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Yael Naim à l’Olympia

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Mardi, j'ai été invitée par l'Olympia. Rien que ça. Le plus beau c'est que j'ai été à deux doigts de louper la soirée, j'avais en effet confondu la date. Et comme le mardi c'est jour de bouclage pour le churros, il a fallu trouver en express une solution de garde pour les nains.

Ce détail réglé, nous nous sommes rendues, Zaz et moi, dans la salle mythique, pour écouter Yael Naim. Si vous ne la connaissez pas, son tube interplanétaire rendu célèbre par la pub pour le Mac book Air n'a pas pu vous échapper. "I'm a new soul, la la la la la la la la la la la la la la" (je sens que ça va être un jeu d'enfant cette histoire de traduction simultanée).

J'avais tellement accroché avec ce titre que j'avais acheté l'album. A dire vrai, j'en avais retenu une seule autre chanson, en hébreu, avec "Paris" à la fin du refrain. (Pour la translation en hébreu on va attendre un peu en revanche).

Avant le concert, j'étais donc curieuse de voir si cette impression en demi-teinte allait être confirmée ou si la demoiselle était de celles qui explosent sur scène.

Verdict: la demoiselle est de celles qui explosent sur scène.

Dès son apparition elle a su m'emmener avec elle. Son sourire, déjà, éclatant, sa joie au sens pur du terme d'être là, étaient de bon augure. Raffraichissant au pays des chanteurs et musiciens blasés dont on sent que parfois, le live est un passage obligé censé compenser la baisse des ventes de disques. Yael Naim kiffe grave et on ne peut qu'y croire. Ou alors elle est très bonne comédienne et après tout, on s'en moque.

Et puis il y a cette voix, tellement puissante et douce. Il y a l'exil qui s'invite dans tous les morceaux, le pays quitté, l'odeur des orangers, les plages en bordure de ville, les amis qui manquent et la famille qui appelle au retour. Il y a Paris, aussi, shalom, Paris.

Voilà, ce furent deux heures de poésie, dans un décor féérique, des ombrelles flottant au dessus de la scène, des guirlandes de fleurs lumineuses, des tableaux d'une nature luxuriante en fond. Et une entente parfaite de la chanteuse avec ses musiciens, donnant l'impression d'assister à une soirée entre amis, une soirée à laquelle on serait les bienvenus.

Alors que j'étais entre le sourire et les larmes tant certaines chansons m'ont touchée, je me faisais la réflexion que les concerts, c'est un peu comme les échappées belles le temps d'un week-end. On oublie trop à quel point ça fait du bien. Littéralement.

Moi je dis merci l'Olympia, pour l'invitation et les places en loges s'il vous plait. Je n'avais jamais eu cette sensation d'être à quelques centimètres de l'artiste et je dois bien avouer que ça va être compliqué désormais de retourner au poulailler. Avec Zaz on s'est dit que si ça se trouve en plus, on était assises exactement à l'endroit ou Johnny Depp s'installe quand il vient écouter Vaness'. D'une certaine manière nos fesses se sont peut-être touchées, en somme. Whow.

Edit: L'Olympia m'a invitée parce que la salle souhaite faire savoir qu'il est systématiquement possible d'acheter les places de concert auprès d'elle plutôt que dans les distributeurs classiques, type Fnac, Virgin etc. L'argument mis en avant étant que l'Olympia dispose en plus des meilleures places. A en juger par celles dont j'ai bénéficié, j'ai tendance à le croire. Et autant le préciser au cas où, je n'ai pas été payée pour l'écrire. Enfin, sauf à considérer que cette invitation est une sorte de rétribution. Mais la seule chose qui m'a été demandée en retour était de signaler cette possibilité d'acheter les billets chez eux, pas d'écrire un billet ni de vanter les mérites de la salle. Une salle que personnellement j'ai toujours adoré, pour sa beauté, sa légende et son accoustique à nulle autre pareille.

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Merci Zaz pour les photos que j'ai scandaleusement piqué chez toi !

Up and down frangé

Marylin
Samedi, alors que je venais de passer un instant charmant en non moins charmante compagnie, je me suis fait tirer mon Iphone. Sans même m'en rendre compte. On m'avait tellement raconté que ça pouvait arriver à quiconque, que c'était devenu une obsession. Tout juste si j'osais m'en servir chez moi. Et bien malgré une vigilance de tous les instants, j'ai été gros jean comme devant (pas sûre de l'orthographe de l'expression que je n'ai jamais comprise). C'est con mais j'ai eu envie de pleurer comme la fois où on m'avait piqué mon Ciao devant le lycée. Alors que mes parents venaient – enfin – d'accepter que je roule à mobylette (mes enfants à moi peuvent crever ce sera non jusqu'à ma mort). Deux jours, le Ciao. Dont un passé à l'essayer sur le parking de Leclerc. L'Iphone avait trois mois et n'était pas assuré.

Voilà, un conseil, si vous aussi avez été gagnés par la folie du téléphone qui fait aussi lampe torche, podomètre et sabre laser (indispensable), je ne saurais que vous conseiller de le mettre au coffre. Il ne servira à rien mais au moins il sera en sécurité.

Allez, up and down.

Down: La façon dont on fait tous ostensiblement mine d'avoir poney ou piscine quand Rose annonce qu'elle veut 1) faire caca, 2) aller se coucher. Dans un cas comme dans l'autre, c'est la plaie absolue. La grosse commission se fait en effet en douze étapes, avec vidage du pot entre chaque crotte et essuyage des fesses également à la mi-temps. Tout ça en étant consigné derrière la porte des toilettes. Et inutile évidemment de l'inviter à se dépêcher, ça ne fait que rallonger l'opération. Quant au coucher, je vous laisse imaginer les différents rituels extrèmement précis auxquels il faut se plier, des douze tétines indispensables à positionner dans le lit, à l'histoire qui ne peut être lue que dans le plumard parental, sous la couette pour elle et SUR la couette pour toi. Le pire étant quand tu es de corvée de couchage et qu'après avoir sacrifié à toutes ses exigences plus saugrenues les unes que les autres, elle te regarde d'un oeil sadique et t'annonce la bouche en coeur qu'elle veut… faire caca.

Up: Le parc de Bercy. J'en ai souvent vanté les mérites mais franchement à chaque dimanche après-midi passé sous les cerisiers près de l'orangerie, je me fais la réflexion que c'est un de mes endroits préférés à Paris. Peut-être aussi parce que j'y suis alors toujours en merveilleuse compagnie. Hier, j'avais petit moral et il a suffit d'une bière blanche gardée au frais dans la glacière de Julien et Chloé et du babillage des copains rassemblés pour me requinquer. L'amitié devrait être reconnue d'utilité publique.

Down: Manuel Vals. Qui demande à François Hollande de retirer sa candidature aux primaires socialistes en cas de présentation de DSK. Il faut qu'on m'explique le principe des primaires, à moi. Il y a manifestement quelque chose qui m'a échappé. Non que je ne préfèrerais qu'il n'y en ait pas, hein. Mais si on dit qu'y en a, on joue le jeu, me semble-t-il, isnt'it ?

Up: La sexytude absolue de Dirty Harry au royal wedding.

Down: L'idée d'avoir pu trouver sexy un garçon de moitié mon âge dont un des hobbies consiste à se déguiser en Goebbels lors des soirées costumées de ses aristos de copains.

Up: Le prénom de la soeur de la nouvelle princesse. Franchement, Pippa, quoi.

