Les enfants sont formidables

Hier, à Monoprix.

 

Alors que je passais à la caisse, mes enfants étaient occupés à regarder la petite vitrine des cadeaux auxquels on peut avoir droit lorsqu'on a accumulé assez de points avec sa carte de fidélité – entre nous, à part le gaufrier jaune que toute cliente assidue finit par commander un jour ou l'autre, il n'y a pas non plus de quoi s'exciter, à moins qu'une station météo fasse partie de vos rêves secrets – quand soudain mon fils, chair de ma chair, déboule et hurle de sa voix de stentor:

 

"Maman maman ! Tu sais avec ta carte tu peux gagner un machin pour te dépoiler sous les bras ! Tu sais comme celui qu'il y avait chez Maud ! ça tombe bien hein vu que t'en as plein en ce moment !"

 

 

Chéri, tu sais quoi ? Pour le troisième, oublie, c'est toi qui es dans le vrai.

Dis-le

Elle: Dis le.

 

Lui: Pourquoi il faudrait le dire ?

 

Elle: Parce que j'ai besoin que tu le dises. Tu ne comprends pas ?

 

Lui: C'est dûr…

 

Elle: Je sais. Mais c'est important que je t'entende. Après je passerai à autre chose, promis. Mais là, tu comprends, il faut que je tourne la page. Et tant que j'ai l'espoir que tu changes d'avis, je ne peux pas. Alors dis-le. Ne sois pas lache, ne me laisse pas porter le chapeau.

 

Lui: … Je… je crois que je n'en veux vraiment plus. Deux c'est bien tu comprends ? Et puis, à Paris…

 

Elle: Chut… Je sais tout ça. Je ne veux plus en parler. Je voulais juste que tu le dises.

 

Lui: Tu pleures ?

 

Elle:

 

Lui: Je ne veux pas que tu sois triste.

 

Elle: C'est toujours triste les adieux. Mais ça passera….

 

Edit: A me relire, on pourrait penser qu'il s'agit d'un avortement. Ce n'est pas ça. Pour mieux comprendre, peut-être faut-il lire ceci. Mais après tout, chacun peut y voir et y lire ce qu'il veut…

 

Edit2: La photo a été prise à Gerone en Espagne il y a un an. Quelque chose dans cette vierge en pierre m'avait émue à l'époque.

J’ai pas les abdos, que les fessiers.

Donc donc donc, samedi, on a profité de la présence de mes parents à Paris pour leur laisser les deux marmots et faire une séance d’essai au Club med gym d’à côté de chez nous. Quand je dis que je ne m’en suis pas relevée, c’est à peine imagé. Je découvre depuis des endroits de mon corps dont je ne soupçonnais pas l’existence. Sans parler du fait que mon cou est définitivement bloqué rapport au fait qu’il s’est manifestement substitué à mes abdominaux pendant une bonne partie du cours. En revanche le seul endroit où je n’ai pas de courbatures est mon ventre. Cherchez l’erreur…

 

 

Allez, je raconte ?  En lire plus »

Moins j’y pense et plus…

Après n'avoir pris aucune bonne résolution de vacances, je m'apprêtais à reconduire l'expérience pour la rentrée, comptant ainsi échapper à toutes ces corvées qu'on s'impose à soi-même en général un 30 août: entamer un régime, commencer un sport, chercher un nouveau travail, s'occuper un peu plus des enfants, mettre des fleurs sur son balcon – même si c'est pas la saison, mais les résolutions c'est souvent con – faire l'amour le lundi, le mardi, le mercredi, voire le jeudi, ouvrir un PEL, faire contrôler ses grains de beauté, arrêter de faire le plein chez Monoprix, se faire mensualiser, parrainer un enfant au Sri-Lanka, se présenter aux élections de parents d'élèves ou prendre des cours d'anglais. 

 

Donc disais-je, je pensais sincèrement continuer sur ma lancée de cet été et sombrer un peu plus dans la débauche.

 

Et puis.

 

Et puis, outre le visionnage des photos de vacances sur l'écran de télé – meurtrier – il y a eu, vendredi, le passage sur la balance, histoire de vérifier l'adage selon lequel "maigrir c'est dans la tête" et que quand on prend du recul, on ne grossit plus.

 

Franchement, j'étais super sereine vu le recul pas possible que j'avais pris au niveau de mon rapport avec mon corps.

