et magnanime, que je nommerai tout simplement H. pour préserver son anonymat, sait trouver les mots qu'il faut: "Tu ramènes tes fesses à 13h30 comme convenu. Si tu n'y es pas tu n'es qu'une poule mouillée. En plus je te frapperai avec des étiquettes qui grattent jusqu'à la fin de tes jours, espèce de cruche en leggings".

 

Réconfortée grace à la force de l'amitié, je brave ma peur et accepte le défi. Ok, en vrai je m'aperçois que j'ai moins peur d'essayer un fourreau que d'affronter la colère de H. 

 

Je la retrouve donc devant la porte de l'atelier, ainsi que J, appelée à la rescousse pour s'assurer que je ne m'enfuirai pas en loucedé. Encadrée de mes deux gardes du corps, je sonne à la porte de celui qui va bientôt changer ma vie…

 

(Si c'est pas du teasing de la mort qui tue, je ne m'y connais pas).

 

A suivre, donc…

Edit: J'ai enfin réussi à rapatrier de mon ancien blog le minute par minute de la demande en mariage, au cas où certains voudraient y accéder, c'est là

Edit2: Et la suite du minute par minute est ICI

Problème vital de gras du bras

Bon. Puisque vous n'avez pas l'air contre l'idée en cette fin de studieuse journée – hum – de parler de futilités ayant un léger rapport avec cette drôle de chose qu'est le mariage, je me permets de vous soumettre un léger problème qui me tarabuste depuis quelques jours.

 

Alors voilà. Je voudrais me débarrasser pour le jour J du teint de bidet qui me caractérise en ce joli mois de mai, surtout au niveau du buste, car qui dit bustier dit gras des bras et compagnie. Et qui dit bras bronzés, dit moins de gras visible. Ok, peut-être que c'est dans ma tête mais bon, le fait est que je me sentirai beaucoup mieux ce jour là si j'ai la gelly un peu hâlée. Donc, mon dilemne est le suivant: étant donné que je ne suis pas à l'aube de me payer une semaine aux Antilles, UV ou autobronzant ?

 

Le problème avec les UV c'est qu'en professionnelle de l'hypocondrie, j'ai très peur du mélanome, ou que la machine se détraque et que mon gras du bras soit brulé et donc encore plus boursouflé. En plus j'en ai jamais fait et l'idée d'aller dans une boîte à rayons, ça me fiche la trouille.

 

Quant à l'autobronzant, outre le fait que ça sent super mauvais sur moi – et même quand l'effet a disparu ce qui vous l'admettrez est un peu ballot – et que je ne suis jamais parvenue à un résultat uniforme, j'ai ouïe dire que ça pourrait déteindre sur mon bustier en organza qui devrait me coûter non seulement les études de mes enfants mais probablement un ou deux reins en sus. Je sais, j'ai peu de chances de m'en resservir au débotté pour une bouffe entre copains. Mais même pendant la soirée, l'idée que les gens puissent imaginer que j'ai mis du fond de teint sur mes seins et qu'il est à présent en train de dégouliner sur la chemise de mon cavalier ne me dit rien qui vaille…

 

Bref, je suis persuadée que l'un ou l'une d'entre vous peut me confirmer ou m'infirmer cette information selon laquelle l'autobronzant ça déteint.

 

Edit: Et oui, c'est comme ça, au lieu de m'arrêter, je dégaine deux billets dans la journée, tous deux d'une importance capitale en plus. Je me surprends moi même au niveau de ma stratégie médiatique.

 

Edit 2: Je tiens à vous signaler au cas où vous zapperiez les comms du billet précédent que l'homme a réapparu et s'est fendu d'un petit mot. Je vous le dis parce que si personne ne lui répond, il va me redévelopper un complexe, ce qui ne m'arrange pas car qui dit homme complexé… bref lisez mon livre.

Je ne vous le dirai pas

Bon, ceci n'est pas un billet. Etant donné que j'ai démissionné comme une grande de mon blog, sans que personne ne me demande rien, il m'est assez impossible de rédiger un billet.