Up: La séance de coiffage chez Michel de Privé avec une fille qui parle. Bien naïves, on était tout esbaudies d'avoir décroché un rencart un vendredi sans batailler (merci la starisation de Michel qui le rend aussi difficilement joignable que lady Gaga). A 11h. L'heure à laquelle seules deux dindes n'étaient pas en train de mater l'entrée dans westminster de la Kate à Will. Résultat, visionnage en direct du wedding sur un Iphone (paix à son âme) en fin de batterie et coupant à chaque instant stratégique. Le principal étant qu'on ait pu voir l'arrivée de la princesse. J'avoue, grosse montée de larmes pour ma part, je n'y peux rien, les mariages, les enterrements et les accouchements, même filmés à la hussarde dans une série de merde, je chougne. Il n'en reste pas moins qu'on a un peu perdu Michel depuis, traumatisé par l'absence de coiffure de Kate. Un mariage royal sans chignon, c'est comme une Geneviève sans chapeau, une Arielle sans BHL, une Carla sans sonmari, une MAM sans MOM. Un non sens absolu. Au final ce qui compte c'est que malgré ce coup dur auquel il n'était pas préparé, Michel ne nous a pas loupées. Et là je dis big up parce que dans le genre clientes chiantes on s'est posées là. Le fait que mon balayage n'ait pas viré au vert et soit à peu près uniforme est en soi un miracle au vu du nombre de fois où j'ai tourné la tête pour jacasser alors qu'on m'enduisait de peroxyde. Ah parce que oui, je sais que ça va vous faire un choc mais je ne suis pas une vraie vraie blonde. Je viens de casser mon image, j'en suis plus que consciente.

Edit: La photo est naze, je ne sous-entends pas du tout qu'il y ait une quelconque ressemblance avec marylin, ça m'amusait parce qu'on a l'impression qu'elle se marre… de moi.

Parfois, Psycho, c’est chaud

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Dans le Psychologies magazine du mois de mai, je signe un long papier sur les hommes et la sexualité. Je vous laisse le découvrir si vous en avez l'envie et je ne m'étendrai pas sur le sujet (hin hin hin), histoire de ne pas déflorer l'article (hin hin hin bis).

Juste, je ne suis pas bégueule, hein. Mais c'était une grande première pour moi de conduire des interviews – téléphoniques et c'est heureux – en utilisant à plusieurs reprises les mots masturbation, verge, vulve ou encore cunilingus.

Je ne sais pas ce qui était le plus embarrassant. Poser les questions ou accueillir stoïquement les réponses des sexologues, qui, c'est le moins qu'on puisse dire, ne prennent pas de gants.

"Ce qui est navrant, voyez-vous, c'est que les hommes ne regardent pas assez la vulve de leurs compagnes. Ils y mettent le nez, la bouche, mais les yeux, pas assez. Du coup, ils ont du mal à la décrire, bien évidemment." "Mais jeune fille, nous avons souvent peur que vous nous dévoriez ! Quel homme n'a pas craint un jour pendant une pipe que sa femme y mette les dents ?". "Mais évidemment que la branlette est un anxiolytique ! Il serait d'ailleurs bien temps qu'on reconnaisse les vertus de la masturbation !"…

J'ai beaucoup appris.

J'ai particulièrement adoré cette conclusion, quelque peu adoucie dans le papier mais que je ne résiste pas à vous livrer dans le texte, de Bernard Elie Torgemen, psychanalyste de renom: "Les hommes doivent apprendre à ouvrir leur coeur. Et pour bien ouvrir son coeur, il faut savoir bien se servir de sa bite".

"Et vous écrivez bite, mademoiselle, ça ne me pose aucun problème".

A moi non plus, Bernard Elie, à moi non plus.

Voilà, la vie est facétieuse. Il y a quelques mois encore, je questionnais moultes présidents d'universités sur les implications de l'autonomie dans la gestion de leur établissement, ou me passionnais pour la recomposition du paysage universitaire parisien. Sujet qui continue d'ailleurs de m'intéresser. Mais d'un peu plus loin je dois bien l'avouer.

Non parce que la façon dont les hommes perçoivent notre anatomie la plus intime, c'est sacrément important aussi, non ? Et le fait est mesdames, qu'ils en sont dingues, de notre petite fleur. Mais alors crazy de chez crazy. Même qu'ils trouvent quasi unanimement qu'en plus d'être belle, elle est délicieuse. Au goût, je veux dire. Et pour beaucoup, plus ça sent, mieux c'est. Allez, ladies, on jette les gels douche intimes et on se fait bouffer la chatte en toute sérénité.

Edit: J'était tout de même assez soulagée d'avoir terminé cet article. Non parce que le churros, je ne le tenais plus. Trois fois par jour, il arrivait avec son air lubrique et me posait la même question: "C'est quand que tu m'interviewe ?". Il était même prêt à me laisser parler dans le micro. Hin hin hin (ter).

Edit2: Un grand merci à Gaëlle Marie (Zone Zero Gêne) et à un jeune homme qui se reconnaitra, qui m'ont accordé du temps pour ce papier et qui au final n'apparaissent pas dedans pour des raisons qui ne m'appartiennent pas (manque de place). Ce fut un vrai plaisir que de parler avec vous.

Je vous laisse avec quelques animaux bien montés de la ménagerie du jardin des plantes. C'était ça ou des photos de cul et comment dire…

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PS: Tous mes articles pour Psycho mag sont mis en ligne sur le site deux semaines environ après la sortie en kiosque. Ma page "auteur" est accessible ici

Un long week-end

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Une mère et un fils qui vivent seuls sur la côte est des Etats-Unis, reclus depuis que le père est parti fonder une autre famille, avec une femme plus stable, moins inadaptée. Un long week-end du Labor day qui s'annonce sous une chaleur étouffante. Et puis l'apparition d'un repris de justice qui vient de s'échapper, vient chambouler ce huis-clos.

Franck, condamné pour un double meurtre, prend en otage Adèle et Henry chez eux. Mais contre toute attente, il est celui qui vient libérer ce drôle de couple de leur enfermement. Franck aime Adèle, Adèle reprend vie sous les attentions de Franck. Et pendant ce temps, Henri, 13 ans ne pense qu'à ça.

A ça ?

Au sexe. Celui auquel Adèle et Franck succombent dès la seconde nuit de cette fausse captivité. Le sexe des filles, surtout, qui semblent totalement inaccessibles à cet enfant pas comme les autres.

Il ne se passe presque rien durant ce long week-end et pourtant la tension est palpable. Tension érotique et sentimentale, imminence d'un dénouement dont on se doute qu'il ne peut pas être heureux. Tout est écrit avec une délicatesse et une subtilité qui décourageraient n'importe quel aspirant écrivain.

Ce petit livre est signé Joyce Maynard. Elle fut, alors qu'elle était à peine sortie de l'adolescence, la muse et presque la captive de JD Salinger. Certains ont voulu voir dans ce roman une métaphore de ce qu'elle vécut avec l'écrivain. Je ne sais pas si c'est la réalité, pour moi il s'agit surtout d'une allégorie de l'adolescence, de l'amour qui peut naitre quand on pense qu'il n'y a plus d'espoir. Une critique de la société américaine aussi, de l'individualisme des banlieues et du conformisme qui tue.

Voilà, je ne suis pas sûre de l'avoir bien vendu, mais j'ai vraiment adoré ce long week-end. Et comme on est à la veille de trois jours off, je me dis que c'est tout indiqué, non ?