 

Bon d'accord, je m'étais un peu lachée sur mon Île sur les Loukoumades – une tuerie de beignets grecs dégoulinants de miel servis avec une boule de glace à la vanille. Mais sans culpabilité. Or maintenant, on ne me la fait pas à moi. Depuis que je me suis enquillée les Zermati et compagnie, je le sais, que c'est si on y pense qu'on profite. Et franchement, j'y ai pas pensé.

 

Ouaip.  

 

Et ben je peux vous dire qu'après l'épreuve de la balance, d'un coup, du recul et de la distance, je n'en ai plus eu des masses.

 

Nan parce que si je continue de pas y penser à ce point, je pense que je peux allégrement battre des records d'IMC dans les mois à venir.

 

Bon et puis si c'est facile de se voiler la face en collant un bon coup de tatane à cette trainée de balance, c'est plus délicat d'occulter le fait qu'il ne reste plus qu'un seul pantalon qui ferme dans ma penderie.

 

Je veux parler du jean-secours.

 

Celui qu'on s'est toutes jurées un jour ou l'autre de foutre à la benne vu comment il est ringard, genre à pinces. Mais que pour finir tu gardes parce que certains matins, c'est le seul qui veut bien accepter d'emmagasiner tes fesses ET ton ventre.

 

Bref, samedi, je peux vous dire que des bonnes résolutions j'en ai pris un paquet. Dont une en particulier que j'ai mise en oeuvre dans la foulée.

 

Aller dans un club de gym.

 

 A l'heure où je vous parle je ne m'en suis pas relevée.

 

Demain, si vous voulez, je vous raconte…

 

Edit: Je rentre aussi dans mes leggings. Sauf que je commence à me demander si c'est pas un peu le piège, les leggings. Limite que tu finirais par plus trop te rendre compte que tu gonfles rapport à l'absence de fermeture éclair.

Les maux de Cathy

Avec Cathy, ça a commencé de façon un peu cahotique: un jour, il y a quelques mois, j'ai reçu un mail d'elle, dans lequel en substance elle m'expliquait qu'elle venait de commencer un blog et que ce serait drôlement bien que je lui fasse un peu de pub pour qu'elle ait des lecteurs et le courage de continuer.

 

D'habitude, ce genre de demandes, ça ne m'emballe pas. Euphémisme.

 

Mais là, il y avait dans ces mots une sorte d'urgence, une nécessité. Alors j'y suis allée, sur ce blog. Et là, j'ai été comme collée au mur par la force des dessins et du propos. Un humour souvent noir, une souffrance qui parfois dégouline et quelque chose qui fait qu'on a envie de prendre Cathy dans ses bras et de lui dire qu'on ne la connaît pas mais qu'elle est bien plus qu'une grosse. Elle est avant tout une jeune femme avec un sacré coup de crayon et une plume acérée.

 

Cathy parle donc de poids. Et ses mots en ont, sans mauvais jeu de mot. Certaines de ses douleurs je les connais ou les ai connues. D'autres non, parce qu'il n'y pas qu'une façon d'être ronde et encore moins de le vivre. Je ne saurais dire si je suis touchée à ce point parce que ses maux me parlent ou si tout simplement parce que sur ces pages j'ai tout bonnement touché du doigt le talent.

 

Quoi qu'il en soit, allez-y, vous n'aimerez pas forcément parce que la belle n'est pas de celles qui vous brossent dans le sens du poil. Mais ça m'étonnerait que vous restiez indifférent…

 

Edit: Cathy, je voulais te faire la surprise alors je t'ai "volé" un dessin en cachette pour illustrer ce billet. Si ça te pose un problème, dis-le moi, je l'enlèverai.

Two days in Paris

Avant de partir en vacances, je suis allée pas mal au cinéma, rapport au fait que mes enfants étaient chez leurs grands-parents et que par conséquent une soirée cinoche nous revenait à moins de 2000 euros ce qui en soit est une bonne raison d'y aller.

 

Mais oui, je rigole, 2000 euros, quand même pas. Mais enfin, on est pas loin parfois.

 

Bref, je suis donc allée voir un soir, "Two days in Paris".

 

Faut savoir qu'au départ, j'étais pas chaude. Disons que Julie Delpy, elle aurait un peu tendance à me gonfler. Voire même que jusque là, l'entendre me rendait nerveuse. Entre ses fautes de français pour bien nous rappeller qu'elle est embeded à LA, United States, ses prises de tête sur le fait de savoir si oui ou non en France elle est estimée à sa right valeur et son disque qui l'a remuée vachement au deep inside d'elle même, disons que voilà, la Delpy on a juste envie de lui demander d'enlever un peu la colonne morris qu'elle a dans son anu.