 

Par conséquent, je ne vous dirai pas qu'hier la montée des marches de Brad, Georges, Matt et Andy, c'était juste à couper le souffle. Ok, Georges a trop maigri et ça se voit un poil qu'il a fait un truc à ses paupières. N'empêche que voilà, c'est tout de même Doug, nom d'un chien. Je tiens d'ailleurs à te demander pardon Georgie, parce que j'ai failli partir pour de pales copies qui ne t'arrivent pas au genou. Je ne crois pas me tromper que c'est peut-être à cause de ça que tu t'es laissé dépérir de la sorte. Alors arrête ça de suite et reprends moi ce petit ventre que j'aimais tant. Ce cou tout émacié, ce n'est pas toi, on dirait que tu as voulu copier ta copine Sharon. Soit dit en passant, Sharon, bouge de là.

 

Je ne vous dirai pas non plus que mon fils s'est exclamé en voyant Angelina Jolie, "à mon avis, elle doit manger des tonnes de malabars, elle !". Rapport à ses tatouages.

 

Je ne vous dirai pas que Dove est définitivement cocaïnomane, j'en suis désormais totalement convaincue.

 

Je passerai sous silence que sur "Etienne", la petite Julie à mon avis elle a eu chaud. Chaud dans le sens excitée. Et je ne reviendrai pas sur cet espèce de suicide grandiose de Julien sur "I put a spell on you".

 

Je ne m'étendrai pas sur le fait que l'homme ricane niaisement aux blagues débiles de Virginie Efira. Encore moins sur la façon dont il a louché sur sa poitrine.

 

Tout ça je ne vous le dirai pas parce que je suis un peu comme ces enfants après une grosse dispute, qui voudraient revenir mais qui en sont empêchés par une stupide fierté.

 

Non parce que franchement, j'aurais l'air de quoi si là, maintenant, je faisais un billet, même pas une semaine après des adieux plus déchirants que ceux des Compagnons de la chanson ?

 

Hein ? J'aurais l'air de quoi ? Je vous le demande !

 

Quand j'y pense, encore heureux que je l'ai pas écrit ce billet.

 

En revanche, il y a une chose que je veux vous dire, et là, je n'irai pas par quatre chemins: merci.

 

Edit: la photo je l'ai honteusement piquée chez Rue89, un site d'utilité publique, un de plus.

Le coup de la pause

Plus d'un an. Plus d'un an que j'écris ici tous les jours ou presque. ça n'a l'air de rien mais pour moi qui suis une dilettante patentée, c'est énorme. J'ai toujours été du genre à commencer des journaux intimes tous les deux mois sans jamais m'y tenir. Alors ce blog, en soi, c'est presque un miracle.

 

Plus d'un an à attendre, fébrile, vos réactions. A trembler d'être allée trop loin dans le sexe, trop loin dans l'intime, trop loin à gauche, trop loin dans le grand cri.

 

Plus d'un an à me nourrir de ces échanges, à regarder avec obsession – surtout les premiers mois – la courbe des statistiques. Je vous assure, il faut avoir tenu un blog pour connaitre ce sentiment de satisfaction stérile qui s'empare de soi quand on constate qu'on a doublé son nombre de visiteurs. J'ai beau mépriser la télévision et toute la philosophie mercantile qu'elle véhicule, je suis prise au piège de l'audimat, au même titre que Claire Chazal, Laurence Ferrari ou Virginie Efira.

 

Bref, plus d'un an.

 

Et alors ?

 

Alors aujourd'hui, je fatigue.

 

Je dirais même plus, je ME fatigue.

 

J'ai cette impression désagréable de tourner un peu en rond(e), de tomber dans le cri préfabriqué, de racoler parfois en parlant de cul – vous voyez, même là, en pleine introspection, je ne peux pas m'empêcher de glisser un mot adoré de google – ou d'être tellement apolitique de gauche que j'en deviens pénible.

 

Alors du coup, je crois que je vais faire une petite pause.

 

Pas forcément très longue, ou alors si. Je ne sais pas trop en réalité. Juste essayer de prendre un peu de recul, de me m'atteler sérieusement aux quelques projets sur lesquels je me suis engagée à tenir mes délais – sans me bananer sur les dates de rendu si possible – et aussi peut-être d'écrire sans attendre l'approbation de lecteurs invisibles.