Edit: La photo a été prise hier, à deux pas du panthéon. Je n'avais jamais vu cet immeuble qui abrite une cour luxuriante et dont l'une des fenêtres est prénommée "AMOUR". J'ai trouvé que ça collait bien à l'histoire…

 

Let’s talk about money

Ongles
Il y a quelques jours, donc, il y a eu cet article dans Le Monde, qui s'appelait "La révolte des blogueurs". J'ai eu l'extrême honneur d'y être citée et je dois avouer que ça m'a remplie d'une fierté inavouable. Le Monde, quoi. Au delà de ça, le sujet du papier était alléchant. En gros, la question posée était la suivante: "Les blogueurs ont-ils raison de vouloir être payés ?".

Petit problème, j'ai eu la sensation en le lisant qu'il y avait confusion. Entre les blogueurs et les contributeurs sur le net. Tout est parti en effet de la bronca des contributeurs du site "The Huftington Post", sorte de Rue 89 à l'américaine, qui repose essentiellement sur les chroniques de people du net, certains étant des blogueurs, d'autres non. Des contributeurs non payés, le site leur apportant une notoriété censée leur suffir.

C'est peu ou prou la même position défendue chez Rue 89, qui rémunère ses journalistes mais pas ses contributeurs.

On est donc un peu loin du marronier de la blogosphère concernant les revenus des blogueurs, ces salopards qui se rincent à grands coups de billets sponsorisés. Ce qui ne signifie pas que l'article soit dénué d'intérêt.

J'avoue être partagée, concernant justement ces contributeurs qui estiment devoir être payés. Pourquoi ? Parce qu'en tant que journaliste, je suis évidemment menacée par cette illusion selon laquelle n'importe quel citoyen peut faire mon métier et revendiquer un salaire en retour. Je suis menacée professionnellement, mais également personnellement. Parce que je sais que bien que souvent galvaudée, la compétence du journaliste existe. Que lorsque j'écris un article, je croise mes sources, je passe du temps à prendre des notes, je m'astreins à respecter des règles éthiques, je garde mon jugement pour moi, etc. Nombre de reporters amateurs ne s'embarrassent pas de toutes ces contraintes. Ça donne à l'arrivée des informations moyennement fiables, sans recul, sans filtre journalistique.

Du coup, je ne peux que m'élever contre ce courant qui vise à faire de chacun de nous des producteurs d'information.

Ceci étant dit, en tant que blogueuse, je sais aussi que rien ne m'agace plus que les sollicitations des sites participatifs, m'invitant à pondre un ou deux billets pour eux gratuitement, en échange de cette sacro-sainte notoriété.

Devinez-quoi les gars: la notoriété ne paye pas le loyer. Ni même une baguette de pain. J'ai bien tenté récemment de négocier mon croissant avec ma boulangère en lui expliquant que j'avais un putain de nombre de pages vues, elle m'a regardée aussi perplexe qu'une poule à qui on aurait donné un couteau.

Bref, je ne suis pas très favorable à ce que les sites participatifs élèvent n'importe qui au rang de journaliste mais je suis également opposée à la manière dont ces sites utilisent les blogueurs et contributeurs, se servant de leur plume pour faire du clic sans les rétribuer.

La solution ? Je ne la connais pas. Je pense qu'avant tout, il faut absolument clarifier le statut des informations mises en ligne, préciser si l'auteur fait part d'une opinion personnelle, qui vaut ce qu'elle vaut parce que le simple fait qu'il l'énonce lui confère un intérêt, ou s'il a réalisé une enquête rigoureuse au préalable et que les faits sont avérés.

Ensuite, lorsqu'une personne, journaliste ou non, de par sa notoriété, donc, permet à un site participatif d'enregistrer des visites, ça me semble normal également qu'on le rémunère.

Oui, absolument, je prends vachement position.

Et en ce qui concerne les blogueurs et le blé qu'ils ramassent ? ("non parce que c'est ça, quoi, qu'on veut savoir, putain")

Vaste sujet également, sur lequel j'avais pas mal bavassé avec le journaliste, étant incapable personnellement de tenir ma langue. Surtout, je trouve toujours étonnant la manière dont on ne parvient pas en France à parler d'argent. Donc je veux bien dévoiler ce que ce blog me rapporte. Sachant que ce qui est valable pour moi ne le sera pas pour un ou une autre.

En gros, ce serait mentir que de prétendre que "PDR" me fait vivre. Ce le serait tout autant que de jurer que je ne gagne rien avec. Disons que ce fut jusqu'à ce que je démissionne une cerise sur le gâteau. Et qu'aujourd'hui, c'est une part du gâteau, lequel étant devenu plutôt un biscuit (je vous confirme que la pige ne garantit pas un revenu mirobolant) ("oh, l'autre, elle va arrêter de nous faire chialer ?").

Combien, donc ? ("mais elle va la cracher sa valda ?")

Ça dépend, ça dépasse. La pub, que vous voyez parfois s'afficher à droite, ce qu'on appelle le display, peut être assez lucrative, lorsqu'il y en a beaucoup et qu'on comptabilise pas mal de pages vues. Le problème, c'est que certains mois, c'est le désert de Gobi et d'autres c'est l'affluence. Comme ces derniers jours, par exemple, où c'est la fête du string au pays des pavés. Donc donner une moyenne mensuelle ne me semble pas très pertinent. En gros, au mois de janvier, j'ai du gagner 50 euros. Mais en février, c'était plutôt 600. Et les très bons mois, rares (un ou deux dans l'année je pense), cela peut monter jusqu'à 1500 (là c'est champagne). Ramené sur douze mois, ça ne fait pas un salaire, donc, mais ça n'est pas négligeable non plus.

L'autre moyen de gagner des sous, c'est le billet sponsorisé. J'en fais peu, par goût et aussi parce que mon blog n'est pas assez lisse pour intéresser les annonceurs. Ce qui ma foi ne me dérange pas plus que ça, au moins je n'ai pas très souvent de cas de conscience. Mes principes ont les limites de mon découvert, je dois bien le dire. (je veux dire par là qu'il est parfois difficile de refuser. En revanche, je n'ai jamais pu me résoudre à changer le contenu de ce blog pour qu'il "colle" aux attentes des annonceurs. Autrement dit, je continue à parler de ce que je veux, sans jamais penser à ce que ça peut avoir comme conséquences sur ma "côte" auprès des marques)

Combien pour un billet sponsorisé ? Ma transparence s'arrête là ("ben voyons, j'en étais sûr"), parce que j'ai une obligation de confidentialité vis à vis de ma régie, cette dernière fixant le tarif pour chaque blogueuse en fonction de tout un nombre de paramètres. Mais c'est bien payé. Et assez écoeurant pour la pigiste que je suis: c'est à peu près équivalent à ce qu'un long papier dans la presse magazine rapporte, avec croyez moi bien plus de boulot à la clé et d'huile de coude au moment de l'écriture.

Bref, voilà, après il peut y avoir des à côtés, des collaborations comme celle avec Mon Bazar Vert ou d'autres sites (je vous en parlerai le temps venu), rémunérées elles aussi, mais plutôt comme des piges.

Je précise que tous ces revenus du blog sont déclarés au titre du statut bien batard d'autoentrepreneur et qu'il faut donc déduire 20% de la somme touchée. Somme qui n'ouvre droit à aucune cotisation chômage.

La conclusion ? Un blog peut rapporter de l'argent. En vivre est peut-être possible mais 1) ce n'est pas mon intention 2) c'est à mon avis très difficile 3) de toutes façons précaire.

J'espère que ce long billet sentencieux ne vous a pas gonflés et qu'il ne déchainera pas les passions. Je l'ai écrit parce qu'on m'interroge fréquemment par mail sur le sujet et que je lis ça et là n'importe quoi. Je peux comprendre que certains estiment que faire du profit grâce à son blog est antinomique avec l'acte même de bloguer. Ce n'est pas mon avis, tout est une question de limites qu'on s'impose.