 

Le "s" qui manque à "anu" c'est exprès, c'est copyright Philippe Katerine.

 

Et puis je suis allée voir "2 days in Paris". Et honnêtement, j'ai ri. Mais alors j'ai ri ! Tellement vous savez qu'à la fin je ne savais même plus si je riais ou si je pleurais et que y'a eu une petite goutte dans ma culotte.

 

 La même que lors du fou rire avec ma copine Béa en cours de math avec Monsieur Vittel.

 

Ce n'est peut-être pas forcément un critère de qualité hein. M'enfin c'est rare de rire à en faire pipi ou presque. Alors certes, Julie Delpy copie allégrement le procédé de narration de Cédric Klapish avec une voix off qui rappelle celle de Duris dans l'Auberge espagnole et sa suite. Certes, c'est une énième histoire sur l'impossibilité du couple, sur les différences entre homme et femme avec en plus un comparatif un peu caricatural sur l'océan atlantique qui sépare les Américains des Frenchies.

 

Mais n'empêche que c'est souvent très juste. Que Julie Delpy, elle a ce truc que j'ignorais: du recul sur elle même. Et tout de suite, quelqu'un qui est chiant mais qui le reconnait, et bien il est moins chiant. L'acteur, Adam Goldberg, c'est simple, il est à se tordre. Il fait la tronche en permanence mais il a la tronche comique, ça tombe bien.

 

Heu, il a aussi un des torses les plus érotiques vus au cinéma ces derniers temps.

 

Bref, il y a des répliques cultes dont une engueulade mémorable avec un chauffeur de taxi, responsable à elle-seule du pipi.

 

Donc voilà, c'est une comédie romantique, c'est drôle, ça se passe à Paris et moi ça m'a parlé. On ne perd pas ses neurones pendant la projection, on peut trouver que le personnage joué par Julie Delpy est tout de même super casse-couille, n'empêche que la première qui n'a pas eu un jour envie de se garder un ex de côté au cas où ou qui n'a pas été flattée de se faire un peu dragouiller devant son nouveau boy friend lui jette la première pierre…

 

Voili voilà, je le recommande en cas d'humeur grisouille. Je ne suis pas super originale, c'est un succès. Mais après tout, c'est très surfait d'être originale, non ?

 

Edit: Spéciale dédicace à Simon, 3 ans, qui en passant devant l'affiche du film s'est écrié auprès de sa maman: "regade, c'est Caroline !". Simon, tu sais quoi ? T'es un mec bien.

Sauvez l’anniversaire de mariage de ma copine !

Hier j'ai reçu un mail de ma copine Séverine qui appelait pour ainsi dire au secours. Elle n'a PAS D'IDEE pour ses dix ans de mariage. Vous en conviendrez, c'est moche ce qui lui arrive. Surtout que quand vous lirez son courrier, vous vous apercevrez que sa rentrée est comme qui dirait un peu foirée. Moi je dis les chauffe -eau, ça ne devrait pas avoir droit à la vie.

 

Bref, je me suis dit qu'en publiant son courrier ici, y'avait peut-être une chance qu'on résolve son big souçi de comment on fête son anniversaire de mariage dans le glamour qu'on mérite même quand on a plus un sou rapport au chauffe eau… 

 

Merci pour elle, bande de petites fées ! 

 

"Geurlz  de Paris et d'ailleurs,

Je vais fêter dans quelques jours mes 10 ans de mariage (si si !!!) avec mon barbu (si si !!!) de mari …
Mais, à notre retour de vacances, nous avons eu la joie d'apprendre que nous avions évité d'incendier l'immeuble entier grâce à un clapet de sécurité … En revanche, le chauffe eau, lui, il a pas aimé qu'on lui coupe l'eau sans l'en avertir et en laissant un robinet d'eau chaude ouvert….. Bref, on se lave depuis 1 semaine à la casserole d'eau chaude (moi, c'est 2 le matin) parce qu'en plus notre bouilloire a rendu l'âme en faisant sauter le compteur…. Le plombier aoutien s'en donne lui à coeur joie  , il devrait revenir ce soir pour une ultime intervention qui nous coûtera … MES DIX ANS DE MARIAGE !!!