 

Voilà. Aujourd'hui je crois que je suis tombée dans le piège tendu à toute personne commençant à avoir un tout petit peu de notoriété – en ce qui me concerne je crois qu'on peut parler de célébrité mais ma modestie légendaire m'en empêche. Ce piège, c'est cette obsession de plaire qui grandit jour après jour et finit par dénaturer ce qu'on est, qui on est.

 

Alors je vais recharger un peu mes batteries, redescendre sur terre, aller cueillir des champignons – euh… ça non en fait – m'occuper de mes loulous, etc etc etc.

 

Ah et puis aussi, je vais me marier. Sans vouloir transformer ça en événement interplanétaire, il faut malgré tout se pencher un peu sur la question, histoire que ça ne soit pas totalement catastrophique niveau organisation.

 

Ce n'est pas un adieu, tout juste un au-revoir. Si ça se trouve, le manque sera tellement fort que dans deux jours je suis là.

 

Ou pas.

 

Je vous embrasse fort.

 

Edit: Pour les apolitiques de gauche qui comme moi sont légèrement obnubilés par tout ce qui se trame en ce moment du côté de l'Elysée, je conseille la lecture de deux blogs qui me permettent aujourd'hui de croire en des jours meilleurs.

 

Le premier, c'est le blog de François Mitterrand qui vous parle de l'au-delà. Oui je sais, à première vue c'est étrange mais sans savoir qui se cache derrière, je pense que c'est quelqu'un de très bien informé. Et le style est très mitterrandien…

 

Le deuxième, c'est le Big Bang Blog, cornaqué par Daniel Schneidermann, ma référence journalistique du moment. Si vous aimez ses chroniques dans libé, vous apprécierez ses billets sur le net. Très utile pour lire entre les lignes et comprendre que désormais il va falloir chercher la vérité tous seuls comme des grands, sans compter sur la télé pour nous la donner…

 

Edit 2: La photo, c'est parce que pas mal de gens m'ont demandé par mail de la montrer, du fait que Bien dans ma vie était difficile à trouver ailleurs qu'en France ou dans certaines contrées éloignées de l'hexagone. Comme je n'aime pas trop l'idée de montrer ma bouille, elle ne restera pas très longtemps, une journée, je pense. Ce n'est pas exactement celle qui est dans l'article, mais je l'aime bien et puis c'est la première que le photographe, l'adorable Fabrice Guyot, m'a envoyée après ce mémorable shooting.

 

Edit 3: Pour le coup de la célébrité, je déconne, hein !

So lovely

A la nouvelle star, il y a un noir.

 

A la nouvelle star, il y a une fille avec des grosses fesses.

 

A la nouvelle star, il y a un très beau garçon… sensible.

 

A la nouvelle star, il y a une brunette un peu gentillette.

 

A la nouvelle star, il y a une nana qui ressemble grave à une squaw.

 

A la nouvelle star, il y a un barré à barrettes.

 

Et puis il y a aussi une diva énorme et déjantée, un producteur au nom de savon qui hier s'est "ennué", un pianiste libidineux et un batteur acariatre.

 

Ce n'est qu'un programme télé, un divertissement saturé en publicités, un monde fictif et idéalisé. Il n'empêche que c'est un condensé de la France que j'aime. Et rien que pour ça, moi je kiffe la nouvelle star. A bon entendeur salut, je dis ça je ne dis rien mais suivez mon regard.

 

A part ça, mon gold d'hier c'est "Destinée" chantée par Pierre et Julien tout en sensualité décalée. ça s'est terminé par une étreinte entre les deux et un retour backstage de Pierre, la main de Julien au cul. Et c'était hot.

 

A part ça, moi je serais Dove Attia, je serais super vigileante, parce que ça devient assez évident que plus personne ne peut le supporter. Manu Katché se retient mais on sent que ce n'est pas loin, Marianne James a manqué l'assommer d'un coup de cheveux et même la douce Virginie a l'air sur les dents quand il commence à parler…

 

A part ça, Tigane était vraiment, oui vraiment lovely. Et il a déchiré sur Billie Jean. Avec l'Homme, on est catégoriques, il se détache très nettement. Avec Julien qui m'a franchement laissée pantelante sur Stranger in the night. Et qui m'a fait pleurer aussi.