Dernière chose. Les blogs ont ceci de merveilleux qu'ils sont libres d'accès. Je ne dis pas "gratuits", parce que quelque part, la pub, on la paie tous un peu, elle fait partie du prix des biens qu'on achète. Mais il n'empêche que venir me lire ou tout autre site est un acte volontaire qui ne vous engage pas financièrement. Par conséquent, si la présence de temps à autre de pavés publicitaires envahissants ou de billets sponsorisés vous file de l'urticaire, il y a une solution toute simple. Cliquer sur un des liens de ma blogroll, par exemple.

Et je le dis sans animosité, sans arrogance. Parce que moi même, lorsque je trouve qu'un blog devient trop commercial, je passe mon chemin. Mais le fait est que demain, vous allez bouffer du sponso. C'est un concours de circonstances, je ne savais pas du tout quand j'allais le publier et alors que je mettais un point final à ce billet titanesque, on vient de me donner le feu vert. Quand je dis "manger", d'ailleurs, c'est au sens propre comme au figuré. Moi je dis, à bon entendeur…

Edit: Le vernis c'est l'OPI "Yoga-Ta get this blues". Je le signale parce qu'on me le demande souvent quand je mets une photo avec du vernis. Pourquoi cette photo ? Parce qu'elle est chouette, non ? Et puis ça fait riche, le vernis. Même si ça n'est que… du vernis.

Edit 2: Par contre j'ai de la couperose sur l'index, non ?

Edit 3: Rien à voir mais ce soir, sur la péniche Anako dans le 19ème, est organisée une soirée de soutien au Japon. Pour 10 euros l'entrée, vous assisterez à un spectacle avec jongleurs, musiciens, comédiens, etc. Moi je dis, combiner bonne action et chouette moment, c'est toujours profitable. Pour plus d'infos, allez sur le site de la péniche.

J’ai un cadeau à faire, chez Zadig et Voltaire, ça m’énerve…

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Frédéric Lefevbre, il est comme ça. Un intellectuel, vous voyez. Et quand il a besoin de se prendre une grande leçon de vie et de littérature, il se plonge dans son livre de chevet.

Le bien connu "Zadig et Voltaire". Après, il se fait toute l'oeuvre de Zazie. Dans le métro. On lui a dit que c'était comme ça que ça s'écoutait, cette grande musique.

Par contre, la Princesse de Clèves, de cette conne des Galeries Lafayette, il ne supporte pas, ça lui file des boutons comme à Nicolas.

Si ce n'était pas si triste, ce serait hilarant. Mais j'ai beau trouver ça hilarant, j'avoue, la tristesse l'emporte malgré tout. Allez Fredo, file te plonger dans les écrits de Voltaire. Parait même qu'il aurait écrit un bouquin qui s'appelle Zadig. Mais Zadig tout court, tu vois ? Je veux dire, à l'époque, ça n'existait pas encore le concept des pulls en faux cachemire à 500 boules avec marqué Elvis derrière.


 

Tout ça m'évoque la chanson de Souchon. On nous Claudia Shiffer, on nous Paul-Lou Sulitzer, le mal qu'on peut nous faire…

Allez, sinon, pour la route quelques up et down.

– Up: "Mon" arbre de Judée, qui cette année donne le meilleur de lui même. Il est presque phosphorescent, d'un rose tirant sur le violet. Je le mange des yeux tous les jours, parce que je connais la brieveté de sa floraison. Et je savoure cette chance d'avoir, à Paris, un arbre sous mes fenêtres.

– Up: Les dessous bleus roi de chez Princesse Tam-Tam, avec culotte haute qui planque le ventre. J'ai craqué, je suis trop color block, moi, ça y'est.

– Down: Les dessous de Princesse Tam Tam bleus roi, dont le 95 C est à peine plus large qu'un 90B de n'importe quelle autre marque. A ce niveau là, c'est de la tromperie organisée. Du genre, si si, les gros nichons aussi ont le droit d'être color block et trendy. Alors qu'en réalité, au bout d'à peine une heure, tu te retrouves avec quatre seins sous ton pull. Merci.

– Up: "La balade de Lila K", de Blandine le Callet. J'avais aimé son premier bouquin, "Pièce montée", tout en en trouvant le style un peu emprunté et l'intrigue assez facile. Là, elle fait le pari de la science fiction, un peu dans l'esprit "Bienvenue à Gattaca". Et ma foi, elle m'a prise au tripes. Il y a quelques passages un peu too much, quelques facilités, mais cet auteur sait vous emmener avec elle. Et certains aspects du livre font froid dans le dos, tant on peut y voir la suite logique de notre société de plus en plus sécuritaire.

– Up: "Ma part du gateau", de Cédric Klapish. Un jour, je vous raconterai comment, sans le savoir, Cédric Klapish fait partie intégrante de mon histoire, parce qu'il fut le spectateur involontaire de l'épisode le plus douloureux de ma vie. Mais toujours est-il que j'ai bien aimé son film, je sais que beaucoup n'en apprécient pas la fin, elle peut sembler relever du grand n'importe quoi, mais je ne vois pas bien comment cette histoire entre un connard de trader – du genre à dévorer Zadig et Voltaire les soirs de pluie – et cette femme de ménage au grand coeur aurait pu se terminer. A voir, pour Karin Viard, pour cette vision manichéenne mais militante de la société.

– Up: La recette de la tarte au citron de Trish Deseigne (dans le livre I love cakes), soigneusement suivie samedi et grace à laquelle je me suis approchée de la perfection faite tarte. Au citron.

Voilà, je vous laisse, je ne peux résister à l'appel du dernier best seller de Flaubert, Madame Du Barry. Il parait que c'est intense. Sexuellement.

Edit: pour ceux qui commencent à en avoir ras le bonbon des photos d'Iphone, sachez que théoriquement, je récupère mon reflex mardi. Yeah.

La carte scolaire: je suis pour (sauf pour mes enfants)

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C'est imperceptible. Des soupirs en guise de réponse à certaines de mes réflexions. Des portes qui claquent. La salle de bain occupée plus longtemps. Des mimiques devant le miroir. Des t-shirts de moins en moins souvent roses. Des mails envoyés en douce avec des noms de garçon dedans, j'en suis sûre.

Et voilà comment, samedi, j'ai acheté un gel moussant pour le visage spécial peaux jeunes.

Si seulement ça pouvait effacer TOUS les points noirs de ces années à venir…

Non parce que je sens que les comédons, ça n'est que la partie emmergée de l'iceberg à emmerdes qu'on s'apprête à percuter à grande vitesse. Qui dit adolescence dit en effet aussi passage en 6ème. Et qui dit passage en 6ème dit… choix du collège.

Enfin, non, pas choix du collège, puisqu'en l'occurence, la carte scolaire existe toujours, au cas où certains en douteraient. Seuls les motifs de dérogation ont été un peu modifiés mais je ne souhaite à personne de rentrer dans les cases, du genre "le thérapeute de mon enfant est situé à proximité d'un autre établissement". Changer d'affectation reste donc extrèmement difficile. Bien sûr, ça va de soi, en bonne gauchiste bobo parisienne, je suis à fond pour la carte scolaire. Attends, excusez-moi mais la mixité sociale, c'est mon cheval de bataille. Alors tout ce qui peut garantir cet équilibre, je cautionne sans états d'âme.

Sur le papier.