Soit, une pierre qui brille, un week end à Capri, un anneau gastrique,  ma mini Poiray , 1/15ème de fiat 500, une extension de cheveux de talopes, un Bullit de numéro 7

Mais aussi, un dîner à l'Ambroisie, une épilation définitive du maillot, les honoraires d'un décorateur d'intérieur pour faire croire à Rosalie que la folledingue de Cdéco est enfin passée à la maison,  2 semaines à Bali, 3 petits ronds de Cartier, le vinyl collector du premier live de Rolland Magdane, 1 place pour la finale de la coupe du monde de Rugby, une bricole qui brille, scintille, et embellit mains, oreilles, poignées, nuques ou même soyons folles…clitoris !

Une soirée sage "à pachèrr"  s'impose donc.

Et, faut-il le rappeler … il y a bientôt dix ans, Lady Di a eu le mauvais goût de s'encastrer dans un pilonne parisien alors que j'entamais mon 5ème quadrille sur le parquet de bal de Smith Haut Lafitte !!! Alors, jeudi prochain pour s'éviter la soirée Diana, nous irons, Mathias et moi,  passer la soirée en amoureux dans un endroit magique. Et c'est là que vos intervenez !!!

Je vous met au défi de nous trouver une soirée mémorable dans un endroit bellissimo, fantastico sans O Sole mio…

Sachez qu'on a déjà donné dans le bateau mouche et que le chipendeals pour deux n'est pas à notre goût….
J'ai évidemment pensé à une folle nuit d'amour dans l'hôtel Amour mais nos deux nains refusent de passer la nuit seuls (!)

Toute idée saugrenue, tordue, cucu est la bienvenue !!!

Je vous embrasse toutes très fort et attend avec impatience vos idées de génie !!!!!"

Y’a-t-il un sac à vomi dans l’avion ?

Comme personne ne l'ignore désormais – ah bon, y'en a qui l'ignorent ? Alors allez par là, après vous serez au jus – l'avion et moi, ça fait deux, voire douze. Le problème c'est que y'a pas à dire, c'est pratique. Et que pour les îles grecques c'est même ce qui se fait de mieux, au moins pour aller jusqu'à Athènes.

 

Alors je n'ai écouté que mon courage et j'ai pour la première fois depuis cinq ans accepté de prendre un cercueil volant avec homme et enfants alors que PERSONNE ne m'y obligeait – le reste du temps je le prends sous la contrainte de mon employeur, en même temps c'est normal, dans mon emploi que j'ai je suis chargée de l'international, cherchez l'erreur.

 

Avant de partir, tout le monde me disait, "tu verras, avec les enfants de toutes façons, tu n'auras pas le temps d'avoir peur, en plus tu prendras sur toi parce que tu ne voudrais quand même pas leur transmettre ta phobie non plus ?". Vous remarquerez au passage comme cette phrase au départ réconfortante glisse subrepticement vers la culpabilisation, hein.

 

Je vous passe aussi les très réjouissants "Au moins vous partez tous les quatre, si y'a un problème, vous y passez tous, pas d'orphelins comme ça". Ah ben oui, là tout de suite, j'ai envie de courir à Orly pour un bon vieux suicide collectif, moi. Plus vite on se sera foutu en l'air, plus vite je serai soulagée, en fait.

 

Bref, y'a bien fallu le prendre ce navion à la con et sans tranquilisants en plus parce que je ne voudrais pas non plus transmettre mon addiction au lex*o à ma bambinette.

 

Alors après coup, que les choses soient claires, à tous ces gros malins qui m'assuraient que je n'aurais "pas le temps d'avoir peur", je dis: mistake. Quand tu affrontes ta phobie number one avec le fruit de tes entrailles, t'as la même trouille que d'ordinaire sauf que là en plus t'es obligée de la fermer. Du coup tu verbalises pas et la peur grandit, grandit à l'intérieur de toi jusqu'à devenir un truc bien pourri, tu vois.

 

Même pas possible de t'accrocher comme une malade à ton siège au décollage ou de freiner désespérément avec tes accoudoirs à l'atterrissage. Inimaginable également de faire l'oeuf à la moindre perturbation ou de t'enfiler des mignonettes pour faire passer le temps – rapport à l'alcoolisme que tu ne veux pas transmettre tout de suite à la chair de ta chair.

 

Il te faut aussi rester stoïque devant les innombrables questions de petite chérie tout éblouie de prendre l'avion for the first time et répondre sans pleurer à ce genre d'interrogations:

 

– Pourquoi il a un gilet de sauvetage le monsieur, maman ?"