Un Jude contre un Nicolas

Jude Law et Norah JonesAutant vous le dire tout de suite, hier j'ai eu un choc.

 

 Alors que j'étais en train de vacquer à mes occupations du mercredi grace à monsieur quatre-cinquième – ok, mes occupations en question c'était de pianoter sur mon ordinateur à 11h50 en pyjama pendant que les enfants, pas habillés eux non plus, s'étripaient dans leur chambre – j'ai entendu à la radio une voix vaguement connue, au timbre assez désagréable. Marthe Villalonga. Heu… Non, en fait c'était Nicolas Sarkozy.

 

Il disait des choses assez bizarres, du genre qu'il allait sauver la France qui ne veut pas mourir – ben c'est clair qu'on veut pas mourir Nicolas ! – et qu'il allait aussi avec ses petites mimines lutter contre le changement climatique, résoudre le problème de la faim en Afrique, nous remettre au boulot et plus vite que ça, rassembler les riches et les pauvres, etc etc. En gros, hier, Jésus parlait à la radio, wouah.

 

Quand il a eu fini son grand discours de sauveur de la planète, la dame de la radio a dit: "C'était l'allocution du président de la République, Nicolas Sarkozy". Et là, je vous jure que ce n'était pas maitrisé, d'autant que depuis le 6 mai, je fais tout plein d'efforts pour oublier que je ne m'en remets pas, et bien une sorte de râle est sorti de ma gorge, un grand cri de détresse:

 

Noooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon !!!!

 

Je sais, il va falloir m'habituer. Mais pour l'instant, ça passe pas. Je vais vous dire, j'en suis même à regretter Jacques. Pourtant on ne peut tout de même pas dire que le "grand", il nous ait particulièrement gatés ces douze dernières années. Mais à côté du petit nouveau, Jacques, c'est comme un père qui s'en va. Lui au moins il aimait la Corona.

 

Bref, voilà, on y est, en Sarkozie.

 

Et en dix jours, on recense une perquisition – heureusement avortée grâce à la ténacité des journalistes – du Canard enchaîné, une censure avérée au Journal du Dimanche, le doublement du personnel de l'Elysée – à priori l'augmentation de 700% des frais de l'Elysée ces dix dernières années ce n'est rien à côté de ce qu'on va voir maintenant – et la débauche de soit-disant socialistes histoire de vraiment tuer ce qui reste de la gauche. A ce propos, je voulais juste vous dire, à vous, Bernard, Claude, Hubert et compagnie: vous me faites pitié.

 

Enfin, tout ça pour dire que je m'attendais au pire, et que je ne suis pas déçue, quoi…

 

Bon, allez, comme il n'est pas question de ne parler ici QUE de politique, juste deux mots sur l'autre événement d'hier qui m'a personnellement pas mal aidée à encaisser le premier: le festival de Cannes a commencé. Et quelque chose me dit que c'est une bonne cuvée. Jude Law était là sur les marches et j'ai remercié le ciel pour ce signe divin. Dans les jours à venir, Georges, Brad, Matt et leurs amis viendront également. Et je ne sais pas vous mais moi, la présence de ces mignons sur le sol français me ferait presque oublier le reste. Sans compter que j'ai ouïe dire que Ségolène pourrait monter les marches elle aussi. Et ça, c'est idiot, mais je trouve que c'est la classe.

 

Edit: La photo, là, c'est pour vous remonter le moral. Et pour vous donner envie d'aller voir le film de Wong Kar Wai, "My blueberry nights" présenté hier soir à Cannes. Dans l'extrait que j'ai vu, je peux juste vous dire qu'à ce point là de beauté, y'a forcément un truc.

Complètement toquée

J'ai des tocs.

 

Bon, ça y'est c'est dit.

 

En même temps ça va, il y a probablement plus honteux que ça, d'autant que mes tocs ne consistent pas non plus à manger le bulbe de mes cheveux – si je vous jure que ça existe, la preuve, Delarue en a rencontré – ou à ronger mes ongles de pied.