Comme 99% de mes congénères. Il suffit d'assister à la réunion "spéciale entrée en 6è" pour constater en effet que les plus actifs des parents délégués et consort sont aussi les plus prompts… à gruger le système. Avec, systématiquement, cette phrase sésame qui t'absoud de toutes tes petites compromissons : "Mes enfants n'ont pas à souffrir de mes principes". (à prononcer avec l'air contrit du parent qui souffre de cette entorse à ses règles fondamentales de vie mais qui est prêt à se sacrifier sur l'autel de la réussite de sa progéniture)

Honnêtement, la plupart du temps, on se demande un tout petit peu de quelle souffrance on parle. Celle d'être séparé du meilleur copain ? Celle d'être dans un collège qui ne fait "que" 80% au BEPC alors que celui d'à côté est à 87% ? Celle de ne pas avoir la possibilité d'apprendre le chinois dès la 6e avec option grec ancien ? Je ne sais pas, mais à en juger la façon dont certains se démènent pour changer d'affectation, c'est du lourd.

Stupéfiant, le nombre de "déménagements" effectués ces derniers jours chez cousins, soeurs ou même sombres inconnus soudoyés, habitant à proximité des meilleurs établissements du quartier.

Attention, je critique, je critique, mais je ne vais pas vous cacher que moi même, je m'interroge.

Impossible de ne pas se faire des noeuds au cerveau, sous peine d'ailleurs d'être regardée de travers par les vrais bons parents, ceux qui se soucient vraiment de l'avenir de leurs enfants. Sachant que la côte d'un établissement est aussi instable que celle du CAC40. Un jour c'est l'antichambre de pôle emploi (dans le meilleur des cas), le lendemain, finalement, le principal a changé et du coup, grâce à une équipe pédagogique hyper soudée, c'est l'assurance d'accéder dans dix ans à la meilleure des prépas. Enfin, ça c'est si tu as confiance dans la personne qui te confie généreusement cette info. Pour apprendre la semaine suivante qu'elle vient en réalité d'acheter une chambre de bonne à deux rues d'ici dans laquelle sera domicilié son aîné (de onze ans, donc) pour éviter à tout prix le collège en question (gaffe donc à l'intox pratiquée par les plus malins, probablement pour se réserver LA place dans l'école que tout le monde convoite).

J'ai l'air de bien prendre tout ça mais je ne vous dis pas l'état dans lequel je suis. A côté, le choix du duvet pour la colo, c'est plus zen qu'un séjour dans un ashram tibétain.

Je m'interroge, donc (= je mange dérogation, je dors dérogation, je baise, même dérogation).

Pour la simple et bonne raison que dans le collège où sont sectorisés mes enfants, il n'y a qu'une classe "bi-langue" (= "classe d'élite" en langage codé de l'éducation nationale, permettant aux meilleurs éléments d'apprendre l'anglais ET l'allemand, repoussoir à cancres, dès la 6e) (mais attention, il n'y a pas de classes de niveau dans l'enseignement public, ouh, tout doux bijou, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, surtout pas, vous voulez me griller ou quoi ?) et que par conséquent, je suis confrontée à un vrai dilemme: les mettre dans la même classe et vivre un enfer durant les quatre années à venir (ils se battent pour raconter en premier le menu de la cantine, je vous laisse imaginer les repas du soir s'ils partagent les mêmes profs) ou choisir qui de ma fille ou de mon fils aura accès à la classe des winneurs. Call me Meryl Streep.

Donc j'envisage de demander une dérogation pour le collège d'à côté, qui compte, lui, deux classes bilangues. Et en même temps, outre le fait que 1) ça ne correspond pas à mes idées (mais, mes enfants n'ont pas à souffrir, bla bla bla) (carte magique, je rappelle) et que 2) je suis nulle en dérogations/lettres officielles/démarches administratives, j'ai super peur de faire une grave erreur.

Parce qu'une maman bien intentionnée m'a prévenue: "fais super gaffe. Ta demande peut être refusée. C'est même probable. Etant donné que la raison que tu vas invoquer n'entre pas dans les cases de l'administration. Et là ma vieille, c'est double peine. Non seulement tu n'as pas le bon collège, mais en plus, et c'est arrivé à la mère du neveu de ma voisine, tu te fais SAQUER par le principal de l'établissement que tu as tenté de fuir. Et là tu peux te brosser pour la classe bilangue. Tes gosses, il vont se retrouver, au mieux, en 6è "basket"." A la mine qu'elle faisait, la 6è basket, c'est moche. Très moche.

Alors que faire, bordel de merde ? Tenter le coup de la dérogation atypique et condamner mes gosses à jouer au ballon pendant que les autres, ceux qui n'auront pas été pris la main dans le sac du détournement de carte scolaire, partiront en classe verte en Bavière ? Me soumettre à ma sectorisation et passer les quatre prochaines années à faire la police à table dès que l'un aura balancé la connerie qu'a fait l'autre en cours de maths ? Décrocher le sésame du collège à deux classes bi-langues mais qui pendant l'été aura vu sa réputation s'effondrer comme l'indice Nikkei ?

Ce qui, cela dit, sera peut-être finalement un moindre mal. Si si. C'est une autre mère bien renseignée et sûrement très bien intentionnée elle aussi qui me l'a confié sous le sceau du secret.

"Attends, être dans un collège de merde, ça peut se révéler un pari sacrément gagnant. Réfléchis: si ton gamin est dans un établissement pourri et qu'il est plutôt bon. Il a toutes les chances, en fin de 3e, de finir premier de sa classe avec une moyenne qui déchire. Et là, c'est le passeport pour Henri IV. Parce que figure-toi que le lycée, c'est sectorisé mais pas que. Et que le premier critère, ce sont les notes. Or ici, dans le 13e, on est sur le secteur d'Henri IV et de Louis Legrand. La crème des lycées parisiens. Donc ton gosse, il peut passer devant un autre bien meilleur mais qui, parce qu'il est d'un collège plus côté, a une moins bonne moyenne. Et là, c'est qui qui est baisé ? Celui qui a fait des pieds et des mains cinq ans auparavant pour entrer dans la fabrique à génies".

"Ah ouais quand même", j'ai dit.

Après, une fois la crise d'angoisse jugulée, je me suis demandé si je n'allais pas demander à ce qu'on me mette sous tutelle. Non parce que moi, là, j'en suis tout juste à réaliser que mes enfants l'année prochaine auront plusieurs enseignants et gavé de boutons sur le front. Et je sens que je ne suis absolument pas au niveau pour tout ce qui est de leur orientation.

Bref, je vous souhaite bien du courage, vous les heureuses mères d'enfants encore en âge de faire pipi dans leur culotte. Parce que ça se confirme que ça se complique, après. Je vous laisse, je vais consulter les taux de réussite à l'ENA des gamins du 13e arrondissement.

Edit: La prochaine fois je vous parlerai de l'autre option. Le privé. Je sais, c'est contre mes principes. Mais rappelez-vous, j'ai ma carte magique. "Mes enfants ne sont pas là pour essuyer les platres de mes convictions". C'est cool quand même, ce joker qui te permet de faire tout ce que tu avais juré que tu ne ferais jamais, non ? Là je vous laisse, j'ai un double appel, et je ne voudrais pas le louper, j'attends un coup de fil de l'Ecole alsacienne. Le must, parait.