 

– C'est rien ma chérie c'est juste au cas où on aurait une petite panne au dessus de la mer, du coup on aurait de quoi nager et le steward nous montre comment faire, ce qui est drôlement gentil de sa part, je trouve".

 

Deux minutes plus tard.

 

– Et si on a une panne mais pas au dessus de la mer, il se passe quoi maman ?

 

(voix étranglée) Je… ben disons que dans ces cas là on a pas besoin des gilets de sauvetage, tu vois ?

 

– Oui mais qu'est-ce qui se passe ?

 

– (voix de plus en plus blanche) Ecoute, je ne sais pas, de toutes façons ça n'arrive jamais mon petit coeur, pas la peine d'avoir peur, regarde, maman n'a pas peur, donc toi non plus, hein ?

 

– Nan mais j'ai pas peur, je veux juste savoir qu'est-ce qui se passe ?

 

– (voix de folle) Ce qui se passe ? On s'écrase. Voila ce qui se passe. Et on meurt tous. Terminé, basta, plus personne. Voilà, t'es contente maintenant ? D'autres questions ?

 

Vous l'aurez compris, je crois qu'au niveau de la transmission de phobie, je ne me suis pas loupée sur ce coup là. Rassurez vous, pupuce qui est prête à pleurer pour une fourmi écrasée est restée totalement de marbre, croyant peut-être à une plaisanterie maternelle ou révélant à cette occasion une solidité psychologique hors du commun. A moins qu'elle soit insensible. Si ça se trouve j'ai enfanté un monstre. Quoi qu'il en soit, tout le voyage a été à l'avenant. J'ai donc eu droit à l'épluchage consciencieux de la fiche de sécurité:

 

- "Maman, pourquoi la dame sur le dessin elle met sa main sur la tête de son bébé ?"

 

– (voix larmoyante): pour le protéger pendant le crash mon amour"

 

 - "Et là, pourquoi faut se mettre en boule ?

 

(voix terrifiée): pour ne pas abimer ta tête au cas où l'avion atterrit brutalement mon petit coeur"

 

 - Oh t'as vu, y'a des tobbogans sur les côtés ! Dis, tu crois qu'on va aller sur les toboggans ? Dis, on ira ?"

 

– (voix recueillie): Dieu nous en préserve, mon petit amour… 

 

Le coup de grace ayant probablement été l'exclamation deux minutes après le décollage:

 

"Tiens, on s'est arrêtés ! T'as vu maman ? On entend plus le moteur, on s'est arrêté ! C'est déjà là la Grèce ?".

 

Bon, je vous rassure, après je l'ai moins entendue parce que pupuce n'a certes pas du tout peur en avion, mais en revanche… elle est malade.

 

Comme en voiture, en train, en bâteau, en métro, en bus. Il me manquait l'avion, et bien ça y'est, j'ai pu vérifier qu'elle pouvait AUSSI vomir en l'air. Trop forte ma fille, une warrior du dégueulis.

 

Et c'est à ce moment là, je vous le dis, que j'ai regretté d'avoir mégotté sur l'argent et choisi Easyjet. Déjà les mignonettes, gosse ou pas gosse, t'oublies ou tu les payes le prix d'un Paris-New-York. Tu prends aussi un aller simple pour la phlébite avec les douze centimètres impartis pour tes jambes mais ça c'est limite pas grave au regard de ce que j'ai vécu lors de la descente sur Athènes.

 

Parce que figurez vous que chez Easyjet, ils font même des économies sur les sacs à vomi. Non seulement ils les changent pas d'un voyage à l'autre – à savoir que celui de petite chérie avait servi de cendrier à chewing gum à son prédécesseur ce qui n'a pas rendu son ouverture facile – mais je suis prête à parier également qu'ils rognent sur les dimensions. C'est simple, pupuce en a rempli cinq, sans compter ce que j'ai pris sur mon pantalon.

 

Le point positif, c'est qu'en effet, à ce moment là, je le concède, j'ai oublié que j'avais peur. Le point négatif c'est que mon mignon voisin, lunettes mouche gucci, sac monogrammé et parfum JPG a bien failli finir le travail de petite chérie – elle a le gerbis communicatif, le trésor - et que lorsqu'il s'est aperçu que je lui avais subtilisé sa pipette à vomi, je pense pouvoir affirmer que ce que j'ai vu dans ses yeux c'était de la haine pure.