 

N'empêche que j'ai des tocs et parfois, c'est assez pénible. En fait mes tocs sont mentaux, ce sont plutôt des pensées obsessionnelles, d'ailleurs les psys n'appelleraient probablement pas ça des tocs. M'enfin je m'en passerais.

 

Par exemple, si je souhaite très fort quelque chose, je m'oblige à penser qu'en réalité je m'en fiche et que de toutes façons ça n'arrivera pas. Ou alors, je me persuade que le pire va se produire pour conjurer le sort. Mais attention, je fais ça pour TOUT et depuis TOUJOURS.

 

Parfois, je me surprends à faire comme quand j'étais petite et à me forcer à marcher sur le bord du trottoir en me disant que si je tombe, je perds mon travail, je rate mon train, je me plante à l'oral du bac… Bref.

 

Quand je prends l'avion – je vous rappelle que l'avion n'est pas à proprement parler mon ami et qu'on ne peut pas vraiment dire que voler ce soit easy easy pour moi – les tocs se multiplient. Il me faut la petite Charlotte aux fraises de ma fille dans mon sac, sinon le risque de crash est quasi certain. Parfois, je l'avoue, c'est atroce, je me réjouis si j'apprends dans les jours qui précèdent le vol qu'un 747 s'est écrasé. Je me dis que statistiquement tout de même… Ensuite, le moindre micro-événement prend des proportions hallucinantes. Si le RER pour Charles de Gaulle tombe en panne je suis certaine que c'est un signe évident de dieu pour que surtout je n'entre pas dans ce cercueil volant. Si mon fils me supplie de rester, c'est parce qu'il a senti qu'on ne se reverra pas. Si l'homme a oublié de m'embrasser, c'est pour la même raison. Bref.

 

Pire, si d'aventure je n'ai pas spécialement peur à l'idée d'embarquer – ça se produit rarement mais ça arrive – alors là, je suis prise soudain d'une panique irraisonnée: si je n'ai aucune angoisse c'est qu'à coup sûr c'est pour aujourd'hui. C'est bien connu, c'est toujours quand on s'y attend le moins que les pires tuiles nous tombent dessus, non ? Bref.

 

Voilà. Vous le savez maintenant, je suis complètement barrée.

 

Mais mon plus grand toc, c'est tous les soirs qu'il se manifeste. Oui, tous les soirs, depuis que mes enfants sont nés, je me dois d'aller les écouter respirer avant de me coucher. Quelle que soit l'heure, quel que soit mon état. Même saoule et à moitié chancelante, il faut que j'y aille.

 

Parfois, de fatigue, j'oublie et me glisse épuisée sous ma couette. A peine la lumière éteinte, je m'aperçois de ma négligence. Au départ, je tente de m'endormir et là, la pensée coupable s'insinue, perverse et tenace: si je n'y vais pas, ils vont mourir.

 

Alors je me relève en grelottant et titube à moitié nue dans les chambres attenantes. Je passe un doigt sur leur joue et vérifie que leur respiration est régulière. Ensuite seulement je peux aller m'abandonner au sommeil.

 

Ce toc là, je ne l'ai avoué à l'homme qu'il y a deux jours. Bien sûr, il avait remarqué que je me relevais sous de fallacieux prétextes (pipi, soif, chaud, froid, lumière oubliée, etc). Mais il ne savait pas que tous les soirs c'est bien plus qu'un dernier bonsoir qui se joue. Tous les soirs, c'est une question de vie ou de mort.

 

Je suis une célébrité, ne me sortez surtout pas de là

Je me dois aujourd'hui de vous informer d'une décision mûrement réfléchie. Je vais reprendre la cigarette. Oui, absolument. Et croyez moi, quand vous connaitrez les raisons qui me motivent, vous comprendrez. Limite si ça se trouve vous aurez envie de venir en griller une avec moi.

 

On parie ?

 

Alors voilà le pourquoi d'un tel revirement après presque cinq ans d'abstinence.