Pédagogie de bac à sable

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Dimanche, à la fin de notre promenade dans notre bien aimé parc Montsouris nous avons croisé un couple qui tentait de faire face à la colère bruyante de leur fille (deux ans et des poussières à vue de nez, imaginez). Je passe sur ce sentiment de jouissance inavouable qu'éprouve tout parent lorsque l'enfant d'autrui se roule par terre (que celui qui ne s'est jamais félicité que pour une fois ce ne soit pas le sien me jette la première pierre). Je passe donc sur cette pensée moyennement chrétienne mais ô combien délectable pour m'attarder deux secondes sur ces quelques mots prononcés par le père alors que nous les dépassions et qui définissent à eux seuls  je crois tout ce que "parentalité" veut dire.

Pendant que sa femme tentait de convaincre sa fille de remonter sur son vélo plutôt que de racler le bitume avec ses dents tout en résistant à la tentation de a) partir en courant et prendre le premier vol pour Sidney b) s'exercer au lancer de nain sur la voie ferrée toute proche, le père fouillait avec l'énergie du désespoir dans la poussette. Au moment même où nous les doublions, nous avons alors saisi au vol cette supplique de l'homme à terre: "Tu sais où est le D-O-U D-O-U ?" (pour saisir la dimension comique du récit et au cas où ce ne soit pas évident, le mot en question était épelé histoire que l'enfant n'entende pas le "D-word" et redouble de hurlements).

 "A la maison", a répondu la mère sans desserer les dents.

"Merde, putain", s'est contenté de répondre le père. Après, je ne serais pas prête à le jurer parce que malgré notre curiosité pareille à celle du quidam qui freine sur l'autoroute pour mater l'accident sur la voie d'en face, nous étions déjà un peu loin, mais j'ai cru entendre un sanglot. Et ça ne venait pas de la furie pleine de morve par terre.

Voilà, avons nous pensé le Churros et moi, tout auréolés de notre sagesse multipare et gonflés d'amour pour notre propre petite si docile en ce bel après-midi: rien ne sert de potasser des millions de bouquins pour devenir parent. La seule compétence nécessaire est de savoir quand et comment épeler certains mots stratégiques tels que "bonbon", "doudou", "docteur", "médicament", "télé", "manège" ou pour notre part, "M-A-R-C-O", à savoir le prénom du baby-sitter dont on ne tient pas toujours à ce que pupuce soit avertie de sa venue parce que tout emplis de notre courage, nous l'avons couchée AVANT qu'il arrive*.

Savoir épeler, donc, mais SURTOUT, garder à l'esprit qu'il vaut toujours mieux oublier sa carte bleue, son iphone ou son passeport plutôt que ce putain de D-O-U-D-O-U.

Je vous rassure, notre condescendance a vite été punie. Cinq minutes après en effet, Rose a décidé de faire l'étoile de mer sur les rails du tramway tant qu'on ne lui aurait pas fait refaire un tour de manège. C'est là qu'on a réalisé, nous les surdoués de la pédagogie, que nous avions oublié la T-E-T-I-N-E. Quand ils nous ont à leur tour dépassés, les parents de la mini-godzilla ont très clairement ricané.

La mesquinerie des gens m'étonnera toujours.

* Oui, ça c'est mal. Mais la fois où nous avons dérogé à la règle, elle a tellement pleuré quand on est partis qu'elle s'est vomi dessus. Ainsi que sur le baby-sitter. Et le canapé. Elle a ensuite réitéré dans son lit. Puis le nôtre. Pour se venger, le baby-sitter nous a appelé vers 21h45 pour nous annoncer que c'était Bagdad dans notre appart. Forcément, le repas a eu du mal à passer. Soirée de merde. D'où la dissimulation désormais.

Edit: J'avoue, la tétine en question est chelou.

 

Les maternelles, mes fesses et mon micro

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Hier j'étais sur le plateau des Maternelles. Pas pour parler de mon blog mais du grignotage des enfants. J'en connais un rayon sur le sujet, vous imaginez bien. Très franchement, j'ai du ouvrir la bouche deux minutes douze et je ne pense pas avoir dit grand chose de passionnant (en réalité j'en suis sûre).

Mais ça m'a fait bien plaisir de voir le studio de l'émission, de rencontrer les chroniqueurs et d'échanger quelques mots avec une nutritionniste, Laurence Haurat, dont je vous reparlerai très vite, parce qu'elle est l'auteur d'un livre qui m'a été chaudement recommandé par une psy que j'avais interviewé pour un papier à venir sur les sentations alimentaires.

"Libérons l'assiette de nos enfants", ça s'appelle.

Je le lis et je reviens très vite en parler, avec en prime une interview de l'auteur.

Pour revenir aux maternelles, je ne vais pas vous en faire un minute par minute parce qu'il ne faut pas abuser des bonnes choses mais en l'espace de 2h j'ai réussi à me ridiculiser trois ou quatre fois.

– Pour commencer, à peine arrivée, j'ai renversé une partie de mon café sur MA robe comptoir des cotonniers (elle est de toutes mes sorties, l'exemple même du cadeau parfait) (parfait mais tâché, par contre).

– Ensuite, quand la coiffeuse m'a demandé si j'aimais mieux mes cheveux lisses ou souples, j'ai eu la pertinence de répondre "souples". Résultat, je me suis retrouvée bouclée comme Laetitia Hallyday (avant qu'elle essaie de ressembler pathétiquement à Victoria Bekham). Un poil nerveuse (parler en public avec des anglaises) j'ai fait valser le fer à friser qui a atterri sur ma robe maculée de café. Mon sang n'a fait qu'un tour et pour éviter d'avoir en plus de la tâche un gros trou (viscose + chaleur), j'ai balancé d'un revers de main ledit fer qui s'est explosé sur le sol.

– Je suis ensuite passée au maquillage (alors que je n'ai plus de boutons depuis deux ans grâce à mon Mirena my love mon amour, je m'étais réveillée avec le menton qui s'était pris pour un cerisier du japon). La maquilleuse, charmante, a masqué ces petites imperfections avec un fond de teint dément dont j'ai bien sûr oublié le nom, si ce n'est que c'était un lancôme. Après, elle a mis du fard marron glacé sur mes yeux. Alors que je m'extasiais, elle m'a répondu (gentiment en plus) que c'était parfait pour ce que j'avais, ça donnait un effet trompe l'oeil. "Vous voulez parler de mes paupières très légèrement tombantes ?", ai-je suggéré à peine vexée. "Non mais vous savez, ça c'est pareil (pareil que quoi, je n'ai pas osé lui demander), le jour où vous en avez marre, c'est trois fois rien à faire, 1/4 d'h sur le billard et dix ans de gagné", qu'elle m'a répondu. Ah, super, alors. Remets-y un peu de trompe l'oeil.

– Enfin, last but not least, le micro. Quand tu es en plateau, tu as un boitier autour de la taille avec un fil qui remonte par dessous ta robe et un micro qui se clipse au niveau de ton décolleté. Jusqu'ici, pas de problème, je n'ai eu besoin que de dix minutes d'explications pour comprendre exactement comment le positionner. On s'est ensuite tous installés et un à un, on a fait le test de parler dans le micro pour qu'en régie, ils vérifient si tout est ok.

Tout l'était.

Pour les sept autres personnes autour de la table.

Mais pour la numéro 8, ma pomme, en l'occurence, non.

Arrive l'ingé du son, super emmerdé.

– Je l'ai mal mis, c'est ça ?, plaisanté-je, connaissant ma gaucherie légendaire.

– Nnnnon, ce n'est pas ça, vous n'y êtes pour rien.

– Allons bon, c'est ma voix, je ne parle pas assez fort, elle est trop sexuelle, du coup tout le monde bande en régie ? (tentative désespérée d'entrer en empathie avec le garçon, histoire de juguler la panick attack pre-intervention en public) (j'avais auparavant tenté la complicité avec l'intégralité du personnel) (maquilleuse comprise).