 

Voilà, moi je dis, fais des gosses, avec eux c'est Koh Lanta tous les jours sauf que tu gagnes jamais rien à la fin…

 

En Eres fait ce qu’il te plait

Alors ce maillot Eres.

 

Vous avez été plusieurs à me demander s'il avait été d'enfer.

 

Comment vous dire…

 

Tout ça finalement c'est très relatif et tout dépend de quel côté on se place.

 

Je m'explique.

 

Sur la plage, il a été impeccable. Comme prévu, le côté fronci-fronça de la taille empire a fait son petit effet sur l'homme même si à la longue j'avais un peu l'impression d'avoir des fesses au niveau du décolleté. Mais assise, j'étais presque à l'aise, mon bourrelet bien tenu - hé ho, si j'ai envie de dire MON bourrelet et pas MES bourrelets, c'est ma liberté, hein - par un tissu ma foi de grande qualité, à la fois gainant tout en restant souple. Vive le luxe, j'ai envie de dire.

 

Et puis je me suis baignée. Ouais, je sais, c'est dingue, faut vraiment être une truffe pour faire un truc pareil alors qu'on est à la mer, on a pas idée.

 

Donc, je suis entrée dans l'eau, en toute confiance. Et j'ai nagé avec petite chérie, encore balbutiante en brasse.

 

C'était drôlement mignon. La bichette a bu le tiers de la mer Egée en dix minutes et en même temps, petit à petit, elle commençait à bien se débrouiller. Je me sentais bien, heureuse, à la fois mère et femme dans mon Eres.  A côté, y'avait un vieux monsieur qui nous regardait toutes les deux l'air drôlement attendri, avec plein de cette fameuse gentillesse grecque dans les yeux.

 

Que je croyais.

 

En fait il était juste

 

a) intrigué

b) excité par cette drôle de bouée qui flottait au niveau de mon menton.

 

Mon sein droit.

 

Qui avait manifestement repris sa liberté depuis un bon moment quand je m'en suis aperçue. Enfin, quand l'homme venu nous rejoindre a été pris d'un fou rire de crétin à la vue de cette drôle d'amazone en maillot Eres et que j'ai alors constaté que j'étais un peu débraillée.

 

Euphémisme.

 

J'ai jeté un regard indigné au vieux cochon qui reluquait mon nichon depuis deux plombes et j'ai remballé le fuyard illico presto.

 

Deux minutes et trois brasses plus tard l'évadé en question s'était refait la malle. Suivi de près par son copain de gauche. Pas une once de personnalité, moi je dis.

 

Après avoir tenté à plusieurs reprises de cadenasser ces deux gros malins et au passage flanqué une baffe à l'homme hilare de me voir nager précédée de deux flotteurs limites phosphorescents vu qu'ils ne voient tout de même pas souvent la lumière du jour, j'ai renoncé et compris la leçon. En Eres, tu nages pas, tu te trempes délicatement dans l'eau. Et ensuite tu restes sur ta serviette ou plutôt ton transat parce que bon, faut pas déconner, on est une femme Eres ou on en est pas une.

 

Donc pour répondre à vos questions, oui mon maillot Eres a fait son petit effet. Surtout en Grèce ou le monokini n'est pas super pratiqué (= jamais, pas l'ombre d'un sein nu en trois semaines) et d'autant plus que niveau poitrine, mère nature – cette trainée – ne m'a pas vraiment oubliée.

 

Du coup dès le lendemain j'ai repris mon vieux nanard qui se trouve être un deux pièces alors que j'avais juré mes grands dieux que cette année ce serait no way. Rapport aux photos de l'année dernière dont je ne me suis pas encore remise.

 

M'enfin vu que dans les boutiques de cette petite île il n'y avait que des bikinis ficelles – encore plus no way, j'explique même pas pourquoi ça tombe sous le sens – je me suis résignée à rempiler en deux pièces avec culotte super haute toute usée au niveau de mon intimité.

 

Le point positif, c'est que mon ventre est légèrement doré et que ma foi, ça lui donnerait presque un air sympa. Le point négatif c'est qu'une fois encore je ne suis pas à la veille de regarder sereinement une photo de moi on the beach.

 

Mais après tout, on s'en fout non ?

 

Edit: Je sais, la photo n'a rien à voir avec ce texte. Mais tu ne pensais quand même pas que j'allais te montrer mes seins ? Si ? Et ben voilà, pour ta punition, un monastère. Et le ciel bleu qui va avec. Même pas photoshopé dis-donc. ça fait mal hein…