 

Vous vous souvenez qu'il y a quelque temps, je vous avais raconté comment par un bel après-midi d'été – beh oui, au cas où vous ne vous en soyez pas rendu compte, l'été a eu lieu cette année au mois d'avril, et présentement l'automne bat son plein. Vivement juin qu'on ait de la neige – comment donc, par un bel après-midi d'été je m'étais trouvée nez à nez avec Yannick Noah dans la cour de l'immeuble, en panne de moto.

 

Ce jour là, j'avais pensé – et mes copines aussi - que cette rencontre magique était le fruit d'un hasard divin.

 

Le lendemain, quand Antoine Decaunes a traversé la cour sous les yeux médusés d'un collègue, on s'est dit que dis-donc, tout de même, deux people en deux jours, pas mal.

 

Le jour d'après, Gérard Darmon est sorti de l'ascenseur. Bon, là, on a commencé à s'interroger. Journaliste, qu'est-ce que vous voulez, c'est un métier.

 

Mais c'est quand le Eric d'Eric et Ramzy a franchi la grille de l'immeuble qu'on a décidé de mener l'enquête.

 

Non parce que bon, on voulait bien croire qu'à la capitale on a plus de chances de rencontrer des stars, à ce niveau là c'était un peu comme si on vivait dans la ferme des célébrités sauf qu'en plus les people en question n'étaient même pas des ringards.

 

On n'a pas eu à chercher très longtemps. Encore une fois, journaliste c'est un métier. En vrai pros de l'investigation, on a donc demandé au concierge qui nous a donné l'explication de ce défilé de célébrités. Même si je ne peux rien vous dire, sachez que ma théorie initiale selon laquelle tous ces hommes venaient voir le spécialiste du cuir chevelu qui a sa plaque à l'entrée n'était pas la bonne.

 

 Pardon Yannick n'avoir imaginé que tu venais te faire coller des cheveux.

 

Bon, je ne vous la donnerai pas, l'explication, parce que voyez-vous, entre people on est super solidaires. Et que depuis que je suis dans Bien dans ma vie, je sais ce que c'est que la pression de la célébrité. Je ne veux pas cracher dans la soupe parce que sans mon public je ne serais rien. Il n'empêche qu'il faudra me passer sur le corps pour que je vende la mèche.

 

Juste je peux vous dire qu'il y a dans l'immeuble quelqu'un à qui tout le show-biz vient rendre visite un jour ou l'autre, pour des raisons professionnelle. Et que ce quelqu'un a eu l'idée de génie de s'installer au même endroit que les nouveaux locaux du média le plus austère et confidentiel de la planète. Non je ne travaille pas à "Carpes magazine" – si, ça existe - mais pas loin. Grace lui en soit donc rendue.

 

Bref, quelque part, je dois vous l'avouer, moi qui deviens hystérique quand je croise Danièle Gilbert à la Gare de Lyon, je vis un rêve. Et je pèse mes mots. Presque je pourrais penser que je suis morte et que mon paradis à moi c'est de fréquenter les people.

 

Bon, l'inconvénient, c'est que je n'ai pas 36 raisons de trainer dans la cour de l'immeuble. Pas même une en fait. Sauf quand je vais manger ou que je repars. Ce qui ne me donne pas beaucoup de probabilités de croiser Georges Clooney.

 

Pas comme les veinards de fumeurs qui n'en finissent pas de revenir en nous racontant qu'ils ont vu Gad Elmaleh ou Dominique Lavanant.

 

Alors que moi, je dois bien l'avouer, je n'ai au compteur que Yannick Noah.

 

Et Mimi Mathy.

 

D'accord, Yannick compte triple.

 

M'enfin bon, je ne vais quand même pas risquer de passer à côté de Charles Berling, Jean-Pierre Darroussin – c'est comme ça, Darroussin me fait des guilis au zizi ça ne s'explique pas – ou Gérard Lanvin, tout ça pour une bête histoire de cancer du poumon que si ça se trouve j'aurai quand même dans cinquante ans !

 

Par conséquent, c'est décidé, je reprends la cigarette. Pas question que ma collègue clopeuse profite de Marc Lavoine pendant que moi je me contente de Mimi Mathy.

 

Je sais, c'est complètement con. En même temps je n'ai jamais prétendu être une lumière.