– Non plus. Votre voix ça va…

– Ah. Mais il y a bien un truc qui cloche ?

– Ecoutez, vous n'y êtes pour rien. Ça se produit très rarement mais on connait le phénomène, on va régler le problème en sortant le boitier et en le laissant dans votre dos.

– Le… Le phénomène ? Je suis radio-active ou quoi ?

– Pas vraiment, mais c'est… C'est qu'il se trouve que votre peau, enfin, votre… transpiration (le boitier se trouvait au niveau de mon postérieur NDLR) (la NDLR permet de saisir la dimension tragicomique de ce qui suit), crée une interférence qui provoque un léger grésillement. Ce n'est pas grave, c'est la faute à personne, je… Enfin voilà, vous n'êtes pas responsable de votre transpiration.

– … hin hin hin (ricanement de défense).

Sans rire, j'aurais lâché un prout dans le boitier je me serais sentie moins gênée. Je veux dire, TOUT le monde a du visualiser mon cul transpirant.

En résumé, donc: je ne ferai jamais carrière à la télé, pour cause de paupières tombantes et de sudation excessive du fessier.

"Un cas sur un milliard et pan ça tombe sur toi ! En même temps, tu as un billet tout fait", s'est étranglée de rire ma nouvelle copine Nadia, (oui, la chroniqueuse qui parle des blogs et du net dans l'émission).

Dont acte, Nadia !

Allez, je vous laisse, je vais m'essuyer les fesses.

Edit: la photo est censée prouver que mes paupières n'ont aucun problème de gravité mais en fait on ne voit rien. Je voulais aussi montrer le maquillage (super canon le maquillage, il faut l'avouer) mais on ne voit rien non plus (sans doute en raison des paupières qui tombent). Je sens que je suis définitivement perdue pour la cause tuto.

Edit 2: je vous montre par ailleurs mes cheveux qui dix heures après le tournage étaient pour le coup trop comme j'aime, souples et en bordel. Je crois que je vais finir par craquer pour le lisseur/boucleur de Michel. Ou me faire coiffer tous les jours au studio des maternelles.

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Gimme gimme gimme a Björn after midnight…

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On en était donc à l'arrivée à Stockholm, quelques heures avant l'interview tant redoutée de Björn, auteur et compositeur des chansons d'ABBA. Avant de continuer mon récit qui vous vous en doutez ne sera ni excessif ni volontairement catastrophiste, je tiens à préciser que ces deux jours (à peine) ont été riches en rires, en émotions et en camaraderie. Je connaissais Will (pas tant que ça non plus) et comme je l'imaginais, l'entente a été confirmée (euphémisme). Mais il y avait aussi JB, le cameraman et monteur, patient et jamais directif, Jeremy, journaliste à télé 7 jours qui s'est joint à nous et avec lequel on a grave ricané et enfin Jojo, la nounou des stars, personnage à elle toute seule qui mériterait sa propre série (elle PARLE à l'avion avant de monter dedans) (il y a donc plus atteint que moi). Par ailleurs, Björn Ulvaeus est la preuve vivante qu'on peut être une star internationale assise sur un tas d'or (mérité) et rester tout simplement un homme bien (enfin je me base sur notre petite heure passée ensemble mais il aurait eu des raisons de soupirer, croyez-moi).

Allez, on enchaine ?

11h45: On atterrit à Stockholm. Par la fenêtre, on ne voit que de la neige, des forêts et des petites maisons rouges perdues. J'adore quand la première impression d'un endroit inconnu rejoint très exactement l'idée que je m'en étais faite.

11h48: Une fois passé le portillon de la douane, on se retrouve face à un immense poster d'ABBA de 5 x 12 m. Je reprends un immodium.

11h53: Will me demande si je sais au moins lequel des deux hommes je vais rencontrer. Je pointe du doigt Benny, évidemment. Will fait une drôle de tête, comme s'il commençait à comprendre qu'il venait d'emmener Forrest Gump à Stockholm.

12h30: On arrive à l'hôtel Rival, propriété de Benny, donc, compère de Björn et encore ami de ce dernier (par contre avec les "filles", c'est moins clair, les deux couples ont explosé en plein vol, ce qui a provoqué d'ailleurs la séparation du groupe). Björn était avec Agneta, m'explique Will. "Ok, donc Björn est hétérosexuel, je lui réponds, c'est une information intéressante" (je raye mentalement ma question sur la difficulté ou non d'être gay en Suède). Will hésite avant de rigoler mais bizarrement ne me dit plus qu'il est fan. Je sens qu'on est un peu moins en symbiose.

12h32: L'hôtel Rival est un peu impressionnant. Le design est à fond 70s, avec ce chic suédois (on est tout de même au pays d'Ikea). L'attachée de presse, Ann-Sofi, a 22 ans et pourrait être la fille d'Agneta. Elle nous prévient tout de go que tout ce qui est autographes, demande de chanson pour notre maman ou autre manifestation d'amour intempestif, on oublie.

12h33: Je planque la photo de Violette apportée exprès pour un autographe et fais une croix sur ma proposition de duo improvisé en hommage à ma grand-mère. "Tout ça c'est du temps en plus pour poser des questions", argue Will. Toujours à voir le côté positif des choses, l'autre. M'énerve.

12h36: Will me propose qu'on répète un peu. Il fera Björn et moi Forrest, en gros. Ok, je dis. (Angoissage).

12h38: Will se décompose au fur et à mesure que j'ânonne mes questions. L'information selon laquelle je ne faisais pas EXPRES de ne pas savoir très bien parler anglais est en train d'arriver à son cerveau, ça se voit. Je sens ces choses là, moi.

12h44: J'ai fini le filage. Je peux donc tenir six minutes. "Bon écoute, tu te concentres sur le PLAISIR que tu vas prendre et qui va être énorme. Au pire, on fera de la post-prod. A savoir que tu viendras au studio pour redire tes phrases si au niveau de la prononciation… enfin tu vois, quoi ?", me rassure Will d'une voix blanche. Après il court aux toilettes en faisant un drôle de bruit qui ressemble à s'y méprendre à un sanglot.

12h45: Pour faire redescendre la pression, je décide de faire un petit exercice de pleine conscience. Surtout ne penser à rien d'autre qu'à ma respiration certes très aléatoire. Ne pas visualiser ce moment où je vais VRAIMENT m'asseoir en face de Björn avec en tout et pour tout un portrait chinois dans un anglais approximatif à lui soumettre.

12h46: Je me répète ma première question en boucle. Je sens que c'est la clé de tout. Si celle-ci sort correctement de ma bouche, après je vais me prendre la confiance et le reste va se dérouler comme la scène finale de Billy Eliot. Ou de Flashdance. Ou de Dirty Dancing. Attends, si cette niaise de Bébé est capable de se transformer en bombe lascive et sexuelle, je ne vois absolument pas pourquoi moi je ne pourrais pas entrer dans une sorte de transe pendant laquelle les phrases s'enchaineraient toutes seules dans un anglais impeccable. Surtout qu'il parait qu'on n'utilise que 5% de notre cerveau. A tous les coups dans les 95% qui restent il y a un Robert et Collins bien planqué dans un tiroir. Il suffit que je le trouve en somme. Ainsi que la clé.

12h47: "Hello, Björn. At first, I wanted to say you very sincerely: Thank you for the music". Ç'est bien, ça. Ça te pose la nana. Après j'embraye. "If I feel sad, I put your disks and I feel better. If a party is a little gloomy, we just have to listen one of your hits and everyone is dancing. Are you aware of that, Björn ?"

12h48: Jusqu'ici tout va bien. Je maitrise. Allez, on se refait un coup de pleine conscience. L'air passe dans ma trachée, je suis son cheminement jusqu'à mes poumons. Ma poitrine se gonfle, doucement. Je sens l'oxygène pénétrer dans mes vaisseaux sanguins. Peinard, il est l'oxygène. Pas stressé pour un sou, pépère. En même temps que j'accompagne mentalement mon inspiration, je note mes pensées et les range tranquillement dans un coin. Voilààààà.  Tout n'est que calme et volup…

12h49: J'étouffe. Help. L'air est rentré mais ne ressort plus. Je vais crever d'hyperventilation. Je me noie, les gars. Nine one one.

12h53: L'attachée de presse nous fait signe que c'est à nous. Je me lève dans une sorte de mouvement mal synchronisé. Je ne suis pas en train de vivre ça, c'est un cauchemard. Rose, c'est le moment de pleurer comme un veau pour que je me réveille. Promis, même s'il est 4h du matin je ne te ferai aucune remarque. Je veux un calin, moi aussi, de toutes façons.

12h54: Aucun signe de Rose. Je suis VRAIMENT à deux doigts d'aller interviewer une des plus grandes stars de la pop music.

12h55: Dans l'ascenseur, on n'en mène pas large. William essuie ses larmes l'air de rien. Je ne sais pas s'il est ému ou s'il est en train de penser à la maison de retraite de Marne la Coquette.

12h56: On entre dans la suite et on le voit. Il est mince et fait 10 ans de moins que son âge. Petit costume qui va bien, cravate mince très rock et oeil bleu pétillant. Je suis excitée. Sexuellement, j'entends. Il ne manquait plus que ça. Cours Forrest, cours.

12h57: Will me présente pendant que JB installe le matos. Il y aura TROIS caméras. Aucune chance que ma nullité passe inaperçue en raison d'un malencontreux dysfonctionnement technique.

12h58: "She has a blog", explique Will à Björn.

12h59: "Yes", je réponds. Hyper bien prononcé, le "Yes", je tiens à le préciser.

13h00: Björn est épaté que j'aie un blog.

13h02: Je suis épatée que Björn soit épaté.

13h04: "Is it not a lot of pressure ?", me demande-t-il, ses yeux plantés dans les miens.

13h06: "Yes, it's a lot of pressure", je réponds.

13h07: Je pense que je tiens la solution, je vais acquiescer à tout en répétant ses derniers mots. Astucieux. Je reprends la confiance, du coup. Björn me confie qu'il a envie lui aussi de se lancer dans l'aventure du blog.

13h08: "Oh, great, but be carefull, you know, as you said, it's a lot of pressure, I mean, ten thousands of people read me everyday. Before opening your blog, you have to be sure to be able to manage that", je lui explique.

13h10: Will est comme assommé. Ce n'est pas comme si Björn n'avait pas vendu 460 millions d'albums en 10 ans et rempli l'équivalent d'une centaine de stades de France. "Au niveau de la "pressure", hein, on va peut-être se calmer…", je lis dans ses yeux. Je sens qu'il faut que je me sorte de cette impasse avant qu'on doive sortir le défibrilateur pour Will. J'embraye direct sur ma première question: "Björn, I wanted to thank you, very sincerely. I mean, you gave me such happiness and positive energy…"

13h12: Will me fait des grands signes au moment où je m'apprête à envoyer la purée du "Thank you for the music". "Caro, on n'a pas encore commencé à tourner !", gémit-il.

13h13: Hell. Je viens de griller mon unique cartouche, ma seule phrase à peu près correcte gramaticalement et ça n'a pas été filmé.

13h14: Que quelqu'un m'achève. Je ne me relèverai pas de cette épreuve là, c'est certain. Je vais rester toute ma vie bloquée là, à répéter inlassablement "thank you for the music". Je serai une sorte d'incarnation du syndrôme de Stockholm.

13h15: Björn est mort de rire. Il dit qu'en fait on devrait toujours commencer avant que la caméra tourne, ça donnerait plus de spontanéité (bouffe moi la chatte, Björn, qu'on en finisse, je suis chaude comme la braise, là). Il dit aussi que les journalistes se mettent toujours trop la pression, qu'ils veulent tous poser les questions les plus originales alors que de toutes façons, ça n'existe pas vraiment. Il dit que le pire, ce sont ceux qui commencent tous fiers d'eux en lançant un "thank you for the music" avec l'air de penser qu'ils sont les premiers à avoir eu l'idée.

13h16: Je m'esclaffe bruyamment (trop). "Ces cons de journalistes", quand même, je dis (asshole of journalists), faut pas être bien malin (completely silly ) pour oser le "thank you for the music". Enculé. (what the fuck)

13h18: Maman, viens me chercher.

13h19: JB, putain, si tu ne mets pas en route ta caméra de merde immédiatement, je crois que je te la fais bouffer. Qu'on en finisse, je ne PEUX pas tenir une conversation EN PLUS de mon interview à venir. Je suis à deux doigts de cramer le portrait chinois, là, figure toi. Donc tu dis "moteur" ou je me casse.

13h22: Silence on tourne. M'en fous je répète ma phrase d'intro, je n'en ai pas d'autre en réserve. Pour la spontanéité on repassera.

13h23: "Björn, I wanted to thank you. Not for the music (hu hu hu) but for this hapiness you gave me".

13h24: Björn est un homme bien élevé. Il fait comme si je ne lui avais pas déjà dit ça deux minutes avant et répond que ça le touche à chaque fois, ce genre de remerciements. Il dit que ça le rend heureux encore aujourd'hui, l'idée d'être une fontaine de joie (traduction littéraire). Je passe à une question concernant la comédie musicale Mama-mia. Le temps passe, dieu merci il est bavard. Parfois je case un "yes ?" ou un "Yes !" ou, plus pointu, un "Really ?".

13h45: Portrait chinois. Björn se prête au jeu. Il cale sur "if you were a movie". Il dit que c'est une very good question. Pousse toi de là, Claire Chazal, que je m'y mette. Il ne trouve pas de réponse satisfaisante et me demande de la garder de côté, il y répondra à la fin de l'itv.

13h46:  C'était ma dernière question. Houston, on a un problème.

13h47: Je ne peux pas lui dire que c'était ma dernière question alors qu'il est coincé avec cette histoire de film à la con. Je l'humilie, là, je l'abandonne sur un échec.

13h48: "What do you look at first when you see a women ?", je demande avec l'énergie du désespoir.

13h49: Bien joué, Forrest, bien joué. Au mieux il trouve ça neuneu, au pire il pense que je le chauffe. Will émet un drôle de son rauque, on est en train de le perdre.

13h50: Björn me regarde longuement avec un petit sourire en coin et me répond "Her eyes".

13h51: Björn tu es un menteur mais ça ne fait rien, je suis à toi.

13h52: Emportée dans mon élan, je lui assène le coup de grâce: "Do you have any regrets" ?

13h53: Re-silence prolongé, re-yeux plantés dans les miens, re-mouillage de culotte: "I've done a lot of stupid things, you know. But I think that one of my biggest regrets is my divorce. It's so much pain, when love's ending…".

13h55: Will chiale comme un poupon.

13h56: Björn a les yeux mouillés. On est tous conscients qu'il s'est passé quelque chose de fort. Laissez-nous, maintenant, les autres, là. J'ai un homme à consoler, moi. Et pour ça, j'ai tout le vocabulaire qu'il me faut, pas besoin de dictionnaire, croyez-moi.